La review

TRAV'HELL SESSION
Infected Rain + Dead Season + Mahestrya
Le Red Studio - Douai (59)
25/05/2017


Review rédigée par Rm.RCZ
Photos prises par C-Line Photographie


Nouveau concept pas piqué des hannetons, les Trav’Hell Sessions faisaient leur première apparition le Jeudi de l’Ascension, donc le jour choisi par le petit Jésus pour monter au Ciel rencontrer le Créateur, si c’est pas mignon tout ça. Quoi qu’il en soit des élévations bibliques, cette première session des Trav’Hell Session (Ch’Nord Edition) était bien décidée à s’élever, elle aussi, parmi les astres en proposant un nouveau rendez-vous régulier pour les amateurs du genre (grands et petits). Nota Bene préventif pour éviter tout amalgame, "Trav’Hell" pour "Travel" ("Voyager") et non pour Trav’lo hein (quoi qu’en faisant gagner un voyage à Amsterdam…). Pour en revenir à nos moutons, pour cette première session, ce n’est autre, que les Moldaves d’INFECTED RAIN et leur néo metal venu du grand Est qui tiendront le rôle de tête d’affiche. INFECTED RAIN qui s’offre donc un passage par Douai moins d’un an après son dernier passage lillois, faut croire qu’ils aiment bien notre Région ou nos spécialités culinaires (le maroilles ou la fricadelle et pas la consanguinité hein !). Mais avant le main-event, c’est un sacré plateau ou un beau défilé de formations locales et solides qui est présenté comme mise en bouche pré-rouleau compresseur de Chisinau. Outre avoir une affiche alléchante, cette première Trav’Hell Session s’offre même un Red Studio réaménagé spécialement pour l’événement, et là non plus on ne compte pas s’en plaindre. D’ailleurs, en parlant du studio rouge pas tellement rouge, un panneau disposé au dessus de l’entrée interpellera bon nombre de personnes. "Interdit aux slams et aux pogos" sérieusement ? Mais bon, comme le veut la coutume, rien de mieux que de poser un interdit pour voir d’intrépides audacieux braver le "danger". Alors place aux choses sérieuses, que ce soit avec ou sans slams et pogos !



Pour commencer par le commencement, comme un rédacteur n’est pas un homme invincible, infaillible ni même parfait, c’est avec deux bonnes heures de retard que j’arrive (enfin) au Red Studio douaisien. Il est donc un poil plus de 20h30 lorsque je prends possession, tel un mirador, de mon point de vue (à droite devant la scène) dont je ne bougerai plus un poil de cul jusqu’en fin de soirée. Donc, pour ma part, la soirée commença plus tard que la majorité des personnes présentes sur place, sans Sky To Sand et Monsters (pas d’inquiétude, il y a tout de même les photos de C-Line), mais elle n’en commença pas moins de façon très réussie puisque les savants explorateurs sonores de MAHESTRYA sont déjà entrain d’investir la scène du Red Studio douaisien.



C’est donc avec un nouveau line-up, plus précisément avec un nouveau guitariste que MAHESTRYA se présente au Red Studio, confirmant ainsi son retour sous les spots des scènes du Nord. Se plaçant entre Textures, Hacride et compagnie, MAHESTRYA évolue dans un metal moderne et progressif qui déchaînera pas mal de tempêtes maritimes dans certaines culottes. En somme, là où la profondeur d’un chant puissamment growlé dénote toute l’imposante carrure de MAHESTRYA, l’instrumental préfère un mélange de douces tirades planantes assermentées par quelques pointes de djent. Le tout pour s’approprier un univers sombre mais colossalement technique ("The Cursed Shepherd", "Infected Souls"). Disons également que MAHESTRYA n’est pas non plus un nouveau venu de la scène locale ni même un jeune groupe timide, mais plutôt une formation solide réunissant des musiciens expérimentés et jouissant d’une réputation non négligeable par chez nous, réputation qui d’ailleurs mérite de s’étendre bien au-delà de nos fiefs nordistes.
Parenthèse fermée, pour cette date douaisienne, niveau setlist, MAHESTRYA met à l’honneur son premier album "The Undying Thing" sorti il y a désormais deux ans. Autant dire que la setlist est imposante par la stature des titres qui seront proposés et brillement exécutés ce soir. D’ailleurs ce concert de MAHESTRYA ne laissa que l’"Interlude" au Red Studio pour souffler et se préparer au reste des flots musicaux s’apprêtant à s’abattre sur cette Trav’Hell Session. D’autant plus que les cinq musiciens respirent leur art et se plaisent à en faire la démonstration, ce qui se dénote notamment par l’aisance et l’assurance scénique du groupe. Le jeu de scène, tout comme la mise en lumière, a également été travaillé, et les ambiances lumineuses collent parfaitement avec le son du groupe et les émotions qu’il véhicule. Et j’avoue qu’à certains moments, mieux vaut ne pas être épileptique avec ces spots-flashs illustrant quelques martelages de kit et de double-pédale. Et avec cela, la transition lumineuse est toute trouvée pour, qu’à mon tour, je mette en lumière le nouveau gratteux Mahestryen répondant au doux pseudo "Eyhze" (ex-Lost Era, ex-Vingdar etc.). D’ailleurs, vu la prestance de celui-ci et son aise lorsqu’il s’agit d’accomplir tant les parties rythmiques que solistes des compositions sinueuses, intrépides ou encore maelstromiennes de la formation, les nouvelles oreilles n’auront absolument pas remarqué cette qualité de "nouveau guitariste" qu’est la sienne. Quoi qu’il en soit, pendant une quarantaine de minutes, le quintette nordiste redonne vie en live à la quasi intégralité de son debut album ("Lost Odyssey", "Breath From Abyss", "Amnesia"). Du coup, c’est tout le Red Studio qui semble s’envoler au cours d’une prestation cadrée et maîtrisée de bout en bout. En fait, putain qu’est ce que c’est passé vite ! Le show de MAHESTRYA a filé à toute vitesse ! Non pas que le temps de jeu de la formation soit faible ou réduit, mais MAHESTRYA a transporté la foule douaisienne et celle-ci ne voulait plus atterrir. Alors pour conclure en quelques mots, MAHESTRYA, c’est bon, c’est beau, c’est talentueux et y'a Benjamin Falque dedans, rien que ça !

Setlist : 1. Intro, 2. "Breath From Abyss", 3. "Infected Souls", 4. "The Cursed Shepherd", 5. "Dissenssion", 6. "Interlude", 7. "Amnesia", 8. "Lost Odyssey".



C’est à peine eu-je le temps de chopper de quoi me rassasier et d’entreprendre une discussion, presque philosophique, sur le surnombre, l’apparence et le sexe avec d’illustres inconnus près des toilettes et de revenir à ma place que DEAD SEASON finissait ses balances et se préparait à ouvrir son set avec "Endless War". Quoi qu’il en soit, DEAD SEASON est le genre de groupe qui peut t’amener à écrire "Tiens en v’là ti une autre de formation bien d’chez nous qui envoie du pâté et de la mousse" ! Un groupe pas du tout inconnu de la scène (extra) régionale et qui mérite à percer davantage, comme MAHESTRYA d’ailleurs. Pour les habitués du coin, certains ont pu récemment croiser DEAD SEASON aux 4Ecluses de Dunkerque en compagnie de Darkest Hour, et d’autres les croiseront évidemment sur d’autres dates ou affiches. Pour en revenir à la date actuelle, la prestation des quatre nordistes est également maîtrisée de bout en bout et surtout imposante. Avançant dans un mélange de thrash moderne et de dark voire de prog, DEAD SEASON captive son auditoire malgré que les rangs du pit se soient toutefois clairsemés. Alternant les riffs molestant la nuque surplombé d’un puissant growl avec des parties plus volantes aidées au décollage par une voix claire atypiquement unique, DEAD SEASON est clairement là pour exposer en une dizaine de titres sa vision du mot "metal" et plus généralement du mot "musique" ("Endless War", "Prohibition Of God"). Côté setlist, même si le dernier album du quatuor qui vient de sortir, comme ils aiment le rappeler, est prédominant ("Homogenetic", "Guidestones", "Ministry Of Truth" etc.), DEAD SEASON ne néglige toutefois pas le reste de sa jeune discographie (notamment l’album "From Rust To Dust" avec "Modernity" ou encore "Mighty Bob"). C’est donc, une nouvelle fois, à une prestation solide, très professionnelle et maîtrisée à laquelle assiste le Red Studio. DEAD SEASON a su décoincer les nuques et a forcément conquis de nouvelles oreilles en quête d’amours auditifs. D’ailleurs, mention spéciale ou respect aux trois anti-héros qui bravèrent l’interdit trônant au dessus du couloir d’entrée pour se lancer corps, âmes, nuques et épaules perdues dans des pogos durant la quasi-totalité de la prestation musclée servie à coup de pelle par DEAD SEASON. Quoi qu’il en soit, ne reste plus qu’à patienter la quinzaine de minutes haletante avant le concert phare de cette première Trav’Hell Session. D’autant plus qu’au vu des quelques rangs qui s’amassent au plus près de la scène, le public attend INFECTED RAIN de pied ferme.

Setlist : 1. "Endless War", 2. "Blood Links Alienation", 3. "Guidestones", 4. "Ministry Of Truth", 5. "Mighty Bob", 6. "Prohibition Of God", 7. "Homogenetic", 8. "Dissident", 9. "Modernity".



Il est donc un peu plus de 23h10 lorsque les Moldaves font leur entrée sur scène au son de "Orphan Soul", cinquième titre de leur troisième album tout fraichement sorti, "86". C’est donc dans le cadre de son 86 Spring Tour (logique) qu’INFECTED RAIN honore la France, la Belgique, la Suisse et bien d’autres contrées de quelques dates pour présenter ce petit dernier. Pour les quelques non initiés, musicalement, INFECTED RAIN propose une espèce de mélange néo metal burné de growls et de screams contrebalancé par des parties claires mélodiques et mélodieuses emportées par la voix de leur charismatique frontwoman Lena Scissorhands. Niveau instrumental, les riffs groovent, la basse claque et la double est bien présente, tout comme quelques touches industrielles voire electro amenant cette touche rafraîchissante à l’univers du groupe ("Freaky Carnival", "Judgemental Trap", "Endless Stairs"). Pour les adeptes du groupe et du genre, pas la peine d’en dire davantage, la réputation d’INFECTED RAIN commence à parler d’elle-même, le groupe parvenant de plus en plus à se hisser sur des affiches entre Jinjer, Arch Enemy ou encore The Charm The Fury.
Pour ce qui est du show du soir, comme d’accoutumé, la bande de Chisinau prépare une prestation énergique qui fera suer autant les musiciens que la foule. Mené par la sulfureuse Lena Scissorhands, qui n’hésite pas à user de son charme qu’elle sait avoir un impact auprès de sa fan base masculine, le quintette communie sa fougue en se dépensant sur scène. Forcément Vova et Seriy jumpent quand Vidick essaie de décrocher ses dreads en headbanguant ou qu’Eugene tente d’envoler sa crash cymbal. En même temps, difficile de ne pas se laisser embarquer par des titres comme "Fool The Gravity" ou "Serendipity". La formation moldave délivre donc un live cadré, bien ficelé et tant son expérience que son jeu de scène se laissent facilement apprécier. Niveau setlist, comme le laisser présager l’aménagement de la scène, le backdrop et les sidedrops présentes sur celle-ci, "86" se retrouve fort mis à l’honneur par la setlist du combo et tient ainsi le beau rôle (on peut citer notamment la présence de "Mold", "Smoking Lies", "My Home" et bien d’autres). D’ailleurs, "86" a été interprété dans sa quasi-totalité, seules deux pistes ont été écartées ("Queen Of The Candy World" et "Peculiar Kind Of Sanity" précisément). Les grands classiques ne sont pas boudés non plus puisque "Me Against You", "Sweet, Sweet Lies" ou encore "Stop Waiting" investiront tour à tour les notes et décibels moldaves du soir. C’est donc du gros et du gras qu’INFECTED RAIN sert ce soir, la setlist est assez conséquente et pour être tout à fait franc, seul "Intoxicating" a laissé un court moment de répit entre deux vagues de patates énergiques. D’ailleurs, Vidick et compères se paieront même le luxe d’un rappel. Bref, le (néo) metal groovy des Moldaves a retrouvé des oreilles connaisseuses, a déniché de nouveaux tympans et a, sans doute, fait quelques émules. Quoi qu’il en soit, à l’issue du classique "Judgemental Trap", qui se charge de clôturer les prestations du club des cinq, le doute n’est pas permis, INFECTED RAIN n’a plus rien à envier ni même à prouver à quiconque, sa musique est solide tout comme son énergie scénique. Alors, que l’on y jette un œil ou une oreille, impossible de ne pas se laisser séduire (surtout par Lena) !
Il est donc précisément 00h21 lorsqu’INFECTED RAIN raccroche les guitares et 00h23 précisément lorsque je rejoins la voiture. Pas la peine d’en dire plus, d’en avancer plus ou encore d’en appeler à un quelconque débat, cette première version des Trav’Hell Sessions (Ch’Nord Edition) a tenu toutes les promesses que laissait présager sa belle affiche. En somme, cette première fois est une belle réussite avec son lot d’excellentes prestations, mais surtout ce premier jet laisse entrevoir de belles choses pour la suite des Trav’Hell Sessions (qui reviendront d’ailleurs tous les mois à partir d’Octobre). En fait, le seul bémol de cette soirée est le peu de public venu assister à ce plateau éclectique et très talentueux. Mais bon, tant pis pour les absents, ceux qui s’y trouvaient ont pris leur pied et ont bien kiffé. Alors pour les prochaines Trav’Hell Sessions, l’adresse sera la même, rentre-la dans le GPS une fois pour toute et peut-être que toi aussi tu pourras te vanter d’aller jouer les trav’ à Amsterdam (ou ailleurs d’ailleurs) !

Setlist : 1. "Orphan Soul", 2. "Serendipity", 3. "Mold", 4. "Fool The Gravity", 5. "Intoxicating", 6. "Stop Waiting", 7. "Enslaved By A Dream", 8. "Me Against You", 9. "Smoking Lies", 10."Endless Stairs", 11. "Freaky Carnival", 12. "My Home", 13. "Sweet, Sweet Lies", 14. "Judgemental Trap".

Quoi qu’il en soit, de grandes félicitations à Sky To Sand, Monsters, MAHESTRYA, DEAD SEASON et INFECTED RAIN pour avoir envoyé de grosses patates. Mais également de beaux remerciements au Red Studio, à Kayass Korp et à Benjamin sans qui cette soirée n’aurait certainement jamais vu le jour. Et pour finir, d’énormes mercis à C-Line pour ses somptueux clichés de la soirée sans lesquels ce report n’aurait pas la même saveur !

Photos tirées de : www.facebook.com/c-line-photographie-186597624842866