La review

SUMMERBLAST FESTIVAL
Exhaus - Trèves (Allemagne)
19/06/2010


Review rédigée par ePo


Samedi 19 Juin, c’est levé aux aurores en ce jour de vacances (soit 8h) pour prendre le bus prévu par Artofnoise (www.artofnoise.fr) à Metz, en direction de Trèves pour le Summerblast Festival. Et avant de poursuivre, je préfère vous prévenir que mon report ne sera pas exhaustif. En effet, le Summerblast Festival compte deux scènes : une en extérieur et une en intérieur, dans une crypte. Crypte version "l’envers" à Nancy, ou feu "La grotte" à Strasbourg, pour se faire une idée de l’agencement du tout. Les concerts alternaient, et se chevauchaient sur une dizaine de minutes au maximum. Mais malgré cela, il fallait tout de même faire des choix. Je me contenterai alors de décrire les impressions que j’ai eues sur les groupes que j’ai vus.

Arrivés vers 13h30, on rentre donc dans l’Exhaus. Déjà, une première impression plutôt agréable quant à l’endroit. Des gros bâtiments tagués, servant à de nombreux concerts. Y a rien à dire, les Teutons savent y faire. Après, niveau public, il fallait s’en douter, on avait tendance à croire que la moyenne d’âge était de 15 ans, mais bon, quand on va en festival hardcore, on sait (malheureusement ?) à quoi s’attendre. Et puis après tout, soyons sensés, c’est pas une bande de prépubères qui va nous gâcher le concert.

Le temps de manger etc, et c’est à CARNIFEX d’ouvrir notre bal. Les Américains débarquent sur scène et nous balancent un deathcore violent, bien carré. Le public répond présent. Dès les premières notes, les bras commencent à mouliner et le pit se déchaîne. Reproche à faire : le son de la scène extérieure saturait rapidement, surtout au niveau de la basse et de la grosse caisse (et vu que la grosse caisse est un tantinet essentielle dans ce genre de musique, je vous laisser imaginer le truc). Et par ailleurs, la voix, parfois, ne s’entendait pas. Mais ce défaut sonore s’est vu pour tous les groupes (enfin, plutôt, pour tous les groupes que j’ai vu jouer). Après, ça n’empêchait pas de prendre du plaisir, mais c’était un tantinet perturbant. Bon après, je suis exigeante aussi.

Après une quinzaine de minutes de CARNIFEX, je descends dans la crypte pour aller écouter les Allemands de IN BLOOD WE TRUST. En voilà du hardcore comme je l’aime ! Du voyou, du bandana ! Et ça relance, ça moshpart à fond. Les gangsters allemands nous balancent les titres de leurs albums "One Thin Ice" et "Curb Games". Pour ma part, je suis conquise, aimant beaucoup ce groupe à l’origine. Et même dans une petite salle, où il fait chaud et humide, les piteurs sont au rendez-vous et se déchaînent dans la fosse.

Une fois leur set fini, je me précipite devant, parce qu’après, c’est aux Anglais de TRC (The Revolution Continues, pour les non adeptes des acronymes), de prendre place. Groupe que j’apprécie aussi fortement. Et quand les Perfides Albion débarquent sur scène, c’est la guerre ! Non seulement ils en imposent par leur physique, mais aussi par leur prestance. Une présence sur scène indéniable, une pêche de folie. J’ai pu taper vite fait la discute avec eux après, quand je leur ai demandé s’ils avaient apprécié de jouer en Allemagne (et là ils me répondent qu’ils adorent l’Allemagne, pensant que j’étais Allemande - quelle horreur !), le chanteur me répond sur le ton de la blague "pas du tout, et ça s’est vu dans mes yeux non ?". Parce qu’en effet, une telle violence, un tel amour du spectacle, ça se voyait carrément sur leur figure. Les Anglais se donnent à fond. Pour les titres, ce sont ceux présents sur leurs albums "North West Kings" et "Destroy And Rebuild". Une première claque, qui augure de bonnes choses pour le reste de la journée.

Je reste dans la salle pour SUFFOKATE. Groupe que je ne connais pas spécialement, voire pas du tout en fait. Mais bon, les festivals sont aussi là pour nous permettre de découvrir du nouveau son. Déjà, je suis ébahie par la taille des stretchs du chanteur. Ce n’est plus des trous, c’est des plateaux qu’il a. Et ensuite, quand il se met à grawler, ô, mazette, c’est qu’il en a de la voix le monsieur. Et vas-y que je te gruiiike, que je te grawle, et que je t’en mette plein les esgourdes. Bonne découverte en l’espèce.

N’ayant pas retrouvé le programme. Je me mélange un peu les pinceaux. Il me semble qu’après, je suis sortie. J’ai assisté à quelques morceaux d’EVERGREEN TERRACE, qui dépotaient sévère aussi, et je suis redescendue. La fin de VEIL OF MAYA. Groupe de hardcore, qui se laisse aller aux solos thrashy. J’ai pas forcément apprécié, parce qu’en effet, le côté "je branle mon manche" a fini par m’exaspérer. Mais bon, y en faut pour tous les goûts. Et une fois VEIL OF MAYA fini, je me rapproche de nouveau de la scène, car après, c’est ANNOTATIONS OF AN AUTOPSY. Pour la petite histoire, j’avais adoré la démo "Welcome To Sludge City". Mais vraiment, notamment parce que ça beatdownait à mort, mais aussi parce que les exercices gutturaux du chanteur me laissaient plutôt pantoise, dans le sens "mais, mais, il arrive vraiment à faire ça avec sa bouche le monsieur ?". Et j’avais ensuite lâché l’affaire, déçue par "Before The Throne Of Infection", où le tempo s’était nettement ralenti, on avait l’impression de faire face à du slamming deathmetal plutôt qu’à du méchant deathcore. Mais bon, soit. Le groupe arrive sur scène : un chanteur bien rondouillard, bien barbu, exactement comme je me l’étais imaginé. Par contre, là, le son était pas top. En effet, j’étais pressée de voir ANNOTATIONS pour apprécier en 'live' les performances du chanteur. Et malheureusement, le set n’a pas répondu à mes attentes. Mais bon, tant pis, j’en ai pris mon parti, et j’ai quand même décidé de m’éclater. Et ce qu’on peut dire, c’est qu’ils mettaient l’ambiance. Au début du set, un homme vêtu d’un tee shirt rose, dont je me disais "bah c’est le deuxième chanteur", se met à slammer depuis la scène, à faire n’importe quoi. Et c’est parti pour de la bonne grosse défonce. Une ambiance du tonnerre, un public de forcenés, de fougueux. Je suis en train de me prendre une grosse claque. Et le paroxysme de la claque, sera quand le chanteur énonce "ça vous dit d’entendre de vieilles chansons" ? On sait tous ce que ça veut dire : "Welcome To Sludge City". Et là, c’est plus d’une dizaine de personnes qui monte sur scène et entonne le "She bled from every fucking hole" de début du morceau. Et oh bon dieu, ce que ça fait du bien ! Un final en beauté. Une tuerie, un carnage.

Une fois le carnage passé, je remonte. Et ayant dû faire des choix (et aussi dû à un cerveau de poisson rouge), je reste dehors. Et c’est un peu amèrement que je me dois de sacrifier le show de YOUR DEMISE et de DEATH BEFORE DISHONOR. Mais bon, je me rassure, ces groupes repasseront, et je pourrai aller de nouveau les voir (enfin, je l’espère). Je remonte donc, et j’attends THE DILLINGER ESCAPE PLAN, que je n’avais encore jamais vu en live. Et c’était plutôt monstrueux. Bon, toujours ce son un tantinet gênant. Mais ce défaut était vite rattrapé par la prestance, le jeu scénique des membres du groupe. Jouant principalement des morceaux de leur dernier album "Option Parlysis", sorti tout récemment, ils s’adonnent à des sauts, de la violence. On sent qu’ils sont passionnés. Le chanteur escalade la structure, et se met à faire le cochon pendu sur la barre des spots, par la suite, le guitariste ira dans la foule, et ensuite montera jouer sur l’ampli. Un seul mot à dire "Wow", ils nous en mettent et dans les yeux, et dans les oreilles. D’ailleurs, c’était un peu frustrant de les voir à ce niveau de l’affiche. On aurait pensé les voir plus tard dans la soirée, ils auraient ainsi disposé d’un set plus long. Mais bon, tant pis, on a dû se contenter de 25 minutes. Le groupe part, en ayant laissé un public "chaud comme la braise", paré pour accueillir WALLS OF JERICHO.

Là aussi, je m’avance pour être devant, pour voir de près cette petite madame qu’est Candace Kucsulain. Et là, c’était la guerre ! Et jamais je n’aurai pensé encore slammer dans ma vie. Et c’est arrivé trois fois. Une énergie incommensurable, de la part du public, comme de la part du groupe. Une bonne communication, y a pas à dire, Candace a de la pêche, elle harangue les foules comme personne. Et les gars de la sécu ont à faire, à récupérer tous les slammers. D’ailleurs, big up à eux, qui nous rattrapent comme des bébés, et évitent ainsi que l’on se fasse mal. Un nombre de slammers à la seconde assez énorme. Même des gens qui grimpent au panier de basket, et qui s’en jettent. Un wall of death impressionnant, rythmé par "The American Dream". Je n’avais jamais vu WALLS avant, et là je dois dire que je me suis prise une des plus grosses claques de ma vie. Aucun mot ne peut décrire l’intensité du moment. C’était tout simplement magique.

Et après une telle intensité, une telle vivacité, c’était difficile de se laisser conquérir par d’autres groupes. En effet, RAISED FIST, qui jouait sur la scène extérieure après WALLS, a fait face à un public plutôt endormi. Je ne dis pas que personne ne bougeait, non, mais y avait moins de violence, beaucoup moins de violence. Passer après Walls of Jericho est loin d’être une partie de plaisir. Puis le show fini, le ciel commence à s’assombrir et il est temps de faire place aux Allemands de CALIBAN, clôturant le show. Effet de nuit ou non, les spots s’allument, jouent, et s’entrelacent. On comprend que ce groupe est la tête d’affiche. Et là aussi, un show carré, maîtrisé, brutal. Plus de moshers (ou alors, je suis trop petite pour les voir), mais des yeux tournés vers la scène, et qui fixent ce qui est en train de se passer. Les Allemands sont chauds, parlent avec le public et offrent leur musique. Après une vingtaine de minutes, je redescends dans la crypte, histoire de voir ce à quoi ressemble NECROPHAGIST en live. Et là aussi, ça carbure, ça surine, ça blast ! Du bon gros son. Le temps de voir 2/3 morceaux, et je remonte, car il est désormais l’heure de rentrer en France.

Alors, que dire de ce festival. Déjà, une organisation hors paire, étant donné que sur toute la journée, on ne dénombrera que 10 minutes de retard. Des groupes calibrés, contents d’être là, nous donnant le meilleur d’eux-mêmes. Un petit regret, comme j’ai pu déjà le signaler, pour la saturation de la scène extérieure. Mais en tout cas, le Summerblast est vraiment un festival à faire ! Rendez-vous l’année prochaine.