La review

WOLVE + LUNAR EXPERIMENTS + MIA VITA VIOLENTA
Le Bus Palladium - Paris
21/04/18


Review rédigée par Minou


Voilà une petite soirée post-rock qui promet. Je suis arrivé à 19h pensant que le concert allait commencer à 19h30, que nenni. A ma surprise, ça ne commencera qu'à 21h30. Bon, que faire pendant ce temps... Je vous laisse deviner, une petite bière en terrasse bien sûr.



On commence par MIA VITA VIOLENTA, groupe de post-rock / noise. Ce qui m'a frappé avant même le début du set, c'est la taille de leur pédalier d'effets. Là, je me demande : sauront-ils maîtriser toutes ces pédales... ? Eh bien j'ai été plutôt agréablement surpris par leur maîtrise du son. Dans le post-rock, rien n'est simple, les chansons, les structures, les sons sont très travaillés. Il y a peu de chant mais quand il en y a, on est aussi bien dans le rageux, le tortueux, que le complaintif. Paul à la guitare et au chant ne ménage pas sa peine, l’énergie est là, on s'en prend plein la tronche, l'ingénieur son a bien fait son travail, tout est assez bien équilibré. Coco, derrière les fûts, est impressionnant dans son intensité de jeu, il ne s'est pas économisé un seul instant, malgré sa chemise hawaienne. La fin du set de MIA VITA VIOLENTA nous promet une suite pleine d'intensité.



Deuxième groupe à entrer sur scène, LUNAR EXPERIMENTS. Décidément, nous sommes dans la culture de la pédale (sans jeu de mots aucun, s'il vous plaît). Je sais qu'on est à Pigalle, dans le quartier musical par excellence de la région parisienne, mais là je pense que les magasins ont été dévalisés par nos Lunar. Le changement de plateau s'est fait assez rapidement malgré l'inversement de la batterie car oui, le batteur est gaucher. Bref, revenons à nos moutons. Fait assez rare, Kam, l'imposant batteur des Lunar, a pété le timbre de sa caisse claire... Un changement de la caisse a dû être opéré en urgence. On commence sur un morceau où Kam nous sert un roulement de caisse claire propre, net et sans bavure. C'est alors que les grattes entrent et qu'on découvre un chant assez haut perché avec un timbre très british. Le registre est entre un Mars Volta et Sparta, avec une énergie incroyable que déploient ces musiciens à l'apogée de leur maîtrise instrumentale. Kam est juste énorme, pas un moment de répit et avec une facilité déconcertante à mener nos Lunar avec leurs rythmiques totalement décousues. Le son des instruments est très travaillé et cohérent malgré une basse un poil sous-mixée, ce qui n'était pas le cas sur le concert d'avant. Je pense qu'une basse active serait plus apte à gonfler un peu ce son un poil trop sage mais ce n'est que mon humble avis. Cela ne veut pas dire que le set de Vince, le bassman, était en-dessous, très loin de là. Les bassistes sont souvent relayés en dernier plan, ici c'était tout le contraire. Il a su nous montrer ce qu'on pouvait faire d'une basse quand on sait en jouer, ce gars-là sait vraiment en jouer. Mention spéciale au guitariste lead qui nous envoie la purée avec des riffs et des solos totalement lunaires, il passe tantôt sur des couleurs assez bluesy à des couleurs plus jazzy voire dissonantes avec une finesse et une maîtrise sans appel. Un groupe a écouter et réecouter sans modération tant les talents sont présents dans ce quartet, une espèce de dream team en voie de disparition et qu'il faut donc soutenir.



J'attendais WOLVE avec impatience, car ce sont également eux qui ont organisé et réunis ces talents sur scène. Je ne les connaissais pas mais quelques bruits de couloir m'ont fait comprendre que ce groupe défonce pour parler crument. Voulez-vous connaître mon avis ? Eh bien j'ai pris une claque aller et retour sans préavis. Le registre se situe entre grunge et mon groupe fétiche qui est nul autre que Tool. C'est peut-être pour cela que WOLVE me parle tant, au point que j'ai acheté son EP et son LP. Julien au chant et à la lead guitare est le fondateur de ce groupe, il nous sert avec une humilité certaine une musique extrêmement riche en émotions. On sent les influences nous péter à la tronche dès les premiers morceaux, mais avec sa patte bien entendu, sans cela ce ne serait qu'une pâle copie. Le son est bien plus lourd sur les riffs énérvés, avec ce côté un peu mystérieux, à l'image du morceau "FAR" qui, à mon sens, représente bien tout l'univers de WOLVE. On est dans une recherche du morceau ultime et de la mélodie juste. On enchaîne avec "Lazare", le morceau qui m'a valu des claques. Il est sombre, énigmatique, puissant, en gros tout ce que j'aime. Julien, très en retenue sur le début du set, lâche enfin prise sur ce morceau et on peut enfin déceler un peu plus de ce qu'il a dans le coffre. Je dirais que ce morceau pourrait même être en fin de set tellement il se finit en sauvagerie ultime, avec un jeu de question-réponse entre les deux gratteux.

Voilà une soirée que je n'oublierai pas, tant la charge émotionnelle était présente dans chacun des groupes. Vraiment content d'être venu découvrir tout cela ce soir et surtout je vous encourage tous à y aller sans retenue.