La review

TESTAMENT + EVILE + DEFICIENCY
La BAM - Metz (57)
17/05/2015


Review rédigée par Man Of Shadows
Photos prises par Delf'in


L'évènement métallique lorrain en ce maussade mois mai est sans nul doute la venue de TESTAMENT, géant américain du thrash, à Metz-Borny, dans la salle flambant neuve de la Boîte A Musique, située dans la banlieue est de la ville (petit choc culturel lorsque l'on voit débarquer une troupe de chevelus en t-shirts noirs dans un quartier où réside une très large communauté magrébine).



Premier concert de metal dans la salle neuve de la BAM, et quelle soirée ! L'honneur d'ouvrir les jeux revient aux locaux de DEFICIENCY, qui, fort d'un deuxième album d'excellente facture, et de nombreux concerts et tournée en support du dit album (tournée lorraine, tournée française avec Arcania, tournée franco-espagnole avec Suicidal Angels et Angelus Apatrida, et bien d'autres dates encore) a gagné sa place ce soir ; mais ne l'aura certainement pas volé. DEFICIENCY débarque sur scène et balance son thrash moderne aux nombreuses influences (metalcore, djent, heavy metal) et recueille de superbes retours de la part du public ("C'est aussi un peu grâce à vous qu'on est là ce soir" dixit Laurent Gisonna). La prestation est ultra-puissante et sans faille, Jérôme et Vianney bougent partout et tiennent la barque rythmiquement parlant, tandis que Anthony, tout en breaks et groove, défonce son kit avec technicité. Les morceaux (tirés pour la plupart de "Prodigal Child") sont très longs et complexes, mais cette grande variété et la mélodie, toujours présente (les très bons solos de Laurent) rendent ce concert trépidant. "The Experiment" et "Unfinished" défoncent tout tandis que "The Flaw", plus moderne, où Laurent prend une voix plus hardcore, nous terrasse avec ses gros riffs syncopés. Bien que détonnant dans la setlist, ce morceau est terriblement efficace et le public ne trouve rien à en redire. Trente minutes, cinq morceaux, un show plein d'énergie et pro, un son optimal, un public en poche, mission remplie pour DEFICIENCY.



EVILE prend ensuite la relève. Deux ans après un concert mémorable à la fête de la musique de Thionville en 2013, les British are back, avec un nouveau soliste (Ol Drake a choisi de partir pour entamer une carrière solo), Piers, qui, s'il est plus effacé que son prédécesseur, assure très bien ses parties lead tandis que Matt, chanteur-guitariste-leader envoie des riffs plus tranchants les uns que les autres. Le son est lui aussi excellent ; tout au plus retiendrons-nous un petit bémol au niveau de la voix de Matt, plutôt en retrait dans le mix. Le groupe fait un carnage avec ses classiques "Enter The Grave", "Thrasher" et "Infected Nations". D'autres très bons morceaux issus de ses deux derniers disques sont interprétés comme "Cult", "Head Of The Demon" et "Words Of The Dead". En revanche, quelques passages mid-tempo un peu mous font retomber la pression et Matt ne fédère point le public comme l'a fait Laurent de DEFICIENCY, qui avait placer la barre très haut. Malgré ce petit ventre creux, la perf' d'EVILE, qui aura duré à peine moins de trois quarts d'heure, demeure solide du début à la fin et termine de nous chauffer pour la claque à venir.



Car c'est un concert énorme, comme d'hab' avec TESTAMENT, que les Américains vont donner. Une prestation tout simplement MONSTRUEUSE !!! Le son parfait de bout en bout, la setlist old school au possible axée sur les trois premiers albums, un groupe survolté doté d'une classe incommensurable techniquement, musicalement et scéniquement, et une interprétation énorme. Le groupe, qui a un temps de jeu limité (contrat oblige) à 75 minutes, va enchaîner quasiment sans temps mort (avec juste un interlude entre "A Day Of Reckoning" et "Eerie Inhabitans") quinze morceaux d'une brutalité sans nom, sans que les musiciens ne trahissent le moindre signe de fatigue. Incroyable ! On parle tout de même de thrasheurs quadras voire même quinquas ! Chuck Billy a une puissance vocale phénoménale et semble invoquer les esprits de ses ancêtres indiens pour l'aider à chacune de ses éructations growlées ou ses longs phrasés typiquement thrash. Steve Digiorgio, impressionnant avec sa stature, nous donne une leçon de basse fretless, en 3 ou en 6 cordes, tandis qu' Alex Skolnick est tout simplement magistral et confirme une fois de plus qu'il est l'un des meilleurs guitaristes solistes du metal ("The Haunting", "The Preacher", "Disciples Of The Watch", les soli néoclassiqued de "First Strike Is Deadly"...). Les cinq-cents personnes présentes en prennent plein les oreilles (et les yeux, avec un light-show superbe et un décor de scène somptueux, la scène de la BAM étant plutôt large, avec un immense backdrop surmonté de pentagrammes qui s'illuminent). Le pit est en feu, avec un avalanche de pogos et de slammeurs. Un concert dantesque, l'un des meilleurs que nous ayons vu, et une soirée mémorable gravée dans nos esprits. A refaire d'urgence, par exemple, le 11 Juin à Luxembourg-ville, avec ni plus ni moins qu'Exodus comme invité de luxe.

Setlist : "Over The Wall", "The Haunting", "Rise Up", "More Than Meets The Eye", "The Preacher", "Do Or Die", "First Strike Is Deadly", "A Day Of Reckoning", "Eerie Inhabitants", "The New Order", "Trial By Fire", "Into The Pit", "Disciples Of The Watch", "Practice What You Preach", "The Formation Of Damnation".

Merci à Pete pour l'accred' et à Damage Done pour cette soirée énorme. Longue vie à ces types !