Interview faite par mail par Lenore

Bonjour 1969 was fine, pouvez-vous nous décrire la composition des membres de ce projet, la raison de votre collaboration, la différence avec le combo Punish Yourself ?
vx (chant / synthé) : On est six : les quatre membres de Punish (le chant, la batterie, les deux guitares), Polo à la basse (c’est le tour manager de Punish) et Cyril Laurent au sax (qui a déjà été invité sur disque et sur scène par Punish)… Une histoire de famille, donc. D’ailleurs un jour où on devait assurer un concert sans Xav à la batterie, il a été remplacé par Fab… Qui est le sonorisateur de Punish. Mais même si tout ça tourne autour de la galaxie fluo, c’est quand même l’envie de jouer une autre musique et dans d’autres conditions qui nous a réunis.

Pourquoi avez-vous choisi de créer 1969 Was Fine, vous vouliez absolument distinguer le style de Punish avec celui de 1969 ?
Au tout début du projet, la seule différence nette c’était l’absence de peintures, la volonté de jouer dans des lieux plus petits, et une ligne plus "rock’n’roll", mais la frontière entre les deux groupes était loin d’être nette, musicalement : on avait des basses électroniques comme dans Punish, le sax n’était pas aussi présent… D’ailleurs plusieurs morceaux de Punish étaient à la base des morceaux de 1969 : "Dead White Skin", "The Dexedrine Ritual". Et puis petit à petit la séparation s’est faite plus clairement, avec des orientations garage/psyché/wave pour 1969, ce qui nous a permis de recentrer Punish vers le côté industriel.

Pensez vous que l’on manque aujourd’hui de groupes punk rock old school sur la scène Française voir étrangère ?
Il y a de très bons groupes Français – et internationaux évidemment – sur la scène garage punk, mais plus on est de fous plus on rit ! Ceci dit je suis plus interessé par les groupes "hybrides" que par le revivalisme pur, même si j’adore les Lords Of Altamont ou les Jerry Spider Gang… Sur le dernier Dead Sexy Inc, les morceaux electro-glam-punk sont fantastiques, par exemple.

Pouvez-vous citer quelques unes de vos principales influences, pour ceux qui n’y connaissent pas grand-chose ?
Alors évidemment Iggy Pop et les Stooges, The Cramps ou Johnny Thunders, pour le côté rock’n’roll, Hawkwind pour le côté space-rock psyché, pour le côté new-wave punk évidemment les Lords Of The New Church et PIL… Mais aussi les groupes de la première vague industrielle comme Throbbing Gristle et Cabaret Voltaire ; et le free-jazz aussi. On a une discothèque assez vaste (rires).

Pour ce premier album sous le nom "1969 Was Fine", vous avez travaillé avec Season Of Mist, ce qui est déjà gage de réussite pour un premier jet, comment en êtes-vous venus à sortir votre premier CD chez eux ?
Oh, très simplement : comme ils signaient Punish on leur a parlé du side-project et ça les a interessé !

Pourquoi avoir choisi un tel nom, que symbolise pour vous l’année 1969 malgré ce que tout un chacun nous en savons déjà ?
Le nom, c’est vraiment un espèce de flash – il y a une chanson de Skinny Puppy à propos de l’assassinat de Sharon Tate dans laquelle Ogre hurle "ninety-sixty-niiiiiiiiiiiiiiiiiiiiine was fiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiine", au moment de choisir un nom ça s’est imposé. Je suis relativement obsédé par cette période et le basculement qu’elle a représenté, du "summer of love" des hippies vers le "summer of hate". Easy Rider, les assassinats du Spahn Ranch, c’est la fin de l’innocence ! Et évidemment le festival d’Altamont qui s’est terminé par un meurtre pendant que les Stones jouaient – c’est vraiment le glas du rêve peace’n’love, le début de quelque chose de beaucoup plus sombre dont on est tous les enfants.

Vous avez choisi pour ce premier album : "But 666 Is Alright !" de tout faire sur le système du Do It Yourself, au profit de l’authenticité, quitte à perdre en qualité, pourquoi ce choix ?
On ne sait juste pas faire autrement ! On fonctionne de la même façon avec Punish… Et sincèrement, je ne crois pas qu’on y perde en qualité ! Si le disque sonne assez rugueux, c’est un choix de production, pas une contrainte d’enregistrement.



Vous avez choisi de mélanger le vieux son punk et les guitares plus sèches avec la brutalités des machines de Punish Yourself, pourquoi ce choix de conserver vos machines ?
On a tellement pris l’habitude de jouer avec des machines qu’on a eu du mal à les abandonner, les pauvres… Mais il y en a quand même énormément moins que dans Punish ! Pratiquement pas de boite à rythme, juste quelques synthés et quelques samples… Je tenais à donner à l’ensemble un côté space-rock, qu’on n’aurait pas eu sans ces bricolages, c’est ma tendance à vouloir créer des "paysages sonores". Ceci étant, pour gagner en souplesse et en improvisation, on abandonne petit à petit tout ce qui est séquenceur sur scène, on va tout jouer avec les instruments, à l’ancienne.

C’est assez intéressant, à peu près simultanément vous sortez ce CD traitant, en partie, des évènements liés à Charles Manson, et de son côté, "O", d’Undercover Slut, enregistre un featuring avec Matthew Roberts, le fils de Charles Manson. Que pensez-vous de cette coïncidence et de l’interêt de vos démarches respectives ?
Effectivement, coïncidence – d’ailleurs tu m’apprends cette histoire de featuring, l’actu d’UCS c’est pas franchement ma priorité… A vrai dire si on aborde Manson, c’est vraiment parce qu’il est lié à la période, il n’y a aucune référence directe à lui sur le disque. Manson est tout sauf une idole pour moi, même s’il reste assez fascinant par sa noirceur absolue de gourou sexuel nazi… Je suis assez peu étonné qu’UCS cherche à capter un peu de la gloriole du personnage. Je suppose que c’est ça la différence entre nos démarches : il essaie de choquer en s’associant à des noms provocs à la lisière de l’extrême droite, pendant qu’on essaie de faire de la musique… Ceci étant c’est de toute façon une période fascinante !

Pourquoi autant de fascination aujourd’hui pour cette période sale mais toutefois si intéressante et extrêmement controversée ?
Je ne sais pas vraiment d’où ça me vient, cette obsession. Je suppose que c’est dû au fait que j’ai eu une jeunesse musicale un peu hippie – les premiers groupes que j’ai écouté, c’était Hawkwind et Blue Oyster Cult ; et plus j’écoutais de la musique du "flower power", avant 68-69, moins je comprenais le rapport, les groupes d’après étaient tellement plus noirs, dangereux, cyniques… c’est en découvrant le premier album des Stooges que j’ai tout compris à ce basculement de 1969. Et que ça avait été un traumatisme pour tout l’underground et la contre-culture, cette année là ! A peu près tous les groupes que j’ai écouté ensuite s’inscrivent dans ce clivage, dans à peu près tous les styles – du hard-rock de Blue Oyster Cult au dark folk de Current 93 reprenant "This ain’t the summer of love"…

Pour revenir au projet brut "1969 Was Fine", pensez-vous vous arrêter ici ou au contraire poursuivre avec pourquoi pas un deuxième opus ou autre side project ?
On a commencé le travail sur un deuxième album, avec moins de machines, donc, mais ce ne sera pas une redite du premier. Il devrait tendre un peu plus vers le punk-hardcore 80’s, voire le thrash old-school, histoire de se faire un peu plaisir ! En ce moment je suis à fond d’Amebix et des vieux Voivod, ceci doit expliquer cela… Enfin on verra bien, mélangé à nos pulsions blues primitives ça peut être fun ! Pour ce qui est d’autres side-projects, j’ai déjà Cheerleader 69, mon projet ambient/orchestral, sur le feu… Normalement je dois sortir un album intitulé "Drone Junky", un seul morceau de soixante-cinq minutes, et un live sur un label Canadien.

Et au niveau de la scène ?
Pour l’instant on attend le bon vouloir des organisateurs ! On est prêts à jouer dans n’importe quel garage s’il n’est pas trop humide… Non sérieusement on va bientôt reprendre la route avec 1969 ; et il y aura probablement pas mal de dates communes avec Punish à la rentrée… Histoire de faire découvrir le wild side aux fans les moins ouverts ! Tant pis pour eux s’ils n’aiment pas la sueur…

Très bien, sur ces quelques questions d’actualité je vous remercie et vous laisse ici vous exprimer….
Achetez ce foutu disque ! Ou téléchargez-le, de toute façon on ne sera pas derrière vous pour vérifier…


Le site officiel : www.myspace.com/1969wasfine