La review

PSYKUP + SOMBRA Y LUZ + BUY JUPITER
MJC Ô Totem - Rillieux-la-Pape (69)
16/01/2016


Review rédigée par Zemurion
Photos prises par Rémi Rostaing


Enfin ! Pour la première fois depuis sa reformation en 2014, PSYKUP est programmé en région lyonnaise. Ce sera enfin l'occasion pour moi de découvrir ce groupe en live étant malheureusement passé à côté lorsque j'étais lycéen à Toulouse.
Le concert se déroule dans la très bonne salle, mais un peu excentrée, de la MJC Ô Totem à Rillieux-la-Pape. La première partie sera assurée par deux formations régionales : SOMBRA Y LUZ et BUY JUPITER. Le tout est organisé par l'asso J.A.M.A.I.S. spécialisée dans les concerts caritatifs. Sauf que, ce soir, on n'a pas bien compris à qui allaient être reversés les bénéfices du concert... C'est en contactant un des organisateurs après coup que j'ai appris que l'argent devait être utilisé au profit de la lutte contre la dépression et le suicide chez les jeunes.



On commence avec la prestation de BUY JUPITER, une jeune formation qui évolue dans la veine death / core moderne. Ce soir, les lyonnais vont présenter les morceaux de leur EP à paraître. Niveau musical, les compos sont bien foutues et passent très bien l'épreuve du live. Les musiciens sont très propres et le son est vraiment bon. Du lourd donc, sauf que j'ai l'impression qu'il aura manqué à cette prestation un poil de conviction pour parvenir à nous embarquer complètement. Pourtant, le groupe y met les formes : bonne occupation de l'espace scénique, utilisation de podiums en avant scène pour mieux haranguer le public, plongeons dans la foule avec un chanteur qui finit le show au milieu de la fosse... Mais il manque un "je ne sais quoi" pour que cette énergie communique vraiment avec le public. Il faut dire que jouer en première partie est toujours un exercice difficile. On ressortira de cette prestation avec l'impression d'être passé juste à côté d'une grosse claque dans la gueule. De quoi donner l'envie de revenir le groupe dans d'autres conditions !



Changement de style avec les Ardéchois de SOMBRA Y LUZ qui proposent un rock / metal en français flirtant avec l'esprit contestataire du punk. Ici, l'accent et mis avant tout sur le texte porté avec conviction par Momo qui alterne avec brio entre chant mélodique et chant hurlé. Bien que musicalement moins carré et percutant que le groupe précédent, on trouve cependant dans le show de SOMBRA Y LUZ la conviction qui faisait précisément défaut chez BUY JUPITER. On ne discerne pas parfaitement les paroles mais on sent que le chanteur est habité par ses textes avec une vraie volonté de communiquer son énergie. Même si on est loin du chef d’œuvre et malgré l'accueil mitigé d'un public assez clairsemé, on aura tout de même la satisfaction d'avoir vécu un vrai moment de partage avec des thématiques fortes, à défaut d'être originales. On citera pour exemple la chanson "Made In" évoquant notre rapport aux travailleurs étrangers qui fabriquent nos produits de consommation ou "La Corde" qui parle de ces personnes de notre entourage qu'on laisse basculer vers le suicide. Ce n'est, certes, pas très gai mais ça a le mérite d'aller titiller là où ça fait mal. Histoire de ne pas déprimer complètement, le groupe nous conviera tout de même à chanter avec eux sur une parodie de reggae, faisant un clin d’œil au passage aux t-shirts proposés sur le stand de PSYKUP "Be Tolerant, Stop Reggae".



Si jusqu'ici l'ambiance dans la salle était assez froide, la température du public va monter d'un coup avec l'arrivée de PSYKUP. Plusieurs années après sa séparation officielle, revoilà notre combo toulousain au sommet de sa forme. Très vite, les spectateurs vont être propulsés dans un show complètement barré. Une sorte de Space Mountain musical dans lequel on ne sait plus où donner de la tête. Entre déferlante agressives et accalmies doucereuses ou farcesques, le groupe enchaîne les cassures rythmiques avec une aisance et une précision déconcertante. Autant musicalement que scéniquement, on ressent une osmose complète entre les musiciens. A commencer par les deux vocalistes qui, loin de chercher à se voler la vedette, s'éclatent à se donner la réplique sous le regard amusé des autres musiciens. Mais ceux-ci ne sont pas en reste et le groupe fait corps comme un seul homme en avant scène (batteur excepté, forcement). Outre les voix, les guitares se répondent et s'unissent superbement. Le batteur nous rend complètement fous et la basse ne se fait jamais oublier. Pour le plus grand plaisir de nos oreilles, le son est vraiment excellent. De même, le jeu de lumière est très dynamique et colle parfaitement aux multiples changements d'ambiances avec simplicité et efficacité.
Il est étonnant de voir comme le show semble à la fois extrêmement en place, presque millimétré, tout en restant très spontané et décontracté. Comme s'il y avait, malgré tout, toujours assez de place pour de l'improvisation. Même si tout est parfaitement rodé et qu'il ne joue que ses vieux morceaux, on sent que le groupe savoure pleinement le moment présent en embarquant irrépressiblement le public dans son délire. La communion arrive à son comble durant le rappel, lorsque le groupe demande aux spectateurs de lui prêter des sacs à dos et des sweats à capuche pour une courte reprise de Korn en mode ado en rébellion refusant de ranger sa chambre.
Pour conclure, je dirais simplement que je n'avais encore jamais vu un groupe allier à ce point l’excellence musicale à l'excellence scénique. Un concert d'une heure et quart qui n'aura eu pour seul défaut que d'être trop court.

Setlist : "To Be(tray) Or Not To Be", "Love Is Dead", "Rock'N'Roll Assistance", "Libido", "Birdy", "Do It Yourself", "Color Me Blood Red", "Teacher".
Rappel : "L'Autruche".

Il m'aura donc fallu attendre ce début d'année 2016 pour comprendre ce qu'ai j'ai pu manquer durant mes années de lycée à Toulouse. Et ce fut une sacrée revanche ! Une fois de plus, ça valait vraiment le coup de se déplacer dans cette modeste mais très bonne salle de Rillieux-la-Pape. Malheureusement, il semble que le public lyonnais ait une fois de plus traîner des pieds pour venir s'amuser en banlieue car la MJC était loin d'être pleine ce soir. A tel point que la recette de la soirée n'a pas été suffisante pour qu'un seul centime soit reversé aux bénéficiaires de ce concert caritatifs. Espérons que le concert de The Arrs à venir au mois de Mars ramènera plus de monde !

Photos tirées de : www.facebook.com/remirostaingphotographie