Interview faite par mail par Matthieu

Salut et merci de nous accorder un peu de ton temps ! Pourrais-tu présenter un peu le groupe à quelqu’un qui n'aurait jamais entendu parler de vous avant ?
Jen (chant) : Salut tout le monde ! Alors DUST IN MIND est né en 2013 avec Damien qui souhaitait créer un projet metal industriel. Il a ensuite cherché une chanteuse, et après avoir sorti notre premier EP, nous avons formé le groupe. Suite à cela nous avons sorti l’album “Never Look Back”. S’en est suivi des concerts, notamment le support de Machine Head, et le tremplin Wacken Open Air. Pour l’album suivant, nous voulions quelque chose de plus “groovy”, plus efficace, et de cela est né notre dernier album “Oblivion” qui est sorti le mois dernier !

Comment écrivez-vous les chansons dans Dust In Mind ? Est-ce que les membres fondateurs ont un poids supplémentaire ?
Absolument. Les textes sont ecrits par moi-meme uniquement. Damien s’occupe de toutes les compositions, et je m’occupe des textes. On procède comme cela depuis le debut. C’est plus efficace. Cela ne veut pas dire que les membres du groupes n’ont pas leur mot à dire, au contraire. Mais les 95% du travail sont faits par Damien et moi. Concernant les paroles, c’est purement autobiographique. Je ne parle que de choses réelles que j’adapte. Damien me présente le morceau, totalement fini, puis je pose mes paroles dessus. C’est beaucoup plus fluide, et de cette façon je sais de suite dans quelle direction je dois aller.

Comment avez-vous vécu le départ de deux des membres l’an passé ?
Le départ de deux membres est toujours compliqué à gerer. Un membre a decidé de partir, faute de temps à investir dans le groupe, sachant qu’il avait un autre projet à côté, c’est normal. Et il ne voulait pas nous ralentir, il a donc pris la decision de partir. Nous étions tristes parce que c’est un super batteur (Arnaud / Absurdity), mais il le fallait et nous comprenions totalement sa decision. Concernant notre bassiste, c’est nous qui l’avons renvoyé du groupe pour raisons personnelles. Une bonne partie de l’album “Oblivion” parle de cette personne.

Comment vous est venu l’idée de mixer deux types de voix, celle de Jen et celle de Damien ?
Pour changer tout simplement. Il y a pas mal de groupes qui alternent les chants feminins et masculins, mais pas dans notre style de musique. Et nous voulions une image de “La Belle et la Bête”. Et donner un côté plus accessible au groupe avec mon chant clair.



Le fait d’avoir un chant féminin commence à se développer dans le metal, comment vis-tu cette différence ?
Absolument ! Et je suis assez contente ! Les esprits s’ouvrent et cela fait du bien. Ce sera toujours compliqué d'être une femme dans le metal, mais honnêtement, je ne vis pas cela comme un fardeau non plus. Cela prend juste beaucoup plus de temps. On est moins crédibles au debut. On nous donne une étiquette avant même de nous écouter. Du coup, le travail est beaucoup plus long. Mais je constate que pas mal de groupes à chanteuse sortent du lot récemment et ça fait plaisir à voir !

Le rythme des sorties est assez soutenu (tous les deux ans environ), d’où vous vient cette inspiration ? Qu’est-ce qui vous inspire en général ?
En effet en tant que nouveau groupe, on ne peut pas se permettre de “souffler”. Avoir un rythme aussi soutenu est vital aujourd’hui pour un groupe. En tout cas pour un nouveau groupe. Il y a beaucoup, beaucoup de groupes, et le fait de relâcher la pression rien qu’un petit peu, pourrait nous faire retomber dans l’oubli aussi vite. C’est pourquoi nous cherchons à proposer régulièrement des contenus, à développer une identité visuelle, à ne pas lasser le public en sortant un nouvel album maximum tous les 2 ans. Nous commençons déjà a travailler sur le prochain. Les thématiques abordées sont très variées. Je parle de choses dans l’EP dont je reparle dans "Oblivion". C’est très aléatoire. Et niveau composition, Damien peut s’enfermer dans le studio des jours entiers avant de finir un morceau. Il a des moments où l'inspiration lui vient tout seul. Des riffs lui viennent en tête et il brode autour. Quand il est lancé, je sais qu’il va enchaîner plusieurs morceaux d’un coup.

Qu’est-ce qui fait qu’une chanson sera plus ou moins calme ? Est ce que les paroles sont la véritable force de la chanson, ou juste un “instrument” supplémentaire ?
Les paroles ne sont pas du tout la base du morceau. Le fait que la chanson sera plus ou moins calme dépendra uniquement de ce que Damien veut faire ressentir. Et je m’adapte ensuite. Je le sens de suite quasiment dès la première écoute. Je sais dans quelle direction il veut aller, et je pose mes textes ensuite.

Qu’est-ce que ça fait de tourner avec Pain ? C’est un groupe que vous revendiquez comme une de vos principales influences.
Totalement ! Peter Tägtgren est l’homme qui a donné envie à Damien de faire de la musique. Tout simplement. Du coup on sent pas mal de Pain dans nos morceaux et c’est la direction dans laquelle nous voulions aller. Bien sûr nous avons notre côté “groovy” qui a une grande part dans nos compositions, mais Pain reste notre influence majeure. Quand nous avons appris que nous partions en tournée avec eux, c’etait très bizarre. On y croyait à peine. On a réalisé cela uniquement en arrivant au tourbus ! C’etait une expérience magique. Pour Damien, comme pour nous tous, c'était superbe ! Peter est un homme extra. Humain. Qui se préoccupait beaucoup de notre bien-être. En plus d’être un musicien énorme, c’est une homme genial. Nous avons tissé beaucoup de liens avec le groupe et le crew. Et nous n’avons qu’une seule envie, repartir avec eux à nouveau !

Je vous ai personnellement découvert avec le Hellfest Cult pour le tremplin 2016, que retirez-vous de cette expérience ? Est-ce que ça a permis au groupe d’acquérir une notoriété supplémentaire ?
Je suis ravie de le savoir ! Parce que justement je n’en ai aucune idée haha ! Je n’ai pas l’impression que cela nous ai vraiment aidés, mais pour nous c’etait une sacrée expérience ! On en revenait pas à chaque fois qu’on voyait qu’on finissait dans le haut du tableau ! On l’a vraiment fait à fond, dans les règles, on voulait montrer qu’on était un groupe plutot pro, ça s’est ressenti et j’en suis contente ! On avait un parrain super et on a rencontré des personnes geniales !

Qu’est ce qu’une tournée européenne change pour un groupe relativement récent comme Dust In Mind ? Que ce soit au niveau de la gestion, de l’organisation, du matériel, du merch... ?
Nous étions plutôt bien organisés en fait ! On ne s’attendait juste pas à ce que ce soit autant la galère en arrivant aux frontières russes, moldaves, ukrainiennes ou serbes haha ! Mais avec le recul c’est plutôt marrant ! Niveau materiel, on était plutôt contents, Pain n’etait pas chiant du tout, on pouvait plutôt faire ce que l’on voulait dans l’ensemble. Pareil pour le merchandising. Durant cette tournée, on a beaucoup appris sur chacun de nous. C’est dans ces moments-là que l’on voit les priorités de chacun, la motivation et la hargne. Pour Damien et moi, c’était le challenge de notre vite, on a mis la barre très haut volontairement. Maintenant nous sommes encore mieux rodés. Chacun a un rôle avant de monter sur scène, et en sortant de scène. On ne peut pas trouver plus formateur qu’une tournée.



Quel est ton dernier coup de coeur musical, français ou non ?
Nos deux groupes d’influence ont sorti un album : Korn et Pain. Du coup je suis gâtée ! Sinon un gros coup de coeur pour Jinjer ! Et hors metal en ce moment j’ecoute pas mal de groupes à la Carpenter Brut.

La tournée de tes rêves ?
Pain, Machine Head, Lacuna Coil ? (sourire)

Tu préfères une rythmique lourde à souhait ou un solo épique ?
Il y a quelques années je t’aurais repondu un solo épique. Je me vois encore à mimer les solos du groupe Edguy dont j'étais une grande fan ! Aujourd’hui, je préfère une rythmique lourde, simple, et plus efficace.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune groupe de metal qui décide de se lancer en France ?
Deux choses. Tout d’abord de se trouver une réelle identité. Apporter quelque chose de neuf. Et aller à fond dans cette direction. En développant autour une identité visuelle. Quand tout est posé, ne rien lâcher. Et faire preuve de patience. Deuxième point… Ca va faire grincer des dents mais c’est pourtant vrai… Ne pas hésiter à aller s’exporter au-delà des frontières le plus vite possible. Nous avons vraiment été confrontés à cela personnellement. Nous vivons à Strasbourg, donc à la frontière allemande. Et on voit que dans tous les autres pays, le public, les promoteurs soutiennent avant tout LEURS groupes. Ce n’est pas le cas en France… On commence tout juste à être un petit peu crédible chez nous, parce que nous arrivons à faire nos preuves ailleurs.. Le public francais est très difficile et va plutôt soutenir un groupe quand il aura pris conscience de son potentiel en voyant qu’il fait son chemin ailleurs.

Je te laisse ajouter quelques mots pour conclure !
Merci French Metal. Encore une fois ! Pour tout votre soutien ! Merci au public ! A ceux qui ont cru en nous ! Nous venons tout juste de rentrer de tournée, et nous avons un peu de mal à redescendre, après avoir réalisé un de nos plus gros objectifs. On espère vous voir très vite en France !!! (sourire)


Le site officiel : www.dustinmind.com