REVOCATION + ARCHSPIRE + SOREPTION + RIVERS OF NIHIL
Le Petit Bain - Paris
15/12/2018
Review rédigée par Matthieu
De toutes les salles parisiennes, c’est le Petit Bain qui a été élu pour accueillir ce qui sera
mon dernier concert de l’année. Et quel concert messieurs dames, quelle affiche !
Garmonbozia s’est associé à Suden Promotions pour la venue en Europe de REVOCATION et
ARCHSPIRE, accompagnés de SOREPTION et RIVERS OF NIHIL. Vous avez dit technique ? Moi
pour l’instant, je dis surtout pluie, et il fait froid sur les bords de scène, mais les amateurs de
violence maîtrisée finissent tout de même par se masser aux abords du bateau...
Et ce sont les Américains de RIVERS OF NIHIL qui s’installent sur une scène réduite, faute à la
batterie avancée. Jake Dieffenbach (chant) enlève ses appareils auditifs et les lumières
s’éteignent. C’est avec un death metal poignant et technique à souhait que le groupe
démarre son set. Un son explosif, cristallin et surtout surpuissant envahit alors la salle,
devant une fosse bien trop peu remplie qui profite des riffs du combo. Assez statiques,
Brody Uttley et Jon Topore (guitares) headbanguent en alignant des harmoniques
incroyables, alors que Jared Klein (batterie) se démène autant sur les parties violentes que
les passages plus progressifs. De son côté, Adam Biggs (basse) est concentré mais aide
parfois Jake au chant, alors que l’assemblée grandit peu à peu. "Paris, we are with you and
it is your chance tonight !" hurle le chanteur. "Let’s do a circle pit ! Go !". Et la foule s’exécute,
bougeant aux ordres du frontman sur l’un des titres phares du dernier album. Sur "A Home",
la fosse offrira même un wall of death à la formation américaine sur ordre de Jake. "We got
time for one more... we were quick but thank you Paris ! This next one is an oldie",
annonce-t-il avant de lancer la divine "Soil & Seed" qui fera remuer une dernière fois le public
parisien avant de nous laisser sous les applaudissements.
Setlist : "The Silent Life", "Sand Baptism", "Death Is Real", "A Home", "Soil & Seed".
Après un changement de plateau rapide, le groupe suivant s’installe. Sans un mot, le show
débute et c’est un deathcore technique qui nous heurte de plein fouet. Après un premier
morceau rapide et bourré des harmoniques tueuses de Mikael Almgren (guitare) et sur
lequel Fredrik Söderberg (chant) secoue la tête frénétiquement comme un possédé, le
frontman lâche finalement "You guys have fun ? We are Soreption from Sweden... we gonna
play a technical song". Et c’est en effet avec une technicité incroyable et rythmée par les
frappes de Tony Westermark (batterie) que les Suédois font remuer le bateau.
Malheureusement assez mal mixé, le son de la batterie est dévoré par la basse de Kim
Lantto. Bassiste qui en profitera pour faire une démonstration de son talent en alternant
tapping, slap et jeu aux doigts très propre, pendant que le chanteur reste totalement
impassible au centre de la scène, nous scrutant d’un regard mauvais. "Are you guys happy
so far ?" demande-t-il à l’assemblée, qui répond comme d’un seul homme. Après avoir
remercié les groupes présents, le groupe enchaîne avec un titre qu’ils nous décrivent
comme extrait du premier album, mais qui montre bien l’étendue de leur talent. Après une
autre tranche de violence, le chanteur tentera de motiver une dernière fois la fosse avec un
"From side to side, bang your fucking head !" qui aura pour effet de me donner probablement
une petite partie des courbatures que j’ai ressenti ce matin. Le break final aura achevé le
Petit Bain, et c’est à nouveau sous des applaudissements mérités que les Suédois quittent la
scène.
Setlist : "Reveal The Unseen", "Breaking The Great Narcissist", "Children Of The Automaton", "The
Anti-Present", "King Of Undisputed Nonsense", "March Of The Tyrants".
Place maintenant aux Canadiens qui installent leur matériel avec une vitesse proportionnelle
à leur musique. Lorsque les lumières s’éteignent et que la fosse se rapproche pour
apprécier le show d’ARCHSPIRE, il ne faut pas cinq secondes à Oli Peters (chant) pour
entamer l’introduction de "Calamus Will Animate", semblable à une rafale de pistolet
automatique. Et les harmoniques furieuses de Dean Lamb et Tobi Morelli (guitares) nous
sautent littéralement à la gorge en même temps que les hurlements gutturaux ultra rapides du
chanteur. Loin d’être en reste, Jared Smith (basse) et Spencer Prewett (batterie)
massacrent leurs instruments avec une prévision dantesque, alors que les morceaux
s’enchaînent. Présentant un à un les membres du groupe, le chanteur annonce le titre
suivant, avec une setlist axée sur le dernier album du groupe. Cependant, un titre du
premier album du combo se glisse au début du set, permettant à chaque musicien de nous
faire la preuve exacte de leur talent. "Thank you Paris, we are back ! Now we will play a fast
one, "Relentless Mutation" !" hurle le frontman avant que le titre annoncé ne débute. Très
concentrés sur leurs instruments, les musiciens prennent tout de même le temps de
headbanguer, de sourire à la foule et de serrer quelques mains entre les morceaux. "Paris,
let’s be crazy !" ordonne le frontman pour les deux derniers titres, qui suivent un sublime
"Lucid Collective Somnambulation". Lors d’un solo de basse particulièrement technique, le
chanteur sort un panneau “Applause” pour féliciter son musicien, et la fosse, qui moshait
joyeusement jusque là, s’exécute. Le dernier titre, "Remote Tumour Seeker", est un véritable
bijou scénique, qui met tout le monde d’accord, et qui provoque une salve
d’applaudissements et de hurlements en provenance du public.
Setlist : "Calamus Will Animate", "Rapid Elemental Dissolve", "The Mimic Well", "Relentless
Mutation", "Human Murmuration", "Lucid Collective Somnambulation", "Involuntary
Doppelganger", "Remote Tumour Seeker".
C’est encore une fois la rapidité qui marquera le changement de plateau pour arriver au set
de REVOCATION. Les Américains, qui avaient ouvert la soirée lors de leur dernière venue à
Paris, se retrouvent propulsés en tête d’affiche, et c’est donc une fosse compacte qui les
accueille en moshant dès le premier morceau.
Au centre, David Davidson (chant / guitare)
bouge peu, mais aligne ses riffs sans broncher. Parfois aidé par Brett Bamberger (basse)
et Dan Gargiulo (guitare) pour les hurlement, le bassiste est également très doué et nous
offre un excellent son ronflant et gras, alors que le guitariste passe des harmoniques avec
une facilité déconcertante. A l’arrière, Ash Pearson (batterie) abat précisément ses
baguettes, et ne semble pas du tout affecté par la rapidité des morceaux. Le groupe profite
d’une pause pour nous annoncer l’arrivée d’un invité surprise. "Please welcome a very
special guest, Mr Jake Diffenbach from Rivers Of Nihil, he’s gonna help us to sing !", lance
le chanteur alors que "Madness Opus" débute. Aidé de Jake, David et sa clique enfoncent
encore un peu plus le clou dans la technicité, et c’est après quelques titres que se lance le
premier slammeur. Le concert se poursuit avec un compliment de la part du chanteur,
désignant la France comme "one of the best countries to play", mais le chanteur montre qu’il
est également capable de motiver le public comme il se doit. "France ! You are amazing, and
I can feel a wall of death forming... !" hurle le frontman alors que la fosse se sépare en deux
pour se rentrer dedans lors de l’instrumentale "Ex Nihilo" qui me vaudra d’autres courbatures.
Mais le groupe n’est pas seulement excellent sur scène, puisque les membres plaisantent
entre eux lors de l’annonce des titres comme cette excellente réplique de David Davidson.
"Lyrically this is all the fucked up from Dan's brain…" lance-t-il alors que le guitariste rit en le
regardant. "Make some noise for him... this is called "The Blackest Reaches" !", et le concert
reprend de plus belle, avec des mouvements de foule de plus en plus importants. La
complémentarité des hurlements est partie intégrante du jeu des Américains, puisque le
chant du frontman est très typé thrash, tandis que la voix de ses musiciens est plus basse,
leur permettant d’alterner un scream tranchant et un growl puissant.
"We have time for one
more song, but please make some noise for the other bands !" annonce le chanteur. "We are
on the road together ! This one is the more technical song, this is "Chaos Of Forms" !". Mais
l’homme nous a menti pour notre plus grand plaisir, puisque ce n’est pas un, mais deux
titres supplémentaires que le combo nous jouera, avant de quitter la scène en distribuant
quelques médiators et en serrant des mains.
Setlist : "The Outer Ones", "Of Unworldly Origin", "Madness Opus", "Blood Atonement",
"Communion", "Vanitas", "Ex Nihilo", "The Blackest Reaches", "Existence Is Futile", "Chaos Of
Forms", "Witch Trials".
Le show est fini. Intense, précis, énormissime et furieux sont les mots qui me viennent à
l’esprit, et je me dis en reprenant mon souffle que j’ai fini l’année en beauté. Malgré un
temps de jeu très court, RIVERS OF NIHIL et SOREPTION nous ont offert une excellente
prestation, mais j’ai littéralement été soufflé par le set d’ARCHSPIRE, qui m’avait déjà ébloui
sur album. Pour ma troisième expérience avec un live du groupe, REVOCATION a confirmé
l’impression que j’avais eue les premières fois en délivrant un set impeccable, et à l’image
de leurs productions studio. La prochaine fois que l’un de ces quatre groupes repasse en
France, vous m’y verrez à coup sûr !