Interview faite par Skype par Aurélie P. Lawless

Les conversations Skype peuvent parfois donner lieu à des choses un peu étranges. C'est ainsi que mon second échange avec mon ami Olof (la-fille-qui-se-la-raconte-à-peine), chanteur / guitariste d'Enforcer, débute. Et il commence de manière singulière, puisque je le surprends en train d'essayer de siffler à travers le capuchon d'un stylo. Malgré la vaine tentative, je l'encourageai de manière véhémente à retenter sa chance plus tard lors de l'enregistrement du successeur de "From Beyond". Il promit qu'il le ferait, le rendez-vous est donc pris.

Une âme charitable, toi en l’occurrence, m'a récemment informée qu'Enforcer était entré dans les charts allemands. Tu t'y attendais ou pas du tout ?

Olof Wikstrand : Non je ne pense pas que c'est une chose à laquelle je m'attendais. Je n'ai jamais espéré avoir un quelconque succès... Si les petites choses que nous faisons à notre échelle sont appréciées par les gens, c'est déjà très bien selon moi. Cependant, je pense que l'une des choses principales pour accomplir cela, c'est d'abord d'être satisfait de nous-mêmes. Sinon ça ne peut pas marcher. Mais c'est toujours très appréciable d'avoir un retour positif sur ce que nous faisons, forcément.

Tiens, on dirait que tu as changé sensiblement ton discours ! Lors du premier entretien tu avais plutôt tendance à dire que tu te fichais de ce que les gens pensent. Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?
Non en fait je dis la même chose ! (rires) La première chose pour nous c'est que l'on soit satisfait de ce que l'on fait. Le reste passe clairement au second plan même si on ne l'ignore pas non plus. Mais c'est beaucoup moins important que notre propre satisfaction. Après s'il y a des gens à qui ça plaît, tant mieux, mais ce n'est pas l'objectif. Je pourrais aussi le dire comme ça : si je voulais vendre autant de disques que possible, alors je ne ferais pas du tout ce type de musique.

Si tu devais décrire Enforcer et "From Beyond" à quelqu'un qui ne connaissait pas le groupe avant, comment tu t'y prendrais ?
Hm... Je dirais que... C'est... Si tu... Merde ! (rires) C'est super dur comme question, t'es pas cool ! (rires) Parce que forcément moi je connais le groupe, et tu me demandes de ne pas jouer mon rôle ! Du coup je ne sais pas... Je nous décrirais comme... Les vrais sauveurs du heavy metal du 21e siècle ! Enfin l'idée avec le groupe c'est de proposer quelque chose de "vrai". Pas de la soupe musicale commerciale moderne je sais pas quoi.



Ca te dirait de jouer dans des pays dits "difficiles", "dangereux" ?
Oui. Franchement oui. De la façon dont je vois les choses, plus le pays est compliqué et dangereux, plus le public est mieux, plus sauvage ! Genre comme en Amérique du Sud, dans certains endroits totalement reculés du monde, dont tu n'avais même pas idée que ça puisse exister. J'ai vu des choses, vraiment... Mais c'est cool ce type d'expériences ! Bon après, parfois c'est aussi appréciable quand tout se déroule de manière professionnelle, sans bavure, mais... Quand il s'agit du public, plus il est déchaîné, mieux c'est ! C'est ce qu'il y a de mieux en tant que musicien, de voir une audience survoltée. Et de manière générale, ce sont ces personnes venant de ces pays-là qui le sont le plus. Il y a une énergie incroyable, ils sont à fond.

J'imagine que tu dois avoir une idée de quel est le meilleur public que vous ayez jamais eu du coup ?
En effet, et c'est le public chilien, sans aucun doute. Mais ça c'est pour l'Amérique du Sud. En Europe il y en aussi des extraordinaires, notamment au Portugal, en Grèce, Pays-Bas, Allemagne de l'Ouest... Après c'est différent partout évidemment. Je me rappelle d'un bon show qu'on avait fait en France dans une ville située au Nord... Mais je ne me rappelle plus du nom, tu peux m'aider ?

Lille ? Au hasard ?
C'est ça ! Lille ! C'était sympa. A Paris ou Londres c'est bien aussi mais les gens sont plus... Comment dire... Relax, bras croisés. C'est pas la grosse folie si tu vois ce que je veux dire (rires) ! Mais je n'ai rien de mal à en dire, ce sont juste des ambiances différentes.

Refaisons un petit point sur l'album si tu le veux bien. Tu composes les paroles ou la musique en premier ?
D'habitude je pense que c'est la musique. Le riff pour poser la base, l'idée de départ, et ensuite on développe autour de ça. On peut ajuster les phrases en fonction ensuite. Après, ça varie aussi, il n'y a pas de réponse type pour ça j'imagine. A la base, ça semble juste plus naturel de poser d'abord la musique et de se concentrer là-dessus, sur un son qui te plaît.



Parmi tous tes albums, quelle chanson à tes faveurs plus que les autres ?
Elles ont toutes mes faveurs ! Chaque chanson ayant figuré sur un de nos albums un jour, ont été faites et placées ici pour une raison qui leur est spécifique ! Il n'y en a pas une meilleure qu'une autre. Je veux dire, quand tu enregistres un album, et donc des chansons, et qu'il y en a une que tu aimes moins ou qui n'est pas à la hauteur des autres, tu peux difficilement te dire "Oh celle-là est moins bonne mais je vais la mettre quand même !". Ce n'est pas possible ni logique (rires) ! Je veux bien reconnaître cependant que parfois quand j'écoute certaines chansons des précédents albums, je me dis que je les aurai faites sonner différemment. Mais bon, sur le moment présent, tu fais ce qui te semble le plus juste. Je ne peux juste pas dire que je préfère une chanson en particulier !

Bon et tu me promets que tu vas faire un petit passage à Paris un de ces quatre histoire que je vienne te voir sur scène quand même ?
Oui ! Je ne connais pas encore tous les tenants et aboutissants pour le moment mais j'espère que ça va se faire, et il faudra absolument que tu sois là. C'est non-négociable !


Le site officiel : www.enforcer.se