Interview faite par mail par Cassie

Peux-tu te présenter ?
Jésus, 42 ans, Bordeaux, ingénieur du son. Pour la petite histoire, Jésus a été mon premier surnom qui m'a été attribué lorsque j'étais adolescent par mes potes métalleux de l'époque (que d'ailleurs je salue). J'ai par la suite conservé ce surnom car il est très pratique, mémotechnique et surtout, parce qu'il fait rire et qu'il est universel.

Quel a été ton parcours professionnel ?
Une fois mon BEP Electronique en poche, j'ai enchaîné plusieurs boulots qui n'avaient rien à voir avec la musique. Je savais bien que je ne voulais pas faire ça toute ma vie et je me suis rendu compte que l'endroit où je me sentais le mieux, était la salle de concert. De là, je suis allé voir la mission locale afin de voir avec eux comment il fallait procéder. J'ai passé mon permis poids lourd et j'ai enchaîné un stage dans une entreprise de location et prestation à Bordeaux. Etant donné que les ingé-son de cette boîte n'avaient pas leur permis poids lourd, j'étais le seul stagiaire à partir sur la plupart des prestations. Ensuite cette entreprise m'a trouvé une formation à Nantes, au STAFF précisément, afin de mieux me former au métier. D'ailleurs mes professeurs de la formation bossent maintenant sur le Hellfest. Grâce à cela, j'ai pu rencontrer le guitariste d'un groupe que j'avais vu plusieurs fois en concert auparavant et nous sommes devenus amis et colocataires pendant 1 an. Je suis d'ailleurs devenu le roadie de son groupe. A la sortie de ma formation, j'ai fait plusieurs stages (dans un studio à Limoges notamment ) dont un à nouveau dans ma première boîte. Le neuf là-bas, était qu'ils avaient racheté une autre boîte qui appartenait au premier ingé-son de Noir Désir, ce qui m'a permis de faire la connaissance de Christophe Jégou avec qui le courant est immédiatement passé. Il m'a pris sous son aile et m'a envoyé travailler avec son testeur de stagiaire, Gilles Hourcade (l'ingé-retour de Noir Désir). Il m'a enseigné tout ce que je sais maintenant, y compris l'éthique de ce métier qui est essentiel lorsque l'ont veut poursuivre une longue carrière. J'ai joué dans un groupe de punk, me permettant de faire la rencontre du groupe Les Apalaches, qui m'ont proposé de devenir leur ingé-son. J'ai réintégré une formation, cette fois dans une salle de concert, le Krakatoa. Puis j'ai bossé dans la salle le Koslow durant 1 an et pour l'association Arcanes Slc avec qui je travaille encore maintenant.

Peux-tu nous dire en quoi consiste ton métier ?
Tout d'abord, il faut savoir qu'il y a plusieurs métiers, plusieurs acteurs au niveau technique. Il y a l'ingé-son de la salle qui fait ce qu'on appelle "l'accueil", la régie-retour, l'ingé-retour, celui qui s'occupe de brancher les micros et d'installer tout le matériel (qui est en fait, aussi un ingé-son). Moi je fais tout ça bien que je sois l'ingé-son de non pas un, mais plusieurs groupes. Et pour être plus précis dans ce que je fais, quand je mixe, je mélange le son de tous les micros avec la console de mixage. Lorsque l'on est ingé-son façade, on envoit le son dans un système façade pour le public et lorsque l'on est ingé-son retour, on fait la même chose mais pour les musiciens. Moi quand je suis avec un groupe, je suis ingé-son façade ou FOH (Front Of House).



Avec quels groupes collabores-tu ?
Dagoba, Gorod, Loudblast.

Comment le contact s'est-il fait ? Est-ce toi ou eux qui ont fait appel à tes services ?
Pour Dagoba, ça a été par l'intermédiaire de Base Prod, leur tourneur, pour qui je travaillais. Avec Gorod, c'est moi qui leur ai proposé mes services. Enfin, c'est Stéphane Buriez qui m'a contacté, pour Loudblast.

Comment se déroule pour toi la soirée, lorsque tu travailles ?
Ca commence en début d'aprés-midi. On arrive dans la salle, on installe le backline, ensuite vient le soundcheck où on fait des réglages. En live je peaufine mes réglages et je mixe suivant les morceaux.

Si tu avais le choix, pour quel(s) autre(s) groupe(s) rêverais-tu de travailler ?
Sûrement des Américains. Mais je n'ai pas de choix précis, je péfère faire confiance à la vie.

Tu passes donc de longs moments avec les groupes notamment lorsqu'ils sont en pleine tournée. Cela crée-t-il des liens ou bien reste purement professionnel ?
C'est évident que cela créer des liens. D'ailleurs c'est ce que je préfère dans ce métier. On rencontre des personnes différentes et ça apporte beaucoup. C'est peut-être même cette vision de mon métier, que les musiciens apprécient.

Lorsque tu ne fais pas le son sur un concert, que fais-tu le reste de ton temps libre ?
Je sors voir des concerts, j'essaie de faire du sport... En fait je suis toujours dans le milieu de la musique, même lorsque je ne travaille pas.

Encourages-tu ce métier aux passionnés ? Quel(s) conseil(s) leur donnerais-tu ?
Il faut comme tu dis, être passionné, dans un premier temps et ne rien lâcher. C'est un métier très dur, il faut se faire connaître, se faire un nom. C'est par ailleurs pour cela que j'ai un nom qu'on oublie pas. (rires)

Y-a-t-il de l'avenir dans ce métier ? Des débouchés ? Donne-nous ton avis sur la question.
Il y a de plus en plus de festivals, donc du travail il y en a. Mais il ne faut pas oublier qu'il y a d'autres métiers en rapport avec la musique. Donc pour ceux qui aiment ce milieu, il est possible de faire pleins de choses.

Allez pour finir, un dernier mot pour les lecteurs de French Metal intrigués par ce que tu fais ?
Je tiens à dire que je ne suis pas un extraterrestre. J'espère que tout ce que j'ai dit a pu vous éclairer sur mon job.