La review

THE ALGORITHM
La Péniche - Lille (59)
22/03/2016


Review rédigée par Miss Bungle


Un mardi soir sur une péniche, que peut-il se passer ? Un concert electro metal avec THE ALGORITHM et… et puis c’est tout. Serait-ce pour préserver la santé de la jeunesse en l’aidant à se coucher tôt en milieu de semaine ? Toujours est-il qu’il n’y avait pas de première partie, comme un peu trop régulièrement maintenant avec les concerts organisés par A Gauche De La Lune. Il y avait bien l’éventualité, qui avait fuité sur le net, d’une ouverture de set par un groupe metal régional. Hasard des choses, je me retrouve à côté du chanteur de ce groupe qui explique, aux amis qui le rejoignent, "qu’il manquait des papiers officiels, une histoire de sécurité on n’a pas bien compris". Mystère résolu ou presque puisque lui-même n’a pas bien saisi le souci. Quoi qu’il en soit, aucune autre proposition de première partie n’aura été faite entre temps, les groupes régionaux de qualité, ne manquant pas pourtant. Dommage, la soirée sera courte…
Ouverture des portes à 20h00 et début du concert prévu à 20h45.



La Péniche n’est pas au complet ce soir, peut-être parce que c’est mardi, peut-être parce que l’affiche est trop courte comme évoqué ci-dessus, peut-être parce que THE ALGORITHM est un groupe assez confidentiel, mélangeant electro et metal djent. Voire beaucoup plus d’electro que de metal. Mais subtilité qui marque la différence : un vrai batteur, Jean Ferry (de Uneven Structure) et une vraie guitare entre les mains du "DJ" Rémi Gallego, à la tête du projet. Pour expliquer rapidement ce qu’est un algorithme, je dirais qu’il s’agit d’une méthode pour systématiser des actions, des manipulations, optimiser des procédés répétitifs… Je vous ai perdus ? Et pourtant c’est l’essence même du groupe. L’ordinateur comme squelette abstrait des compositions, débitant des musiques répétitives et synthétiques, confronté à la chaleur des instruments bien réels. De ce fait le public lui-même est assez hétéroclite, forcément. Mixité de métalleux et d’amateurs de son.
Pour avoir vu THE ALGORITHM au Festival de l’Euroblast (Cologne) l’année dernière, je sais ce qu’il peut dégager comme énergie sur scène devant un très grand public. Ce soir c’est donc aussi pour vérifier ce ressenti et surtout constater si dans un endroit beaucoup plus restreint, le monsieur arrive à faire bouger son monde. Ce dernier investit la scène avec Jean Ferry à 20h45 pétantes. Rigueur des machines oblige ! Il apparaît plutôt réservé voire timide. On ne saurait dire si, tout au long du concert quand il s’adresse aux spectateurs, c’est une vraie timidité toute enfantine ou une bulle dans laquelle il s’est enfermé et façonne son petit monde. En tous les cas, il se présente ainsi que Jean Ferry en annonçant qu’ils vont nous jouer une bonne partie de leur nouvel album "Brute Force", qui, fait assez rare, ne sort que le 1er Avril soit pendant la tournée.
Un très bon point pour le son qui est puissant et tout à fait limpide, ce qui permet une vraie appréciation des morceaux. Limpidité plus qu’essentielle dans l’electro. Les morceaux s’enchaînent dans un déferlement de nappes synthétiques et séquentielles, contrebalancées par la puissance de frappe de Jean Ferry et la guitare électrique que saisit par intermittence Rémi Gallego pour des riffs qui crachent des rythmes syncopés. L’accueil du public est excellent. Si l’énergie dégagée à l’Euroblast n’est pas la même ce soir, l’intimité sied plutôt bien aussi à ce groupe. Preuve en est, la fièvre de la danse envahit les fans qui prennent un plaisir certain à tortiller des fesses. Ce qui est appréciable avec THE ALGORITHM, c’est que leur univers est vraiment à part. Ce n’est pas de l’electro à proprement parler, ce n’est pas tout à fait du metal, c’est un petit frère d’Igorrr mais pas issu des mêmes parents ni élevé dans les mêmes contrées. Bref, un concept, un ovni que l’on découvre ou redécouvre à la Péniche ce soir-là. Petite frayeur toutefois à moins de trois quarts d’heure de show, quand Rémi Gallego annonce la dernière chanson ! Sous le tollé général et les sifflements désespérés, il ajoute avec une pointe d’humour : "Il va falloir bouger les beaux gosses si vous voulez plus de morceaux !" C’est chose faite immédiatement et THE ALGORITHM renquille pour un quart d’heure supplémentaire. C’est au bout d’une heure tout pile qu’ils nous quittent, le temps de rejoindre le stand merch pour une rencontre des plus simples et naturelles avec le public.

Un petit goût amer de "trop peu" donc en sortie de concert, mais qui n’est en rien imputable à l'artiste bien évidemment, car THE ALGORITHM a offert une belle prestation, pleine de générosité.