Interview faite par mail par JU

Bonjour Alain, pour commencer, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs en quelques lignes ?
Alain Ricard : Certains disent de moi que je suis un peu le "dernier des Mohicans" dans le monde du metal Français. En effet, cela fait maintenant 33 ans que j’œuvre, à ma manière, à sa promotion et à son développement. J’ai commencé en 1976 avec quelques organisations de concerts, puis de la radio ("Pirate" puis "Libre") pendant plus de 15 ans, quelques participations à des fanzines et même magazines (Enfer, Hard Force…) puis le label BRENNUS depuis 1993/94.

Est-ce que la production de Brennus Music était un projet prévu depuis de nombreuses années où est-ce une décision de tout plaquer pour te consacrer à la musique ?
En fait, quand j’ai créé BRENNUS, il y a une grosse quinzaine d’années, j’avais une autre activité professionnelle en parallèle (commercial pour un gros éditeur scolaire) et ne m’occupais de musique que bénévolement, après mon travail et durant tous mes congés. Je n’ai arrêté mon métier pour devenir professionnel de la musique qu’au tout début des années 2000.

Quelles sont les activités de Brennus Music ?
Les deux principales activités du label sont la distribution et la promotion des groupes et artistes, principalement Français, qui signent sur BRENNUS. Parallèlement, pour élargir les compétences de la petite SARL qu’est BRENNUS MUSIC, il y a la VPC (catalogue papier et boutique en ligne), la prestation de service pour le pressage et prochainement l’édition.

La majorité de tes clients sont-ils des réguliers (collectionneurs, chasseurs d’albums rares…) et as-tu déjà eu des contacts de clients hors de la France ?
Je ne pense pas que ce soit la majorité mais en effet, il y a une grosse proportion de "fidèles" qui sont à la recherche de rééditions ou d’imports plus ou moins rares et surtout de "découvertes" qui les font sortir des sentiers battus. Une partie non négligeable de ces fidèles sont des étrangers (Allemands, Américains, Anglais, Belges, Canadiens, Finlandais, Japonais, etc…).

Quelles sont tes trois meilleures ventes d’albums à ce jour ?
Je n’ai pas tous les chiffres sous la main car plus de la moitié de l’existence du label s’est faite au sein de l’Association Muséa et les quantités vendues à cette époque sont comptabilisées chez eux mais je pense que dans le tiercé de tête doivent se trouver Killers, Blaspheme et Headline (ou Dream Child).

Brennus Music est situé dans une contrée assez reculée des grandes villes. Si la Poste venait à être privatisée, les frais d’envoi pourraient-ils devenir un vrai casse-tête selon toi ?
Je pense que, où que soit située l’entreprise, le problème sera le même. Que tu expédies de Paris, Toulouse ou du fin fond de la campagne, il n’y aura aucune différence. Par contre, il est certain que, pour l’activité VPC, les tarifs postaux deviennent déjà un problème notoire. Surtout par le fait qu’il y a une totale inégalité de tarification de la part de la Poste entre des petites entreprises comme BRENNUS et les monstres de la VPC, qui bénéficient de tarifs et conditions extrêmement plus bas et intéressants que moi.

Penses-tu que seule la musique peut faire vivre aujourd’hui ou faut-il vraiment avoir une autre activité rémunérée à côté ?
Je ne te cache pas que cette activité n’est pas assez rémunératrice pour arriver à un salaire décent mais malheureusement, le temps passé à travailler pour BRENNUS (entre 12 et 16 heures par jour) ne laisse pas la possibilité d’en avoir une autre en complément. Il me faut donc faire très attention dans la gestion de l’entreprise et dans mes propres dépenses de vie.

La question qu’il ne fallait pas oublier de poser : comment s’est déroulée la rencontre avec Yotangor et comment vois-tu leur perspective d’avenir ? (cf chronique)
Comme dans beaucoup de cas, le label ayant maintenant une réputation de sérieux après ses quinze ans d’existence, c’est le groupe qui m’a contacté en me proposant de venir les découvrir en studio. Comme Toulouse n’est pas éloigné de chez moi, je m’y suis rendu plusieurs fois de suite pour voir l’évolution du projet et ai été subjugué par le professionnalisme de toute l’équipe (musiciens et techniciens). Ce sera un travail de longue haleine mais je suis persuadé que Yotangor va marquer son époque. La qualité de leur premier album et la perfection de leur show live ne laissent visiblement pas le public indifférent.

Peut-être une anecdote à nous raconter ou un message à faire passer ? (Je t’en prie, tu peux te lâcher).
C’est un peu la question piège car la vie de BRENNUS est faite d’anecdotes et je ne sais pas si l’une a plus d’importance que l’autre. Une de celles qui font peut être que je sois encore là aujourd’hui est ma soirée passée à une table d’un club Parisien, il y a de nombreuses années, avec un certain Angus Young. Quand j’y repense, j’en ai encore des frissons… comme un gosse !


Le site officiel : www.brennus-music.com