La review

THE OCEAN + HACRIDE + SHINING + TIDES FROM NEBULA
Le Divan Du Monde - Paris
03/11/2013


Review rédigée par Byclown


Superbe soirée ce soir au Divan du Monde, LA salle concert metal de Paris ! Ce soir on va voyager musicalement en fort belle compagnie avec THE OCEAN ! Rien que ça, ça fait plaisir, mais voilà, nos amis sont fort bien accompagnés par les Français d’HACRIDE (que j’ai eu le plaisir de voir cet été au Motocultor et, dans cette même salle, avec la tournée de la Klonosphere), SHINING et leur délire "saxophinisé" qui me fera toujours penser à du Dillinger Escape Plan en trop looké et enfin, TIDES FROM NEBULA, quatuor de rock progressif instrumental atmosphérique que je découvre ce soir.



On commence tout de suite avec les TIDES FROM NEBULA, venus nous réchauffer, loin de leur Pologne natale. Le quatuor, plutôt discret en début de set, se lâche carrément pendant les morceaux suivants, variant leur jeu de scène en fonction de l’intensité des morceaux (en même temps, sur 30 minutes de jeu, autant ne pas perdre de temps), emportant le peu de public présent dans leur univers vaste et planant qui me rappelle le dernier album de Frames, "In Via" (je vous invite à découvrir les albums de ces deux groupes qui sont en écoute libre et intégrale sur YouTube). Pas de synthé pour ce groupe, uniquement des cordes, des pédaliers énormes et une grosse dose de talent pour réussi à nous faire vibrer, ressentir des émotions fortes, et tout ça sans paroles, sans trop de chichis sur scène, avec des éclairages aux dominantes bleutées et intimistes. Un petit bémol viendra entacher ce set : une bourde de l’un des guitaristes sur une intro pluggée, ce qui lui vaudra de recommencer le morceau, tout en se confondant en excuses en français ("Excusez mi for that"). Pour ma part, excellente découverte de la soirée.



Arrivée remarquée des beaux gosses scandinaves de SHINING. Soyons clair, tout ou presque me plaît dans ce groupe. Je dis presque car je n’ai jamais aimé les dress codes dans les groupes à part peut-être dans le black metal ou pour Slipknot, et le côté "all blacks" avec les coupes de cheveux à la Bryan… Non, merci. Je pense que, lorsqu’on joue une musique aussi mature et talentueuse que la leur, on peut s’affranchir de ce genre de subterfuges pour attirer l’attention du public (à moins que ce groupe ait en fait vocation à devenir un groupe à minettes intellos, je ne sais pas). Quoi qu’il en soit, intéressons-nous à la musique, et quelle musique !! C’est seulement quelques semaines plus tôt, en ce même lieu, que j’assistais, les oreilles en sang, au show de Dillinger Escape Plan, combo passé maître dans l’art du jazz metal extrême. Eh bien ce soir, j’ai eu l’impression de revivre la même chose, les gros bras de Greg Puciato, les stroboscopes à répétition et les sauts de biche de Ben Weinman en moins. Ce qui me choque chez SHINING, c’est l’extrême décontraction des musiciens avant le show, durant les derniers soundchecks, qui s’apprêtent pourtant, quelques minutes après, à envoyer la sauce (le chanteur, durant ses essais micro qui lâche, avec un bel accent "Tais-toi, ferme ta gueule, un deux trois" avec un petit sourire en coin devant une foule bien réceptive à ce genre d’humour gentillet). Vous ne serez pas surpris outre mesure si je vous dis que le show en lui-même fut parfait, sans accroc, plein d’énergie, de maestria dans l’accomplissement des parties techniques, plein d’un apparent joyeux bordel qui est en fait tout à fait calculé. L’équipe de joyeux drilles amateurs de Krisprolls paye le tribut de la sueur pour nous captiver du début à la fin et je me demande encore comment le chanteur fait-il pour hurler et, deux secondes après, se saisir de son saxo pour jouer et ensuite reprendre la guitare et le micro sans jamais paraître essoufflé. Excellente première partie, et excellent moment.



Il est toujours bon de voir, lors de ces concerts d’excellente facture, un groupe français qui monte ! C’est le cas avec HACRIDE qui multiplie les faits d’arme et c’est tant mieux tant leur musique est bonne et tant le nouveau chanteur colle parfaitement à l’univers du groupe. Le quatuor, qui démarre juste la tournée avec les copains (commencée fin du mois dernier), s’en donne à cœur joie devant son public. Il est intéressant de voir qu’un vivier de fans "die hard" est présent sur le devant de la fosse pour accueillir le combo et faire l’ambiance (et oui, car l’ambiance manquera cruellement dans la fosse, ce qui peut paraître normal pour TIDES FROM NEBULA mais qui l’est beaucoup moins pour les 3 groupes qui suivent). Toujours aussi carrés, les gars nous réservent un set de la trempe du Motocultor (en plus court évidemment) et débutent avec "Strive" tiré du dernier album de cette année "Back From Where You’ve Never Been" qui laisse la part belle au nouveau chanteur. Evidemment, "Synesthesia" et "Overcome" suivent juste après histoire de planter le clou du Hacride 2.0. La triplette de chansons qui conclura le set sera plus axée sur les albums précédents avec "Perturbed" (2007 - "Amoeba"), "Act Of God" et "My Enemy" bien évidemment (tirés cette fois-ci de l’excellent "Lazarus"). Décidemment, ce groupe, qui appartient au cercle prestigieux de la Klonosphere (avec Klone, Trepalium…) est en train, avec son nouveau line-up et le travail colossal qui a été fait en amont, de se forger de bien belles lettres de noblesse (et, ayant traîné mes savates en backstage, j’ai cru comprendre que certains membres des autres groupes de la tournées n’étaient pas insensibles à leur musique).

Setlist  :  "Strive Ever To More", "Synesthesia", "Overcome", "Perturbed", "Act Of God", "My Enemy".



Les choses étaient déjà sérieuses avec les trois premières parties mais là, avec THE OCEAN, nous allons monter encore un cran au niveau de l’ambiance musicale (la dernière fois que j’ai vu un concert avec autant de bonnes premières parties, c’était justement dans ce même Divan du Monde, pour la tournée de Caliban avec Winds Of Plague, We Butter The Bread With Butter, Eyes Set To Kill et Attila, c’est dire !) et scénique. Ecran de cinéma géant derrière la batterie, tentures bleues et vertes rétro éclairées imitant les fonds marins, nul doute que le combo joue à fond la carte du dépaysement et de l’immersion (sans mauvais jeu de mots). L’imagerie forte d’un groupe comme argument de promo n’est une découverte pour personne et le merchandising est une part importante des revenus d’une formation en tournée, là encore THE OCEAN a bien compris et mis en pratique la leçon avec des t-shirts et des packs d’une rare beauté (un coffret très onéreux gravé sous forme de boîte format 45 tours avec un vynil, un CD digipack, t-shirt, livret géant etc…) et plus d’un, dont moi, se seront maudits de la crise actuelle, du tarif des places (27 euros) et du merch’ onéreux. Bref ! Intéressons-nous plutôt à la musique ! Casse-tête pour les photographes mais réelle expérience pour les autres, le show en son entier se passera dans une pénombre contrôlée (due à l’écran de cinéma qui ne servirait à rien en cas d’éclairages trop puissants), ponctuée de notes bleues et vertes et de quelques stroboscopes lors des passages les plus violents, et c’est donc dans une quasi-obscurité que débarqueront sous les cris les post-métalleux allemands (et suisses aussi d’ailleurs). Comme vous l’imaginerez aisément, le show, d’une grosse heure et demie, sera d’une rare perfection, tant visuelle que sonore ! Carré jusqu'à l’extrême, vibrant, le set se centrera surtout sur le dernier opus du combo, "Pelagial" sorti cette année. Concrètement, l’album sera déroulé dans l’ordre jusqu'à "Abyssopelagic I : Boundless Vasts" et passera ensuite à "Hadopelagic II : Let Them Believe" en sautant, je ne sais pas pourquoi (car les morceaux sont pourtant bien et portent d’autant plus l’album), " Abyssopelagic II : Signal Of Anxiety" et "Hadopelagic II : Let Them Believe" .
Les ambiances se succèdent, parfois douces et enveloppantes, aux limites de l’instrumental pur, parfois accompagnées d’une voix claire sublime, qui ne vacille jamais, laissant la place assez souvent il faut le dire à des passages bien plus énervés (mention spéciale pour "Desiquibrated" qui est un morceau limite malsain de puissance) servis par un scream de folie made in Loic Rossetti. En somme, on pourrait clairement comparer les variations de musique d’un extrême à l’autre, aux variations que proposent nos océans... Une fois l’œuvre amputée achevée avec un brio tout à fait teuton, le combo se lance en rappel sur "Shamayim", intro du titre "Firmament", tous deux tirés d’"Heliocentric" qui remonte à 2010 (et du doublé avec l’album "Anthropocentric") pour réellement finir, évidemment, sur "The City In The Sea", titre qui résume à lui seul l’esprit de ce groupe et issu de "Aeolian" sorti en 2006.
Me concernant, l’un des concerts les plus pros que j’ai vus depuis des mois et avec des groupes tous vraiment excellents (une programmation éclectique et intelligente).

Setlist : "Epipelagic""Mesopelagic : Into The Uncanny", "Bathyalpelagic  I : Impasses", "Bathyalpelagic II : The Wish In Dreams", "Bathyalpelagic III : Disequillibrated", "Abyssopelagic I : Boundless Vasts", "Hadopelagic II : Let Them Believe", "Demersal : Cognitive Dissonance","Benthic : The Origin Of Our Wishes", "Shamayim", "Firmament", "The City In The Sea".

Photos tirées de : www.byclown.com