La review

RODRIGO Y GABRIELA + BIGBANG
Le Zénith - Paris
22/05/2014


Review rédigée par E.L.P


Une fois n’est pas coutume, les grands de ce monde se voient confier les clefs de la vaste salle du Zénith ! Eh bien cette soirée n’a en rien fait exception à la règle, puisque c’est en la grande salle nord-parisienne que le fameux duo RODRIGO Y GABRIELA eu la chance de poser ses guitares, en cette fin de moi de Mai, accompagné du discret carré norvégien souffrant d’un malheureux manque de communication ainsi que d’un bien dommage manque de visibilité : BIGBANG ! Le public l’ayant donc compris, la soirée alors placée sous les plus folkloriques et acoustiques des augures pouvait désormais commencer !...



Et au commencement il y avait la Norvège ! Originaire d’Oslo et porteur d’un fulgurant contraste avec la tête d’affiche, voici que le carré nordique 100% roots prend place, Øystein Greni (chant lead / guitare) en tête, guitare à la main. C’est alors tout naturellement que le public se verra habilement plongé dans les grands espaces du Nord, dans ces vastes étendues dépeintes par le vibrant son des quatre comparses, empreint de ces expressives sonorités mêlant folk / americana / blues / rythm’n’blues à un fond résolument plus indie / pop et axé sur l’éclat des voix de l’ensemble, assurées, entre autres, par Olaf Olsen (percussions / backing).
Le constat est rapidement dressé, le son proposé par les quatre amis est des plus envoûtants, alliant tantôt la pureté d’un mélancolique / folklorique ensemble vocal, tantôt la robustesse d’une voix blues / rock (comme sur, par exemple, "Wild Bird") à un lancinant découpage rythmique régulièrement orné par, çà et là, quelques ponctuations violonistiques rajoutant un relief supplémentaires à ces pistes déjà poignantes comme, par exemple, sur "Like Americans Do" ! Ainsi donc, le quatuor nordique saura aussi bien se rappeler au coeur des fans de Neil Young, Brother Dege, White Buffalo et Angus & Julia Stone ou encore Led Zeppelin que celui des amateurs du 7ème Art récemment comblés avec Inside Llewin Davis et Searching For Sugar Man... C’est finalement le titre "Welcome To The Mountain", titre manifestement incontournable de la formation, qui retiendra l’attention d’un parterre péniblement étoffé à l’approche de Rod y Gab, tant le public pourra être pris à en fredonner et même à en chanter certains passages.
Concluant une prestation aussi rêveuse que de haute qualité, la guitare "Dire Straits" d’Øystein s’éteindra finalement sur cette grande scène dépouillée, après près de 40 belles minutes de cette profondeur folklorique qu’est celle de BIGBANG (".no" pour les trouver sur les réseaux, comme le frontman l’aura largement souligné), une bien belle surprise, à découvrir !



Le temps d’une courte pause voyant, comme toujours, les couloirs du Zénith se norcir des myriades de présents, voici que la jauge de foule passera finalement du simple au double en l’espace que quelques minutes, répondant à l’appel du soleil. La scène est apprêtée et l’ambiance posée, tandis que les premières mesures de "The Soundmaker" finiront par retentir, déclenchant acclamation et emerveillement, à mesure que le trio introductif "The Soundmaker" / "Santo Domingo" / "Diablo Rojo" entamera ce qui s’apparentera à une vigoureuse leçon de dextérité sur fond des rythmes endiablés dont le duo a le secret depuis maintenant plus de 10 ans ! De retour en France à l’occasion de la sortie de "9 Dead Alive", le duo aura ainsi laissé la latitude nécessaire à ce nouvel opus pour s’exprimer pleinement (s’étant taillé une bien belle part au milieu de classiques tels que "Diablo Rojo" ou "Hanuman"), au travers de titres aussi ambiants que "Sunday Neurosis" mais également aussi rêveurs et enjoués que, par exemple, "Misty Moses", synthétisant ce nouveau travail musical à la croisée des mondes jazz et flamenco, et approfondi pour le réussi "9 Dead Alive". Ponctué de nombreux coups d’éclat tant humains que musicaux, entre solos implacables et discours foncièrement humains et souriants (bien que parfois dans un pénible mais comique français proposé par les 2 souriants comparses), le propos des Mexicains sera rapidement perçu comme d’une éclatante fraîcheur, entraînant dans son sillage les coeurs, têtes, pieds et mains des plus fervents amateurs de ces rythmiques hispaniques aussi savamment distillées au travers, entre autre, du plus que participatif "Ixtapa" ou de leur fameux ré-assaisonnement du grand "Take Five" !



C’est donc au milieu de ce vaste espace ayant pour l’occasion revêtu de simples et chaleureux habits lumineux, agrémentés d’un large support vidéo tiré en arrière plan des quelques modestes (mais néanmoins graphiques et conceptuels) éléments de décoration, que la scène sentira donc le souffle des reprises de Metallica (origines metal du combo obligent) mais également de Led Zeppelin ou de Radiohead, cette dernière propulsant la lien unissant public et artiste, un cran au dessus de la première partie de cet excitante performance ! Les duettistes ainsi touchés par la grâce de leur finesse humaine et mélodique prolongeront ainsi le plaisir de la fosse comme des gradins avec l’enchaînement des incroyables "Savitri" / "Hanuman" / "Take Five" puis "Hora Zero" / "Tamacun", refermant en grande pompe après un fracassant rappel, la longue et intense performance des sud-américains, puissants ambassadeurs de cette excellence mélodique qui leur colle à la peau. Le public sera si pris dans la ferveur de leur univers, que le seul bémol semblera finalement n’être que celui de l’absence de titres aussi efficaces que sont, par exemple, "Vikingman" et "Libertango", ou encore le désormais culte "Foc"...

Setlist : "The Soundmaker", "Santo Domingo", "Diablo Rojo", "Sunday Neurosis", "Misty Moses", "Torito", Rodrigo solo, "Triveni, Chac Mool, Triveni", "The Russian Messenger Orion" (Metallica cover), Gabriela solo, "Fram Creep" (Radiohead cover), "Satori", "Atman", "Stairway To Heaven" (Led Zeppelin cover), "Ixtapa", "Savitri", "Hanuman", "Jam", "Take Five".
Rappel : "Hora Zero", "Tamacun".

Rivant d’un clou on ne peut plus vivant, avec pas moins d’1h45 de performance, cette soirée haute en couleur et riche en expressivité musicale et après la reposante découverte BIGBANG, RODRIGO Y GABRIELA renvoyèrent donc chez lui (avant leur retour hivernal du mois de Novembre prochain) le public charmé, la mémoire encore pleine du souvenir des monstres sacrés du genre : Paco de Lucia et Alexandre Lagoya, le tout enveloppé dans l’explosive jeunesse du binôme, et de sa délicieuse modernité à la fois blues, rock, metal et jazz !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr