Interview faite par Pascal Beaumont à Paris.

Si Dreamcatcher n’a que deux albums à son actif, le gang sévit pourtant à travers l’hexagone depuis plus de 16 ans. Une longévité qui a de quoi donner le tournis à de nombreuses formations françaises. Malgré une instabilité chronique, le combo mené d'une main de fer par Chris Garrel a su surmonter tous les écueils et n'a jamais renoncer. Il faut dire que nos Parisiens ont su imposer leur style et se faire remarquer en assurant des première parties de prestige comme Paul Di'Anno ou Blaze Bayley pour n’en cité quelques uns. Un rêve éveillé pour Chris Garrel, leader incontesté de la formation et fan devant l’éternel d’Iron Maiden. Le bougre a vu la vierge de fer une soixantaine de fois sur scène, un vrai sacerdoce ! En 2012, après de nombreuses péripéties, l'attrape-rêve déboule avec son premier opus "Emerging From The Shadows" qui leur permettra de donner de nombreux concerts à travers tout l'hexagone et sera salué par la critique . Un opus fortement influencé par Iron Maiden qui est la référence absolue pour notre ami Chris. C'est après cinq longues années d'attente que nos Parisiens nous reviennent avec un nouvel opus "Blood On The Snow "dont un des thèmes principaux est basé sur la fameuse bataille Wounded Knee qui a eu lieu le 29 Décembre 1890 dans le Dakota du Sud aux Etats-Unis et qui s’est soldé par un massacre sans précédent. Cette épisode dramatique marquera la fin des guerres indiennes. La condition amérindienne étant un sujet qui a toujours passionné Chris Garrel, le bougre a pu enfin développer ce thème qui lui est cher à travers Dreamcatcher et ce nouveau méfait qui s'avère bien supérieur à son prédécesseur notamment au niveau de la production dont le mixage et le mastering a été confié à Axel Wursthorn. Un entretien passionnant placé sous le signe de la décontraction avec un musicien qui vous fait voyager à travers un univers bien à lui et bien plus étendu qu'il n'y paraît de prime abord. Magnéto, Chris, c'est à toi !

Bonjour Chris, le 11 Mars 2017 tu as ouvert pour Blaze Bayley au Petit Bain, quel souvenir gardes-tu de ce show ?

Chris Garrel (chant) : Ca été un vrai kiff, c’est le concert qui nous a donné le petit coup de pouce qui nous manquait pour boucler les sessions d’enregistrement de l’album. C’était l’opportunité pour nous de jouer devant un public qui était proche du nôtre. L’affiche tenait la route parce que les deux formations étaient dans un style musical nettement proche. Le staff du Petit Bain comprend des gens adorables, on a été choyés. La salle est super sympa. Soyons réalistes, lorsque tu es un combo de metal français tu ne joues pas toujours dans de telle conditions avec de bons éclairages, un bon son et dans une salle où il y a 300 personnes. C’est un super souvenir et en plus à un autre titre je suis fan d’Iron Maiden de très longue date. Blaze, je l’ai vu sur scène à de nombreuses reprises avec Iron Maiden ou même en solo, partager la même scène que lui c’est un vrai plaisir.

Tu as aussi ouvert pour Paul Di'Anno ?
Oui mais là dans des conditions très différentes parce que pour le concert de Paul j’étais co-organisateur. C’était émotionnellement beaucoup plus fort. On organisait une soirée pour récolter des fonds en faveur de la sclérose en plaque et pour l’association de Clive Burr. Ce show a été un peu fondateur pour DREAMCATCHER parce que j’avais vécu auparavant des trucs un peu noirs où tous les gens qui m’accompagnaient avaient décidé de quitter le groupe. J’avais donc reformé le combo à cette occasion et pour ce concert. Donc ce qui était extrêmement gratifiant c’est que quelque temps après je suis allé à Londres et j’ai rencontré Clive Burr. J’ai pu lui remettre un chèque qui représentait le montant des dons que l’on avait récupérés grâce à cette soirée.

Quelle est ta plus belle rencontre Blaze Bailey, Paul Di Anno, Clive Burr ?
Clive Burr sans aucun doute, c’était super impressionnant parce que c’était le héros de ma jeunesse. Même si j’ai découvert Iron Maiden avec le premier opus en 1980, "Number Of The Beast" est mon album préféré. Même si j’aime beaucoup Nicko Mac Brain, pour moi le batteur d'Iron Maiden a toujours été Clive Burr, voir que ce mec qui était diminué malgré tout était touché parce que j’avais fait. Je me suis demandé si je pouvais lui demander un autographe, si je devais y aller ou pas et je l’ai fait. Le pauvre Clive était tout tremblant vraiment diminué par la maladie. Il était touché que je lui demande une signature et que je le considère comme un être humain et pas seulement comme quelqu’un qui le regarde comme un malade. C’est une de mes plus belles rencontres. Par la suite, ce qui s’est passé et qui était assez cool, c’est que je suis resté en contact avec sa veuve, on continue à partager des choses.

Qu’as-tu ressenti lorsque tu as foulé la même scène que Paul et Blaze ?
Tu te dis à la fois que c’est peu de choses et en même temps tu apprends beaucoup. Cela t’apprend l’humilité, à rester à ta place. Mais ce qui est assez marquant c’est que ces gens-là ont connu la gloire et sont par la suite pas mal redescendus notamment Paul qui a bien déconné avec l’alcool et tout ce qu’il pouvait se mettre dans le nez. De le voir comme cela, tu comprends que le milieu artistique ce n’est pas quelque de facile. Lorsque tu constates que Blaze Bayley, qui a joué dans des grandes salles, se retrouve dans des salles beaucoup plus petites et est un peu quelque part comme DREAMCATCHER, c’est-à-dire en autogestion avec sa propre maison de disques, qu’il gère lui-même son merchandising. C’est le père de son guitariste qui est son manager. Le type a 50 ans passé et il parcourt toute l’Europe dans un van, ça t’apprend l’humilité. Tu es super fier de jouer avec ces personnages-là qui pour toi sont des légendes. Mon plus grand kiff dans la vie a été lorsque je suis monté sur scène avec Iron Maiden pour chanter les chœurs de "Heaven Can Wait". Ça, c’est un truc de fou. A l’époque j’ai aussi fait un peu de journalisme et je me suis retrouvé dans la fosse aux photographes à faire des photos d'Iron Maiden, je me suis retourné à un moment donné et voir une salle de 15000 personnes qui sont au taquet, ce sont des émotions fortes.

J’ai vu que tu as pu remettre personnellement un album de Dreamcatcher à Steve Harris ?
Absolument. J’ai eu l’occasion de croiser Steve Harris de nombreuse fois. Lorsque l’on dit que je suis fan de Maiden, je pense que je suis à la limite du mono-maniaque. J’ai dû les voir sur scène une soixantaine de fois. J’ai rencontré Steve et c’est vrai que lorsque j’ai eu l’opportunité je lui ai donné mon album. Je n’attends pas de retour, je sais très bien que ce mec-là est extrêmement sollicité. C’est juste que c’est quelqu’un qui m’a donné envie de faire de la musique, c’est un peu une sorte de modèle. L’opus, tu lui donnes en lui demandant de l’écouter parce que toi tu as écoté sa musique toute ta vie. Mais s'il ne l’écoute pas ce n’est pas grave, c’est aussi une manière de lui dire merci de m’avoir donné l’envie. Merci car grâce à toi, même à mon petit niveau, j’y suis arrivé. Mais je n’attends pas de retour, il a d’ailleurs l’opus précédent. A chaque que fois que j’en ai eu l’opportunité j’ai pu lui faire passer ou lui remettre en main propre que ce soit avec DREAMCATCHER ou d’autres projet. Je n’ai pas eu de retour et je n’en attendais pas, cela aurait été du domaine du miracle si Steve Harris m’avait appelé pour me dire j’ai écouté ton CD et je le trouve très bien. En plus je connais son entourage et Steve Harris est quelqu’un qui est d’un naturel méfiant et qui aime bien travaillé en famille. Il s’entoure que de gens qu’il connaît et travaille toujours avec les mêmes personnes. Mais il ne faut pas rêver de partir en tournée mondiale avec Iron Maiden. Par moments il faut savoir reste à sa place.

Est-ce que tu as découvert le metal à travers les premiers opus d’Iron Maiden ?
En fait, ce qui s’est passé est difficile à imaginer par les jeunes générations. Il y a eu une époque où le metal qu’on appelait alors hard rock était quelque chose de populaire. C’était cool d’écouter du hard rock. Il y avait Trust, AC/DC, Rose Tattoo qui passaient à la radio et on pouvait aussi les trouver dans les jukeboxes des cafés. Je pense que le premier disque que j’ai dû écouter en termes de hard rock c’était Trust, puis ensuite AC/DC avec "Highway To Hell", ils étaient au sommet en France. Un jour j’ai vu dans un magazine la pochette du premier Iron Maiden, ça m’a intrigué, j’ai écouté et immédiatement dès la première face j’ai su que cette musique c’était la mienne. Il y a de meilleures formations qui peuvent faire tout ce qu’elles veulent mais moi je savais qu'Iron Maiden c’était pour moi. C’est assez rigolo parce que c’est limite un acte fondateur.

Dreamcatcher a débuté en 2001 ?
Oui, mais avant il y a eu plusieurs expériences. Depuis 1981 j’ai toujours été dans ce milieu musical, j’ai toujours joué dans de petits combos mais DREAMCATCHER c’est le groupe le plus abouti et le plus sérieux. Je pense que le projet qui maintenant m’accompagnera dans la tombe ce sera DREAMCATCHER.

Qu’est ce qui a fait que Dreamcatcher a passé un cap supérieur à toutes les autres formations que tu as eu auparavant ?
Peut-être qu'auparavant j’étais moins à l’origine du groupe, j’étais plus un participant. A un moment donné je me suis dit "Il faut arrêter de rigoler et il faut vraiment avancer". C’est très prétentieux mais j’avais peut être envie d’apporter ma pièce à l’édifice. Peut-être qu’avec DREAMCATCHER, même si à chaque fois que tu fais de la musique c’est ce que tu veux faire, j’ai essayé de faire la musique et créer le combo que j’aurais aimé voir sur scène.



Il y a eu énormément de changements de musiciens au sein de Dreamcatcher ?
Ce qu’il s’est passé c’est que tous ceux qui étaient sur le premier opus n’étaient pas dans la formation originale. Depuis 2007/2008 on a une certaine stabilité. Cela fait seize ans que l’on existe et on n’a pas une production discographique énorme.

Pourquoi n’avoir sorti que deux opus en l’espace de 16 ans ?
A chaque fois c’est assez compliqué de trouver les bonnes personnes. La vie fait qu'on est dans un pays où tu n’en vis pas. Les gens ont leur vie professionnelle, ils évoluent, il y a la vie de famille. De ce fait il y a des personnes qui arrivent et d’autres qui s’en vont. Après, évidemment, chaque fois que quelqu’un arrive au sein de DREAMCATCHER, il y a de nouvelles remises en question, cela prend du temps. Et puis on privilégie la qualité à la quantité. A chaque fois on veut que ce soit le mieux possible au moment où on le fait. Economiquement, sortir un album a un coût financier et il y a aussi un investissement humain, c’est donc à chaque fois compliqué.

Comment s’est déroulée la composition de "Blood On The Snow" ?
Quand les nouveaux musiciens sont arrivés en 2007 / 2008, l’intégralité du premier album était déjà écrite. On a décidé de réarranger les morceaux et de définir un son propre à DREAMCATCHER. Pour "Blood On The Snow", nous avons démarré d’une page blanche, on avait absolument aucun morceau en réserve. Alors que le premier opus était une sorte de best of des six années précédentes, là on n’avait rien. On a passé toute l’année 2012 et une partie de l’année 2013 à faire vivre un peu cet album sur scène, on ne s’est pas reposés sur nos lauriers. On a donné des concerts. On a débuté l’écriture vers 2013, là on commençait à nous connaître on avait défini un style. Le processus de composition est simple, un des membres du combo a une idée, il arrive avec un riff que je trouve bien et que Geoff, le guitariste, va apprécier. Lui, de son côté, compose dans ce sens-là. Parfois j’écris des textes que je mets de côté puis j’essaye de les faire coller avec une composition qui aura été écrite entre temps. D’autres fois c’est le contraire. On s’automotive, on s’influence et les choses arrivent en fonction de l’inspiration et du moment.

"Blood On The Snow" traite de la condition indienne aux Etats-Unis ?
C’est cela parce qu’en fait ce n’est pas pour rien que le combo s’appelle DREAMCATCHER. Je suis passionné et très intéressé par la culture amérindienne. Le titre "Blood On The Snow" qui ouvre l’opus et lui donne aussi son nom a une signification historique. Il parle du massacre d’une tribu sioux en 1890 par l’armée américaine Wounded Knee.

C’est un thème qui est important à défendre à tes yeux ?
Oui. Pendant des années j’ai eu des difficultés avec cela. C’était une passion mais aussi quelque chose que je respectais énormément. Je ne savais pas par quel bout le prendre. C’est seulement pour le second opus que je me suis dit qu’il fallait écrire sur les Amérindiens. Après cela a créé comme une forme de déclic qui fait que tu peux retrouver sur le CD deux autres morceaux qui traitent de la culture amérindienne. "Dreamcatcher" parle de la difficulté que rencontre aujourd’hui un Indien pour s’intégrer dans la société américaine tout en essayant de conserver ses racines. Il y a aussi un autre titre qui est dans l’esprit amérindien mais qui traite de la sagesse de cette culture en constatant que tu n’es pas propriétaire de la terre. Tu ne peux pas la maltraité à outrance sans qu’un jour elle se rebelle. On le constate de nos jours avec les ouragans, le réchauffement climatique, les pesticides qu’on met dans la terre et qui se transmettent à l’eau et empoissonne tout le monde.

C’est très écologique comme discours.
DREAMCATCHER est une formation concernée mais pas écologique. Le thème des indiens a déjà été utilisé par beaucoup d’autres groupes. Certains d’autant plus légitimes comme Blackfoot qui avait une partie des musiciens qui étaient indiens. C’est une approche assez difficile mais qui se voulait très respectueuse. On ne rigole pas, on est en train de parler de gens qui sont morts et qui ont été massacrés. Ce n’est pas juste une vue de l’esprit. On ne s’est pas dit "On va faire un album gore et mettre du sang partout et on va rigoler cinq minutes".

Iced Earth a aussi écrit sur ce thème !
Oui, très récemment, c’est un morceau qui se trouve sur leur dernier album. Il y a une partie des gens aux USA qui, quand même, se rendent compte que ce n’est pas forcément très bien ce qu’ils ont fait. Lorsqu’ils sont arrivés, la terre était déjà occupée. Aujourd’hui au niveau de la conscience politique, on commence à se dire que oui c’est un génocide. On développe aussi une deuxième thématique qui est assez présente sur "Blood On The Snow" et qui est aussi une passion. J’écris sur des thèmes qui me parlent et je pense d’ailleurs que la plupart des compositeurs font la même chose. Les films d’horreur, d’épouvante des années cinquante en font partie. Les films de la Hammer avec Christopher Lee et Peter Cushing sont une de mes passions. J’aime beaucoup cette esthétique gothique avec ces couleurs flamboyantes et cet esprit qui s’en dégage. C’est une époque où on faisait peur avec pas grand-chose. C’était avant tout basé sur le jeu des acteurs que sur des effets gore dans tous les sens. Dans Dracula, Christopher Lee met une demi-heure avant d’apparaître à l’écran. Mais lorsqu’il apparaît, sa stature suffit. C’est assez marrant de voir que les films de la Hammer c’est beaucoup de bricole. Lorsque tu t’y intéresses un petit peu, tu t’aperçois qu’ils n’avaient pas beaucoup de moyens. D’ailleurs souvent c’était les mêmes décors qui étaient réutilisés dans plusieurs films. On faisait beaucoup de choses avec un peu de maquillage et le jeu d’acteur. Il y a certains de ces films qui n’ont absolument pas vieilli. Je suis tombé dedans lorsque j’étais relativement jeune et j’ai grandi avec ça. "The Werewolf" raconte l’histoire d’un loup-garou, la musique suit l’évolution du personnage et les paroles.

Certains titres sont faits pour être mis en images ?
Il y aurait des possibilités mais aujourd’hui il y a toujours le même souci de budget. Il faut effectivement choir la bonne chanson et les bons moyens pour réaliser un clip sans tomber dans le cheap. Rapidement avec le cinéma italien des années soixantes le risque a été de tomber dans la parodie. Là, tu te retrouves avec quelque chose qui fera plus rire que de porter son effet. Il faut bien calculer son coup. Mais on a des idées à ce sujet, on réfléchit à l’élaboration d’un deuxième clip. C’est pareil, il y a une vraie imagerie au niveau des Amérindiens, il y a des choses à faire. Mais il ne faut pas que tu aies l’impression de voir un clip avec des Indiens en carton pâte qui te fasse penser à la Mer de Sable.



Quel est le prochain morceau que tu as envie de mettre en avant ?
Déjà lorsque tu es dans la grande tradition des formations qui ont influencé mon enfance, il faut un peu de couilles car tu n’as pas intérêt à te planter. Il faut que ce que tu offres tiennes ses promesses. On a décidé d’écrire un morceau qui porte le nom du groupe un peu comme l’on fait Iron Maiden, Motörhead ou Helloween. Ce serait peut-être "Dreamcatcher". Mais on pense aussi à "The Werewolf", un titre qui traite du thème du loup-garou. On apporte un soin particulier à de nombreuses choses au sein de DREAMCATCHER, à la façon dont on enregistre, à de nombreux détails. On essaye aussi d’écrire des textes qui méritent d’être lus. C’est la même chose pour la pochette, on tente d’apporter quelque chose de qualité. Un clip c’est intéressant mais il faut que l’on se penche sur la façon dont on peut le réaliser et ce que l’on peut apporter pour faire quelque chose de sympa.

Est-ce que selon toi l’étape YouTube est fondamentale dans l’évolution de Dreamcatcher ?
Je pense que cela a un vrai intérêt pour les gens mais surtout pour les organisateurs qui veulent voir ce que vaut le combo sur scène. C’est pour cela que j’essaierai toujours de privilégier des vraies sessions live, quitte à mettre du matériel et avoir plusieurs angles de caméra pour pouvoir obtenir un montage sympa. Pour cela, la vidéo a un vrai intérêt. Après, le clip, parce que les gens n’ont pas suffisamment d’imagination… Pour cet opus nous avons choisi de sortir en avant-première une lyrics video, c’est-à-dire la musique avec les textes. Ce n’est pas juste pour être présent mais c’est aussi pour que le public lise les textes. L’image est importante, c’est certain, il faut avoir une visibilité sur YouTube, Facebook, avoir un site Internet… Il faut être partout. Mais je suis un nostalgique des années 80 où je kiffais en regardant une pochette de Dereck Riggs, je me faisais mon délire moi-même. Je n’avais pas besoin que l’on m’impose une image. Si tu te souviens, dans les années 80, la plupart des clips hard rock étaient pourris. Lorsque tu regardes les vidéos de Judas Priest, Saxon, c’est à mourir de rire ! A l’époque, l’image était déjà présente mais je pense qu’aujourd’hui il y a moins de place laissé à l’imagination.

Peux-tu nous en dire plus sur ce symbole que l’on peut voir sur la pochette ?
En fait ce que tu vois c’est un Dreamcatcher, un attrape-rêve. C’est un objet qui a été confectionné par les Amérindiens. Il y a une légende autour de ça, c’est un objet qui sert à filtrer les rêves, il est bienveillant. Tu le l’accroches au-dessus de ton lit et il laisse passer les bon rêves et retient les cauchemars. Dès les premiers rayons de soleil, il brûle les cauchemars, ils disparaissent et il ne reste que le bon. Comme je te l’ai dit tout à l’heure, "Blood On The Snow" parle d’un massacre, ce sont de vrais gens. C’est ce que l’on a voulu suggérer sur la pochette avec ces quelques gouttes de sang et lorsque tu la retournes et que tu vois les titres, là tu as beaucoup de sang. C’est notre façon de faire, on essaye à notre petit niveau de ne pas trop tomber dans les clichés. Mais cet objet que tu vois est un vrai Dreamcatcher, c’est le mien qui se trouve dans ma chambre. Il a été fait par des Amérindiens, des sioux du Dakota. Je l’ai acheté à Paris dans une boutique spécialisée. Je sais que l’argent que j’ai dépensé a été donné ensuite à l’artiste ou l’artisan qui les a fabriqués, c’est une vraie démarche.

Et c’est efficace ?
Je ne fais pas énormément de cauchemars et puis plus simplement j’aime bien le symbole. Je trouve que dans ce monde où il y a tellement de conflits, où beaucoup de formations jouent sur ce côté violent, j’apprécie le fait que pour une fois le symbole d’un groupe soit quelque chose de bienveillant.

Comment s’est déroulé l’enregistrement de "Blood On The Snow" ?
En fait les sessions d’enregistrements se sont faites dans plusieurs endroits différents. De nos jours, on a beaucoup plus de facilités et d’accès à la technique qu’auparavant où pour avoir quelque chose de décent il fallait obligatoirement passer par le studio. Nous, on est équipés en home studio, la batterie et les guitares ont été enregistrées de cette façon. Le chant et la basse ont été enregistrées dans un studio qui appartient à mon bassiste qui a monté son propre studio. Il joue aussi dans une formation qui s’appelle Wormfood. Notre idée était de sortir des pistes de très bonne qualité, très pro. Ensuite, comme le mixage ce n’est pas notre domaine, on l’a confié à Axel qui est le propriétaire du studio Walnut Groove Studio où des formations comme ADX ou Hürlement ont enregistré et mixé. On voulait qu’il y ait une vraie alchimie pour que l’on soit compris très rapidement. Ce que j’apprécie aussi chez Axel, c’est que tout reste à dimension humaine, on est des artisans. On le fait à l’ancienne et bien.

Pour conclure, qu’as-tu envie de rajouter à propos de "Blood On The Snow" ?
J’ai envie de dire aux gens que s’ils ont aimé le premier opus, qu’ils soient rassurés, on est toujours là et bien plus fort qu’avant. Et puis je souhaite que tous ceux qui ne l’on pas apprécié ou n’ont pas eu l’idée de l’écouter prennent la peine de le découvrir. Je pense que l’on a su créer quelque chose et que l’on est un peu à part sur cette scène française. Des formations de heavy qui font du thrash et qui ont de vraies références, il n’y en a pas tant que ça. On souhaite, comme le disait Axel du Walnut Groove Studio, que "Blood On The Snow" rencontre son public.

Vous êtes proches de la scène des années 80 !
Quelque part on est entre les deux, les musiciens avec qui je joue sont des gens qui ont des influences bien plus larges que ça. Mon batteur écoute à la fois du Dream Theater et du Meshuggah. J’ai un guitariste qui adore le heavy mais qui joue à coté dans un combo qui s’appelle Azziard. J’ai un bassiste qui officie dans un groupe de doom. J’ai un autre guitariste qui est fan de Pantera mais qui adore aussi les années 80. On est quelque part entre les deux. Mais oui, effectivement, "Blood On The Snow" va séduire le public qui est fan des années 80 mais je pense que c’est un peu réducteur de dire cela.

Merci beaucoup pour l’interview !
C’était cool, Pascal, merci.


Le site officiel : www.dreamcatcherfrance.com