La review

ROTTING CHRIST + CARACH ANGREN + SVART CROWN
Le Trabendo - Paris
04/02/18


Review rédigée par Matthieu


Alors que le froid mordant sévit sur la capitale, il est temps pour moi de me rendre au Trabendo en ce premier dimanche de Février. Prévu initialement au Petit Bain, le concert de SVART CROWN, CARACH ANGREN et ROTTING CHRIST a été déplacé, comme bon nombre de ceux prévus dans le bateau depuis quelques temps d’ailleurs. Le show affichait sold-out, mais quelques billets ont été remis en vente suite au changement de salle, et les derniers se sont arrachés à la caisse du soir. Malgré la température qui ne devait pas être positive, la salle a mis du temps à ouvrir. Mais lorsque les portes ouvrent, la sécurité est réactive et nous pouvons enfin réchauffer nos doigts endoloris.



Je prends place devant les crash barrières installées pour l’occasion, et observe la foule se masser derrière moi. Après quelques petits réglages de l’appareil photo, les lumières s’éteignent et le groupe entre en scène. Ma question principale n’aura pas de réponse ce soir, car je ne parviens pas à reconnaître le batteur de SVART CROWN (rappel pour les dissidents du fond, Kévin Paradis les a quittés en fin d’année dernière), mais c’est avec plaisir que je vois JB Le Bail (guitare / chant), Ludovic Veyssière (basse) et Kévin Verlay (guitare) se tourner face à la batterie pour lancer le coup d’envoi. Les quatre musiciens commencent alors à nous envoyer leurs puissants riffs black / death emplis de haine et de souffrance en pleine face, et le public en reste subjugué. Si les musiciens sont très investis, alternant headbang furieux et déplacements sur la scène, qui n’est absolument pas entravée pour une première partie (fait assez rare pour être souligné vu que les trois groupes joueront sur la même batterie), le public est subjugué par leur musique mystique. Les lumières s’ancrent sur la fumée, très présente dans la salle, pour donner plus d’ambiance au concert, mais si les guitares sont extrêmement bien mixées, le souci de son viendra de la batterie. En effet, la double pédale déssert le combo français, tant le son qui sort des frappes du batteur est mauvais et brouillon. Difficile de passer outre et de profiter des rythmiques qui combinent puissance brute et harmoniques planantes, avec une précision et un mix qui leur rend cependant honneur, sous les hurlements mi-enragés mi-plaintifs de JB . De légers headbangs agitent la foule, et lorsque Ludovic se plante sur le devant de la scène pour haranguer la foule, elle répond présent. La setlist s’est organisée principalement autour du dernier album, "Abreaction", mais sans oublier "Profane" et "Witnessing The Fall", les deux précédents albums du combo. Seules les premières productions resteront oubliées ce soir. Si le groupe communique assez peu, leur musique parlant pour eux, et rien n’empêchera cependant JB d’introduire brièvement quelques titres et surtout de nous remercier chaleureusement pour notre soutien alors que les derniers riffs viennent de s’éteindre.

Setlist : "Lwas", "Nganda", "Ascetic Purification", "Revelation: Down Here Stillborn", "In Utero: A Place Of Hatred And Threat", "Nahash The Temptator", "Colosseum", "Transsubstantiation", "Orgasmic Spiritual Ecstasy".



Les Français débranchent rapidement leur matériel, et Namtar (batterie), maquillé, commence à installer ses cymbales, une capuche sur la tête. Le clavier d’Ardek est installé sur scène, aplati contre le sol avec un masque. Le temps nous semble long, surtout avec les filles du premier rang qui se racontent visiblement leurs exploits en combinant sexe et drogue, mais les Néerlandais font finalement éteindre la lumière, et c’est un hologramme de fantôme projeté contre un drap qui recouvre un ampli qui nous annonce le début du show. Namtar apparaît alors derrière ses fûts, puis The Butcher (guitare) s’avance, le regard froid et cruel. Vient ensuite Ardek, qui fait lever son clavier comme par magie, alors que le masque observe la foule, puis l’imposant Seregor (chant) qui se plante en plein milieu de la scène. L’introduction du premier titre retentit, les hurlements se font déjà entendre. Les quatre musiciens entament alors leurs riffs dévastateurs, tout en effectuant des mouvements saccadés au possible. Si Ardek marche au pas, Seregor vient effrayer le premier rang, alors que The Butcher reste impassible. Alors que les rythmiques horrifiques déclenchent des crises de headbang entre deux cris de fangirls qui souhaiteraient visiblement “se faire attacher sur une croix” par le chanteur, les blasts de Namtar sont terrifiants de précision. Seregor introduira brièvement "When Crows Tick On Windows" avant de quitter la scène pour revenir avec une couronne pour "Pitch Black Box". Un petit retour dans le passé pour "Bitte Tötet Mich", titre lors duquel il prendra la main d’une fan de manière romantique avant que la rythmique ne revienne tout détruire sur son passage. Le frontman n’hésitera pas à se placer sur le devant de la scène, effectuant des mouvements toujours aussi saccadés et automatiques, sur une ambiance sombre. Il proposera d’ailleurs à la foule de répéter après lui “God dammit”, qui rencontre un franc succès, puis une… phrase incompréhensible en néerlandais, qui n’aura qu’un faible écho, ce qui provoquera son rire maléfique, puis le début d’"In De Naam Van De Duivel". Alors que son maquillage coule, Seregor n’hésitera pas à se pencher au dessus de la foule, ce qui rend la scène absolument superbe lorsqu’on la combine aux jets de fumée et aux lumières éclatantes qui ont été programmées pour le show. Le fantôme reviendra alors pour nous introduire "Charles Francis Coghlan", avant qu’Ardek ne s’installe sur un autre clavier, tournant alors le dos à la scène. Seregor tombera alors à genoux tout en hurlant dans son micro, puis se relèvera et continuera de hanter la scène jusqu’aux dernières notes. Il repartira alors encore une fois en coulisses, mais reviendra cette fois avec un masque pour interpréter "Bloodstains On The Captain’s Log", soutenu par ses trois compères. Une fois leur set terminé, le groupe entier remerciera le public, qui l'applaudit comme il se doit avant que les musiciens ne disparaissent.

Setlist : "Charlie", "The Carriage Wheel Murder", "When Crows Tick on Windows", "Pitch Black Box", "Bitte Tötet Mich", "Blood Queen", "Lingering In An Imprint Haunting", "Sir John", "In De Naam Van De Duivel", "Charles Francis Coghlan", "Bloodstains on the Captain's Log".



Je retourne alors bien vite m’installer dans le pit photo, alors que les lumières ne se sont toujours pas rallumées, et qu’un étrange son ambiant sort des hauts-parleurs, à la place de quelques morceaux, comme il est coutume de diffuser pour aider les spectateurs à patienter. Visiblement confrontés à quelques soucis techniques, l’équipe de ROTTING CHRIST se démène sous nos yeux pour respecter (ou du moins ne pas trop dépasser) l’horaire. Mais le sample est soporifique, et le premier rang (dont le taux d’alcoolémie dépasse amplement la légalité si ces personnes prenaient un volant) continue à parler de consommation de produits illicites, alors c’est un vrai soulagement lorsque les Grecs prennent enfin place sur scène.
Le public réagit instantanément à leur musique mystique, et leurs cheveux fouettent le dos des photographes. Un énorme rideau de lumière rouge, qui s’éteint parfois entièrement, nous fonce dessus en même temps que les riffs des musiciens. La voix de Sakis Tolis (guitare / chant) met le public en transe, sous les frappes ritualistiques de son frère Themis Tolis (batterie), et les choeurs de Van Ace (basse) et George Emmanuel (guitare) aident les plus récalcitrants à rentrer dans leur univers. Les lumières aveuglantes arrosent les premiers rangs, qui communient déjà avec le groupe, qui headbangue la plupart du temps, restant campé sur ses positions. Soudain, George s’installe à la limite du pit photo pour haranguer le public, et le groupe change radicalement d’ambiance, passant de la planante "666" à la violente "Kata Ton Demona Eautou" qui déclenche un pit furieux. Finie l’ambiance oppressante, les Grecs veulent en découdre. La fosse, très réactive, ne manquera pas de leur faire comprendre qu'elle sont heureuse de leur venue, mais le groupe instaurera à nouveau une ambiance solennelle avec "Demonon Vrosis". Et cette alternance entre titres semi-religieux qui incitent au headbang calme et respectueux et des rythmiques violentes se poursuivra tout au long du show. Difficile donc de rester captivé par l’univers de ROTTING CHRIST, que j’adore pourtant sur album. Dès que Sakis s’adresse au public, celui-ci lui répond avec des hurlements désordonnés, et sera à peine capable de lancer un wall of death correctement organisé lorsque le groupe le demandera sur "Societas Satanas", qui semble plus tirer sur du punk / thrash que sur le black letal habituel. le groupe continue son office, mais les différences d’ambiances m’ont perdu, et je contemple alors simplement le spectacle des colosses qui se donnent à fond devant nous, soulevant des cris à la foule entre deux riffs. Alors qu’ils font mine de partir, il leur reste une dernière chose à accomplir : l’éternelle et inratable "Non Serviam", qui me repropulsera instantanément dans la liesse collective. Les riffs puissants de ce titre me forceront à headbanguer pour saluer le groupe, qui nous remerciera chaleureusement d’avoir passé cette soirée en sa compagnie. Le public se masse en avant, et quelques médiators sont lancés.

Setlist : "666", "Kata Ton Demona Eautou", "Demonon Vrosis", "Elthe Kyrie", "Apage Satana", "Visions Of The Dead Lovers", "The Forest Of N'Gai", "Societas Satanas" (Thou Art Lord cover), "Devadevam", "In Yumen-Xibalba", "Grandis Spiritus Diavolos".
Rappel : "Non Serviam".

Si CARACH ANGREN ont donné un show spectaculaire et que SVART CROWN ont tout donné malgré quelques problèmes de son, ROTTING CHRIST, pour qui les conditions étaient parfaites, n’a pas réellement su me convaincre. C’est uniquement la setlist que je blâmerai ici, et pas les musiciens, qui étaient investis de la première à la dernière note. Cependant, la cohérence de l’affiche ne saute pas aux yeux de tous, mais c’est tout de même le sourire aux lèvres que je repars. Merci à Garmonbozia pour avoir sauvé le concert du naufrage qu’allait provoquer le Petit Bain, et à très vite !