La review

STEVEN WILSON + PAUL DRAPER
Le Cargö - Caen (14)
27/01/19


Review rédigée par Antoine


Après le fun de STEVE 'N' SEAGULLS la veille au Havre, je m’en vais pour l’ambiance plus… mélancolique de STEVEN WILSON ! L’ambiance est clairement différente, en fait tout est différent mais le plaisir est toujours bel et bien là ! Accompagné de PAUL DRAPER, la soirée n’est clairement pas la même que celle de la veille ! La soirée a rapidement annoncé complet, les gens sont conscients de la rareté de l’évènement, c’est bon signe.



PAUL DRAPER, c’est très ambiant comme musique, deux guitares et c’est tout ! C’est un duo de choc qui effectue sa première tournée française de la meilleure des manières. Les quelques prises de paroles nous indiquent qu'ils apprécient vraiment cette tournée française avec STEVEN WILSON, en même temps… comment ne pas prendre du plaisir avec une telle proposition ! A vrai dire, je n’ai pas grand-chose à dire, j’ai beaucoup apprécié ce moment mais j’étais surtout impatient de découvrir enfin STEVEN WILSON sur scène et je n’ai pas été aussi attentif que ce que j’aurais pu…



Les musiciens arrivent sur scène derrière un très fin voile qui servira de support aux nombreuses projections durant la soirée, pas bête cette astuce hormis le fait que ça fausse un peu les photos, mais ça ne retire en rien l’émotion de la soirée. Le maestro prend le contrôle du Cargö, musicalement c'est parti pour 2h30 de pur plaisir. Ces 2h30 sont réparties en deux sets en plus des trois titres de rappel ! Les morceaux les plus rock côtoient les morceaux les plus immersifs. On peut même parler d’univers au-delà de la sphère musicale car un concert de STEVEN WILSON se vit aussi à travers les effets visuels qu’il met en place. N'étant pas le seul maître à bord, il sait s’entourer de musiciens d’exception avec notamment l’excellent Nick Beggs à la basse, Alex Hutchings à la guitare, Adam Holzman au clavier et Craig Blundell à la batterie.
Le premier set nous renvoie directement à son dernier album, après tout on est toujours dans la promotion de "To The Bone". On démarre avec "Nowhere Now" suivi du génialissime "Pariah", ce morceau très simple prend tellement aux tripes ! Avec ce titre, on découvre pour la première fois les projections sur le voile de fond de scène, effet réussi avec le visage de Ninet Tayeb en grand devant nous, à défaut de chanter ce duo en live, cela donne un effet d’hologramme très intéressant mais qui doit être aussi perturbant pour le groupe puisqu’il joue derrière cette projection. L’enchaînement "Home Invasion" / "Regret #9" nous rappelle que son parcours solo a un côté très pop en plus du côté rock progressif que l’on connaît depuis longue date. Mais attention, pas la pop que nous avons l’habitude d’entendre à peu près partout et tout le temps désormais, là c’est chiadé, il y a un boulot titanesque de composition, une histoire, bref c’est de la bonne musique. Et pourtant, c’est bien "Permanating" qui est dans ma liste des titres préférés de l’Anglais et qui sera interprété durant le deuxième set. Comme quoi, STEVEN WILSON fait des titres joyeux ! Même si le principal intéressé reconnaît volontiers que l’on ne s’y attend pas spécialement à ses concerts, qu’on s’attend plutôt à ressentir de la dépression, de la mélancolie… Dans tous les cas, on le voit comme transcendé par sa musique, habité par ses compositions qu’il joue depuis des années et qui lui apportent le succès d’aujourd’hui. Et dans sa carrière, il n’y a pas que ses divers projets, il y a aussi Porcupine Tree Nous en aurons trois titres : "Don’t Hate Me", "The Sound Of Muzak", et bien évidemment "Lazarus", changement de style radical mais qui colle très bien à l’ensemble, la patte STEVEN WILSON est toujours là, et même si on aurait aimé un peu plus de Porcupine Tree il faut aussi se faire à l’idée que nous venons voir un concert de STEVEN WILSON, pas de "Porcupine Tree". Bien que la majorité de la soirée soit plongée dans la plénitude de la musique, nous avons quand même quelques passages assez drôles quand STEVEN WILSON, de manière très honnête, annonce : "Sorry but I've never heard of this city before", c’est assez amusant car les artistes évoquent souvent la connaissance de telle ou telle ville alors qu’on imagine bien qu’ils ont traîné sur la page Wikipédia. Pour rester sur les interventions de Steven, il parle de l'évolution de la musique, de ce qu’elle était avant l’arrivée d’Internet, de ce qu’elle est devenue, du voyage musical qu'est la composition d'un album, le process qu'il y a, comparé aux playlists, compils, iPod etc. Bref, on le sent dans un certain regret de la consommation de la musique qui prend le pas sur le plaisir de son écoute. Il évoque aussi la possibilité d’utiliser la magie de la musique pour vraiment définir sa personnalité, une belle façon de voir les choses et que beaucoup d’entre nous partageons me semble-t-il. Et pour habiller cette musique, il utilise à merveille la double projection sur scène et des jeux de lumières agréables à regarder. Un détail cependant négatif (il en fallait bien un), c’est la puissance du son. Pour profiter au maximum des subtilités de la musique je me suis calé au fond, grosse erreur, le son était bien plus fort que dans le reste de la salle, notamment à cause des samples, du coup si c’est une habitude des Anglais, ne vous faites pas avoir… Mais bon, ça n’enlève à la performance du soir, heureusement d’ailleurs !
Le deuxième set démarre après 20 minutes de pause. Pour nous remettre dans le rythme, pourquoi pas une intro issue de Bass Communion ? Un autre projet de STEVEN WILSON, bien différent mais qui se prête très bien à l’exercice. S’ensuit "No Twilight Within The Courts Of Sun", avec sa montée en puissance très progressive, accompagné de tels musiciens ce serait dommage de se priver de quelques moments comme celui-ci. D’ailleurs, je n’évoque pas vraiment les musiciens qui jouent avec lui mais quelle claque on prend ! Parce que pour retranscrire tout le spectre musical, il faut un groupe complet et pas juste un guitariste / chanteur / claviériste comme le fait STEVEN WILSON, il lui faut des coéquipiers de choix. Quand tu les vois et que tu les écoutes, tu te dis juste "Waouh !". Le talent est clairement partout sur scène ce soir. Pour annoncer "Permanating", il demande si des métalleux sont présents dans la salle, quelques growls se font entendre, ensuite STEVEN WILSON annonce qu’il a envie de voir ces métalleux... danser le disco ! J’ai bien fait de ne pas l’ouvrir… Ce passage peut faire marrer mais le public est très large et multi-générationnel, je pense que beaucoup de personnes dans le public ne sont pas habituées à venir à des concerts ou à connaître le milieu metal. Encore un petit détail amusant dans cette soirée de mélancolie. Une pépite arrive après quelques titres avec "Get All You Deserve", morceau qui n’a pas été joué depuis 2012, qu'Alex et Craig n'ont jamais joué devant un public, il parle de l'esthétique du pur bruit, du travail fascinant d’un certain compositeur français dont je n’ai malheureusement pas retrouvé le nom, C’est vrai que ce morceau est vraiment à part, pour ceux qui ne le connaissent pas je vous encourage vivement à l’écouter, c’est clairement à part. Le charme de STEVEN WILSON, c’est aussi de revenir en rappel quelques instants après en annonçant "Very depressing song !!!", il sait parler à son public ce gars. Avec "Postcard", nous aurons du mal à le contredire, morceau très triste mais tellement beau… Un des morceaux dans son top 3 des plus dépressifs mais qui n'en reste pas moins très beau. Quelque soit l’ambiance que retranscrit sa musique, l’émotion est toujours très forte et au cœur même de ses compositions, c’est peut-être ce qui donne à sa musique ce côté si particulier.
Finir sur "The Raven That Refused To Sing", c’est terminer sur une touche de mélancolie et une certaine forme de sérénité, parfait pour reprendre le volant et méditer sur ce concert pendant les 2h30 de route pour rentrer chez soi… Décidément, il nous aura jusqu’à l’os ce STEVEN WILSON ! Le pire c’est qu’on en redemande ! C'est un vrai voyage musical, une véritable expérience dans laquelle nous embarque cet homme. Je ne sais pas comment il compose mais ce gars est vraiment une perle ! Vivement la prochaine fois !

Set 1 : "Nowhere Now", "Pariah", "Home Invasion", "Regret #9", "Don't Hate Me" (Porcupine Tree), "The Same Asylum As Before", "The Sound Of Muzak" (Porcupine Tree), "Ancestral".
Set 2 : "Cenotaph" (Bass Communion), "No Twilight Within The Courts Of The Sun", "Index", "Permanating", "Song Of I", "Lazarus" (Porcupine Tree), "Detonation", "Vermillioncore", "Get All You Deserve".
Rappel : "Postcard", "Sectarian", "The Raven That Refused To Sing".