La review

SÓLSTAFIR + OROB + NORDIC GIANTS
La Dynamo - Toulouse (31)
29/01/2015


Review rédigée par Thomas
Photos prises par Mathilde


Voici une soirée qui a bien failli nous passer sous le nez... La première date organisée par Noiser avait été annulée par les Islandais car ils voulaient profiter de l’opportunité qu'on leur offrait de pouvoir jouer sur le nouveau continent. Par chance, l'annulation s'est transformée en report et nous avons tout de même eu l'honneur de voir SÓLSTAFIR jouer dans notre belle Dynamo, le Jeudi 29 Janvier. Ils étaient accompagnés par les Anglais de NORDIC GIANTS et les Toulousains d'OROB.
La soirée a été tout simplement magnifique, de A à Z. L'une des plus belles de la saison 2014/2015, pour ne pas dire la plus belle...



NORDIC GIANTS est un duo bien étrange. Leur style est une sorte d'electro-pop très sombre et angoissante. L'un des musiciens est aux claviers et à la trompette, l'autre à la batterie et à la guitare. Ce qui rend cette formation hors du commun n'est pas leur musique mais leur manière d'illustrer des courts métrages réalisés pour eux en collaboration avec des cinéastes. En effet, NORDIC GIANTS en concert c'est un peu le croisement entre le cinéma et la scène. Les films diffusés derrière eux n'étaient pas, comme pour la plupart des groupes, l'illustration de leur musique, c'était leur musique qui illustrait les films. Chaque court métrage racontait une histoire qui se terminait souvent de bien triste manière. Chaque morceau élaboré et interprété par le groupe était donc la BO de ces films. Au début du concert / de la séance, le son était un peu fort, les parties diffusées trop en avant, avec un peu trop de basse et la batterie était un peu trop claquante. Le tout s'est assez bien homogénéisé par la suite mais le volume général était toujours un peu trop élevé. Outre cela, les parties jouées ou diffusées étaient tout de même claires et audibles et les deux musiciens étaient parfaitement carrés. Les écrans n'étaient pas le seul endroit où il fallait regarder, le groupe lui-même était déguisé, comme s'il faisait partie des films. Comme si ces deux protagonistes étaient sortis de l'écran pour nous interpréter la BO de leurs courts métrages... Les musiciens étaient vêtus et masqués de plumes et d'os, tels d'étranges oiseaux sans ailes, perchés sur des instruments. La musique était hypnotique, fascinante et prenante. Les morceaux étaient construits de telle sorte qu'ils nous laissaient le temps de nous installer dans une ambiance. Les sons étaient très atmosphériques. Les parties de batterie étaient pesantes et posées, tantôt simples, tantôt complexes, toujours en accord avec le reste du son et les images. C'était une très belle expérience, peu commune et fort intéressante, agréable même. Une très belle ouverture pour une très belle soirée. A découvrir....



Noiser invite très souvent sur ses plateaux une formation toulousaine pour assurer l'une des premières parties et ils ont bien raison car la ville rose et ses environs ne manquent pas de bons groupes ! Nous en avons eu la preuve ce soir avec les Montalbanais et Toulousains d'OROB. Ce quartet joue un black metal très travaillé qu'on pourrait qualifier de progressif à l'instar d'Enslaved. Ce côté "prog" ne leur vient pas de la virtuosité mais des structures, un peu comme chez Mastodon. Leurs morceaux sont longs, souvent alambiqués et de très bonne qualité musicale. Le son était meilleur que pour le duo qui les a précédés. L'attitude scénique des musiciens était assurée. On sentait qu'ils ne manquaient pas d'expérience et qu'une "grosse" scène comme celle-ci était largement dans leurs capacités. Le public avait l'air assez réceptif, les gens se sont même mis à bouger un peu par endroits... La grande qualité de la musique d'OROB est qu'elle pose une ambiance (c'est sûrement le point commun entre les trois groupes de ce soir). Elle nous emmène quelque part et raconte quelque chose sans avoir la nécessité de comprendre les paroles. On aurait pu croire que l'aspect plus violent de leur musique aurait dénoté avec les deux autres groupes mais pas du tout. On avait plus l'impression d'une continuité qu'autre chose. Un très bon concert, un groupe largement à la hauteur. Décidément, la scène toulousaine a de belles choses à proposer...



Voilà un moment qu'il va être difficile de décrire, sur lequel poser des mots semble impossible... SÓLSTAFIR en studio propose déjà une musique onirique et touchante, fragile et puissante à la fois, apaisante et écorchée vive... Elle représente parfaitement leur pays natal, l'Islande. Le live décuple toutes ses qualités. Comment écouter un "Ótta", "Fjara" ou "Godess Of The Ages" sans passer tout le morceau les yeux fermés, à voyager et à ressentir ce que ces sons provoquent en nous ? (autant dire qu'on passe les trois quarts du concert les yeux fermés...)
Tout commence par la diffusion de "Náttfari", dernier morceau de l'album "Masterpiece Of Bitterness", enchaîné avec "Köld", morceau assez dynamique mais avec une ligne de voix particulièrement belle. Ca y est, on y est... Au milieu de paysages tous plus beaux les uns que les autres, au milieu d'un vaste panel d'émotions. Dès le premier morceau, malgré une petite faute de justesse vocale, le groupe sait nous emmener loin et poser les premières dalles de ce voyage qu'il nous ont offert. Leur son si caractéristique est là, comme en studio. Tout était clairement audible, pas un instrument plus haut que l'autre. Même la voix ressortait comme il le fallait et le volume général n'était ni trop fort ni trop bas. L’exécution des morceaux était impeccable sauf sur "Ótta" où le banjo n'était pas dans le rythme. Cela ne nous a pourtant pas empêcher de prendre ce morceau de toute beauté en plein cœur et de l'apprécier dans son entier. SÓLSTAFIR fait partie de ces gens dont on voit l'humilité et l'humanité peintes sur leurs visages. Lorsqu'ils jouaient, ils fermaient les yeux et vivaient à fond leur musique. Adalbjorn (le chanteur / guitariste) a établi d'entré de jeu une réelle proximité avec le public. Il n'hésitait pas à questionner des gens de l'assemblée au micro, et on ne se sentait pas "à l'écart" comme c'est le cas souvent pour ces groupes dont la musique est si introspective. On avait l'impression de faire partie intégrante du live. Non pas parce qu'ils nous faisaient chanter ou battre des mains mais parce qu'ils étaient avec nous et nous avec eux. La petitesse de la Dynamo, avec ses 300 places, a peut-être aidé à cela ? Les morceaux choisis pour ce soir étaient extraits des trois derniers albums (qui sont probablement les meilleurs). SÓLSTAFIR nous a surpris par le fait qu'ils n'ont pas interprétés le premier morceau de "Ótta", leur nouvel opus, en guise de premier titre. Ils sont allés chercher dans le "vieux" répertoire avec "Köld", de l'album éponyme sorti en 2009, ce qui n'était pas déplaisant. Les morceaux étaient très judicieusement placés. Quand l'atmosphère était à la douceur, le morceau suivant dénotait par un tempo plus élevé et un côté plus énervé. En bref, une très bonne setlist. Et quel rappel ! Il était évident que SÓLSTAFIR allait finir par "Fjara" qui est devenu leur "tube". C'est avec ce très bon morceau qu'ils sont revenus sur scène, mais le concert ne s'est pas terminé là. Il s'est fini sur "Godess Of The Ages", extrait de "Köld" (la boucle était donc bouclée). Cette pièce d'une beauté à couper le souffle, avec sa superbe ligne de voix, mélancolique, presque gémissante, a clos le voyage de sublime façon.

Setlist : Intro ("Náttfari"), "Köld", "Lágnætti", "Rismál", "Ótta", "Þín Orð", "Dagmál", "Svartir Sandar", "Djákninn", "Fjara", "Goddess Of The Ages".

Ce concert était autant un parcours émotionnel intérieur d'une grande profondeur qu'une expérience humaine remarquable. Un bel instant de partage et clairement l'un des meilleurs concerts de la saison 2014/2015 qui est pourtant très riche en bons lives... Un très grand merci à Noiser pour ce beau moment.