Interview faite par mail par Gloomy

Bonjour Adrana ! Ceci est la première interview que vous accordez à French Metal, alors pour commencer, pourriez-vous un peu nous parlez de l’histoire de votre groupe ?
Grhyll (claviers) :  : Tout d’abord, salut à vous ! ADRANA a vu le jour en 2004, sous l’impulsion de Max (batterie) et Ludo (guitare). J’y suis entré peu après aux claviers, puis est arrivée Anaé au chant et enfin Emeric à la basse, après quelques autres changements de line-up. On a enregistré une première démo en 2006, et "Perturbatio", notre premier album, est tout récemment sorti des presses, à savoir en Juin dernier.

D’où vient ce nom, "Adrana" ?
A vrai dire, "ADRANA", c’est la base du groupe. Au départ, le nom a été choisi par les deux fondateurs du groupe, puis j’ai développé le concept autour de ce nom pour en faire la princesse guerrière que l’on connaît aujourd’hui. A l’origine, c’était simplement pour choisir un nom qui sonne latin.

Pour votre premier album, "Perturbatio", vous avez choisi d’appliquer la formule du concept-album, ce qui semblait particulièrement difficile. D’abord, pourquoi ? Y a-t-il une raison particulière qui vous ait motivés à agir de la sorte ?
En fait, ça s’est un peu fait tout seul. A partir du nom, ADRANA, on a imaginé une histoire, un univers, dans lequel on piochait pour écrire les paroles. Puis, au fur et à mesure, la trame globale se dessinait, et il s’avérait que les passages qu’on avait choisit d’illustrer en chanson se suivaient correctement. Comme l’album n’était pas encore complet, les dernières chansons composées ont servi à raconter les quelques passages qui manquaient encore, de manière à avoir au final une histoire qui se tienne, bien qu’elle soit extrêmement résumée par rapport à la version complète, qui est en cours de rédaction. On trouvait qu’offrir une histoire en plus de nos chansons était un bonus plutôt sympa, ça donnait une cohérence à l’album, regroupait les titres autour d’un concept unique. Personnellement, j’adore quand il y a quelque chose derrière la musique, quand ce n’est pas juste une musique qui a été faite pour elle seule, et c’est pour ça que nos titres s’inscrivent sur la fresque d’ADRANA

Ensuite, quelles ont été vos principales sources d’inspiration pour l’élaboration de votre récit ?
Sources d’inspirations assez diverses, en fait ! Au niveau du background, des races, on retrouve du Tolkien, des éléments de Magic : "L’Assemblée", des "Chroniques de Krondor", d’"A la Croisée des Mondes", et de pas mal d’autres encore… Au niveau des rebondissements, c’est encore plus varié, puisque les récits de SF ou même les thrillers offrent des évènements qu’on peut transposer dans un monde fantastique. Ce qui est sympa, c’est que la musique et le récit s’influencent mutuellement ; certains titres, comme "Saneday", ont été écrits à partir du récit, avec une ambiance dans la tête, et d’autres titres, tels "Prusias" ou "Secret Gathering", ont fait évoluer l’histoire, qui a du s’adapter aux paroles qui avaient été écrites (et qui bien sûr ne s’éloignaient pas trop de la trame principale). On peut dire que notre musique et le récit croissent ensemble !
Anaé (chant) : En ce qui me concerne je ne lis que très peu d'héroic fantasy, j'affectionne plus particulièrement la littérature classique, notamment la poésie. J'ai rejoint Grhyll en cours de route pour l'écriture d'ADRANA. Grhyll s'occupe plus particulièrement de la trame narrative, des péripéties de la princesse tandis que je tends à dévoiler par la magie des mots l'univers qui se crée au gré de la plume et des compositions musicales. Ceci dit, nos rôles évoluent depuis la concrétisation de "Perturbatio". Mon inspiration vient principalement de mon imagination, j'ai toujours aimé m'inventer des mondes sortis de mon imaginaire quelque peu enfantin ! Mais je pense que le regain d'intérêt pour le fantastique qui s'effectue depuis quelques années maintenant n'a pas épargné la nature de mon imagination (rires) .

Existe-t-il un concept album qui vous plaît tout particulièrement ? Si oui, lequel ? De quoi traite-t-il ?
Anaé : (rires) Grhyll me souffle "Sweeney Todd". C'est vrai que j'aime énormément cette comédie musicale et les talents de Tim Burton venant s'ajouter à cette oeuvre originale, cela ne pouvait pas me laisser de marbre. J'adore l'atmosphère grinçante de cette oeuvre. Mais il ne s'agit pas d'un concept album, ni même d'un album tout court ! Si je devais en choisir un, je pencherai pour l'album "Ghost Of A child" de Nehl Aelin. L'atmosphère étrange et enfantine nous emmène dans l'univers fantomatique et imaginaire d'une enfant dans le coma. Influencée par les BO de Danny Elfman, Nehl n'est pas tombée pour autant dans le cliché pompeux des mélodies et des histoires de Burton ! C'est un concept singulier, un conte de fée grinçant !

Vos paroles sont à la fois écrites en Français et en anglais. Pourquoi ce mélange de langues ?
Grhyll : Lorsqu’il s’agit de paroles prononcées par les protagonistes, la langue est adaptée au personnage ; sur l’album, ADRANA parle en Français, "The Bone Devourer" (la maîtresse des Succubes) parle en anglais, "Markius" (nouveau souverain des Vampires, à moitié angélique) et "Saneday" (l’Ours garou qui accompagne Adrana) parlent en Français. Lorsqu’il ne s’agit que de narration, ça dépendait surtout de la façon dont sonnait la compo, en fait. Pour certaines, des paroles en Français passaient mal, d’où leur traduction en anglais, mais lorsqu’on pouvait les laisser en Français, on en a profité.
Anaé : On a également utilisé le latin sur "Prusias". Ce morceau, qui ouvre l'album, résume la genèse d'ADRANA. La bataille sanglante de "Prusias" est en effet l'élément déclencheur de l'histoire. Il nous fallait rendre cette compo particulière. Pour les paroles j'ai adopté un registre tragique et théâtral que l'on peut comparer aux livrets d'Opéra avec ces interjections "O funeste sort!". Le latin apporte un ton solennel voir mystique à cette compo. Mais ce passage est avant tout un passage narrativisant qui offre une double temporalité à la compo et nous révèle qu'il s'agit d'un évènement passé, même si la déclamation est à la première personne et au présent. Par la suite il se pourrait que le latin devienne la langue des puissants anciens qui vivaient jadis à "Prusias".

Quels ont été les premiers retours de la part des médias et du public ?
Grhyll : Des retours plutôt positifs ! Ca nous a fait chaud au cœur, la plupart des chroniques se montrent positives sur notre album, et plus encore sur notre avenir, et le public a très bien réagi aux titres que nous n’avons joué qu’une fois l’album sorti. En ce moment, on passe assez régulièrement sur un certain nombre de radios, et on espère que les gens apprécient ce que nous faisons !
Anaé : C'est étonnant d'ailleurs, la version acoustique de "Gabrielus" qui n'était au départ qu'un bonus sur l'album a suscité beaucoup d'intérêt de la part du public qui nous la demande très souvent en concert. Ce qui fait que nous la jouons plus souvent en acoustique qu'en version originale depuis la sortie de l'album.

Si vous deviez attirer l’attention de quelqu’un qui  n’a encore jamais écouté Adrana avec un seul titre, lequel choisiriez-vous ?
Grhyll : Voilà une question bien difficile ! Étant donné que nous composons tous dans le groupe, et qu’on a chacun des influences très différentes, il en résulte un album aux styles assez éclectiques, et j’aurai tendance à dire que le titre préféré des gens qu’on connaît varie beaucoup d’une personne à l’autre. "Prusias" plaît beaucoup aux amateurs de black, "Ingalrian" est très heavy, "Mortualia" beaucoup plus calme…
Anaé : Comme l'explique Grhyll, nos morceaux ont des influences plutôt variées, cela dépend donc du style de metal qu'affectionne la personne. Cependant "Mortelle Fourberie Enfantine" ou "Ingalrian" seraient une bonne entrée en matière je pense. Ce sont des morceaux dynamiques et bien reçus par les auditeurs.



Vous évoluer dans un heavy teinté de symphonique avec une voix très opératique.  Dans le monde du ‘metal à chanteuse’, pourriez-vous citer quelques groupes que vous considérez comme des "références principales". Et pourquoi ces groupes ?
Anaé : En ce qui concerne la composition, très peu d'entre nous écoutent encore du metal symphonique mais puisque la question nous l'impose, soit ! On ne peut se défaire je pense de la citation des traditionnels groupes tels Nightwish et Epica qui ont su imposer le metal symphonique à chanteuse. Certes ce ne sont pas les seuls (je pense également à Within temptation) mais ce sont ceux qui me semblent le plus proche de l'esprit dans lequel nous avions commencé à composer à la création du groupe. Nightwish pour la voix de Tarja et cette énergie très heavy qui fait la particularité de ce groupe, et Epica pour la couleur si particulière de leurs orchestrations. Je citerais également After Forever à leur tout début qui ont su se démarquer avec des accents lyriques hauts en couleurs et des mélodies très sombres. Je regrette d'ailleurs qu'ils ne soient resté dans ce registre. Comme je le disais plus haut nos influences se sont détachées peu à peu du metal à chanteuse, on tend à s'inspirer des structures classiques pour la composition des orchestrations et du chant, quelques fois influencés par le jazz. En ce qui concerne le metal cela va du classique heavy au black metal en passant par le prog.

Vous inspirez-vous d’artistes autres que des musiciens pour la composition de votre musique ?
Grhyll : Je sais que, pour ma part, je fonctionne beaucoup par ambiance. Un livre, ou un dessin, va me coller une certaine ambiance dans la tête, et c’est cette ambiance qui va m’inspirer des paroles ou une musique. Après, le reste de la composition se déroule de lui-même autour de la base ! Je suis également en train de composer un morceau basé sur la logique, un truc un peu tordu mais qui pourrait être rigolo… rendez-vous au prochain album !
Anaé : Aucun artiste en particulier ne me vient à l'esprit mais je suis consciente que le visuel oriente beaucoup mon inspiration musicale. Que ce soit les décors d'un film, d'une pièce de théâtre ou même l'image des feuilles d'or tombant des arbres en automne. J'aime mettre en musique ce que m'inspire ces différentes images. Ce qui fait que je suis tout le temps entrain de chantonner (rires).

Désireriez-vous continuer de fonctionner en "concept-album" pour votre prochain opus ?
Grhyll : Tout à fait ! Anaé et moi avons déjà choisi la période de l’histoire sur laquelle s’étalera le second album, et qui sera la continuité directe du premier. En plus, on a à présent l’expérience du premier, et on va essayer de jouer encore un peu plus sur ce côté conceptuel, avec un album en deux parties, et des échos entre les chansons… je n’en dis pas plus !

Notre interview est sur le point de se terminer. Merci beaucoup d’avoir accepté de répondre à nos questions. Je vous laisse le mot de la fin.
Tous les deux : Merci à vous pour l'intérêt que vous nous portez, et, on l’espère, à bientôt sur scène ! Nous vous accueillerons avec grand plaisir !


Le site officiel : www.adrana.com