Interview faite par mail par Murderworks

Salut les gars, ce nouvel album s'appelle "Negative Sun" et fait entendre un caractère plus épique à votre musique avec des ambiances plus fortes et plus sombres. Est-ce qu'il y a un concept derrière cet album ?
Chris Cesari (guitare) : Salut ! Alors un concept, pas vraiment. En revanche toutes les chansons de cet album sont reliées par un thème en effet assez dark qui est pour résumer, le combat intérieur que chacun d’entre nous mène contre cette partie sombre qui dort dans chacun d’entre nous. Comment on réussit plus ou moins à la maîtriser au fur et à mesure des évènements qui surviennent au cours de notre vie.

Si on sentait déjà pas mal de sonorités différentes dans votre musique sur les deux précédents albums on entend cette fois une froideur parfois proche du black metal dans certains leads ou arpèges. C'est une évolution qui s'est faite naturellement ou ce sont les thèmes que vous vouliez aborder qui vous ont guidés vers ça ?
Musicalement on ne s’est imposé aucune limite sur cet album, c’est ce qui le rend à la fois riche et varié. Beaucoup plus que les précédents. Chacun d’entre nous a des influences différentes qui vont du black metal à la pop anglaise, en passant par la musique classique, ou le rock progressif et ces influences sont ressorties naturellement lors de la composition de cet album. C’est donc vraiment le disque qui retranscrit le mieux notre personnalité.

Qui a réalisé cette très belle pochette ? Elle tranche totalement avec celle de "Resilience" à la fois par le fait qu'elle est en noir et blanc mais aussi parce qu'elle dégage une aura plus sinistre et inquiétante.
Eh bien c’est la même personne que celle qui a réalisé "The Resilience" ! En l’occurence Flow du Chromatorium. On voulait une pochette en noir et blanc, assez épurée, pour rester dans cette thématique, la dualité entre cette part sombre et la lumière qui émane de chaque être humain. Flow comprend exactement ce qu’on veut et il est très investi dans le processus créatif des visuels puisqu’il amène de supers idées à chaque fois.



 Une fois de plus le son est énorme, puissant et organique. Qui l'a produit et est-ce que la situation sanitaire vous a posé des problèmes pour l'enregistrement ?
On a enregistré cet album chez notre ami Sebastien Camhi du Studio Artmusic dans le Var. Seb a également assuré le mixage du disque. Quand on arrive en studio, on a une idée assez précise de ce à quoi ressemblera le disque car on travaille énormément sur les préprods en amont. Bien sûr il arrive que certaines choses changent en studio car il y’a l’inspiration du moment, et Seb propose parfois aussi de bonnes choses. Bizarrement la situation sanitaire a été plutôt un avantage pour nous car elle nous a permis de passer quasiment deux mois en studio à cause des désistements causés par le Covid. On a donc pris le temps d’expérimenter et de faire sonner ce disque exactement comme on voulait qu’il sonne.

Est-ce que les différents confinements ont eu un impact sur votre façon de travailler ? Est-ce que la conception de "Negative Sun" a rencontré des obstacles particuliers ?
Le plus gros de la composition s’est fait durant le premier confinement de Mars et Avril 2020. On peut dire que cet album a quasiment été composé en deux mois. Kev (Kévin Geyer, chant / guitare) et moi nous sommes enfermés dans mon home studio pour composer et enregistrer les démos des morceaux. On a également fait un peu de travail à distance, en s’envoyant des fichiers, des riffs etc. Du télétravail quoi ! Comme je te disais on n’a pas vraiment rencontré d’obstacle. Au contraire les confinements successifs nous ont permis de dégager du temps pour travailler sur tous les aspects de cet album.

Pour le clip de "Wings Of Judgement" vous avez choisi un cadre qui tranche bien avec l'agressivité du morceau. D'ailleurs où l'avez vous tourné et avec qui ? Dans les deux clips que vous avez fait pour "The Messenger" et "Septic Melody" on vous voit porter un masque à l'effigie du personnage de la pochette. Cela donne un côté inanimé, sans vie à ce visage, c'était l'effet voulu ? Cela fait penser à une armée de clones, ou de disciples de je ne sais quoi qui auraient laissé leur libre arbitre au placard.
Le clip de "Wings Of Judgement" a été tourné à l’Opera de Nice par Benjamin Bachelard. On a choisi ce lieu car on voulait en endroit qui soit majestueux et épique et qui colle parfaitement à la musique. On a également deux danseurs qui ont tourné avec nous, le but étant de faire cohabiter toutes ces formes d’art différentes. Le résultat a beaucoup plu et je pense qu’il est réussi. Le personnage masqué est une personnification de cette part sombre que l’on a en nous. Ce côté inanimé, dépourvu d’émotions, le rend effrayant.

On peut entendre Rasta de Decapitated sur "Twisted Sacrifice", vous l'avez contacté directement ou vous l'aviez croisé en tournée ? Je suppose qu'il a enregistré ses parties de son côté ?
Oui, on a tourné avec Decapitated en Février 2019 et nous avons depuis de supers rapports, notamment avec Vogg et Rasta. Nous leur avons proposé de participer à ce titre. Malheureusement, pour Vogg ça ne collait pas avec son emploi du temps qui est très chargé, mais Rasta a pu enregistrer ses pistes. Il l’a fait depuis chez lui, exactement. Le résultat est incroyable. Comme on le dit souvent, on a l’impression qu’un T-Rex débarque dans la chanson.



Vous nous disiez pour la sortie de "The Resilience" que quelques portes commençaient doucement à s'ouvrir hors de nos frontières. Du coup cette signature chez Atomic Fire devrait vous permettre de toucher plus facilement les gens en dehors de la France. Vous sentez déjà une différence ? Peut-être de nouvelles opportunités de concerts justement ?
Bien sûr. Avec "The Resilience" cela commençait timidement, ce qui nous a permis notamment de jouer au Metaldays en Slovénie ou au Resurrection Fest en Espagne. Mais la signature chez Atomic Fire nous apporte des perspectives différentes. Nous le voyons déjà quant au nombre de chroniques, d’interviews que nous réalisons, qui viennent de quasiment tous les continents du monde. Tout le monde est ultra enthousiaste à propos de l’album et c’est un plaisir infini d’en discuter avec autant de gens d’horizons différents.

Les concerts semblent reprendre tout doucement du coup est-ce qu'on pourra bientôt vous voir en live ?
Oui, la scène recommence à bouger et j’espère que le succès du Hellfest aura été un déclic pour beaucoup de monde, autant du coté du public, des artistes que des organisateurs ou associations. Cela a montré que malgré la présence toujours importante du Covid, on pouvait se déplacer en masse, écouter de la musique entre potes, voir des groupes sur scène. Pour notre part, nous serons le 7 Août au Sylak Open Air aux cotés de groupe comme Testament, Exodus, Jinjer, Korpliklaani ou Benighted pour ne citer qu’eux. Et le 3 Septembre nous ferons notre release party à l’Opéra de Nice (celui-là même que tu peux voir dans le clip de "Wings Of Judgement"). Pour l’occasion on a invité Les Tambours Du Bronx et Unchained à se joindre à nous. Ca va être une soirée assez exceptionnelle dans un cadre qui l’est tout autant !

Il y a encore quelques temps on nous matraquait que le support physique était mort et enterré, il faut croire que quelques visionnaires se sont trompés. Mais je ne peux m'empêcher de me dire que l'on vit une époque étrange avec d'un côté le numérique qui prend de plus en plus de place et de l'autre le retour du vinyle qui est maintenant suivi de celui plus improbable de la cassette ! Bon, il y a évidemment du marketing là-dessous (surtout pour la cassette) mais vous en pensez quoi de ce retour des vieux formats ?
On trouve ça cool, on est des enfants des années 80 et on a grandi avec les vinyls de nos parents et les cassettes dans nos walkmans ! Maintenant est-ce que cela traduit une mode, une hype passagère ou un vrai renouveau dans la manière chez les gens d’écouter la musique ? Est-ce que le support physique a encore de l’avenir, c’est difficile de le dire. Les rayons CDs dans les grandes surfaces n’existent quasiment plus, ceux dans les boutiques type Fnac ou Cultura, sont de plus en plus petits. Après, le public metal est différent, attaché à l’objet. Il aime s’intéresser à l’œuvre dans son entièreté (la pochette, le livret, les paroles). On fait de la résistance !

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, si vous avez quelque chose à ajouter vous avez carte blanche !
Merci à toi et French Metal pour cette interview ! Il faut continuer à soutenir notre belle scène metal, se déplacer aux concerts, soutenir tous les acteurs de la scène : les groupes, les webzines, magazines, les orgas et associations ! Merci beaucoup !


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