La review

SEPTICFLESH + INQUISITION + ODIOUS
Le Ninkasi Kao - Lyon (69)
14/01/18


Review rédigée par Zemurion
Photos prises par Jérémy Girard


Après un petit mois de pause qui m'aura permis, entre autres, de clôturer mes chroniques d'albums de 2017, il est temps de reprendre le chemin des salles de concerts. Ce dimanche soir, on commence par une bien belle affiche au CCO proposée par Mediatone. Il s'agit de la tournée de SEPTICFLESH qui défend son nouvel album en compagnie des Américains d'INQUISITION et des Egyptiens d'ODIOUS. Une soirée qui s'annonce assez variée entre metal oriental, black metal à l'ancienne et death metal orchestral.



Alors que la salle commence à bien se remplir en ce début de soirée, les lumières s'éteignent et la musique s'arrête pour l'entrée en scène des Egyptiens d'ODIOUS qui... finissent de régler leurs sons. D'ailleurs, au moment où il commencent à jouer leur premier morceau, on se demande si ce sont encore des balances ou s'ils démarrent véritablement le concert. On pouvait rêver mieux comme introduction ! D'autant plus que le groupe se voit contraint de jouer sur une espace très réduit avec une batterie qui se retrouve en plein milieu de l'avant-scène et qui ne laisse pas la place aux autres musiciens de se déplacer. Pour couronner le tout, le son n'est clairement pas optimum avec, notamment, une voix beaucoup trop en avant par rapport aux autres instruments. On sent les quatre garçons un peu hésitants, aussi bien scéniquement que rythmiquement. Comme me disait un autre spectateur, quand on fait du death metal en Egypte, on ne doit pas être habitué à faire beaucoup de concerts ! Malgré tout, le chanteur assure le show en exhortant le public à donner de la voix et à frapper des mains. Les spectateurs se prêtent au jeu dans une ambiance chaleureuse. Leur death metal oriental s'avère bien construit et assez personnel. Les morceaux sont plutôt longs avec de nombreuses variations de tempo. Finalement, Odius aura été une sympathique découverte. Dommage qu'ils n'aient pas disposé d'un stand de merchandising, ne serait-ce que pour se procurer leur nouvel album !



Fondé à la fin des années 80 en Amérique du Sud, INQUISITION est un groupe pionnier du black metal dont j'avais forcément entendu parler, mais que je n'ai jamais eu l'occasion d'écouter en concert ou sur album. Avec Incubus à la batterie et Dagon à la guitare électrique et au chant, ces Américains ont la particularité de n'être que deux sur scène. Celle-ci est d'ailleurs bien décorée par de superbes drapeaux aux couleurs du dernier album qui habillent le fond de scène. Les deux musiciens entrent sur scène avec le visage grimé par des warpaints noir et blanc dans la plus pure tradition black metal. Tandis que le batteur occupe le fond de scène, le guitariste / chanteur prend les devants en alternant entre deux micros espacés de quelques mètres afin de couvrir les deux côtés du plateau.
Fidèle à la tradition, INQUISITION nous balance un black metal bien à l'ancienne avec guitare oppressante et blast beats infernaux. Malheureusement, le son est un peu déséquilibré avec un chant et une grosse caisse très en avant tandis que le reste semble un peu sourd. En parlant de chant, j'ai beaucoup de mal à accrocher à la voix très robotique et monocorde de Dagon qui me donne l'impression d'écouter un malade souffrant d'un cancer de la gorge... N'étant pas un grand fan de black metal à la base, la prestation du duo me laisse un peu indifférent. Heureusement, le concert gagne un peu en intensité avec un son qui s'améliore et des compositions qui parviennent à m'accrocher davantage à travers des titres tantôt ambiants et fascinants, tantôt brutaux et percutants. La musique du duo prend une belle ampleur et on en arrive à se demander s'il n'y a bien qu'une seule guitare. La réponse nous est donnée lorsque Dagon casse une corde, l'obligeant ainsi à stopper le morceau en cours. Il revient sur scène quelques secondes plus tard et reprend le concert comme si de rien n'était, sous les acclamations du public. Il faut dire que le groupe dialogue peu avec ses spectateurs, préférant enchaîner les morceaux en jouant la carte de la distance et du mystère derrière les volutes de fumée qui flottent sur scène. Au final, même si j'y ai entendu des choses intéressantes, et parfois même puissantes, la prestation d'INQUISITION ne m'aura pas conquis ce soir. J'aurai cependant la satisfaction d'avoir vu ce groupe quasiment historique au moins une fois dans ma vie.



Il est temps d'accueillir la tête d'affiche de cette soirée. Cette fois, ce ne sera pas une découverte car j'ai déjà pu voir le groupe à deux reprises : la première fois en 2013 dans cette même salle, la seconde fois en 2016 dans le cadre du Brutal Assault en République Tchèque. Il ne me semble pas que l'organisation ait annoncé complet pour ce soir, pourtant la salle est tout de même bien remplie.
Alors qu'une bande son inquiétante se fait entendre dans les hauts-parleurs, le groupe fait son entrée en scène. Les hostilités sont alors lancées avec le morceau "Dante's Inferno", issu du nouvel album "Codex Omega". Le son est puissant mais couvre un peu trop les samples orchestraux qui sont difficile à distinguer sur les passages les plus violents. Un constat qui se confirme sur le bien connu "The Vampire From Nazareth", joué juste après. Plus que l'aspect symphonique, c'est la dimension purement death metal de la musique des Grecs qui est clairement mise en avant ce soir, avec un chanteur qui exhorte les spectateurs à se "détruire" mutuellement. Ainsi, les premiers pogos font rapidement leur apparition. On peut aussi voir des gamins slammer au dessus de la foule pour atterrir sur scène, sous le regard amusé du frontman qui nous déclare que nous sommes la meilleure audience de ce début de tournée. Celui-ci se montre d'ailleurs très proche de son public et se préoccupe visiblement plus de sa gestuelle que de ses parties de basse qui passent, en grande partie, complètement à la trappe. Il semble savoir qu'il peut compter sur le batteur et les deux guitaristes pour combler ce manque grâce à leur jeu excellent et leur son vraiment énorme. Car, en effet, les quatre compères font encore grosse impression ce soir. Je trouve cependant que l'attitude très brut de décoffrage adoptée par le groupe ne colle pas toujours avec la dimension mystique que je perçois dans leur musique. On aurait facilement pu s'attendre à un show plus cérémonial et théâtral. Si le nouvel album est clairement mis à l'honneur, le groupe n'oublie pas de disséminer dans son set des titres issus des trois opus précédents : "Titan", "The Great Mass" et "Communion". L'ensemble s'avère assez varié tout en restant très cohérent. Après onze morceaux, le groupe finit par saluer chaleureusement le public sans pour autant nous offrir de rappel. Dommage, car on en aurait bien écouté davantage !

Setlist : "Dante's Inferno", "The Vampire From Nazareth", "Martyr", "Prototype", "Pyramid God", "Enemy Of Truth", "Communion", "Prometheus", "Portrait Of A Headless Man", "Anubis", "Dark Art".
/ Au final, nous avons eu droit à une très belle soirée pour ce début d'année et je remercie tous ceux qui y ont contribué. Maintenant, il va falloir reprendre des forces avant le concert de Kreator et Vader qui aura lieu demain au Transbordeur. Voici une année qui commence bien !

Photos tirées de : www.jeregirard.wixsite.com/jeremygphotographe