La review

PSYCROPTIC + CEPHALIC CARNAGE + ION DISSONANCE + HOUR OF PENANCE
Nautylis - Comines (59)
18/09/2010


Review rédigée par Elz
Photos prises par Gretscheuse


La salle est un peu paumée, non loin de la frontière Belge, et la publicité quasi inexistante pour une affiche pourtant très appétissante : CEPHALIC CARNAGE et PSYCROPTIC en têtes d’affiche, accompagnés de trois autres groupes de death, dont les Québécois de ION DISSONANCE, dont la réputation parmi les hardcoreux n’est plus à faire.

Le public ne s’y est pourtant pas trompé, et c’est une salle déjà bien remplie qui accueille DYSCARNATE, un trio tout droit venu de Londres pour promouvoir son deuxième album "Enduring The Massacre", sorti en 2010 chez Amida Records et Candlelight USA. Ils produisent un death plein d’enthousiasme et d’énergie, à l’image de leur titre "An Axe To Grind", mais le jeu de guitare du chanteur / guitariste est à mon sens un peu pauvre – engager un deuxième guitariste serait sans doute une bonne idée – et le batteur peine à la double pédale. Seul le bassiste, qui fait également les back-up vocals, produit un bon groove et sort son épingle du jeu. Espérons que le fait de tourner avec des têtes d’affiche telles que celles de ce soir les aide à progresser.



Les Italiens de HOUR OF PENANCE, qui viennent de sortir leur dernier album "Paradogma" chez Unique Leader Records, prennent le relai. Plus expérimentés – le groupe a plus de dix ans d’existence, et quatre albums à son actif – ils communiquent également beaucoup plus avec le public, qu’ils abreuvent de pamphlets anticléricaux et anti-Vatican. Ils jouent quelques morceaux du dernier album, ainsi que du précédent "The Vile Conception" (sorti en 2008) comme "Drowned In The Abyss Of Ignorance". Je suis néanmoins déçue par leur prestation musicale, surtout par rapport aux albums où le son est bien meilleur. Le batteur ne semble être en mesure de produire que du blast beat, et le son des solos du guitariste, pourtant plutôt adroit avec sa 7 cordes, tranche avec le reste, et manque de liant. Pour citer l’un de mes voisins qui abondait dans mon sens : "les solos arrivent comme un cheveu sur une soupe de grosses cordes". En bref, je suis un peu déçue, et le plutôt bon duo guitare-basse ne parvient pas à sauver l’ensemble.



C’est avec les deathcoreux de ION DISSONANCE que les choses sérieuses commencent. C’est un vrai privilège que d’assister à l’un de leurs concerts, car malgré leur presque 9 ans d’existence, et les quatre albums qu’ils ont déjà sortis, c’est leur tout premier concert en France. C’est donc avec une curiosité et un enthousiasme non déguisés que le public les écoute jouer les titres phares de leur dernier album, "Cursed", sorti en 2010 chez Century Media, à l’image de "You People Are Messed Up / We Like To Call This One Fuck Off". Mais ils nous régalent aussi de titres plus anciens, comme "Through Evidence" du précédent album "Minus The Herd" (2007, Abacus Recording), "She Strychnine" du deuxième album "Solace" (2005, Abacus Recording) ou encore "the Death Of One Man Is A Tragedy, The Death Of 10,000 Is A Statistic" du tout premier album "Breathing Is Irrelevant" sorti en 2003 chez Willowtip Records. Dans la plus pure tradition du death déstructuré des Québécois de Martyr (et je ne sais quoi de Nostromo), les Montréalais construisent avec une pêche incroyable un mur de son époustouflant. Les deux guitares 8 cordes produisent certes un son très bas, mais très compact et puissant, que les qualités techniques du batteur, ou du bassiste qui malmène à merveille à 5 cordes, viennent encore renforcer. Je viens de me prendre une bonne claque (visiblement, je ne suis pas la seule dans la salle), et je me promets de me faire très vite l’ensemble de leur discographie.



A peine le temps de récupérer un peu, que les Américains de CEPHALIC CARNAGE sont déjà sur scène. On ne présente plus ce groupe de grindcore formé en 1992, qui a produit 7 albums à ce jour, et dont le line-up a pas mal évolué au cours des années. Aujourd’hui, avec Nick Schendzielos à la basse, et Brian Hopp en second guitariste, CEPHALIC CARNAGE semble avoir enfin trouvé sa formation idéale. Nick Schendzielos en particulier me fait une énorme impression, il joue de sa basse 6 cordes comme d’une guitare, multiplie les solos dans les positions les plus improbables, et met le feu à la scène et à la salle. Les deux guitaristes ne sont pas en reste, si bien que l’enthousiasme généré par ION DISSONANCE monte encore d’un cran. CEPHALIC CARNAGE joue surtout des morceaux du dernier album "Misled by Certainty" sorti en 2010 chez Relapse Records, comme P.G.A.D., Raped By An Orb, et "Abraxas Of Filth", mais remet également à l’honneur des albums plus anciens, comme "Anomalies" (2005, Relapse Records) avec des morceaux époustouflants comme "Scientific Remote Reviewing", "Dying Will Be The Death Of Me", "Kill For Weed", ou encore l’album "Exploiting Dysfunction" (1998, Relapse Records) avec le morceau d’anthologie "Observer To The Obliteration Of Planet Earth". L’énergie dégagée par le groupe est impressionnante, et donne envie de vite les revoir, mais en headline cette fois.



Les très attendus Australiens de PSYCROPTIC viennent parfaire cette superbe affiche, et entament leur set avec brio. Pour le dire en quelques mots, ça joue grave ! Ils ont de loin le meilleur son de la soirée, avec une guitare très nette, et un batteur vraiment impressionnant. Ils maîtrisent leur death technique à la perfection, et déroulent quelques titres du dernier de leurs 4 albums, "(Ob)Servant" (sorti chez Nuclear Blast en 2008), ainsi que certains morceaux plus anciens, comme "The Isle Of Disenchantement", de l’album du même titre, sorti en 2001 (autoprod). Le public est à fond, si bien que quand le chanteur annonce la fin du set, après un peu moins d’une demie-heure sur scène, personne n’arrive à le croire. Ils ont joué moins longtemps que CEPHALIC CARNAGE, et je quitte la salle vraiment dépitée que le show ait été si court, pour ne pas dire tronqué. Heureusement, le plaisir d’avoir découvert ION DISSONANCE en live, et d’avoir vu CEPHALIC CARNAGE reboosté par son nouveau line-up, compense largement cette déception.