La review

SEPULTURA + LEGION OF THE DAMNED + FLOTSAM AND JETSAM + MORTILLERY
Le Trabendo - Paris
05/03/2014


Review rédigée par E.L.P


Oyez oyez, amis thrashers ! Vous qui portez vestes à patchs et cartouchières en ceinture, tenez vous prêts, car cette 10ème semaine de l’année recèle bien des merveilles thrash old school, à commencer par l’affiche du jour, éveillant plus que vivement, les sensibilités des parisiens venus aujourd’hui se délecter des célébrités bBrésiliennes de SEPULTURA, avec, à leurs cotés, les 3 puissantes formations de MORTILLERY, FLOTSAM AND JETSAM, et LEGION OF THE DAMNED !
Et c’est en croisant, chemin faisant, les spectateurs de Holiday On Ice sortis du Zénith quelques minutes plus tôt, que les premiers arrivés auront l’occasion d’observer un radical changement d’ambiance aux abords de La Villette, pour finalement se voir offert le droit d’assister, non pas à une représentation exclusive d’André Rieux comme se gaussaient certains dans la file, mais bel est bien une vibrante soirée thrash !



Tout commença avec MORTILLERY, impétueux quintette canadien à voix féminine, signé chez Napalm Records. Cette formation montante de la scène thrash internationale, marchant vivement sur les traces de Toxic Holocaust arrivera donc, en ouverture de cette affiche, avec un son old School, racé mais malheureusement trop souvent chaotique... Cara McCutchen (chant), l’imposante frontwoman, assènera ainsi, de sa voix venue des profondeurs des années 90, des compositions soutenues par sa collègue Miranda Wolfe (basse) ainsi qu’un duo de guitares somme toute assez inspiré et une batterie efficace mais trop éteinte... Seules ombres au tableau : celles d’un son un rien voilé et d’un réel manque de communication scène / fosse ayant pour effet de laisser le parterre trop éteint pour une telle soirée, mais surtout, un manque de charisme et de puissance scénique dont les morceaux auront ça et là tendance à pâtir ! Un passage vivifiant et bien en place malgré la jeunesse de la formation, donc, mais peut-être trop anecdotique à la vue du potentiel conservé dans des titres tels que "Murder Death Kill" et "Creature Possessor"... À noter également qu’il n’en demeura pas moins appréciable d’observer ce florilège de rythmiques saturées et martelantes que les fans du combo parisien d’Unscarred auront eu à coeur de comparer et d’apprécier malgré tout.

Setlist : "Murder Death Kill", "Sacrifice", "Despised By Blood", "Radiation Sickness", "Creature Possessor", "I Am Destruction".



Premier changement de plateau, une transition (un rien trop longue, peut-être), avant l’arrivée du combo d’inspiration heavy / thrash made in Phoenix : FLOTSAM AND JETSAM ! Extrêmement vendeur sur support, le groupe s’avance alors, Erik Knutson en tête, entamant, toujours dans leur plus pur style empreint de ces 2 univers old school, leur set avec "Me" et "Dreams Of Death", aux riffs cisaillants et aux rythmiques entraînantes... Il faudra cependant souligner, ici aussi, quelques points foncièrement négatifs et tirant le niveau de la prestation quelques crans vers le bas, tels qu’un évident manque d’énergie observé au travers du jeu un rien brouillon et des attitudes des artistes, mais également, là encore, un triste manque de communication malgré un parterre déjà bien plus fourni ! Des compositions pourtant alléchantes, souvent tirées de "No Place For Disgrace", rapides et techniques à souhait et ayant fait le succès passé du quintette nous sont ainsi envoyées avec les meilleures intentions. Mais force est de constater que, malgré "Escape From Within" et ses accents de "Nothing Else Matters", ou même "I Live You Die", le groupe, bien que 2 fois plus âgé que ses prédécesseurs, n’y est pas (l’étroit espace scénique laissé par la seconde batterie fermement ancrée, comme à son habitude, au milieu de l’avant-scène n’aidant en rien). C’est donc une fois passé au-dessus de ces quelques soucis dont certains accrocs rythmiques feront également partie, que le public pourra profiter de la vibrante basse de Michael Spencer !

Setlist : "Me", "Dreams Of Death", "Hammerhead", "Iron Tears", "Escape From Within", "Gitty Up", "I Live You Die", "No Place For Disgrace".



Vient alors le tour d’un groupe qui s’annoncera outrageusement plus prometteur que les tour supports précédents, et ce dès les sound checks : LEGION OF THE DAMNED à l’habileté, la technique et l'énergie fermement plus évidentes que ce à quoi le parterre décidément bien plus fourni à l’approche de l’arrivée de SEPULTURA s’est vu habitué jusque là...
Les quelques comparses néerlandais, fiers de leur dernier opus en date : "Ravenous Plague" (Napalm Records) arrivent donc avec le plus de solidité et de maturité du monde... S'apprêtant à faire carton plein dans le coeur des fans de Kreator, d’Exodus et même Behemoth, la formation aux univers aussi profonds que marqués entemera son set au travers de "Moutain Wolves Under A Crescent Moon" (issu de leur petit dernier, "Ravenous Plague"), puis "Sons Of The Jackal", mais surtout l’incroyable "Summon All Hate". Traduisant cet esprit de crossover d’influence qui est le leur. Le public, bien plus conquis, pourra profiter de "Doom Priest", aux accents black merveilleusement prenants et dissonants ! Résonnant désormais dans un Trabendo receptif et convaincu, le groupe poursuivra son découpage quasi chirurgical de l’ambiance, à grands renforts de riffs assassins et méthodiques envoyés par le duo Twan van Geel / Hein Willekens (guitares) et propulsés par les succulentes rythmiques d’Erik Fleuren (batterie) et Harold Gielen (basse) !
Prolongeant le plaisir jusqu’à son titre phare : "Legion Of The Damned", le groupe aura su trouver les clés d’une ambiance résolument plus agressive et musclée, pour le plus grand plaisir des thrashers maintenant prêts à accueillir la tête d’affiche...

Setlist : Intro "The Apocalyptic Surge", "Mountain Wolves Under a Crescent Moon", "Son Of The Jackal", "Ravenous Abominations", "Summon All Hate", "Pray And Suffer", "Doom Priest", "Death's Head", "March", "Cult Of The Dead", "Armalite Assassin", "Legion Of The Damned", Outro "Twilight Zone".



Parler de tête d’affiche est une chose, savoir que celle de ce soir n’est autre que le fin quatuor brésilien, SEPULTURA, en est une autre ! Ce n’est plus un secret, le Brésil peut compter sur bien des aspects de sa culture pour se diffuser, et SEPULTURA peut se targuer d’en faire partie !
Le carré ainsi avancé avec pour fer de lance l’imposante carrure de Derrick Green (chant), se met alors à arpenter l’espace parisien, à mesure que sont envoyés "Trauma Of War", "The Vatican" mais également le saccadé et groovy "Impending Doom", tous 3 issus de leur dernier album en date, "The Mediator Between Head And Hands Must Be The Heart". Le phénomène tant attendu se voit ainsi gratifié d’une ambiance autrement plus puissante que celle observée depuis les débuts de la soirée, et pour cause, SEPULTURA sait, malgré tous les échos qu’il est possible d’obtenir d’eux, rassembler sous la même bannière de brutalité thrash / death / groove et les Franciliens ayant fait le déplacement ce soir le savent !... "Manipulation Of Tragedy" suivi de "Inner Self" / "Territory" seront à compter parmi les plus vibrants exemples de ce déversement de colère s’abattant alors sur le tombeau Trabendo. Rappeler à tous les détracteurs de Derrick le fossé stylistique le séparant de son prédécesseur et l’inutilité de cette comparaison ne sera malheureusement pas mince affaire, la performance de ce dernier (et de ses 3 acolytes) ne brillant pas outre mesure sur des compositions pourtant aussi rageuses et viscérales que "Refuse/Resist"... Preuve en revanche que la communication s’était rétablie depuis les 2 ouvreurs, Andreas Kisser (guitare), Eloy Casagrande (batterie) et Paulo Junior (Basse) se fendront, à l’ouverture d’"Arise", en instrumental, du générique de Batman, prouvant que sérieux, lourdeur et solidité riment avec humanité !
Un arrêt assez abrupt plus tard, et ce sera au tour du décevant rappel "Ratamahatta" et "Roots Bloody Roots" de se faire ressentir, l’impact de ces 2 titres cultes étant honteusement muselé par un dommage manque de puissance et de groove en cette fin de soirée...

Setlist : "Trauma Of War", "The Vatican", "Kairos", "Propaganda", "Impending Doom", "Manipulation Of Tragedy", "Convicted In Life", "Dusted", "Desperate Cry", "The Hunt" (New Model Army cover), "Spectrum Da Lama Ao Caos" (Nação Zumbi cover), "Inner Self" / "Territory", "Refuse/Resist", "Arise".
Rappel : "Ratamahatta", "Roots Bloody Roots"

Voici qui clôturera vigoureusement cette soirée "thrash revival". Intercalée sur l’agenda parisien entre Toxic Holocaust et Soulfly, l’affiche de ce soir aura, à défaut d’avoir su pleinement charmer (à commencer par la gestion lumineuse), su rapprocher les styles et fait vibrer les tripes, notamment grâce aux divines interventions des membres de LEGION OF THE DAMNED et SEPULTURA, ayant assuré 2 honorables et bouillonnantes prestations (malgré des qualités sonores assez douteuses et un public parfois difficile à déloger), à 4 shows de la fin de la tournée... ! Un grand merci à Garmonbozia pour cette soirée, ainsi qu’un salut tout particulier aux collègues de La Grosse Radio Metal : Matthieu et Nidhal !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr