La review

W.A.S.P. + Beast In Black
L'Elysée Montmartre - Paris
29/10/17


Review rédigée par Candice


Fêter l’anniversaire d’un album semble être plus qu’une mode, c’est presque devenu une obligation. Que l’on soit d’accord avec ça ou pas, quelque part, on aime tous revivre avec une certaine nostalgie tel ou tel album qui a marqué notre vie. W.A.S.P. l’a très bien compris et est parti en tournée cette année pour le trentième anniversaire de "The Crimson Idol", une des pierres angulaires de la carrière du groupe. Celui-ci est donc de retour à Paris en ce Dimanche 29 Octobre, accompagné des jeunes Finlandais de BEAST IN BLACK qui ouvriront la soirée dans cette superbe salle qu’est l’Élysée Montmartre. Une file d’attente considérable se forme plus de deux heures avant l’ouverture des portes sous le regard curieux des passants, un vrai fan club de W.A.S.P. est présent ce soir ! Certains sont même venus de loin pour assister à l’événement qui s’annonce, il faut le dire, prometteur. En effet, si on fait fi des mauvaises habitudes du groupe d’annuler certaines dates à la dernière minute et du caractère disons très changeant de Blackie Lawless, W.A.S.P. déçoit très rarement en live, nous en avons pour notre argent.



Enfin, les portes s’ouvrent et les hostilités ne tardent pas à démarrer avec BEAST IN BLACK. "Night Crawler" de Judas Priest passe en fond, le ton est donné. Il va falloir attendre la fin pour voir le groupe, qui débarque sur scène avec le sourire jusqu’aux oreilles et entame "Beast In Black". Sans grande surprise, celui-ci est terriblement empreint de la marque Priest, très prononcée dans la voix du chanteur, et dans les rythmiques heavy et violentes. L’influence power du début des années 2000 est également très présente, et si ce morceau n’est clairement pas novateur, il est sympathique et a le mérite d’être très efficace en live. Ce qui est assez surprenant d’ailleurs, car une grande partie du public – pas besoin d’une profonde analyse pour le remarquer -, est une inconditionnelle de hard / heavy de la vieille époque, loin des manières du power mélodique. Et pourtant, BEAST IN BLACK est chaleureusement applaudi, et c’est plein d’une énergie communicative qu’il continue sur sa lancée. De manière générale, celui-ci ne sortira pas du moule soigneusement modelé par ses ancêtres Judas Priest, Stratovarius ou encore Rhapsody. Tantôt il fait dans le power aux riffs frénétiques et rentre-dedans soutenus par le jeu de batterie de Sami Hänninen tout aussi survolté, tantôt dans du heavy metal vaguement mélodique où retentit la voix suraiguë de Yannis Papadopoulos, faisant de tout ça des morceaux flirtant très dangereusement avec les clichés du genre. C’est le cas pour "Blind And Frozen", titre bien construit mais qui ne va pas au-delà du sympathique. BEAST IN BLACK conclut son show avec "End Of The World" au refrain ultra efficace et facilement mémorable, ce qui est un choix judicieux pour terminer une performance sur une bonne note. En dépit comme je le disais de leur heavy un peu trop commun, BEAST IN BLACK est composé de très bons musiciens et d’un frontman qui en jette, et pour une première partie nous n’en demandons pas plus !



Ainsi s’achève BEAST IN BLACK, et ça commence à s’exciter sérieusement à l’Élysée Montmartre. On sait ce qui nous attend, il est difficile de rester de marbre ! La musique de fond diminue progressivement, les lumières s’éteignent, la foule crie et siffle. Ce soir on fait dans un décor relativement simple, uniquement composé de trois grands écrans. On commence à comprendre que quelque chose de fort et travaillé nous attend et en effet, W.A.S.P. s’est surpassé. Originellement, "The Crimson Idol" s’axe autour d’une histoire sur l’univers impitoyable du rock’n’roll trop bien étudiée pour être au stade de la pure fiction hélas, cela ne fait aucun doute. Ceux qui étaient là comprendront tout à fait ce que je veux dire, et je laisse aux curieux le loisir d’aller se renseigner sur notre merveilleuse encyclopédie qu’est Internet.
Pour conserver la logique de cet album concept, celui-ci sera interprété dans l’ordre et dans son entier, et c’est donc tout naturellement que "The Titanic Overture" ouvre le bal. Malgré les affres du temps plutôt visibles chez Blackie Lawless, celui-ci n’a rien perdu de sa superbe. Sa voix et son charisme sont toujours aussi magnétisants, on entre sans mal dans l’univers sombre et dérangeant de l’album. L’enchaînement avec "The Invisible Boy" est tout aussi fluide que sur CD, son riff simple mais incisif fait immédiatement bouger les têtes. Celui-ci est tout aussi bien interprété, appuyé par la projection du film, dont les plans et les images soigneusement sélectionnés sont des petits plus non négligeables. J’ai également un coup de cœur pour "Chainsaw Charlie (Murders In The New Morgue)" dont l’efficacité est sans pareil. En effet, W.A.S.P. a un talent particulier pour nous faire vibrer à coup de riffs à la simplicité du hard et à la lourdeur et l’atmosphère du heavy, appuyés par des refrains tout aussi accrocheurs dont l’effet est décuplé sur scène. Il ne fait aucun doute que l’orchestration de leur performance y est pour quelque chose dans cette tension qui ne semble jamais redescendre, ce qui fait que nous vivons tout entier chaque titre de ce soir. En effet, l’enchaînement est tel qu’il ne laisse place à aucun temps mort et permet de conserver une dynamique tout du long. C’est ainsi que des morceaux lents et quelque peu sinistres comme "The Gypsy Meets The Boy" et "The Idol" ou encore le mélancolique "Hold On To My Heart" trouvent parfaitement leur place. Ils baignent la salle d’une atmosphère chargée d’émotions et de sentiments, chaque membre du groupe brille par son talent. Malgré cette effusion de génie je ressens un certain malaise qui persistera jusqu’à la fin, causé par l’ambiance électrique qui semble régner au sein de W.A.S.P.. Si Blackie brille par son talent, il est de notoriété publique qu’il ne resplendit pas par son amabilité, c’est un fait, mais aucun effort n’a été déployé pour faire sentir au public un semblant d’union. Tous interprètent parfaitement ce splendide album qu’est "The Crimson Idol" et parviennent à nous transmettre son essence, mais ne semblent en aucun cas concernés par ce qu’ils font.
Le concert s’achève sur les incontournables qui, pour ma part, auraient pu être, pour une fois, passés à la trappe. Malgré tout l’amour que je porte à "L.O.V.E. Machine" ou encore à "I Wanna Be Somebody", "The Crismon Idol" se suffisait largement à lui-même, et la magie qui a petit à petit envahit la salle a été réduite à néant par ce brusque changement de cap. C’est dommage, mais bien heureusement je garde un excellent souvenir de ce concert unique, fait par des artistes tout aussi géniaux.