Interview faite par mail par Matthieu

Merci de prendre de ton temps pour répondre à nos questions, peux-tu te présenter s’il te plaît ?
Adam (chant / guitare) : Adam Buszko , chanteur et guitariste d’un groupe de metal extrême appelé HATE.

Comment décrirais tu l’univers de Hate à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler du groupe ?
La voix de l’impie blasphème depuis le premier jour.

Tu es le seul membre à avoir été présent depuis le début du groupe, es-tu toujours le seul qui compose les chansons de Hate ?
J’arrive avec les idées principales pour la musique et les paroles, et je travaille dessus en détail avec le batteur. L’étape suivante inclut les autres membres qui prennent leur place dans le processus. Pour le moment, HATE c’est moi et Pavulon . On crée la musique qui transcrit notre vision des choses à travers le groupe. Les deux autres membres collaborent de très près avec nous, particulièrement quand il s’agit de tourner, mais en studio aussi. Ils sont d’excellents musiciens, mais ils n’ont pas une vision du groupe aussi profonde que nous l’avons. Donc pour le moment, ils restent associés.

Il y a plus d’éléments progressifs et d’introductions sur "Tremendum", est-ce une nouvelle voie à explorer ?
Nous n’enregistrons jamais deux fois le même album. On essaie toujours d’améliorer ce que l’on fait avec le temps. Il est nécessaire de changer la façon dont tu délivres ton message en vue de mieux t’exprimer dans le sens que tu veux. Le nouvel album est un pas plus loin dans les limbes de son des ténèbres et il est, je pense, meilleur que le précédent, "Crusade: Zero". Je pense que certaines personnes doivent re-découvrir HATE après avoir écouté "Tremendum", parce que cet album a clairement de nouvelles vibrations et de nouvelles caractéristiques. Nous n’avons pas édité les pistes de batterie et guitare du tout, donc c’est plus fidèle à la manière dont on le joue en répétition ou sur scène.

 Dans chaque titre de Hate, on retrouve une rythmique rapide et des harmoniques ou une guitare lead atmosphérique. Est-ce que c’est simple de combiner les deux ?
Créer une musique nouvelle est toujours un périple, ça prend du temps et ça nécessite des efforts. D’habitude on fait quelques versions de chaque titre et beaucoup de projets d’arrangements. Chaque titre est traité individuellement. La structure et la technique sont importants, mais une fois que tu sais comment construire une structure, les autres choses commencent à jouer un rôle. Quand je compose, je me demande souvent si un titre ou un morceau se réfère à mes émotions. Si ça n’est pas le cas, je le change ou je l’abandonne. Je pense que la musique c’est évoquer des émotions et mettre en oeuvre des énergies qui sont inaccessibles autrement.

Parmis tous les titres de Hate que tu as composés, lequel est ton préféré ? Peux-tu expliquer pourquoi ?
Je n’ai pas de titre préféré. Je pense que chaque album contient des pépites, des titres qui correspondent le mieux à notre style. Je pense que "Tremendum" a au moins quelques titres, "Asuric Being", "Indestructible Pillar", "Into Burning Gehenna", "Numinosum" pour n’en donner que quelques uns. En y repensant, je dirais qu’"Anaclasis" (2005) et "Erebos" (2010) sont les albums qui définissaient le mieux notre style par le passé.

De la Pologne, on connaît principalement Behemoth, Vader, Hate et Harakiri For The Sky, est-ce qu’il y a des groupes plus underground que tu aimes ?
La scène metal polonaise est très active, avec de nouveaux groupes qui apparaissent sans cesse. A côté de cette vague des principaux groupes de metal extrême que tout le monde connaît, il y a une nouvelle vague de black metal (ou mieux, de post-black metal) avec des groupes comme Mgla, Batushka et d’autres qui se font maintenant une réputation internationale. La scène metal polonaise est phénoménale dans ce contexte.

Comment te sens tu quand tu es sur scène ? Comment le corpse paint améliore ta performance live ?
Le corpse paint (que j’appelle plutôt peinture de guerre) c’est pour nous et pas pour le public. Il y a des éléments mystiques là-dedans. On peint notre visage parce que ça nous aide à nous concentrer sur ce qui vient et ça rassemble l’énergie autour de nous. Tu arrives à un état d’esprit où tu es totalement concentré. Ta motivation est plus forte et ton lien avec les autres membres est plus ferme. Dans cet état, tu puises l’énergie d’ailleurs, une source qui dépasse l’entendement et qui est inaccessible autrement. Un concert est fait pour être un réservoir énergétique et c’est vers ça que nous tendons toujours.

La première (et malheureusement pour le moment) dernière fois que je vous ai vus était pendant la tournée avec Vader et Shredhead, en 2015. Est-ce qu’il y a un souvenir précis de tournée que tu voudrais partager avec nous ? De cette tournée ou d’une autre.
En fait, chaque tournée est une histoire séparée avec ses moments bizarres, difficiles ou drôles. Je me souviens de la tournée la plus extrême que nous ayons fait jusqu’à ce jour. C’était une tournée en Amérique du Nord, les deux côtes et le Canada. En fait, c’était deux tournées qui se combinaient en une seule. On a joué plus de 90 concerts d’un coup. C’était comme un gros marathon, un effort extrême… on a survécu uniquement grâce à la vodka et d’autres substances. A la fin de la tournée j’étais totalement crevé mais quelque part… J’ai adoré !

Qu’est-ce qui est le plus important pour toi, un riff lead épique et atmosphérique ou une rythmique puissante ?
Les deux éléments sont aussi importants, tout comme d’autres que tu n’as pas mentionné comme les arrangements vocaux et la signification d’une chanson. La musique est un outil pour véhiculer un message. Ce qui est toujours le plus important pour moi, c’est le but derrière tout ça, pourquoi ça a été créé et pas vraiment comment ça l’est.

D’où te vient l’inspiration ? A la fois pour les paroles et pour la musique.
Si on parle de "Tremendum", la plupart de l’album est liée au paganisme, au pré-christianisme, au monde slave et en quelque sorte un retour aux sources du pays dans lequel nous vivons. J’ai senti que c’était important parce que ce domaine est comme un monde perdu, presque entièrement inconnu des gens d’aujourd’hui. Ses valeurs et sa philosophie ont été détruites et enterrées lorsque la civilisation chrétienne est arrivée. Une bonne partie a été découverte au cours des deux dernières décennies et je pense que c’est vraiment quelque chose qui mérite qu’on s’y intéresse. C’est un immense héritage.



Pourquoi as-tu choisi de faire du metal en tant que professionnel ?
Le metal m’a toujours appelé, aussi loin que je me souvienne. C’est une forme directe et puissante d’expression dans la musique. C’est un peu comme enraciné à moi et mon âme. J’ai compris il y a quelques temps que c’est quelque chose pour laquelle je voudrais travailler à vie. C’était tout un processus. Je pense que c’est seulement il y a quelques années que j’ai décidé de m’en immerger totalement et maintenant c’est la seule chose que je fais.

Quel était le premier album de metal que tu aies obtenu ? Acheté toi-même ou que l’on t’ait offert.
Je pense que c’était "Highway To Hell" d’AC/DC. Je ne suis pas certain que ce soit le tout premier, mais c’est du moins le premier qui m’a fait un choc. Après sont venus d’autres trucs comme "Don’t Break The Oath" de Mercyful Fate, "Powerslave" d’Iron Maiden, "Show No Mercy" de Slayer et "Pleasure To Kill" de Kreator, etc…

Quelle est la preuve d’admiration la plus folle que tu aies reçue d’un fan ?
Quand j’étais en Russie et au Mexique, j’ai vu un tas de ce que tu appelles “folle preuve d’admiration”. Un exemple des plus spectaculaires, c’est un homme d’affaires russe qui est venu à notre concert en costume cravate. Après le concert, il est venu en coulisses et il nous a invités dans un club qu’il tenait. A un moment, il a clairement demandé de combien de prostituées on avait besoin pour la nuit. C’était supposé être gratuit. Voilà... c’est la Russie !

Imagine que tu es tourneur et également musicien, tu peux choisir trois groupes avec qui tourner, qui seraient-ils ?
Nous sommes d’accord de tourner avec chaque groupe que nous respectons. Mais si tu me demandes… hmm je pense que ce serait sympa de tourner avec Emperor, Cannibal Corpse et (encore) avec Mayhem.

Je te laisse les derniers mots, merci encore pour ton temps.
Merci pour tes questions. C’était sympa ! Nous envoyons nos salutations à nos fans de France et de Belgique. J’espère que vous adorez notre nouvel album "Tremendum".


Le site officiel : www.hate-metal.com