Les tremplins et autres joyeusetés visant à générer un revenu intéressant pour ses organisateurs pullulent sur Paris ; la qualité n’étant pas toujours au rendez-vous dans le mesure où il suffit parfois d’acheter sa place dans une prog' sans pour autant avoir les moyens de sa politique ; le premier lésé étant bien entendu le public, les groupes participants se tirant la couenne avec toute la prétention que l’absence de talent génère. Il arrive cependant, mais c’est très rare, de couvrir un évènement complètement différent dans sa configuration, tant sur le plan organisationnel, que sur la qualité de la production. Plemi fait partie de cette trempe, où passionnés et professionnels en devenir se croisent pour donner naissance à des affiches de très grande qualité comme ce fut le cas ce soir. La recette est simple, les groupes intéressés doivent vendre une certaine quantité de places pour faire partie des cinqs qui composeront l’affiche ; avec en point de mire la possibilité de jouer dans une très bonne salle, avec techniciens confirmés ; il n’y a donc pas de place pour les "fake" dans ce genre concerts, l’ambiance entre les groupes est ainsi renforcée, en témoigne le positivisme ambiant tout au long de la soirée.

A signaler, un accueil, jovial et particulièrement amical qui me ferait presque douter d’être à Paris.
La salle est bien remplie, l’humeur générale est à la franche rigolade, Dieu que ça fait plaisir.

HIER ouvre donc les débats ; première surprise, si Pink Floyd avait fait du metal, le groupe se serait probablement appelé HIER ; son excellent (tout au long de la soirée), compos planantes, stylé screamo dans sa musicalité mais sans les voix hurlées. Surprenant mais finalement idéal pour commencer la soirée ; HIER, un nom emprunt de nostalgie, de mélancolie comme confiera le frontman à Stéphan Forte (Adagio), parrain des cette édition. Il y a des émotions dans la musique du jeune groupe dont les membres sont tous issus de formations hardcore ; plus que jamais HIER se conjugue au présent et s’offre de beaux lendemains…

Sortez vos magnétoscopes, le groupe suivant au nom poético vintage HELL OF A RIDE fleure bon l’odeur de vieux tabac froid des vieilles VHS non rembobinées. HOAR, c’est de la série B musicale, un pulp live suintant les grosses américaines (la voiture hein…), les bonnets D arpentant sulfateuses à la mains, les routes d’une Amérique fictionnelle et tellement bandante. On y retrouve du Boulevard de la Mort, un peu de From Dusk Till Dawn ; l’ombre d’un Tom Savini, dont le guitariste aurait pu être le frêre caché, plane sur une scène devenue d’un coup trop petite. Un show, un vrai ; un capital sympathie énorme, la soirée décolle pour ne plus retomber ; à signaler que le combo à sorti un EP téléchargeable gratuitement et enregistré par Charles Massabo (Babylon Pression).

NEEDLE SHARP, troisième groupe d’une soirée très éclectique, apporte sa version d’un rock alternatif à la fois moderne et influencé par des références allant de Mass Hysteria à Pink Floyd ; c’est dire si ce judicieux mélange est dans un premier temps surprenant, mais finalement d’une efficacité redoutable une fois l’objet appréhendé. Laëllou, charmante frontgirl au timbre de voix particulier, envoie sans compter tandis que les gratteux multiplient mimiques et private joke. Les Parisiens finiront leur set en invitant HELL OF A RIDE à taper le bœuf dans une formidable ambiance.

Trois groupes, trois façons différentes d’appréhender le rock metal, trois excellentes découvertes…

Seule ombre au tableau, mais cela reste mon avis ; FURYKANE, combo œuvrant dans la fusion, jusqu’à parfois si perdre, investit la scène après des soundchecks prolongés. Auto-proclamés la Tornade Blanche en raison de l’énergie développée sur scène, les Parisiens brassent souvent du vent, en font des caisses peut-être pour cacher un manque de puissance évident ; la frontgirl est certes mignonne, la fosse essentiellement constitués de jeunes post pubères et tous acquis à la cause ; c’est mignon, voire glam mais pas vraiment méchant ; je me sens un peu trahi par les promesses d’un show volcanique qui se limitera à quelques vents contraires. Leur premier skeud au titre évocateur "Fake" est sorti il y a un an. Les Parisiens en profitent pour lancer officiellement le compte à rebours du deuxième album dont la sortie est prévue dans un an, et vendre des cupcakes pour s’acheter un van de tournée… too much…

NEMOST fait son grand retour pour le plus grand plaisir des fans de la première heure ; nouveau frontman particulièrement charismatique en la personne d’Arnold qui visiblement n’a eu aucun mal à trouver ses marques au sein du groupe. La qualité sonore est vraiment exemplaire. Le death mélo distillé par NEMOST prend toute son ampleur en live. Mélodies harmonieuses et puissances sonores s’entrechoquent au profit de compos travaillées, comme ce genre nous en offre souvent. Calibrés magistralement, arrangements taillés au scalpel, les Parisiens nous offrent un metal "extrême" et intelligent, Dieu que c’est bon. Le set basé sur leur premier album "The Shadow’s Trail" laisse augurer une montée en puissance d’un groupe que vous aurez prochainement la possibilité de découvrir lors de leur future tournée.

Plemi a parfaitement rempli son contrat ; la qualité était au rendez vous, l’organisation professionnelle et zen à la fois. J’attends une prochaine édition qui se veut indispensable.