Interview faite par Diana à Paris.

Nous allons parler de votre nouvel album "Feathers & Flesh" qui sortira au mois de Mai (13 Mai 2016). C'est un album "concept", pouvez vous nous dire comment vous avez eu cette idée. C'est un peu inhabituel de voir un album et un livre qui sort en parallèle mais qui ne sont pas vendus ensemble.
Johannes Eckerström (chant) : L'idée a grandi avec l'ambition de faire un album "concept", c'était une nouvelle façon de nous mettre au défi. Raconter une histoire tout le long de l'album. Pour trouver l'idée de l'histoire nous avons pas mal échangé pour en trouver une qui puisse convenir. J'ai cherché parmi les livres qui avaient une signification particulière pour moi mais nous nous sommes vite rendus compte qu'il fallait que ce soit une histoire originale. Je ne me rappelle plus de comment je suis arrivée à l'idée des fables, mais j'ai commencé à m'intéresser de plus en plus à ce type de sujet et de ce que ça pouvait donner. Et la première idée était d'utiliser des fables classiques, qui existent déjà, mais dans ce cas nous ne pouvions pas les déformer. Donc nous voulions travailler avec tous les archétypes des fables. Le loup est toujours grand et méchant, mais ce que nous voulions c'était inverser les rôles. On s'est dit que ça n'allait pas être suffisant par rapport à l'idée d'album concept que nous avions. L'idée de la chouette nous est alors venue. Les problèmes qu'elle allait rencontrer seraient le lien entre toutes les chansons des l'album. Elle part dans un voyage qui va la faire rencontrer différents animaux et c'est comme ça que l'idée a commencé à grandir et à prendre forme. Quel type de personnage allait être cette chouette, c'est une créature de la nuit, la nuit c'est son monde et elle part en croisade pour faire en sorte que le soleil ne se lève plus. Et bien sûr elle va échouer puisqu'il ne pas possible d'empêcher au soleil de se lever, ni le temps d'avancer, elle va devoir faire avec. L'essence même de l'album c'est l'échec et notre faculté à apprendre de nos échecs et quelque fois nous devenons plus réfléchis.

En parallèle de l'album il y a donc un livre avec toutes les paroles, des très beaux dessins et l'histoire de la chouette. Le livre est vendu à part, est-ce que il y a déjà des pré-commandes du livre et est-ce que vous pensez que les fans vont accrocher au concept ?
Johannes : Oui les gens le veulent. C'est cool ! Ca veut dire que les gens apprécient...
John Alfredsson (batterie) : Oui les gens veulent un produit qui reste. C'est une autre façon de consommer, dans une société où tout va vite et où on ne prête plus attention aux choses, si tu es un fan ou que tu aimes l'art en général, plus de temps ça peut durer mieux c'est. Le livre c'est bien plus que juste les paroles, il y a l'histoire qui va avec les paroles.
Johannes : Oui c'est comme un long poème épique.

Vous pensez que c'était un choix risqué de faire le livre à part ?
Johannes : Non, pas vraiment parce que depuis le début nous croyons en notre idée d'album concept et que nous pouvons écrire des chansons de heavy metal qui parlent d'abeilles, d'oiseaux et de poissons... quand tu es arrivé à ce point et que tu as confiance dans le projet, tu fonces. Nous n'avons jamais vraiment pensé aux risques.



En parlant du nouvel album, vous l'avez enregistré dans trois studios différents en Allemagne, en Finlande et en Suède, quelle est la raison de ce choix plutôt pratique ou technique ?
John : Les deux : technique et pratique. Pour travailler la structure des morceaux, c'est à dire pendant les 2 premières semaines de studio, quand tout commence nous avons besoin d'être isolés quelque part. Pas forcement loin, mais pas à la maison. Comme ça on peut rester concentrés, si quelqu'un nous appelle nous pouvons ne pas répondre, et les amis par exemple ne peuvent pas débarquer avec des bières et des pizzas pour nous rendre visite. C'est très sympa, ce sont mes amis, mais quand tu es en train de travailler sur la structure, les fondations même de l'album, la chose la plus importante est l'album alors le reste ne compte plus. Nous n'avons pas besoin de nos amis à ce moment-là. C'est pour ça que nous avons choisi d'enregistrer en Allemagne à Dresden dans un château. C'était super d'enregistrer dans un château. Et pour le côté pratique nous avons enregistré en Finlande puisque Johannes vit là-bas.
Johannes : Une fois que nous avions les fondations de l'album, nous sommes parti enregistrer en Finlande, puisque c'était plus pratique pour moi pour des raisons personnelles. Et pour le studio en Suède, c'est là où nous avons grandi, donc nous avions besoin d'y aller pour finir l'album, enregistrer les choeurs, les claviers... Nous avions besoin d'être quelque part où nous connaissions les gens. Nous avions besoin de nos amis à nouveau !

Pour cet album vous avez collaboré avec Sylvia Massy. Comment avez-vous choisi de travailler avec elle ?
Johannes : Nous cherchions des producteurs, nous en avons vu plusieurs mais ça ne collait pas vraiment. Puis il y a eu Roxy, qui travaille à la radio, qui connait notre manager et qui lui a suggéré de travailler avec Sylvia. Elle est venue nous rencontrer, nous avons discuté et ça a collé de suite. Elle a beaucoup d'expérience, elle a fait tellement de choses différentes (...) et en plus elle était à fond dans notre projet, nous avons beaucoup parlé. C'est un personnage un peut particulier, comme un scientifique fou, et techniquement c'est un génie. Elle connaît tous les aspects techniques, c'est le meilleur des deux mondes ! Elle est en plus très drôle et enthousiaste, elle n'était pas là juste pour faire en sorte que les riffs sonnent bien, elle était aussi à fond sur le concept entier de l'album. Elle était intéressée par tout ce qui touchait à l'album. Elle était géniale !

J'ai cru comprendre que vous vous inspiriez des Beatles et de Queen pour l'écriture des albums. Justement la chanson "The Eagle Has Landed" me fait penser à un titre des débuts de Queen, "The March Of The Black Queen", ("Queen II" - 1974) avec des mélodies originales, des changements de rythme inattendus et des histoires de Fées, Rois et Reines, est-ce que ça vous surprend ?
Johannes : Maintenant que tu le dis c'est possible. (rires)
John : Oui c'est vrai !
Johannes : Par rapport à Queen et les Beatles, c'est plus dans la façon d'écrire les chansons. Un album peut avoir plein de styles différents et pourtant tout va coller ensemble. Comme pour Queen sur "A Night At The Opera" ("Queen" - 1976) avec des titres comme "Death On Two Legs", "39" et "Good Company" tous très différents et pourtant ça colle. Ce sont des groupes où les différents membres du groupe écrivent les chansons, c'est sur ces aspects là qu'ils nous inspirent.

Par rapport à l'écriture de l'album, vous travaillez comment ? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui écrit les paroles ? Vous travaillez tous ensemble sur les morceaux ou c'est l'un d'entre vous qui vient avec une idée ?
Johannes : Généralement nous n'arrivons pas avec une chansons finie, mais plutôt avec des riffs et à partir de là nous commençons à travailler ensemble. C'est un travail collectif. Il y a très peu de chansons où nous pouvons dire "C'est lui qui a écrit cette chanson", c'est toujours un travail de groupe et c'est très important pour nous. Nous travaillons tous sur les chansons.



Vous avez déjà mis en écoute 4 chansons : quels sont les retours des fans et de la critique ?
Johannes : Très bons retours !
John : Très bons ! Même si en réalité je ne lis pas vraiment les retours.
Johannes : Nous allons sortir l'album, puis nous allons faire les concerts et nous verrons bien si quelqu'un vient ! (rires) Pour nous la meilleure façon d'être au top comme groupe est de faire la musique que nous voudrions entendre et que nous avons envie de jouer. Nous sommes très honnêtes avec nous-mêmes et nous jouons pour nous. Les gens ont l'air de bien aimer. Et même si les gens n'aiment pas l'album, je serai quand même content de l'avoir fait parce que comme je te disais, nous avons fait un album que nous aimons.

C'est le plus important. Faire quelque chose que tu aimes.
Johannes : C'est ça, quand c'est sincère ça marche !

La chanson "Fiddler's Farewell" est plus douce que le reste de l'album mais les riffs sont toujours aussi puissants, pouvez-vous nous parler un peu plus en détail de cette chanson ?
Johannes : C'est comme tu dis. Par définition on pourrait appeler ça une ballade, mais parce qu'elle est à cet endroit précis de l'album ce n'en est pas une. Ce n'est pas "Girl, girl, girl forever and roses, broken heart..." (rires) C'est en rapport avec un coeur brisé mais c'est très sombre, et les riffs sont une façon de rappeler ce côté sombre. C'est une histoire triste.

J'ai écouté la première chanson de l'album et tout de suite après la dernière, le premier titre qui est plutôt agressif donne l'impression de la vie et la dernière chanson est très sombre, presque comme une marche funèbre.
John : C'est vraiment cette intention. C'est un cercle. L'histoire que l'on raconte.
Johannes : C'est l'enterrement de la chouette, donc c'est très triste.

Vous allez partir en tournée à la fin du mois d'Avril aux Etats-Unis, avant la sortie de l'album, vous avez prévu de jouer des titres du nouvel album ?
Johannes : Comme nous avons déjà sorti quelques titres nous pourrons les jouer pendant la tournée. Nous allons aussi jouer des chansons qui ne sont pas encore sorties. Mais nous allons aussi jouer "The Eagle Has Landed" ou "House Of Eternal Hunt" que les gens auront déjà écoutés.

Vous avez déjà annoncé pas mal de dates sur des festivals cet été dont le Download à Paris, avez vous prévu d'autres dates ? Et vous prévoyez de faire une tournée en Europe cette année ?
Johannes : On prend tout ce qu'on peut et on attend si nous avons des nouvelles propositions. Nous allons faire une tournée européenne et nous allons venir en France.

Merci beaucoup pour votre temps et bonne chance pour la sortie de l'album !


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