La review

WATAIN + HELL MILITIA
La Maroquinerie - Paris
13/01/18


Review rédigée par Matthieu


Retour à la Maroquinerie dans un froid glacial pour une tout autre ambiance, car ce soir c’est WATAIN qui nous présente "Trident Wolf Eclipse", son nouvel album. Ils sont accompagnés pour le dernier show de leur release party européenne par les Français d’HELL MILITIA, qui semblent honorés de participer au rituel avec les Suédois. A 18h, la file d’attente est autrement plus longue que la dernière fois, et le public plus connaisseur, à en juger par les t-shirts de groupes aux noms tous plus violents les uns que les autres. L’entrée se fait à nouveau dans un calme olympien, et les premiers rangs sont une fois encore pris d’assaut en attendant l’arrivée du premier des deux groupes du soir.



Alors que je croyais qu’un sound check final débutait, HELL MILITIA débarque sur scène, et commence à nous asséner leurs riffs sombres. Les projecteurs ne sont toujours pas éteints, mais qu’importe, RSDX (chant) arrive et commence à hurler ses paroles impies. Alors que sur CD, le groupe mené depuis ses débuts par Dave Terror (batterie) et Arkdaemon (guitare) ne m’avait pas laissé une très forte impression, je redécouvre une rythmique captivante qui ne laisse malheureusement que très peu de place à la basse de S., mais qui fait la part belle aux blasts (malheureusement un peu déportés avec la batterie sur le côté droit de la scène) et aux harmoniques des guitares de Saroth et Arkdaemon. Les têtes s’agitent de haut en bas, mais le public semble assez peu réactif aux premiers titres, mais la salle se réchauffe peu à peu grâce aux riffs des Parisiens. La fosse peinera à s’agiter, alors que la setlist s’axe sur un black metal sans concession, qui semble faire souvent référence à un cochon, figure récurrente de leur univers. Les choeurs, assurés par les deux guitaristes de chaque côté de la scène, renforcent le côté rituel de la performance, alors que S. se recule un peu, mais assure toujours ses riffs en headbanguant comme un beau diable, sous la gestuelle directrice de RSDX qui s’adresse de temps à autres à la fosse pour la motiver, ce qui finira finalement par payer. Le public headbangue à plein régime, et les nuques sont désormais chaudes à travers le public qui tient généralement une bière à la main, pour ceux qui ne s’agitent pas sous les riffs rapides des Français, qui finissent leur set de manière sobre et sans appel. Une belle performance, qui n’aura pas laissé de marbre.

Setlist : "Burning Human Pigs", "Jonah", "Fili Diaboli", "Black Arts Of Crime", "Jacob's Ladder", "Torture Of The Saints", "The Ultimate Deception", "The Pig That Became A God".



Les techniciens se hâtent d’installer le matériel des Suédois. Des pieds de micro ornés d’une énorme croix inversée en fer forgé, les amplis estampillés du symbole de WATAIN, mais surtout les ossements. Lorsque les lumières s’éteignent, j’ai à peine pu me placer sur le bord de l’arène que forme la Maroquinerie, tellement la fosse s’est remplie. Le groupe n’est pas encore sur scène que les premiers rangs hurlent déjà leur nom. H. (batterie) s’installe derrière ses fûts, alors que P., Set Teitan (guitares) et Alvaro Lillo (basse) prennent place sur le devant de la scène tandis qu’Erik Danielsson (chant) débarque avec un flambeau allumé. L’homme met religieusement le feu à deux bougies, avant d’allumer les ossements, emplissant dès lors la salle d’une odeur de chair grillée. La fumée s’invite alors à la fête, et il rend sa torche à un technicien avant d’adresser une prière au malin devant son pied de micro, puis de lancer l’assaut.
S’accrochant à son pied de micro comme un beau diable, Erik mène le rituel d’une main de maître sous les riffs martiaux de ses compères, et une ambiance malsaine s’insinue au plus profond de nous. Leur musique brute et sans répit nous frappe de plein fouet, et si les deux premiers titres sont joués d’une seule traite, comme pour nous affirmer qui commande sur scène, le groupe fait une petite pause afin de nous remercier d’être avec eux pour ce dernier show spécial, puis de nous gratifier d’un "Nuclear Alchemy" extrait du dernier album, en plein dans la face. Le pari du live est réussi pour ce titre, mais le groupe choisit de revenir aux classiques qui ont marqué son histoire, avec "Devil’s Blood" et son traditionnel lancer de faux sang sur la foule, mais aussi le malsain "Satan’s Hunger" et un "Angelrape" magistral. Le concert continue, alternant entre des lumières rouges agressives, et une semi-obscurité angoissante, mais la fosse est en ébullition quoi qu’il arrive. Certains semblent fous, d’autres ont des yeux de possédés, mais tous s’accordent à dire que le son est excellent et fait hommage au groupe. Si Erik attire la majorité des regards, avec sa gestuelle satanique qui pourrait être considérée comme exagérée, les autres membres ne sont pas en reste : des yeux malsains, un headbang en rythme avec le blast, quelques gestes blasphématoires envers les premiers rangs… Après un "The Serpent’s Chalice" qui assied une fois de plus sa domination, le groupe quitte la scène pour un rappel en l’honneur du dieu cornu : ils interprètent alors "The Somberlain", une reprise de Dissection (formation mythique à laquelle Erik avait participé auparavant) qui relance la folie dans la fosse qui s’était à peine calmée.

Setlist : "Legions Of The Black Light", "Black Flames March", "Nuclear Alchemy", "Devil's Blood", "Satan's Hunger", "Angelrape", "Furor Diabolicus", "Outlaw", "Sacred Damnation", "Lawless Darkness", "Malfeitor", "On Horns Impaled", "The Serpent's Chalice".
Rappel : "The Somberlain" (Dissection cover), "Requiem XIII".

L’office est terminé. Certains ressortent avec les marques du sang lancé sur "Devil’s Blood", d’autres avec des t-shirts ou CDs dans les bras, mais tous ont eu l’impression d’assister à une part d’histoire du black metal. Ce dernier concert de la tournée release party de WATAIN a marqué les esprits des spectateurs présents ici, à la fois par sa violence, mais aussi grâce à sa qualité. Les deux groupes n’ont pas démérité, mais si HELL MILITIA n’a pas su convaincre toute la foule, qui allait et venait au bar, ils n’étaient que peu à quitter la salle lors du concert des Suédois (cet homme ayant abusé de l’alcool mis à part). Avis aux amateurs, dans quelques mois ils remettent ça au Hellfest...