Interview faite par Pascal Beaumont à Paris.

Après "Leviathamina" , un opus qui avait marqué tous les esprits par son originalité et son hardcore puissant et violent sorti en 2015, Beyond The Styx est de retour avec "Stiigma", une nouvelle offrande qui, une fois de plus, surprend tout le monde. Il faut dire que cette fois-ci, le gang tourangeaux a décidé d'effectuer un virage à 90 degrés, de quoi en surprendre plus d'un. Il faut dire que la scène est passée par là, le combo ayant sillonné pendant deux ans l'hexagone et l'Europe en long et en travers, au total plus d'une centaine de concerts formateurs à tous les niveaux. L'arrivée de Victor, leur nouveau guitariste, après le départ d’Anthony Mateus semble avoir eu un impact bienfaiteur sur le gang de Tours. "Stiigma" a été une fois de plus enregistré par les soins de David Potvin et mixé par Nick Jett (Broken Teeth, Terror…), une pointure en la matière ! Le résultat est bluffant et Beyond The Styx nous balance à la face une série de petites bombes hardcore d'une rare intensité baignant dans une noirceur qui vous embarque dans un univers oppressant, glauque et brutal, le tout enveloppé par des textes plus que lugubres. Une impression de haine et de frayeur se répand à l'écoute de ces dix brûlots qui ne vous laissent pas indemne. Le tout accompagné d'un ésotérisme toujours bien présent à travers cette fresque musicale des plus sombres où l'on atteint des summums de brutalité. Pas de doute, la bande à Emile et Adrien a réussi son pari haut la main. Beyond The Styx a des choses à dire et des valeurs à partager. Alors que lascars sillonnent toute la France pour défendre leur nouvelle galette "Stiigma", taillée pour la scène, votre serviteur a pu s'entretenir avec Emile Duputie afin d'en savoir plus sur la genèse de "Stiigma". Un entretien vérité où Emile n'hésite pas défendre haut et fort les valeurs auxquelles il croit et à dénoncer certains travers du business ! Un voyage passionnant, intéressant au cœur de l’univers Beyond The Styx, une formation qui a des choses à dire et se présente d'ores et déjà comme une forme de contre-pouvoir culturelle. Rencontre avec un chanteur sympathique, réaliste et intègre qui n'a pas la langue dans sa poche quand il s'agit de défendre et exposer ses propres convictions. L’homme aux milles questions. Magnéto, Emile, c'est à toi !

Vous venez de donner plusieurs concerts dans le cadre de votre nouvelle tournée qui a débuté le 2 Mars et se terminera le 6 Juillet 2018, comment était l'accueil du public sur ces dates ?

Émile (chant) : Magnifiquement bien, c’est une très belle surprise. On s’attendait à voir du monde mais on n’était pas forcément sûrs du retour du public. Musicalement et tu es bien placé pour le savoir, on a pris un certain virage volontaire. Du coup, on n’était pas certain de la réaction du public. Les gens nous ont connus avec une musique plus progressive, plus métaphorique. Là on n’est pas du tout sur cet aspect-là. On est plus dans un style rentre-dedans uniquement. On a constaté que le public a vraiment adhéré et au-delà même, il bouge dans tous les sens du terme. Les photos de notre tournée qu’on sort au compte-goutte sont là pour le prouver. Ça fait vraiment plaisir. Même si on a des affluences de café-concert, il y a du monde qui est là et qui partage. Il n’est pas là pour faire semblant. Je préfère continuer à jouer devant 50 personnes qui bougent vraiment que de jouer devant 200 personnes les bras croisés. On ne fait pas de la musique pour ça.

Qu’est-ce qui vous a poussés à effectuer musicalement un virage à 90° ?
Je pense qu’on avait déjà ça dans notre ADN depuis un moment mais comme on l’expliquait avec Adrien en interview aujourd’hui, nous n’avions pas la maturité et le line-up pour pouvoir nous permettre d’assumer et d’expérimenter ça. C’est comme si finalement le virus était en nous mais on n’avait pas commencé à le contracter. Là, on l’a attrapé et c’est plutôt décontractant (rires). Moi ça ne m’étonne pas, on avait déjà une idée assez précise de ce que l’on voulait faire pour la suite. Le live a davantage renforcé cette volonté. Les titres à rallonge, le public en mode walking dead sur deux-trois rangs, ça commençaient à nous fatiguer. On avait clairement des valeurs que l’on souhaitait pouvoir défendre. On est des fans de hardcore depuis toujours mais on n’a pas eu ou peu la possibilité de partager ce genre de scène avec d’autres combos. Le départ d'Anthony a fait que l'on a perdu le guitariste lead à l'origine d'au moins 60% de nos riffs, si ce n'est pas plus, sur les deux premiers efforts studio. C'était aussi un bon moyen pour nous de pouvoir assoir cette évolution et cette mutation.

Est-ce que le départ d’Anthony Mateus, votre guitariste, a été une surprise ou sentiez vous qu’il allait vous quitter ?
C'est la première fois que l'on me pose la question aujourd'hui. Cela a été un moment délicat. De la à dire que l'on s'y attendait je ne dirais pas ça. Anthony avait fait le choix de jouer dans deux combos à la fois. Son deuxième gang officiait dans un style nettement plus thrash post-moderne. Nous avions déjà l'idée de prendre un virage artistique à la moitié de la dernière tournée. On avait d'ailleurs déjà commencé à composer avec lui. Je pense qu'il ne se retrouvait pas dans le virage que nous souhaitions prendre. C'était une rupture salvatrice pour chacun mais pas évidente à faire ou à dire parce que l'on a partagé beaucoup de bonnes choses ensemble, d'autres moins bonnes. Cette séparation s'est faite de manière saine et en bonne et due forme. Mais c'est vrai que ce n'est jamais simple lorsque l'on s'investit humainement et que l'on partage énormément d'énergie et d'argent, c'est toujours difficile de quitter le navire en disant bye bye. Ce n'était pas simple. De notre coté, on ne savait pas potentiellement qui on allait trouver derrière, en l'occurrence Victor. On dit toujours ce que l'on fait, on ne sait jamais ce que l'on trouve. C'était un peu le dilemme à ce niveau-là. On ne savait pas trop où on allait. Mais au final c'est salvateur pour nous et pour Anthony. On a trouvé chaussure à notre pied en la personne de Victor qui est un fin technicien et au-delà de ça un excellent arrangeur. Son arrivée a été quelque chose d'important pour la finalisation de l'album.

Est-ce que lors de la composition des titres avec Anthony vous avez douté à un moment donné de la direction artistique à prendre ?
On avait écrit trois morceaux avec Anthony et il y en a deux qui sont présents sur "Stiigma" et qui ont été arrangé par Victor et l'ensemble du combo. Douté, non au contraire. Je pense que le départ d'Anthony a davantage accéléré la machine en matière de créativité. L'arrivée de Victor, c'était tout neuf, il n'avait qu'une envie c'était c'est de pouvoir participer au processus de composition aussi difficile soit-il car composer c'est compliqué. C'était un sacré challenge. On ne va pas se leurrer avec lui, on a eu un très bon feeling, il y a eu une très belle cohésion entre tous les musiciens. Et principalement entre nos deux guitaristes Victor et David, c'était quelque chose de très important.



Pour trouver un remplaçant à Anthony, avez-vous fait appel au système des petites annonces comme vous l'aviez fait auparavant pour les départs de Matthieu Dupou et Mickey Martin respectivement bassiste et guitariste ?
Oui, exactement, on est passé par les petites annonces. Ensuite, on a effectué un casting avec les deux personnes qui ont été retenues. Victor est une personne qui nous suit en cas de pépin. Au final, on a retenu les deux. C'est important à l'heure actuelle pour une formation qui tourne de toujours avoir des suppléants prêts à nous suivre. Pour le coup, on a gardé Victor qui a intégré BEYOND THE STYX et Raphael son remplaçant. Ils font tous les deux partie de l'aventure. Ce n'est jamais simple ni pour le groupe ni pour les personnes qui font la démarche de répondre à notre demande. Après, il y a aussi beaucoup de déperdition car il y a des gens qui se rendent compte que finalement intégrer un combo ce n'est pas forcément facile. On n'est pas dans Hélène et les Garçons (rires). Ça demande beaucoup de temps, d'investissement et d'argent. Souvent certains musiciens ont un peu de temps, beaucoup d'envie et pas du tout d'argent. Là, forcément, on est face a un premier dilemme très clair. Je pense aussi que ce n'est pas anodin de perdre des membres juste avant de rentrer en studio. Il y a aussi l'aspect financier qui rentre en jeu. C'est une sacrée prise de risques avec un retour sur investissement pas forcément à la hauteur des espérances. La chance veut que pour nous ça marche plutôt pas mal du tout, pourvu que ça dure. Je déplore le fait que pour l'instant nous n'ayons pas pu nous présenter deux fois d'affilée en studio avec le même line-up. Après la vie fait que...

Qu’est-ce que selon toi Victor a apporté musicalement et humainement à Beyond The Styx ?
Très bonne question. Humainement je pense qu'il a apporté une certaine stabilité et il va aussi contribuer à ouvrir une voie qui nous habite depuis toujours, c'est à dire la communication. Pour moi, c'est aussi bien le centre d'un couple que d'un groupe. A ce niveau-là, c'est important de pouvoir apprendre à parler musique sans que chacun se sente visé dans son fort intérieur, c'est beaucoup plus simple et sain. C'est vrai que dire à un musicien et il y en a peu qui le disent : "Ecoute, ce que tu joues, je n'aime pas trop, je préfèrerais que tu joues comme ça, je trouve que ça sonne mieux", ou dire "Je trouve que ce que tu fais, ce n’est pas super top" (rires). Ça peut vite finir en baston. Nous, on a cette capacité à essayer au maximum de distinguer le musicien de l'être humain même si ça peut paraître compliqué car forcément on met beaucoup de nous dans ce que l'on fait. Mais avec Victor, on a aussi appris à davantage servir l'intérêt de BEYOND THE STYX. Ça me paraît indispensable pour une formation qui a l'ambition d'évoluer dans une dynamique semi professionnelle. Après, d'un point de vue technique, on a appelé Victor "le peintre" parce que c'est notre maître arrangeur. Tout était là, le dessin, le contraste mais il n'y avait pas forcément les bonnes couleurs. Victor a été là pour nous apporte la bonne colométrie. Il nous a aussi fourni le bon ciment, le lien entre les différents ingrédients pour rendre le tout encore plus cohérent que ce que nous avions pu faire par le passé.

Est-ce que vous aviez un profil en tête pour remplacer Anthony ?
J'ai envie de te dire pas du tout. On est conscient que c'est hyper difficile de trouver quelqu'un qui corresponde au peu de critères que l'on avait. On voulait quelqu'un qui soit équipé déjà, qui soit disponible et qui soit prête à s'investir sur tous les plans au niveau de BEYOND THE STYX. Déjà ces simples choses-là suffisent à faire un tri relativement important par rapport aux différentes candidatures. Ni Victor, ni Raphael ni aucun guitariste ne correspondait exactement à ce que l'on recherchait par rapport à leur profil, on ne va pas se mentir. Mais je ne pense pas qu'il existe de profil idéal. On ne voulait pas s'arrêter a une image oui a une technicité. On souhaitait quelqu'un qui puisse avoir sa propre place au sein de notre combo. C'est vrai que Victor correspondait bien à ce profil-là.

Vous avez une fois de plus choisi d'enregistrer à Anger au Dôme Studio avec David Potvin, c'était indispensable de continuer de travailler avec lui ?
Non, je pense que c'est la dernière fois que l'on enregistre au Dôme Studio ((rires). Je ne sais pas, on dit souvent jamais deux sans trois. C'est ce qui se présentait comme le meilleur moyen de nous permettre de lancer ce pari qu'est "Stiigma". On était conscients qu'il y aurait une différence notable du point de vue son avec ce que nous avions produit par le passé. A ce niveau-là, on ne souhaitait pas que soit mis en avant le simple fait que l'on allait enregistrer ailleurs. On s'est dit que la transition pouvait principalement s'opérer de manière peut-être plus digeste si on était accompagnés par quelqu'un avec qui on avait déjà travaillé et qui aavvait travaillé à l'étranger, en l'occurrence David Potvin. Cela s'est fait relativement presque naturellement et c'était plus simple pour cette nouvelle équipe dans un lieu que l'on connaissait et pas trop loin de chez nous, naturellement avec des possibilités d'hébergement parce que tout ça a un coût. On va dépenser lors de l'enregistrement des choses que l'on ne va pas dépenser dans le mixage et dans tous les frais annexes. On fait encore partie des rares groupes à clairement lutter contre le crowdfunding. Ça ne fait pas partie de nos valeurs. On part du principe que quelqu'un qui croit en nous... On n'a pas besoin d'avoir un retour sur gage. On est persuadés que cette personne achètera l'album et viendra nous voir en concert. On n'a pas besoin qu'elle investisse 50 ou 100 Euros dans un cours de musique qu'elle ne prendra jamais ou dans toutes ces options que l'on nous présente. Moi ça ne me parle pas.

Qu'est-ce que tu n'apprécies pas dans le système du crowdfunding ?
Le fait que l'on n'achète pas une œuvre, le fait que l'on soutienne un projet essentiellement. Les lots que l'on propose manquent énormément d'intégrité. On parle de cours de musique, de concerts privés, on n'a jamais vraiment de retour sur ces choses-là. Moi j'ai déjà participé à des crowdfundings pour des copains. Je vais le dire très ouvertement, l'objet est bien souvent optionnel. On fait ça parce que c'est des copains, pour qu'il y ait un projet derrière. Nous préférons, et ça n'engage que moi, et Adrien aurait le même propos que moi, que l'on nous suive pour ce que l'on fait et pas pour ce que l'on est. Ce n'est pas parce que c'est un ami que je vais mettre cinquante euros sur son album. Je préfère qu'il continue à boire des verres avec moi et que je continue à le voir sans pour autant qu'il vienne me voir en concert plutôt qu'il participe à hauteur de 500 Euros à un album qui n'existera jamais et un t-shirt qu'il ne portera jamais. Je ne vois pas très bien l'intérêt de la chose à part finalement avancer dans cette perspective relativement m'as-tu-vu de fausseté et d'hypocrisie qu'est notre société. Cela ne nous ressemble pas, on délivre un message vrai et on compte aussi sur des gens vrais qui nous achètent des choses, qui écoutent et qui partagent, à l'ancienne. Ça peut paraitre old school. Après, c'est sûr qu'il y a une prise de risques. On est conscients que pour l'instant on perd plus d'argent que l'on en gagne.

Tu veux dire que le système du crowdfundind est en partie tronqué ?
Je pense aussi qu’il y a du fake ! Ça n’engage que moi. On vit dans un monde d’apparence. Il y a des gens qui achètent énormément de vues ou autres, comme des likes sur Facebook. Ce n’est pas une généralité pour tous les combos mais il y a des formations qui ont payé leur crowdfunding eux-mêmes. Vu les montants exorbitants qui sont proposés par ce système, je ne comprends pas comment ces personnes font pour se faire financer avec aussi peu de fans, d’actualité, pour des projets à 10000 Euros. Nous? cela fait six ans que l’on existe et je n’ai jamais rencontré de mécène prêt à allonger une telle somme pour un groupe indépendant et qui performe dans ce style de musique. S’il y a des musiciens qui ont la chance d’avoir des amis prêts à payer des sommes astronomiques pour financer leur projet… Je ne dis pas mais ça m’interroge énormément.

Parfois on voit des concerts privés offerts aux fans dans le cadre d’un crowdfunding...
Nous, on galère pour se faire payer des sommes comme ça dans le cadre d’un show pas privé. Tu es prêt à faire jouer un groupe qui a une attraction de 25 à 30 personnes en dehors de sa ville en concert privé ? Je demande à voir et rencontrer ce genre de personnes. Je ne veux pas paraître comme le conspirationniste de base mais il y a des choses qui sonnent creux et qui paraissent fausses et ce, à tous les niveaux. On a joué sur des festivals et des concerts, on sait très bien que 30% des personnes présentes sont des invités. Après, on s’étonne qu’il n’y ait personne devant la scène et du monde au bar. On sait aussi que c’est ce qui permet aux festivals de survivre, je ne leur jette pas la pierre mais encore une fois on leurre les gens.



Vous avez collaboré avec Nick Jett (Broken Teeth, Terror) pour le mixage et le mastering ?
Exactement. C’est lui qui a intégralement mixé et masterisé "Stiigma". On travaille toujours avec des short lists de personnes avec qui on aimerait bien travailler. Ensuite, on les contacte mais on s’intéresse surtout au feeling qu’il peut y avoir autour de BEYOND THE STYX. On fait ça un peu en deux temps. Au niveau feeling, cela s’est très bien passé avec Nick Jett, que ce soit du point de vue humain ou financier. Tout était accessible et nous correspondait, ça nous paraissait indispensable. On s’est bien trouvés. On ne pensait pas qu’une nouvelle fois un Américain aurait aimé travailler avec des Français, on ne va pas se leurrer. Finalement, c’était possible et on a été très très bien accueillis et agréablement surpris aussi, ça fait vraiment plaisir.

Est-ce que finalement le secret c’est oser et tenter ?
Oui. Complètement. Nous, on s’est pris pas mal de vents et on s’en prendra d’autres. Mais oui, je pense très sincèrement qu’il faut oser les choses mais encore une fois avoir certaines limites. Sur cet opus, on a trois featurings et on n’en a payé aucun, ce sont des musiciens que l’on connaît, qui sont vrais et avec qui on a joué. J’ai toujours dit que je refuserais d’avoir un invité avec qui je n’ai jamais partagé une scène, ce n’est pas possible. Si je ne sais pas qui il est, je n’y vois clairement pas d’intérêt, ni artistique, ni humain. Souvent les gens y voient l’aspect financier, on fait un featuring parce que l’on pense que l’on va gagner 10000 vues sur YouTube en raison du nom du special guest.

Pour vous, ce qui compte avant tout, c’est l’amitié ?
Oui, complétement. Après, je suis plus amis avec Paul Marie et Romain Vée que Sylvain "Sly" Tardiveau que j’ai croisé honnêtement sur deux concerts, on a partagé une date avec son groupe et l’autre fois je l’ai fait jouer avec notre association. Mais après, on a des valeurs communes, j’écoute son discours sur scène et ses albums et il y a clairement un feeling.

As-tu l’impression d’avoir un discours différent par rapport aux autres formations ?
C’est une question qui me paraît intéressante et je me fais un grand plaisir d’y répondre. Oui, après, de là à dire que l’on ne triche pas du tout, on ne va pas se leurrer. On est sur Facebook, nous aussi on met en avant de la publicité, des clips. Ce n’est pas que le bouche-à-oreille qui fonctionne. Mais on a un discours intègre, on essaye de véhiculer quelque chose qui soit à la fois positif et vrai. Il y a plein de choses que peu de gens savent et dont ils se foutent aussi royalement. Mais à l’heure actuelle, dans le milieu de la musique, on forme des produits. Il y a des formations qui sortent leur épingle du jeu, il y a des gens hyper intelligents et talentueux qui ont su très bien s’entourer, je pense notamment à Gojira en France. Mais on n’aide pas le talent à s’extirper de l’ombre et je pense que c’est aussi une volonté de faire ça. Pour moi, la musique est un contre-pouvoir, je vais encore faire le conspirationniste de base, quel que soit le style, il n’y a pas que le metal, c’est pareil dans la pop ou l’electro. Tout contre-pouvoir est potentiellement dangereux pour une société parce que penser et faire penser, c’est bien trop risqué pour certains. La culture de la différence, les politiques s’en contrefichent royalement sauf si on met le logo handicapé dessus. Pourquoi a-t-on une culture musicale aussi pauvre en France ? Pourquoi n’a-t-on aucune subvention depuis des années pour aider les collectivités territoriales locales à mettre en place des salles de répétitions dans de petites communes ? On se plaint que les jeunes passent leur temps à ne rien faire, à cramer des voitures, à se curer le nombril sur un canapé ou à gueuler sur leur parents alors qu’ils pourraient s’exprimer autrement. Il y a plus d’argent dans le sport en France que pour la culture. C’est désolant ! Quand on regarde ce que l’on nous sort aux Victoires de la Musique... On n’a même pas de catégorie musique extrême, cela n’existe pas. Je ne sais même pas s’il y a une culture rock. Il y a des gens qui ont des choses à dire et on ne leur permet pas de s’exprimer, je trouve cela désolant. On les fait juste passer pour plus fous que le SDF junkie du coin, je trouve cela complètement dingue. Il faut avoir les bons contacts et pouvoir se faire soutenir pour se développer. Pourquoi des groupes comme Rage Against The Machine n’existent plus à l’heure actuelle ? Pourquoi faut-il réunir les musiciens de trois combos comme Public Enemy, Rage Against The Machine et Cypress Hill pour créer une formation militante ? C’est une question que je posais aujourd’hui en interview. Je pose des questions et cela me gêne carrément. J’estime que si notre musique n’a pas un rôle de contre-pouvoir... Elle n’est pas là que pour le divertissement, ça c’est bon pour la télévision. Lorsque que l’on va voir du metal, on n’y va pas que pour voir du maquillage et des artifices. Il y a un message, même pour bon nombre de combos de black metal ! Moi, c’est ça qui me gêne, c’est qu’à l’heure actuelle on nous donne de la culture par le bas en nous faisait croire que l’apparence est le message ! Je trouve ça désolant.

Au final, Beyond The Styx est engagé ?
Oui, ça fait 12 ans que je suis éducateur spécialisé, que je travaille au plus près des désœuvrés quels qu’ils soient, en l’occurrence il s’agit de jeunes. Je vois ce qui se présage, se construit ou plutôt se détruit chaque jour que Dieu fait et c’est une horreur. Notre société pue, je suis désolé, on a autre chose à proposer à la jeunesse et à notre pauvre pays !

Merci beaucoup pour cette intéressante et instructive interview.
Merci à toi. Je suis content que tu aies apprécié, je l’ai aussi pleinement apprécié. Bonne soirée, à bientôt.


Le site officiel : www.beyondthestyx.com