Interview faite par Matthieu à Paris.

Bonjour et merci de nous accorder un peu de ton temps ! Première question, est-ce que tu as un petit mot à dire sur la fin de la prog ?
Yann Le Baraillec (directeur et programmateur) : On a réussi à faire venir Turbonegro, Trust, c’est un peu des légendes dans le rock. Ca complète bien le reste de la programmation. Y'a le retour de "Solstafir" aussi, j’avais pas pu les voir personnellement mais ça fait partie des groupes qui avaient bien marché les années précédentes. C’est un groupe phare, comme Anathema qui permet d’élargir un peu en proposant un côté rock progressif, ambiant… pour la Massey Ferguscène ça complète bien l’affiche. Du coup c’est un show que j’attends beaucoup. J’espère que j’aurais l’occasion de les voir ! L’année dernière ils avaient pas voulu, ils trouvaient que c’était trop metal, et cette année bizarrement ils ont accepté. Tant mieux ! On leur a dit qu’il y avait Excalibur, Magma, Ange… même si c’est des groupes français, ils sont connus au-delà de la France ! Je sais pas si c’est ça qui a contribué ou le fait d’insister à chaque fois (rires).

Et justement au niveau de cette édition 2019, quel est le groupe que tu attends le plus ?
Sur 2019 je suis très curieux d’Excalibur, voir ce que ça va donner. Alan Stivell et Corvus Corax le jeudi, ce sont vraiment trois trucs qui vont bien changer ! Henri Dès forcément. Midnight, c’est un groupe qu’on essaye d’avoir depuis plusieurs années, mais vu qu’ils tournent pas beaucoup… les faire venir des Etats-Unis c’est pas évident. Ca fait plusieurs années qu’on leur demande, on a réussi à motiver d’autres festivals à faire les demandes ensemble, du coup comme ils ont eu plusieurs offres dans la globalité ça a débloqué la situation. Ils ont pu s’organiser, vu que leur but c’est pas spécialement de tourner, ils ont pas vraiment un entourage professionnel qui… enfin si ils sont très pro, mais c’est pas vraiment leur priorité de s’occuper d’eux. Ils sont pas dans cette dynamique de tourner énormément. Donc la les choses ont pu bien s’enchaîner, ça va être assez cool de voir ça. Sinon NOFX, ça change ! C’est pas ce qu’on fait habituellement, mais c’est un nom et un groupe intéressant. Avatar j’ai hâte de voir ce que ça donne ! Hatebreed, bon on a déjà fait mais Avatar ça change.

Depuis quelques années, le Motocultor a beaucoup grandi, vous étiez sold-out en 2018, pour 2019 vous êtes confiants ?
Pour la première fois en 2018 oui on était complets, donc c’était énorme. Là on a deux mois d’avance sur la billetterie. On a vu que ce qu’on propose sur la quatrième journée c’est un argument, ça plaît ! Avec les préventes, la dynamique est encore meilleure que l’an dernier. Donc ce qu’on a tenté de faire commence à être bien reçu par les gens, et surtout beaucoup de pass 4 jours. J’espérais que ça intéresserait le public habituel, mais au vu des ventes je pense que c’est chose faite !

Et quel est ton plus grand stress pour cette année ?
D’être prêt à ouvrir une journée plus tôt c’est pas si évident que ça ! Faut tout faire une journée plus tôt, il faut qu’il n’y ait aucun retard. Le stress c’est la gestion du monde, vu qu’il y en a qui viennent plus tôt, entre le jeudi et le vendredi, ceux qui viennent que pour le jeudi, ceux qui arrivent plus tôt… Il va falloir bien prévoir. Normalement y'a pas de soucis, mais la logistique des parkings, tout ça… On va renforcer les équipes là-dessus et il ne faut pas qu’on se loupe.

Plus de bénévoles donc ?
Déjà les bénévoles ça va être sur une durée plus longue, vu que dès mercredi on ouvre le camping. Donc peut-être pas plus de bénévoles, mais sur plus de temps oui. Après, est-ce que ce sont des gens qui vont faire toute la durée, ou plus de monde pour couvrir toute la durée ? Je ne sais pas encore, on saura à l’instant T. Ce qui serait plus simple pour nous à gérer c’est que les gens restent plus de temps, mais s’ils peuvent venir que pour la durée habituelle il faudra trouver des gens pour mercredi et jeudi. En semaine c’est pas évident mais on va trouver.

Tant qu’on parle du jeudi, on va rester dessus : pourquoi avoir choisi de faire folk, folk metal au lieu d’un autre style ?
Peut-être qu’à terme on pourrait faire d’autres styles sur une journée du jeudi. Faut pas s’enfermer. Mais l’idée c’est de pas déséquilibrer le festival. Donc en metal, la formule vendredi-samedi-dimanche qu’on faisait marche bien, donc on veut rester sur cette formule-là, mais on pourrait aller sur plus de hardcore, plus de punk, plus de stoner, plus de heavy ou symphonique pourquoi pas ! Ca dépend des groupes qu’on trouve, mais l’équilibre doit pas déplaire aux gens qui viennent habituellement. Faut pas qu’il y ait moins de groupes de metal extrême. Le fil conducteur doit satisfaire le coeur du festival, les festivaliers. Donc la quatrième journée ça permet de combler notre envie de s’ouvrir sur de la musique celtique et traditionnelle, donc du coup pour garder notre équilibre habituel on s’est dit “Tiens, et si on faisait une quatrième journée”. Du coup ça rend pas obligatoire le truc, ceux qui veulent pas de ça, ils font comme d’habitude, et ceux qui s’intéressent à la quatrième journée ne viennent que le jeudi ou prennent un pass 4 jours. Comme ça on emmerde personne mais on propose un truc nouveau. Et visiblement ça séduit beaucoup, on est plutôt sur un système gagnant-gagnant. Et ça se fait dans d’autres festivals metal donc c’est pas incohérent de faire ça.

On est d’accord !
Et pourquoi le jeudi, c’est parce que ça permet d’optimiser les coûts sans aller vers un grossissement du festival ou de la jauge. On veut garder ce côté festival à taille humaine. La jauge va inévitablement augmenter, puisque les tendances montrent qu’on a de la demande. Mais le jeudi permet d’avoir plus de monde sans perdre la convivialité et devenir un trop gros festival. J’ai trouvé que c’était un bon compromis. On garde notre esprit, c’est ce qui nous différencie des trop gros festivals, et c’est un argument fort. Ceux qui n’aiment pas les grosses machines peuvent se retrouver ici. On vise plus à être une PME qui marche bien plutôt que de devenir une multinationale comme le Download. C’est bien parce que autant faire venir les Guns N' Roses, c’est super ! Mais ça existe déjà. Le Download, le Hellfest… Donc un troisième…

Le but c’est pas de concurrencer, c’est de faire autre chose, c’est ça ?
Exactement, un truc plus petit, un peu différent. On essaye de trouver notre place et en même temps faire un gros festival sachant qu’il y en a un à Paris et un autre à 140km… ce serait suicidaire, parce qu’en plus des épaules pour faire les grosses têtes d’affiche… J’adorerais faire Tool, je suis fan ! Mais il faudrait une scène beaucoup plus grande ! Donc Tool je vais aller les voir au Hellfest, mais ce sera jamais chez nous (rires). Parce que ça demande trop de changements, je suis assez réaliste. Ou alors il faut changer d’endroit, de concept… Là on est bien, on a fait complet l’an dernier, on a commencé à bien baisser la dette… Notre formule est bien mais il faut continuer à développer, j’aimerais bien que la dette se réduise plus vite ! Et je sens que la quatrième journée peut nous aider à ça. Et en même temps il y a l’ancrage local. C’est une faiblesse, parce qu’on a pas tant de gens que ça qui viennent du Morbihan.

C’est étonnant ça !
Il n’y a peut-être pas tant de gens que ça dans le département qui écoutent du metal extrême, tout simplement ! Et y a sûrement des gens qui écoutent du hard rock, du coup Trust ça va ramener cette population. C’est ce qu’on cherche à faire, et vu que c’est mythique, c’est pas incohérent de faire venir ce groupe dans un festival comme ça. Ca risque de ramener des gens du coin, et de même le jeudi faire Alan Stivell et Excalibur ça va ramener la population locale et de créer une dynamique. Après, il faut trouver une idée pour les fidéliser et les faire revenir mais nous on est pas à l’abri un jour, si le Download se pérennise et si on commence à avoir plus de monde, ou encore si les festivals grandissent ou que de nouveaux arrivent, nous on pourrait avoir notre journée. Et les gens pourraient se dire que s’il y a des bonnes offres metal comme l’an dernier plus près, on va peut-être pas se déplacer aussi loin. Et du coup on perdrait du public, donc faire ça différemment, ça peut nous aider à pérenniser notre ancrage local, comme ça si on perd des gens niveau national… On trouvera peut-être une formule pour se pérenniser, ou même que faire un quatrième jour dans ce genre de style peut séduire des gens qui s’intéressaient pas à la formule trois jours. Ca peut attirer un nouveau public. Après il y a un autre levier, c’est aussi ce qu’on va faire l’an prochain, c’est essayer d’annoncer les groupes plus tôt. Pour que les gens aient la programmation complète beaucoup plus tôt et pas en Mai, plutôt vers Mars, comme ça ils peuvent s’organiser et poser des jours de congé. Comme ça ils viendraient peut-être au festival, de toute la France. Voire même des gens au niveau européen. Ca demande encore de l’organisation plus tôt. Et du coup s’il y a d’autres offres en France un jour, en ayant notre ancrage local et en faisant venir des gens au niveau international, avec des gens intéressés par la formule quatre jours, peut-être qu’en balançant des groupes plus tôt ça aide. C’est pour ça que j’ai envie de trouver un modèle économique assez réaliste. Être complet à 12 000 par exemple, on va essayer de faire ça et figer le modèle économique la. Peut-être qu’on augmentera à 12 500 ou 13 000 mais pas beaucoup plus, sinon on perd la convivialité. Et en même temps habituer les gens à revenir c’est ça qui va permettre de pérenniser le festival, et qu’il perdure. C’est mon plan en tout cas, mais ça paraît pas trop mal (rires).

Tant qu’on parle de plan, le crédo du Motocultor ça a toujours été “Du gros son et de l’humour”. Comment est-ce que depuis le début vous arrivez à combiner les deux univers ?
Déjà je pensais pas qu’on trouverait de nouvelles idées et qu’on parviendrait à renouveler ! Je commence à avoir des idées pour la suite, mais j’hésite parce qu’il faut pas que ce soit trop décalé non plus. Certaines idées, des fois j’hésite. Par exemple Little Big, c’est un peu humour et décalé, mais j’ai longtemps hésité. Au final, ça s’est super bien passé. De base, le groupe Motocultor avait tendance à faire de l’humour décalé, on faisait des reprises de disco en metal, du coup ça avait un côté humoristique qui plaisait et on a réussi à garder ça. Même esprit dans les noms des scènes, la Suppositor Stage, qui était le pseudo du chanteur du groupe Motocultor (rires), j’aime bien que vu que le festival se développe, ça s’ancre dans l’esprit. Et ça a une cohérence avec ce qu’on fait, les débuts et l’origine du festival et j’aime bien avoir des groupes… GiedRé ça a du sens, y'a pas mal de métalleux qui écoutaient. On a vu que ça marchait, donc ça me conforte dans l’idée qu’il faut continuer à en faire un peu. Pas trop quand même, parce que les gens viennent surtout pour le metal. Mais avoir une petite respiration bien décalée… Trisomie 21 en coldwave… Les gens aiment bien, y'a pas mal de gens dans l’Ouest qui écoutent ça. Et puis il faut pas toujours faire les mêmes groupes. Comme c’est assez difficile d’avoir des groupes, c’est bien de s’ouvrir vers d’autres styles. Là on a Trust et NOFX, ou Turbonegro parce que la ça élargit la programmation. Et surtout on aurait rien eu parce qu’il n’y avait rien d’autre de dispo ! Comme ça on a des gros noms et on conserve une certaine qualité. Quand je dis que je veux élargir, c’est aussi pour me prémunir du fait que certaines années on n'aura pas de Behemoth, on n'aura pas de Kreator, ni Opeth ou Testament par exemple. On va pas les faire tous les ans non plus, parce que si on les refait, les gens vont se lasser ! Essayer de trouver d’autres groupes équivalents, tous les ans on essaye mais s’ils sont pas sur le festival c’est pas forcément parce qu’on veut s’ouvrir et aller vers Trust et Turbonegro à tout prix, mais c’est aussi parce qu’on arrive pas à les avoir. Et du coup, élargir ça permet de pas faire tout le temps la même chose et ça permet de garder une affiche globale avec des gros noms, des bons moyens et des groupes émergeants. L’équilibre a du sens. Et on a bien fait d’aller vers ça, sinon on se serait retrouvés le bec dans l’eau.



Justement tu me parles de groupes émergents, le festival organise depuis plusieurs années un tremplin pour faire monter sur scène des petits groupes français, en quoi est-ce que c’est important pour toi de promouvoir les nouveaux groupes ?
A la base, moi je suis musicien amateur, et j’ai cette passion pour la musique parce que je suis musicien. Et du coup, le fait d’organiser des concerts c’est parce que j’ai plein d’amis musiciens que j’ai aidés. Par la suite, j’ai aidé d’autres groupes que j’aimais. Au départ, j’organisais dans plein de styles de musique, et après j’ai commencé à avoir des demandes de beaucoup de groupes de metal. Je faisais de la musique en étant adolescent, je faisais surtout du rock, et quand j’en ai refait un peu plus tard j’avais plein de potes dans le metal. Un peu des trucs progressifs, y'avait un groupe qui s’appelait… Synopsis et qui est devenu Red Dragon, un groupe de Vannes.

Le nom me dit quelque chose !
Ah, tu connais ?

Je suis Breton d’origine !
Eh bien le batteur, c’est le gars qui faisait Motocultor : L’Emission, et qui était aussi le batteur que j’avais dans mon groupe. Et c’est l’asso Synopsis, du nom de ce groupe-là, avec qui j’ai créé les deux premières éditions du Motocultor. Après on a créé une autre asso. Et le visuel avec la guitare vert fluo, c’est en hommage au chanteur de Synopsis, parce qu’ils ont eu un trip à la fin niveau heavy metal. Le chanteur a pris la guitare, parce qu’il jouait aussi bien que le guitariste. Tu peux trouver des vidéos sur Dailymotion, en tapant “Red Dragon Jayce et les conquérants de la lumière” (ici), donc déjà avec un ton décalé ! Peut-être que le groupe Motocultor s’est inspiré de leur humour décalé, et tu retrouves des vidéos avec la guitare vert fluo ! Ils faisaient un concert à Rennes, et c’est un des premiers concerts que j’ai organisés. Ensuite pour mes groupes à moi, pour d’autres potes et on a finalement eu l’idée de faire un Motocultor Festival. Mais à la base, ceux qui m’ont fait découvrir le metal, c’est le batteur de mon groupe avec qui j’ai fait des compos. Moi j’écoutais peu de musique quand ces groupes la ont commencé, je faisais autre chose. Je faisais plus vraiment de pratique musicale, et du coup j’allais en répèt', mais j’écoutais pas vraiment de metal. J’écoutais Queen, AC/DC, des trucs dans les bases du hard rock. Mais Metallica, par exemple, j’accrochais pas. Et à partir de l’âge de 18 ans j’allais tous les week-ends aux répèt' de Synopsis / Red Dragon, et j’entendais des gars qui reprenaient du Maiden, du Pantera, du Sepultura, du Dream Theater, du Faith No More, du Devin Townsend… et vu que c’était super bien repris c’est comme ça que j’ai découvert le metal en fait. C’est en écoutant ces groupes-là. Et l’affiche de cette année on revient sur ce délire-là, la guitare vert fluo en hommage au chanteur qui m’a fait découvrir Devin Townsend, et c’est grâce à lui que je suis rentré dans l’univers metal. Parce que du coup voir ce groupe-là, ça m’a redonné envie de faire de la musique. Donc j’ai commencé à faire un groupe de compos avec le batteur. On s’appelait Faceless, on était en Bretagne. Et Gazworks après, mais c’est pas important. Et à côté on m’a proposé d’être bassiste dans le groupe Motocultor, et on a souvent joué ensemble, j’organisais des soirées. Et c’est comme ça que je suis devenu organisateur de concerts, pour pouvoir pratiquer.

Tu évoques beaucoup le passé, mais est-ce que tu as également des plans d’avenir pour le Motocultor ou pas encore ?
Déjà l’idée c’est 2020, trouver des idées de programmation pour retenter une deuxième fois les quatre jours, j’aimerais bien avoir cette expérience. Pour voir si économiquement on s’y retrouve. Normalement oui, mais voir à quel point. Comment ajuster pour avoir l’équilibre, parce que l’idée c’est de faire encore 15 ou 20 éditions du festival ! Vu que ça a l’air d’être un facteur qui plaît aux gens, pour lui donner encore plus d’envergure niveau national sans avoir à grossir la jauge comme on disait tout à l’heure. Et du coup, ça c’est à voir si on pérennise. L’idée de comment faire pour aider dans ou en dehors du festival des groupes émergeants tout au long de l’année. C’est vraiment quelque chose qui me tient à coeur. C’est ce qui a fait qu’en ayant moi-même un groupe amateur et indépendant, j’ai maintenant du poids et comment je peux faire pour aider des groupes. La par exemple, Tranzat, c’est un groupe breton que j’adore et qui me rappelle beaucoup Synopsis / Red Dragon, même si c’est différent, mais la manière de jouer et l’état d’esprit je me dis que c’est cool. Après y'a des côtés plus metal extrême, Synopsis / Red Dragon avait plus un côté heavy / prog. Mais y'a des liens, vu qu’ils sont fans de Devin Townsend et Faith No More. Et du coup j’ai envie de les aider, ça permet de réfléchir à ce qu’on peut faire pour aider un groupe de metal vu qu’on connaît le réseau. Potentiellement, on peut avoir des noms auprès des labels pour aller les rencontrer. Et potentiellement quel rôle peut avoir un festival pour aider la scène émergente. Parce que si on veut un Motocultor Festival pendant 20 ans, il faut que les groupes se renouvellent. Et sur la scène française, il y a des groupes qui arrivent à émerger, des projets comme Carpenter Brut. Avant 2012, ça n’existait pas et… Carpenter Brut et Perturbator se sont lancés en même temps, ils ont un son assez similaire. Alcest aussi ça marche bien à l’étranger. Mais moi ma question c’est comment faire pour exporter un groupe. Je sais pas si avec Tranzat on arrivera à faire ça, parce que c’est pas évident, il faut une grosse volonté, être persévérant. Pendant plusieurs années tu peux pas faire plein de concerts, être payé… Ca a un coût, c’est un investissement. Les répèt', le matériel, faire des concert devant 50 personnes… Un groupe qui débute, c’est ça. Au début, tu ramènes pas assez de monde pour arriver à financer tes frais. Faut créer une connexion entre un public et un groupe, je connais pas la recette miracle !

Je pense qu’ils sont assez peu à la connaître !
Mais du coup, il y a aussi du facteur chance qui joue, et il faut tenter des choses pour provoquer la chance. Des gens vont se rencontrer et permettre à un groupe de se développer étape par étape… Mais il faut un public. Et pourquoi le public va accrocher à un groupe et pas à un autre, tu te dis que les deux ont un talent alors que l’un a réussi et l’autre non. Il faut le facteur chance pour franchir certaines étapes, il faut le bon état d’esprit, avoir le talent mais avoir la chance de pouvoir donner du temps au projet. T’as des moments dans ta vie ou t’es obligé de bosser, de vivre à côté. Si ton boulot prend trop de temps, tu peux pas te consacrer au groupe. Il faut que tous les membres arrivent à s’organiser pour donner du temps au groupe. Tu vois, là, je réessaye de relancer le groupe que j’avais avant mais c’est super dur parce qu’on a tous des emploi du temps différents. Moi je suis pris énormément par le festival, il y a la situation familiale… A un moment, t’en as un qui va avoir un gamin et l’année d’après c’en est un autre (rires). Il faut trouver un équilibre entre la vie familiale, professionnelle et le reste, tout en gardant la motivation. Si on se dit que c’est pas possible, c’est qu’on n'est pas assez motivé. Mais est-ce que tout le monde aura la même motivation au même moment ? C’est ça la contrainte, faut se ménager et faire des pauses. Tu peux pas l’avoir en permanence. Et il faut faire avec des personnes, des personnalités et des tempéraments différents. Et c’est hyper difficile. Comment se ménager à chaque fois.

Le facteur humain joue énormément oui.
Tu ne sais pas comment vont réagir les gens, eux-mêmes ils ne savent pas. Il faut prévoir les réactions de chacun et du jour au lendemain, ah merde ! Il a disparu, il donne plus de nouvelles ! Je pense à un groupe breton, je tairai le nom, mais le guitariste il a dit au micro à la fin d’un concert : “J’arrête”. Il avait pas prévenu les autres musiciens, ni le public, il range sa guitare il se casse. Est-ce qu’il avait prévu avant le show de faire ça ? On sait pas. Peut-être la pression, il prenait plus de plaisir ou il se reconnaissait plus dans l’évolution du groupe. Et il savait pas comment le dire alors d’un coup il a tout lâché. Alors peut-être qu’il est revenu après, ou qu’il a regretté… Peut-être qu’il a fait autre chose ! Mais je m’éparpille (rires).

Dernière question qu’on doit te poser très souvent, mais quels sont les groupes que tu voudrais vraiment faire jouer dans ton festival ?
Déjà un que j’ai réussi à faire jouer en 2017 c’est Devin Townsend ! Et l’autre Faith No More ! J’avoue que pour le moment j’ai pas encore essayé (rires). Pour le moment j’essaye que… vu que c’est un peu différent de ce qu’on fait d’habitude il faut avoir une affiche solide à côté. Faith No More coûtent assez cher et il faut un encadrement. Je suis pas sûr que le public en France soit présent. A l’international, ça marche plutôt bien mais en France je sais pas si c’est faisable. On a vu, c’est pas parce qu’on fait jouer Faith No More que ça passe. Je crois que c’est le Sonisphere qui avait essayé, ça a pas forcément ramené de monde parce qu’il y avait ce groupe en tête d’affiche. Ca dépend de la programmation et des dispos. C’est un groupe que j’adorerais faire et paradoxalement Devin Townsend j’ai essayé plusieurs fois et j’ai réussi. Mais Faith No More c’est un groupe que j’ai pas encore démarché. Par contre, Megadeth sur la Dave Mustage, aussi ce serait un bon challenge (rires) ! Après on verra bien. Y'a des groupes comme Emperor, Gojira qu’on essaye tous les ans et qu’on n'arrive pas à avoir. Peut-être qu’un jour on y arrivera !

Je te le souhaite ! Du coup c’était la dernière question, je te laisse le mot de la fin !
Eh bien rendez-vous du 15 au 18 Août et je pense qu’il faut pas traîner à prendre sa place, parce que… La vache, c’est mercantile comme final (rires) ! Non mais je ne veux pas que les gens soient frustrés ! On a fait complet l’année dernière, et là on est déjà deux mois en avance, alors on va peut-être pas être complets deux mois à l’avance, mais on va être complets probablement fin Juillet / début Août, ça risque fort !


Le site officiel : www.motocultor-festival.com