La review

THE OATH + BUY JUPITER + AESMAH
Le Rock n'Eat Live - Lyon (69)
04/11/17


Review rédigée par Zemurion
Photos prises par Freddy Gheorghe


Ce soir, la pluie tombe à grosses gouttes dans les rues de Lyon. Après une semaine bien fatigante, on a du mal à trouver la motivation à quitter le confort de chez soi pour s'aventurer à l'extérieur. Heureusement, le Rock n'Eat est là pour nous donner du courage avec une très belle affiche dédiée à la scène death metal locale. Située en plein cœur du vieux Lyon il y a encore quelques mois, cette enseigne était déjà connue pour être le principal lieu de rassemblement des métalleux et des rockeurs de tous poils. En effet, on y trouve de quoi boire, de quoi manger et de quoi s'amuser en écoutant notre musique favorite. Il ne lui manquait qu'une vraie scène pour faire jouer les groupes du coin et de plus loin. Le problème est désormais résolu depuis l'ouverture de la nouvelle formule Rock n'Eat Live : une salle un peu moins exposée mais beaucoup plus grande et équipée d'une belle petite scène pour y faire jouer des groupes tous les week-ends ! On rêvait d'un lieu comme celui-ci à Lyon, le Rock n'Eat l'a fait !



On débute la soirée avec LE groupe que je ne voulais pas rater ce soir. En effet, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire sur ce webzine, AESMAH est un groupe dont j'affectionne tout particulièrement la musique. Malheureusement, le quatuor se voit privé ce soir d'un de ses guitaristes. Nous aurons donc aujourd'hui François à la basse et au chant, Olivier à la guitare et à la seconde voix et, le petit nouveau, Adrien à la batterie. Par chance, la scène assez étroite s'avère bien adaptée à ce type de formation réduite.
Pour ce concert, AESMAH nous jouera essentiellement des morceaux de leur prochain album qui devrait paraître au printemps prochain. On commence avec les titres "Ocean Of Veining" et "Wave Of Singularity" dans lesquels le groupe nous propose un death mélodique très atmosphérique agrémenté d'un soupçon de musique électronique. La magie se met doucement à opérer tandis que les public, présent en nombre, semble captivé par le spectacle. Les deux frontmen entreprennent alors de réveiller la foule avec un "The Deceptive Haven", issu de leur précédent opus. L'ambiance se fait plus festive et la salle commence à s'agiter. Niveau son, l'ensemble est correct malgré quelques petits défauts. En effet, la voix d'Olivier est quasiment inaudible et je trouve le son de sa guitare six cordes un peu trop criard et tranchant pour ce style de musique. Mais la plus grosse frustration vient indéniablement de l'absence de la deuxième guitare pour venir compléter le groupe, aussi bien sur le plan musical que scénique. Malgré tout, les trois compères assurent le show. La communication avec le public est parfois un peu maladroite et on note quelques petites approximations au niveau rythmique mais ces quelques faiblesses sont compensées par la grande qualité des compositions qui alternent avec brio entre mélodies planantes et riffs bien dynamiques. On sent l'influence bien présente de Dark Tranquillity utilisée avec beaucoup de maturité. Le groupe s'imprègne de la musique de leurs modèles suédois afin de la magnifiée avec une sensibilité à fleur de peau dans de longues et envoûtantes compositions. En dépit d'une sonorisation un peu faible, le bassiste / chanteur François s'impose en alternant entre growls caverneux et voix quasi murmurée. La sauce prend bien et le public offre un accueil chaleureux au groupe qui reçoit une belle ovation. Ce soir encore, AESMAH nous a offert une belle petite prestation. On espère maintenant les revoir rapidement au complet et avec leur album qui s'annonce extrêmement prometteur !

Setlist : "Ocean Of Veining", "Wave Of Singularity", "The Deceptive Haven", "Hollow", "Emerald Visions", "Quartz".



Le temps d'aller reprendre une bière, je m’aperçois que la salle est victime d'un dégât des eaux qui commence à se propager dans tout le lieu. Avec mes chaussures à moitié déglinguées, je perds tout espoir d'avoir les pieds au sec. En effet, tandis que BUY JUPITER fait son entrée en scène, le Rock n'Eat se transforme en pataugeoire.
Il y a quelques semaines à peine, j'avais déjà eu l'occasion de chroniquer le groupe pour la sortie de leur deuxième EP au Warmaudio. Leur prestation avaient alors été monumentale et je m'attends déjà à me reprendre une belle claque. Sans surprise, les BUY JUPITER se montrent à la hauteur de leur réputation grandissante. Leur death metal moderne et déstructuré nous éclate en pleine face. Les morceaux complexes sont exécutés d'une main de maître avec hardiesse et précision. Comme d'habitude, le son est très bon, bien qu'on perde beaucoup d'impact quand on s'éloigne de la scène. Le public, toujours très nombreux, se montre dynamique même si je me serais attendu à une ambiance encore plus mouvementée. Toujours fidèle à lui même, Py, le hurleur de la bande, ne manque pas une occasion de se mêler aux spectateurs. Niveau setlist, le groupe nous a concocté un savant mélange avec des morceaux issus de ses deux EPs. Le concert s'achève en apothéose sur le bien-nommé "Battle Of Io" sur lequel le public se déchaîne complètement. Encore une fois, Py nous propose un final grandiose et inattendu ; après un slam dans le public, il revient sur scène et empoigne son enceinte de retour qu'il brandit vers les spectateurs en hurlant dans son micro. Oui, ce fut encore une belle grosse claque ! Les BUY JUPITER montent en puissance et on espère qu'ils atteindront les sommets avant de subir le poids des années. Frustré de ne pas en entendre plus, le public réclame un rappel qui lui sera malheureusement refusé car un dernier groupe attend encore de monter en scène.

Setlist : "Goodbye Jupiter""Uprising", "New Era", "Drift", "Collide", "Battle Of Io".



Décidément, les eaux se montrent capricieuses ce soir. Tandis qu'à l'extérieur la pluie continue à tomber, le sol du Rock n'Eat est toujours recouvert d'un bon centimètre de flotte. Au moment où THE OATH fait son entrée en scène, le public semble, en partie, avoir déserté la salle. Peut-être par peur de rater les derniers transports ? Peut-être par lassitude de patauger dans l'eau ? ou les deux... Toujours est-il que les vétérans de la soirée joueront devant une assemblée plus clairsemée que les groupes précédents. Comme la plupart des formations locales, THE OATH est un groupe que j'ai eu l'occasion de voir plusieurs fois sur scène. Leur dernière prestation en terre lyonnaise le mois dernier s'était d'ailleurs révélée un peu chaotique avec, notamment, de nombreux problèmes de son. Mais, ce soir, le groupe semble cependant être dans de meilleures conditions et plus en place que la dernière fois. Malheureusement, le son général n'est toujours pas optimum avec des guitares trop faibles dont il est quasiment impossible de distinguer les mélodies. Dommage pour un groupe qui officie justement dans un style qui se veut, justement, mélodique. Malgré tout, les quatre Lyonnais assurent le show sans prise de tête. Comme les autres groupes avant eux, le chanteur / guitariste Pierre insiste sur l'importance d'avoir, à présent, un tel lieu à Lyon pour faire vivre notre scène locale foisonnante. Durant une petite heure, THE OATH nous propose une dizaine de titres issus de ses quatre albums en date. Pour ma part, je trouve que ceux issus de leur dernier CD, "Consequences", passent particulièrement bien l'épreuve de la scène. Sur un des morceaux, le bassiste d'AESMAH est invité à se joindre au groupe en souvenir d'une récente tournée en Italie durant laquelle il a remplacé Romain à la quatre cordes. Bien qu'il n'y ait plus énormément monde devant la scène, il reste une poignée de courageux déterminés à maintenir l'ambiance dans le lieu. Le groupe propose même un petit wall of death qui manque de virer à la bataille navale ! Au final, THE OATH a assuré un bon show de fin de soirée. Dommage que le son ait été un peu décevant et que le public se soit autant dispersé à cette heure pourtant pas si avancée.

Setlist : Intro, "Never To Be Seen Again", "End of The Lines", "Broken Hope", "The Final Sleep", "Watch Me Bleed", "Crimson Flesh", "The Unborn", "Consequences", "This Day".

Finalement, ça valait le coup de sortir ! Nous avons eu là une très belle soirée dédiée à la scène death mélodique locale dans un tout nouveau lieu très agréable et chaleureux, bien qu'un peu humide ce soir là... J'espère que ce dégât des eaux n'aura pas causé trop de dégradations matérielles. Ce nouveau Rock n'Eat s'avère, en tous cas, très prometteur même s'il gagnerait clairement à être équipé d'un meilleur système de son. Longue vie à la scène locale, longue vie au Rock n'Eat Live !