La review

SECRETS OF THE MOON + DØDHEIMSGARD + THULCANDRA + OUR SURIVAL DEPENDS ON US
Le Petit Bain - Paris
09/03/2016


Review rédigée par Solange


DØDHEIMSGARD et SECRETS OF THE MOON, voilà une affiche légèrement attrayante, c’est le moins qu’on puisse dire. De passage à Paris ce 9 Mars et accompagnés de deux autres groupes, ils ont chacun sorti un album en 2015 : "A Umbra Omega" pour le premier et "Sun" pour le deuxième.



Quand j’arrive au Petit Bain de bonne heure, la salle est déjà emplie d’une forte odeur d’encens qui vient de la scène et "Tunes Of Judgement", l’intro du dernier album de OUR SURIVAL DEPENDS ON US, se fait entendre. Le groupe joue derrière des pieds de micro faits de vieux morceaux de bois ornés d’os d’animaux et divers objets. Par terre, des peaux de bêtes, des gros trousseaux de clefs à l’ancienne. Bref, cela commence une description de l’univers du groupe qui musicalement n’est pas simple à résumer. OUR SURIVAL DEPENDS ON US joue sur les variations présentes dans le post-rock, en ajoutant la lourdeur et puissance du doom, le tout teinté d’influences tribales et occultes. Le chant est exécuté à la perfection, les deux guitaristes se partagent des parties de chant clair à une ou deux voix, l’un d’eux rappelle un peu le chant de Vortex dans Arcturus. Et le bassiste opère plutôt dans le growl, parfois ils superposent les trois et le résultat est impressionnant. Belle démonstration de tout cela dans le magnifique "We Are Xhildren Of The Dawn" extrait de leur dernier album. Le clavier n’est pas très présent dans leur compositions mais ses interventions ne sont jamais inutiles et apportent une touche ambient ou psychédélique à leur musique. Après 40 minutes de set, le groupe sort de cette expérience de transe portée par un lien fort à la nature, la spiritualité et une puissance musicale indéniable.



Il est 20h passées quand THULCANDRA commence à jouer, changement d’ambiance radical car on passe sans transition à un black / death tranchant et sans répit. Le groupe allemand est formé de Steffen Kummerer d’Obscura à la guitare et au chant, des frères Ludwig à la basse et seconde guitare, ainsi qu’Erebor à la batterie que l’on retrouvera plus tard dans SECRETS OF THE MOON. Prestation énergique et précise pour le premier passage en France du groupe. Leur morceaux gardent une teinte mélodique assez présente, pas extrêmement technique (autant sur les riffs que les solos) ce qui est un peu déroutant quand on connaît le travail du guitariste dans Obscura, mais ce n’est pas tellement le propos pour ce groupe. Le chant de Kummerer fortement orienté black a une influence death bien dosée qui le rend agréablement reconnaissable. THULCANDRA n’a certainement pas réinventé le black / death mélodique mais reste un hommage réussi au genre. Leur setlist sera piochée équitablement dans leur trois albums, mais le concert pourtant d’une quarantaine de minutes lui aussi paraitra un peu juste. Dommage donc de les voir restreints à un premier concert aussi court !



Arrive enfin le moment où DØDHEIMSGARD s’installe, ce qui semble prendre un peu trop de temps car le groupe attend avec impatience sur scène. Cela assombrit un peu la classe de leur scène qui paraît prestigieuse de prime abord avec plusieurs backdrop et leur énormes logos. Le début du concert sera assez catastrophique au niveau du son car visiblement le groupe n’a pas fait de balance et n’est pas venu avec son ingénieur du son. Un premier morceau très aigu et diffus donc, mais cela ira en s’améliorant sur la suite du concert. Leur formation est maintenant de quatre membres seulement, batterie, guitare et basse, et avec la présence d’Aldrahn au chant. Si cette formation est propice à leur morceaux plus anciens restés dans une veine très black metal, l’absence de claviériste ne met pas en avant leur évolution avant-gardiste. Cet aspect de leur musique sera quand même un peu présent par la diffusion de samples et des interludes plus calmes. La setlist va piocher dans tous leur albums, avec étonnement un seul morceau de leur dernier sorti en 2015. Forcément beaucoup de black metal, sans compromis et qui va pousser le public aux pogos pour les passages les plus intenses. Quelques nuances qui s’approchent du doom par des passages plus lents et un chant clair un peu distant. A ajouter à cela l’attitude scénique du chanteur, qui semble lui aussi dans un état de transe. Suivant la musique, ses chorégraphies trouvent leur chemin quelque part entre un mime et un chef d’orchestre sous acide, ce qui personnellement, ne m’aura pas tellement convaincue.



Après un set d’environ trois quart d’heure, SECRETS OF THE MOON arrive dans une salle toujours pleine quoique légèrement moins bondée. Ils commencent par "No More Colors", extrait de leur dernier album, qui sera d’ailleurs majoritaire dans leur setlist. Rien à redire sur la qualité de leur prestation, le son est bon et les lumières les accompagnent au millimètre. L’ambiance reste assez vague, sombre et enfumée, on voit peu les musiciens qui sont également en retrait dans leur attitude, mettant uniquement en avant la grandeur de leur musique. Eux aussi partis du black metal, leur dernier album le mélange avec des influences doom et ambient. La batterie transmet continuellement une puissance remarquable et est régulièrement mise en avant par une lumière différente du reste de la scène. Le groupe reste sobre dans ses interactions avec le public avec quelques remerciements qui ne viennent pas trop perturber l’ambiance hypnotisante dans laquelle ils nous plongent. Le concert touche à sa fin avec "Lucifer Speaks" et le grandiose "The Man Behind The Sun" qui clôt le set en beauté.

Cette soirée placée sur la base du black metal aura eu ses quelques surprises vu que chaque groupe a utilisé le style à sa sauce en y apportant diverses influences. Des temps de jeu pas honteux surtout vu le nombre de groupes présents le même soir. Les prestations de OUR SURVIVAL DEPENDS ON US et SECRETS OF THE MOON particulièrement marquantes pour ma part, efficacité mais sans trop de surprises pour THULCANDRA et petite déception pour DØDHEIMSGARD, même si je retournerais sûrement changer d’avis lors de leur prochain passage en France !