Interview faite par mail par Rm.RCZ

Bonjour et merci pour votre temps ! Pour commencer doucement notre entretien, si je vous dis "France et musiques extrêmes", que me répondez-vous ? (Vous avez quatre heures)
Alkhemohr (basse) : Malheureusement, pas grand-chose. Je reste un peu nostalgique de groupes comme Agressor ou Imperial Sodomy. Glorior Belli demeure excellent... Nous n'avons que peu de contacts avec la scène française. La plupart de nos relations se trouve à l'étranger.

Plus précisément, DunkelNacht vient deu’ch’Nord. Alors, prend eun cayelle tisot et raconte-moi comment on zouke au pays de la consanguinité qu’est notre région commune ?
Heimdall et moi-même habitons dans cette jolie région pluvieuse mais le line-up est désormais complété par un chanteur hollandais et un batteur habitant dans l'Est de la France. Je ne suis donc plus très certain que DUNKELNACHT soit un groupe du Nord de la France.

"Empires Of Mediocracy" est le premier album de DunkelNacht depuis l’arrivée d’un nouveau batteur et d’un chanteur. Comment s’est déroulée leur intégration et leur participation à la composition de l’album ainsi qu’à la ligne artistique de DunkelNacht ?
Nous avions déjà fait nos armes ensemble avant l'enregistrement de notre nouvel album. En effet, deux EPs viennent compléter notre discographie entre "Revelatio" et "Empires Of Mediocracy". Heimdall a écrit la musique. J'ai écrit le concept, les textes et imaginé / chanté tous les placements vocaux. Tegaarst a recomposé et / ou amélioré les parties de batterie et M.C Abagor s'est approprié les textes, placements et tessitures.

Du fait de ce changement de line-up, y avait-il une appréhension de la réception de l’album par les fans ?
Absolument pas. Nous sommes curieux mais jamais stressés en attendant la réaction des fans. Pour ainsi dire, nous n'y pensons jamais lors de la création d'un album. C'est d'ailleurs peut-être l'une des raisons pour laquelle nos morceaux sonnent "vrais". Nous nous exprimons par besoin et par plaisir et non pas dans l'intention première de plaire. Bien évidemment, nous sommes heureux si c'est le cas.

Doit-on donc voir "Empires Of Mediocracy" comme un tournant dans la carrière de DunkelNacht ?
Je le pense. Bien que les deux derniers EP soient assez révélateurs de la tournure qu'a pris le groupe, il s'agit tout de même ici d'un album. DUNKELNACHT a trouvé sa voie.

Quel est le concept d’"Empires Of Mediocracy" ?
"Empires Of Mediocracy" traite des systèmes d’oppressions, qu'ils soient sociétaux, culturels ou religieux. L'idée était d'analyser le monde au sens large sous forme expérimentale. L'album tend à conclure que les hommes sont catégorisables, bien qu'il soit important de les persuader d'une certaine forme de singularité. Le concept démontre également que le monde tourne sans cesse autour des mêmes mécanismes et ne se renouvelle pas ou très peu.



D’ailleurs, pourquoi ce titre "Empires Of Mediocracy" ?
Les victimes de l’oppression ont une grande part de responsabilité. Cette dernière tient au fait de leur manque de réflexion et de curiosité mais aussi à une certaine forme de complaisance. Peuple et dirigeants participent donc au développement des empires de la médiocrité.

Peut-on interpréter l’artwork très illuminati à la lumière de ce concept ?
Cet artwork représente le monde des hommes et de ses tyrans, l'éternel recommencement et le poids de forces qui nous dépassent. Il a été réalisé par Lapartdombre, un excellent artiste de notre région commune. C'est la première fois que nous obtenons un artwork entièrement fait à la main et les écritures ne font pas exception : elles sont l’œuvre du calligraphe Charles Boisart. Je conseille vivement à tes lecteurs d'aller regarder le travail de ces deux surdoués du crayon.

Musicalement, ai-je tort si je pense qu’"Empires Of Mediocracy" est plus sombre et oppressant que ses prédécesseurs ?
Je le pense aussi. C'est, à mon sens, un album beaucoup plus violent de part son ambiance. A contrario, il s'avère être également plus mélodique.

"Empires Of Mediocracy" fait également la part belle aux ambiances en tous genres. Comment les avez-vous travaillées et incorporées au son ?
Elles sont toujours créées et incorporées en fin de process. Je pense que l'album se doit d'être déjà abouti pour pouvoir y ajouter ces derniers détails car ils viennent créer une unité entre chaque morceau.

Qu’en est-il du mix et du mastering de cet album ?
Le mix et le mastering sont entièrement l’œuvre d'Heimdall. Nous avons décidé, déjà avant l'enregistrement de notre premier EP, de rendre DUNKELNACHT totalement indépendant en termes artistiques. Nous avons désormais notre son.

Pour analyser quelques titres, "The Necessary Evil" réfère-t-il à l’Homme ?
C'est un morceau qui traite des quelques trop rares rebelles qui refusent de suivre l'ordre établi. Ces derniers s'avèrent néanmoins nécessaires au maintien de l'animosité du peuple.

"DunkelNacht – Amongst The Remnants Of Liberty", quant à lui, peut-il être vu comme un hommage au groupe lui-même ?
Ce morceau est assez personnel. Il aborde la thématique de désenchantement social, de la solitude et de la dépression mais aussi celle des relations humaines.

Enfin, dernier titre pour aujourd’hui, pourquoi avoir choisi de révéler "Non Canimus Surdis", le dernier titre de cet album, comme single ?
"Non Canimus Surdis" a été composé en dernier et assez rapidement. Il a eu pour objectif de remplacer un autre morceau n'ayant pas réellement sa place au sein de cet album. Il a également fait partie d'une tournée ayant eu lieu avant la finalisation d'"Empires Of Mediocracy". Il s'avère être relativement court et très efficace.



L’album est très solide. Comment donc résumer "Empires Of Mediocracy" : comme 48 minutes de pure black death à tendance mystique ?
Je pense que tu as répondu à ta propre question. C'est un album conceptuel de black / death très sombre, ambiant et mélodique.

"Empires Of Mediocracy" est d’ores et déjà en écoute libre. Quels sont les premiers retours que l’album a pu expériencer ?
Ils sont excellents ! Nous avons déjà reçu beaucoup de chroniques et aucune n'a été négative. La plupart même sont très élogieuses. Nous sommes heureux de voir que le retour du public est le même. Tout le monde semble ravi et nous le sommes également.

La diffusion de l’album est assurée par le label Non Serviam Records. Pouvez-vous revenir sur cette collaboration ?
Je pense que DUNKELNACHT avait besoin d'un vent nouveau. Nous étions satisfaits par le travail de notre précédent label mais avec Non Serviam Records tout est différent. Le label discute énormément avec le groupe. Nous nous parlons tous les jours ou presque, les relations sont plus marquées et nous travaillons main dans la main. Une entière satisfaction, et ce après quelques mois de collaboration seulement.

La dernière fois, une date de DunkelNacht a été annulée par les organisateurs faute de réservations suffisantes. La scène française se meurt-elle ?
Je ne pense pas que le problème soit français. En l’occurrence, ce concert était organisé en Hollande. Pour autant, il est certain que la scène rencontre d'importantes difficultés. On verra bien comment les gros festivals arriveront à gérer leur business (car c'en est un !) lorsque les éternelles mêmes têtes d'affiches n'existeront plus... A mon sens, le fait de promouvoir sans cesse l'ancien et ceux qui n'ont d'ailleurs plus réellement besoin de promotion, fait partie du problème. La nonchalance d'une partie du public également. Certainement aussi le fait que les concerts soient parfois transformés en une sorte de réunion de bobos où la musique devient un prétexte à la fête.

Plus précisément, entre la fermeture du Biplan, du Diablo, de l’Artgressif ou de la Péniche, l’état de santé des scènes lilloises est préoccupant. Quel est votre point de vue là-dessus ?
Comment ne pas penser que tout cela est bien triste ? Pour autant, si les petits concerts étaient toujours bondés il n'y aurait pas de fermetures. Les gens préfèrent souvent les supermarchés aux petits commerces. Peut-être bien qu'avec la musique c'est pareil... Pour ma part, je m'adresse aux résistants, aux vrais fans (et il y en a !). Les autres ne m'intéressent pas.

En définitive, plus que jamais DunkelNacht fait régner une nuit sombre sur ses auditeurs ?
Je l'espère ! Crois moi, ce n'est pas terminé...

Comme le veut la tradition, je vous laisse le dernier mot...
Un grand merci à toi et à French Metal qui nous a toujours soutenus avec cette impartialité qui lui fait honneur. Un grand merci à celles et ceux qui nous achètent notre merchandising et nos albums en format physique. Vous aidez grandement les groupes et, au-delà de ça, vous nous faites plaisir.


Le site officiel : www.dunkelnacht.info