Interview faite par mail par Murderworks

Salut les gars ! Maintenant que Inhumate est terminé, vous ressentez quoi ? Le soulagement ou la satisfaction d'avoir réussi à mener le projet de départ au bout ? Ce doit être particulier comme moment, le groupe a tout de même occupé une grande partie de vos vies depuis le début.
Fred (basse) : Terminé ? Non, INHUMATE n’est pas terminé. INHUMATE c’est le groupe, dont la formation date de fin 1990 et qui joue toujours à l’heure actuelle. INHUMATEc’est plus de 30 ans de carrière sans interruption et sans come back opportuniste ! Ensuite, ce qui est effectivement achevé, c’est le concept discographique que le groupe a entrepris. On l’a débuté en 1996 avec notre premier album "Internal Life" et on l’a achevé en 2021 avec notre septième album "Eternal Life". Mais comme il nous aura fallu 6 ans pour arriver au premier album, pourquoi ne pas envisager qu’on joue encore autant de temps jusqu’à la fin du groupe héhé ! Parce que bien sûr, si nous avons anticipé, programmé et orchestré notre discographie, nous avons bien sûr bien réfléchi à la fin du groupe. Pas question pour nous de rebondir à l’infini sur une pseudo-notoriété. Mais comme dit avant, nous n’avons pas encore fixé la date de la fin du groupe.
Mad (guitare) : "Terminé" ! Mais non voyons ! La discographie, comme l'a dit Fred, est arrivé à son terme, mais INHUMATE est aussi (et surtout) un groupe de scène, alors on n'a clairement pas encore fermé ce chapitre-là, crois-moi !
Chris (chant) : En effet, ce n’est pas encore terminé, mais il y a bien un peu de soulagement et de la satisfaction pour moi dans le fait d’avoir réussi à terminer notre projet. Ce n’était clairement pas évident au départ et je me souviens de quelques sourires en coin lorsque nous l’avons annoncé. Surtout que nous prenons de l’âge et que nos prestations scéniques sont tout de même assez physiques. J’ai toujours peur de ne pas être à la hauteur sur scène, surtout depuis quelques années. Ce groupe fait partie de ma vie depuis 27 ans. C’est plus de la moitié de ma vie et le fait de savoir que nous n’allons plus composer, que je ne vais plus écrire de textes pour INHUMATE, que je ne vais plus enregistrer non plus, ça fait tout de même un drôle d’effet ! En revanche, on a encore quelques litres de transpiration et une tonne de décibels à lâcher sur scène, avec plein de furie et de rage, et la joie de partager ça avec le public ! Ça, quand ça va reprendre, ça va être grandiose. Ça fera bizarre lors de notre dernier concert, on en parle parfois et j’y pense souvent, mais je suis assez fier de ce qu’on a pu accomplir à notre petit niveau.

La question que certains vont peut être se poser c'est : est-ce que la fin d'Inhumate signifie la fin de la musique pour vous ? Vous êtes ouverts à d'autres projets / groupes ou vous estimez avoir dit ce que vous aviez à dire ? A moins que certains aient prévus de s'exprimer par d'autres médias, l'écriture peut-être ?
Fred : Ah ah sacrée question ! Ne pouvant répondre qu’en mon nom, les choses sont à peu près claires. Je raccroche la basse et cesse l’investissement musical. Je me serai énormément investi en tant que musicien, plus de trois décennies et en tant qu’organisateur de concerts dans les années 90 / 2000. J’ai aussi participé à quelques fanzines et produit quelques disques à cette époque. Je pense avoir apporté ma modeste contribution à l’underground français, je laisse maintenant la main aux jeunes (rires). Mais attention, cela ne veut pas dire que je quitte le metal. Reprenant à mon compte ces vers d’Iwan Gilkin : "Dans le plus dur métal je creuse mon image / Où je grave à jamais ma sombre volonté" (L’artiste maudit, 1897), je suis né et resterai métalleux, on ne se refait pas. Donc quand je continuerai à écouter cette musique qui m’a forgé et à aller voir des concerts, ça c’est sûr ! Ensuite, je ne pense pas aller vers un autre mode d’expression. Je me contenterai à cultiver mon autre passion, la littérature, sans la pratiquer.
Mad : Pour ma part INHUMATE est et restera une expérience capitale d'un point de vue musical comme humain, collectif comme personnel. Ça a changé ma vie. J'étais tout jeunôt quand j'ai rejoint le groupe (24 ans), j'en ai maintenant quasi 40, ça fait un sacré bout de chemin avec mes 3 compères et un paquet de bornes et de rencontres. Donc rien ne pourra combler le vide une fois qu'on aura raccroché. Depuis, j'ai créé mon groupe de postcore DeadMen et je suis bassiste dans le groupe de doom The Man & The Abyss - donc tu vois, des genres très différents de ce qu'on fait avec INHUMATE, et c'est d'ailleurs pour ça que j'y trouve mon plaisir. À ce stade de ma vie je ne me vois absolument pas vivre sans projet musical, c'est une question de santé mentale, presque.
Chris : Pour ma part, je ne sais vraiment pas. Je ne me vois pas arrêter, mais quoi faire, je ne sais pas. J’ai quelques pistes que j’aimerais explorer, mais je pense que tout dépendra de rencontres futures. Ça pourrait être du metal plus ou moins extrême, ou de la musique électronique, mais de toute façon, il faudra que ça chie un minimum !

On retrouve plusieurs éléments des anciennes pochettes sur celle de "Eternal Life", ainsi que l'arbre qu'on a vu plusieurs fois sur vos artworks (et qui doit avoir un lien avec le fameux arbre de vie je suppose). Qui l'a réalisée ? On y voit d'ailleurs le cheminement de la vie de façon imagée, de la galaxie qui est finalement notre berceau au trou noir, le vide, le néant, l'inconnu.
Fred : Bon, voici une question qui demanderait au bas mot une demi-heure d’explication orale, je te laisse imaginer le nombre de lignes écrites (rires). Je vais essayer d’être synthétique, ce qui ne veut pas dire exhaustif, bien sûr. Les autres, pourront compléter à l’envi ! Alors oui, le concept que nous avons développé au fil de nos 7 albums (heptalogie) est centré sur la Vie, et inévitablement l’arbre qui apparait au verso de "Life" (2004, quatrième album), que l’on retrouve sur "The Fifth Season" (2009) et "Eternal Life" (2021) peut être interprété comme l’arbre de la vie, issu du fruit central du premier album, qui lui aussi réapparaît sur "Life" et sur le dernier album. Comme tu l’as relevé, d’autres éléments reviennent de manière récurrente sur les différents visuels et sont comme synthétisés sur le dernier. Mais globalement oui, après ces 7 étapes de la vie, cet album est celui de l’éternité, éternité de l’entité "Inhumate" dont l’existence est symbolisée par ces 7 albums et dont le cycle sans fin est appréhendable par le sample de fin (ceux qui possèdent "Internal Life" saisiront ma référence). Sinon cet artwork a été fait par un artiste allemand, Joachim Theiner. Son travail s’est organisé entre quelques idées que nous avions et surtout son feeling. Nos préconisations étaient minimales : proposer quelque chose qui reste dans l’esprit Inhumate, qui ne détone pas avec les visuels précédents. Il nous a fait des propositions sur lesquelles nous avons travaillé ensemble jusqu’au résultat final, dont, je dois l’avouer, nous sommes très fiers. Ce visuel répond absolument à nos attentes ; loin, très loin des clichés du genre.
Mad : Le travail de Joachim Theiner représente bien ce qui se passe dans l'UG au gré des rencontres qu'on peut faire lors de nos concerts : un mec qui ressent notre musique, quelques bières, une transe commune, puis cette idée de laisser l'artiste qu'il est de proposer quelque chose en se basant sur quelques idées générales. Ça a donné une oeuvre unique, faite juste pour nous (et donc pour vous), et qui ne ressemble à rien d'autre dans la scène UG, ce qui est aussi très "Inhumate". J'adore ce qu'il nous a offert.
Chris : J’adore vraiment cette pochette, qui clôt d’une fort belle manière toute notre histoire. En effet, le concept est représenté quasi dans sa totalité, c’est un beau résumé. La tonalité rouge fait référence aux tonalités d’"Internal Life" et de "Life", respectivement les premier et quatrième album. Il y a en effet cet arbre, qui se devine dans la pochette d’"Internal Life", sous la forme du fruit / graine, se pressent dans la pochette de "Growth", le troisième album, s’affiche au dos du quatrième et se retrouve au dos du cinquième et également est imagé dans le dernier. Le fruit et sa forme ovoïde peuvent se deviner ou voir dans les deux premiers albums, puis sur le quatrième puis enfin sur le septième, étant un autre symbole de l’éternel recommencement. Il y a aussi un rappel de la forme ronde via les planètes, les orifices suggérés, lieux de passage d’un état à un autre, ou encore les vortex, autre type d’"orifices". Le cosmos et l’infini sont là dès le premier album également, ainsi que dans le quatrième et le septième, car on en fait partie avant, pendant et après notre naissance, sous une forme ou une autre… Il y a de quoi dire encore, sur plein d’autres détails, mais on laisse également l’auditeur faire son propre voyage et ses propres interprétations. Cela fait partie du plaisir également, non ?



On retrouve une fois de plus les acrostiches qui forment les titres des morceaux et aux noms d'anciens albums. D'ailleurs le contraste a toujours été intéressant, avec d'un côté des textes travaillés et réfléchis et de l'autre une musique toujours spontanée et avec une certaine urgence. Je suppose que le contraste entre les deux était volontaire ?
Fred : Pour une réponse en finesse sur les textes, je laisse la parole à Chris. Mais de manière générale, oui, les textes ont acquis de l’importance au fur et à mesure des années et ils s’imposent comme une part majeure de nos albums. Nos albums sont des "œuvres totales", c’est un peu présomptueux comme expression, mais je vais expliquer. En effet, il y a la musique, mais en plus les visuels sont à regarder car ils sont toujours travaillés dans leur ensemble et en lien avec les albums précédents et enfin il y a les paroles. Chris sort des sentiers battus du gore et de la vaine critique politique. Donc si la musique est brutale et crue et le chant rythmique ; l’auditeur peut lire les paroles ! Et c’est là qu’elles prennent toute leur importance. Ce sont d’ailleurs pour ces raisons que nous refusons les plateformes de téléchargement car ne proposant que la musique, elles altèrent ce qu’on essaie de proposer.
Mad : On sait bien que la proportion de gens qui s'attardent sur le livret est minoritaire (merci du coup de l'avoir fait !) mais peu importe, si un seul s'y intéresse et découvre ce que recèlent les paroles et que d'autres ressentis s'offrent à lui, c'est gagné.
Chris : Oui en effet, c’est voulu. La musique, l’attitude sur scène, les voix, les blast beats etc. sont travaillés pour que cela paraisse le plus bestial possible. C’est l’écho de la bête qui sommeille en nous, l’instinct animal, la colère, la rage, etc. Mais l’humain n’est pas que ça et il y a aussi l’autre partie, la réflexion, l’art, les sentiments… Donc nous essayons de faire transparaître cet aspect dans les paroles et les visuels des albums. Certains textes peuvent paraître brutaux également, mais ils restent néanmoins posés et travaillés un minimum, surtout sur les derniers albums. J’ai mis longtemps à être satisfait de mes textes, il y en a toujours qui me plaisent un peu moins, mais dans l’ensemble, j’en suis plutôt content. Ayant un cursus en Lettres, j’ai une sensibilité qui fait que j’attends un minimum d’un texte, mais je n’ai pas toujours réussi à l’atteindre (rires). Un des exemples que j’aime citer est que tous les textes d’"Expulsed" (le thème de la mort) s’achèvent par le terme "ashes" ou "cendres", puisqu’au moment de la mort, le corps se décompose et redevient poussière ou cendre. Et donc forcément le premier morceau d’"Eternel Life" devait être "Phœnix" puisque le phénix renaît de ses cendres. Les paroles sont donc pour nous l’autre aspect de l’être humain, qui contraste avec son aspect bestial. On retrouve aussi souvent les champs lexicaux des quatre éléments, dans lesquels nous baignons toutes et tous en permanence, en fonction des thématiques des titres. Les sujets sont également particuliers, avec des références à la mythologie, au cinéma, à la littérature, à la philosophie, ou des réflexions sur certains sujets, ou encore des histoire spécifiques, comme l’histoire d’une balle de fusil ("The Bullet"), d’un photon ("The Traveller"), ou d’un atome de carbone ("Stardust"). Ah ah ! C’est très ouvert je crois.

D'ailleurs en parlant d'urgence, est-ce que vous avez été tenté d'être un peu moins spontanés dans l'écriture cette fois sachant que ce serait le dernier album ? Une pression supplémentaire qui ajoute peut-être l'envie de ne pas se louper pour la fin ?
Fred : Non, ça je pense que non. On a été plus lents que pour les albums précédents, mais c’est simplement dû à nos emplois du temps et nos vie privées respectives. Il est plus difficile de composer un album autour de la cinquantaine qu’autour de la vingtaine (rires). Et tout ça d’autant plus que contrairement à beaucoup de groupes, nous n’interrompons pas notre actualité pour nous enfermer dans un studio à des fins de compo. Depuis 3 décennies on n’a jamais cessé de tourner (sauf pour des raisons indépendantes de notre volonté) et donc on composait en parallèle. L’exercice est périlleux, mais c’est ainsi qu’on fonctionnait !
Mad : Oui clairement entre se préparer pour un concert ou composer, on choisit d'abord la scène. Mais ça ne veut pas dire qu'on compose n'importe comment et uniquement quand on a 5 minutes. Quand les concerts se font un peu plus rares, on se focalisait uniquement sur de nouveaux titres. Certains se bouclent en une répèt'. D'autres en prennent 4. On n'a pas vraiment de méthode là-dessus, je viens avec des idées de riffs, puis on agence tout ça ensemble, la batterie vient modifier tel riff, la rythmique du chant suggère une tentative de break ici, puis un nouveau riff émerge, etc..., tout se module ensemble et à un moment on se dit tous les 4 : "Bon, là on a un titre, et on passe au suivant". Pour être honnête, ce processus va beaucoup me manquer. J'ai encore plein de riffs orphelin en tête haha, mais tant pis pour eux !
Chris : Pour l’écriture, j’ai composé ces textes comme je l’ai fait avec les autres albums, simplement en les travaillant un petit peu plus peut-être. En plus des acrostiches, chaque dernier mot de chaque texte évoque d’une manière plus ou moins imagée la vie qui continue d’une façon ou d’une autre, alors que sur le précédent "Expulsed", tout se terminait par "cendres" ou "ashes" (exception faite des deux titres "I Want To Kill Some... " 6 et 7, qui sont particuliers car ils forment les 2 derniers "chapitres" d’un délire commencé sur le premier album héhé). De plus, je ne faisais que rimer les textes en français jusque là, mais j’ai fait de même sur les textes en anglais cette fois-ci également. C’est assez difficile, mais les dictionnaires de rimes sont là pour ça. Donc, certes, nous ne voulions pas nous rater avec ce dernier album, mais il fallait aussi que nous restions nous-même, et au final, notre approche a été à peu près la même que pour les autres, avec juste un poil de réflexion en plus et de mise en place, avec comme autre exemple encore le dernier titre du dernier album qui est "Alone ?", alors que le premier titre du premier album est "Alone", sans le point d’interrogation.

Au delà du questionnement lié au concept, "Eternal Life" c'est une façon de dire que votre musique vivra toujours ?
Fred : J’ai un peu répondu à cette question plus haut, mais oui, tout à fait. Quand nous ne jouerons plus ensemble, l’entité INHUMATE, composé de nous 4, continuera d’exister éternellement via nos albums et l’heptalogie que tout auditeur pourra écouter en boucle selon le petit indice que j’ai dévoilé avant.
Mad : Notre musique ne nous appartiendra plus quand on arrêtera, donc c'est aux auditeurs de prolonger son histoire autant qu'ils le voudront. En ça elle est d'une certaine façon immortelle, comme toute création que le public s'approprie.
Chris : C’est en effet l’idée qui est derrière le concept. Bon, au niveau purement physique, rien n’est vraiment immortel, le temps et l’espace étant infinis, notre passage et notre œuvre finira par disparaître, mais ce qui compte je crois, et qui fait partie de l’essence de la vie, c’est cette lutte contre la mort, l’oubli, le temps. Et si notre passage nous permet de faire résonner notre petite œuvre juste un peu plus longtemps, nous aurons réussi un tout petit peu à repousser cet oubli, et ça c’est une idée qui me plaît.

Vous étiez précurseurs, vous qui êtes en DIY depuis vos débuts, puisque de nombreux groupes décident de se débrouiller seuls eux aussi maintenant pour garder leur indépendance. Est-ce que certains sont venus vous demander conseil ? Parce que mine de rien tout gérer soi-même n'est pas à la portée de tout le monde et demande un sacré boulot.
Fred : Effectivement on était précurseurs ! Alors oui effectivement on a eu quelques groupes qui sont venus nous demander des conseils, mais paradoxalement c’était plutôt avant que ça ne devienne une quasi obligation. Je t’avoue que peu me semblent avoir tenu le coup. Alors oui, c’est du boulot, c’est beaucoup de boulot. Mais en retour on a le contrôle de tout et la liberté absolue de faire comme on veut, quand on veut et aussi la liberté d’expression. Ce dernier point est important car quand on est un peu investi dans la scène on se rend compte à quel point le nombre de groupes à s’être fait entuber (je reste poli) par des labels est nombreux et à quel point c’est tabou ! Beaucoup jouent de l’euphémisme ou bottent en touche quand tu les interroges. Evidemment, on n’est jamais fier de s’être fait avoir. INHUMATE ne doit rien à personne et ça, ça vaut tout l’or du monde ! Pour revenir au boulot que ça implique, je voudrais quand même rajouter que chez nous ça a fonctionné parce qu’il n’y a jamais de problème d’égo et que tout le monde a toujours bossé dans ce sens du bien du groupe avant son nombril perso. Pas de leader, pas de rock star chez nous. Evidemment ça sous-entend un équilibre très difficile à trouve sur la longueur : un line up ! Nous l’avons toujours eu.
Mad : Oui ça c'est clair que chez nous il n'a jamais été évoqué le début d'un embryon de concept de leader (rires), INHUMATE c'est nous 4, point. Alors ça demande du boulot oui de s'auto-financer, de faire sa promo, etc... mais la liberté que ça procure est une récompense inestimable. Aucun de nous ne va aller faire semblant de s'éclater en after avec une tête de con sous prétexte qu'il est le leader du groupe bidule ou le manager du label machin. Moi je vais pas faire 18 heures de bagnole en 1 week-end au fond fin de l'Allemagne ou de la République Tchèque pour passer toute ma soirée à fayoter avec un mec con comme une table histoire de faire du... networking (mot atroce s'il en est, non ?). On n'a pas besoin de ces gens-là, du coup on passe nos concerts et nos soirées avec les gens qu'on aime, point. C'est un autre luxe qu'on préfère largement.
Chris : En effet, c’est un boulot énorme, où Fred a excellé je crois, mais comme il l’a précisé, chacun a un peu son rôle dans le groupe, en fonction de ses points forts, ses affinités et du moment de sa vie, car parfois ça peut être compliqué (comme l’a dit Fred, c’est moins facile aux environs de la cinquantaine que vers la trentaine, et à chaque fois, un autre membre prenait le relais s’il le fallait). Il y a aussi beaucoup de discussions, d’écoutes, d’efforts et ça de chaque membre, même si ce n’est pas toujours évident. Mais je suis assez fier de notre parcours, et on a su passer certaines embûches qui auraient fait péricliter d’autres groupes avec des égos plus forts. Le groupe et le concept passaient toujours en priorité, et ça nous a donné une force assez incroyable quand j’y repense.

Je me fait une réflexion un peu conne, mais le nom du groupe ne cache t-il pas plusieurs sens ? Inhumate, enterrer, sachant que vous saviez dès le départ que le groupe mourrait après le septième album ? Inhumé du coup ? Même si dans le livret de "The Fifth Season" vous montrez l'anagramme qui fait que le nom du groupe devient "Humanité".
Fred : A l’origine INHUMATE a été adopté parce que d’une ça n’avait pas de sens réel et de deux parce que sonnait bien. Ensuite effectivement on a eu l’idée du "inhume your hate" (enterre ta haine, parce qu’on est un groupe positif ! Rien à foutre de tous ces dépressifs qui ont des discours négatifs ! Si rien ne va, joignez les actes aux paroles et pendez-vous (rires). Après il y aurait bien un petit truc à chercher autour du "mate"… Mais la révélation est arrivée avec l’arrivée de Damien en 2007 quand il nous a révélé qu’effectivement "Inhumate" était l’anagramme d’"humanité". Parce que oui, quelque part cette entité qu’on forme tous les 4, cette boule d’énergie vitale qu’est le groupe sur scène, c’est un condensé absolu, un trou noir d’humanité ! Pour revenir à ta question, je t’avoue qu’on n’avait jamais évoqué l’idée d’enterrement, d’enterrer le groupe et ça pour la simple raison qu’on a déjà évoquée, INHUMATE est désormais éternel !
Mad : J'ai été champion à la finale des Chiffres et des Lettres du Bas-Rhin en 2006 c'est pour ça, j'ai tout de suite repéré l'anagramme en arrivant. Non j'déconne. Ce fut un pur hasard, et ça fonctionnait tellement avec le concept du groupe ! Le mot "humanité" peut faire pompeux avec un grand "H" mais si on le prend dans son sens le plus simple avec un "h" minuscule on change d'échelle et ça dit tout : une aventure musicale ce n'est rien d'autre qu'une relation entre humains de tous horizons.
Chris : Ce nom en effet n’était pas plein de sens au départ, mais je pense à présent qu’il permet de coller à ce que nous avons fait et qu’il s’enrichit au fur et à mesure. Ainsi, chaque personne peut imaginer ce qu’elle veut et interpréter le nom, les textes, les albums, de la façon dont elle le veut. Ce sera simplement une autre façon aux personnes de s’approprier notre œuvre et quelque part également, une autre manière pour nous de continuer à exister après la fin du groupe. C’est une idée que j’aime, le fait que l’œuvre échappe à l’artiste et appartienne par la suite à ceux qui l’écoutent ou la regardent. Et si tu veux te taper un délire un peu chrétien, tu peux même imaginer que INHUMATE ressuscite (rires) ! Bon c’est le genre de trip dont on n’est pas trop fan dans le groupe, puisque nous sommes pour l’instant tous athées ou agnostiques, mais libre à chacun d’y penser héhé ! Pour ce qui est de l’idée d’anagramme d’Humanité, c’est comme si notre concept était déjà en germe dans le nom, que nous ne le savions pas encore et qu’il a fallu l’arrivée de Damien et de sa brillante découverte pour la mettre en lumière. Je me souviens que nous étions assez soufflés par sa trouvaille. Cela collait tellement bien à notre concept que c’en était à peine croyable ! Mais des anecdotes comme ça, des petits "miracles" comme on aime à les appeler, il y en a eu plein tout au long de notre carrière et cela nous étonne encore et toujours !



Comme à votre habitude, on trouve des samples sur l'album dont une citation de Guillaume Apollinaire, "Avant tout, les artistes sont des hommes qui veulent devenir inhumains". Inhumains dans le sens où les artistes veulent s'élever au niveau d'un dieu par l'acte de création ? Comment vous décidez de ceux qui vont apparaître ? Vous en avez déjà en tête qui collent à chaque étape du concept ou ça vient comme ça ?
Fred : Je laisse la parole à Chris pour le commentaire de la citation ! Ensuite pour les samples, non, rien n’est prévu à l’avance. On en place un quand ça s’y prête et si on a un truc à mettre. On n’est pas du tout des amateurs d’intro qui durent et qui, si elles sont sympa la première fois que tu les écoutes, sont bien reloues à partir de la deuxième… Donc quand on décide de mettre quelque chose avant un titre, il faut que ça ait une valeur ajoutée, si c’est juste du remplissage alors non. Si j’achète un album avec 30 minutes de musique et qu’au final il y en a 5 qui sont pompées sur des B.O de films, franchement c’est du vol. Alors je sais que l’air du temps, dans la scène grind, est à faire des albums de 15 minutes (moi j’appelais ça un mini il y a quelques années) dont la moitié en sample, mais non ! Désolé ! INHUMATE se refuse à suivre cette tendance de nivellement par le bas.
Mad : Je ne suis pas du tout un littéraire comme Fred ou Chris, mais pour moi cette citation m'évoque l'envie de transe qui te permet de te sortir des affres du quotidien d'un humain lambda. On a tous notre paquet de merde à gérer dans nos têtes et dans nos vies. Quand tu joues plus rien ne compte que l'instant présent et le partage avec les autres, et c'est en ça qu'on est un peu plus que l'humain qu'on est le reste du temps - ça marche de la même façon pour le public, évidemment, c'est à double-sens.
Chris : En ce qui concerne les citations, en règle générale, je les utilise parce qu’elles ont un sens que nous pouvons détourner pour nous, ou qu’elles résonnent avec notre concept, ou parce que je les trouve belles (rires) ! Donc là, cette citation d’Apollinaire, je la trouve belle et en plus, il colle tellement avec notre approche. Nous sommes ce genre d’artistes, qui veulent devenir inhumains, soit en dépassant notre humanité en la transcendant, comme l’a dit Damien plus haut, ou en (re-)devenant également des bêtes, donc inhumains dans le sens redevenir primitifs. Mais dans les deux cas, il s’agit de devenir autre, de devenir plus. Apollinaire a raison pour nous, c’est bien ce que sont les artistes, en tout cas, c’est une définition qui nous convient parfaitement.

Votre démarche qui a toujours été intègre tranchait déjà dans le paysage musical à l'époque, mais maintenant que tout est encore plus centré sur l'image vous devenez des extraterrestres. Un des rares irréductibles à joindre l'acte à la parole, au milieu de tous ces comiques qui en sont à leur 23ème tournée d'adieu. Et un des rares à concevoir sa discographie comme une sorte d'œuvre complète. Vous avez toujours veillé à ce que les visuels des albums correspondent à votre propos et dans ce sens avez toujours soigné votre image certes, mais elle servait un propos justement. Maintenant on voit débarquer des groupes qui n'ont plus que ça, dans tous les styles musicaux d'ailleurs, et ce sont ceux qui sont le plus mis en avant. Vous ressentez quoi par rapport à ça ? Du dégoût envers ces "artistes" préfabriqués (on en a vu certains proposer tout le merch possible et imaginable avant même d'avoir publié un morceau) ? La fierté d'être en quelque sorte seul contre tous ? Ou simplement rien à foutre tant qu'on fait ce qu'on veut ?
Fred : Ah ah ah putain alors là ça me fait plaisir ! Comme on évolue vraiment en dehors de tout système médiatique et institutionnel on ne se rend pas bien compte de ce que perçoivent réellement les gens de notre démarche. Ta question prouve que toi tu l’as vraiment saisie, franchement ça me fait chaud au cœur. Pour te répondre très franchement, on voit cette évolution, un peu ce que je pointais dans la question précédente. Mais voilà, qu’y faire ? Nous avons toujours fait notre truc dans notre coin, et à notre façon, comme des extra-terrestres disais-tu avant, ben oui, c’est exactement ça. Nous ne nous sommes jamais préoccupé de ce que les autres disaient de nous et on n’a jamais cédé aux sirènes du mainstream (parce qu’il y a un mainstream underground et un mainstream grind, le comble quand même pour un segment musical qui se veut contestataire). Alors on évolue dans une scène et on a bien senti par moments les sourires en coin parce qu’on ne rentrait pas pile poil dans les cases de ce qui se faisait à telle ou telle époque. Bon, je m’éloigne à nouveau. Donc pour revenir à cette nouvelle génération des réseaux sociaux, que dire… Beaucoup de photos, beaucoup de poses, beaucoup de merch, de temps en temps un pauvre titre sur YouTube et c’est tout…. Ok… Génération de la com., génération Macron quoi. Ils sont de leur époque, s’ils y trouvent leur compte tant mieux pour eux.
Mad : Marrant, en lisant ta question à propos du merch' en tout genre qui n'a plus aucun sens, j'ai pensé à ces groupes qui ont proposé des masques anti-Covid à leur effigie dès Avril 2020. 2020 hein, quand c'était la parano mondiale et qu'on avait tous un peu les jetons devant ce qui se passait et qu'on ne comprenait absolument rien, pas Avril 2021 quand les masques sont devenus notre quotidien et qu'on peut en effet avoir maintenant envie d'adapter son "style" à cet accoutrement forcé. Je me suis dit "Putain y'en quand même qui perdent pas de temps, moi j'ai peur que mes proches crèvent et d'autres ont déja imprimé des masques avec leurs logos en affichant fièrement un sold-out". J'ai trouvé ça sacrément puant. Mais pas de dégoût, non, je trouve ça juste pitoyable tous ces groupes qui se gèrent comme des start-ups si chers à notre Président à la con. On se croirait dans les sketches des Deschiens avec les "jeunes qui n'en veulent" sauf que les jeunes en question qui font la course à la notoriété ils pondent souvent de la zic sous vide bien emballée dans du plastique recyclable avec code promo. Après je suis conscient que chier sur leurs démarches c'est aussi refuser le monde tel qu'il marche maintenant, et que ça fait discours de "vieux con", et je l'entends et l'admets, mon décalage. C'est même pas contre eux que je dis ça, c'est juste que c'est un système qu'on choisit d'accepter ou non, et moi il me donne vraiment la nausée, de plus en plus. Tant pis pour moi, au fond. Le mythe de Faust moderne à la sauce YouTube ce n'est pas mon truc et comme dit plus haut, je préfèrerai toujours boire des bières avec un inconnu que j'aime qu'une célébrité qui ne passe plus les portes avec son melon. Qu'ils fassent leurs vies sur les autoroutes à egotrip, moi je préfère les chemins de traverse en bonne compagnie.
Chris : Difficile pour moi d’analyser cette situation, même si évident je suis assez d’accord avec les réponses de mes comparses, mais nous avons évolué dans un milieu qui était tellement différent par rapport à ces jeunes qui commencent. L’absence d’Internet, qui joue terriblement sur la visibilité des groupes, faisait que toute la réflexion et la démarche étaient forcément différentes. Après, dois-je jeter la pierre à ces groupes ? Je ne sais pas. Certains sont encore très jeunes, et une réflexion sur une démarche artistique s’étoffe avec le temps. Peut-être certains voudront proposer une belle idée ? En revanche, tout le côté pipi-caca de certains groupes, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé, même si je peux aimer leur musique. Je trouve dommage de ne pas élever un peu cette forme de musique. On peut faire de la musique très extrême avec des textes extrêmes sans tomber dans le délire stupide. Plein de groupes le font, comme par exemple Benighted, Brutal Truth, Mercyless, Ingrowing ou plein d’autres… Je pense que le genre y gagnerait énormément, mais il faut pour cela réfléchir à son art et y travailler sérieusement. Or, souvent en France, on a l’impression que c’est souvent interdit, voire tabou, d’oser faire un projet sérieux dans ce genre de musique, comme si c’était honteux, genre on est un fils à papa ou un putain d’intello… Notre concept et notre approche ont un côté intellectuel certain, et j’en suis foutrement fier. Ce serait vraiment bien qu’on puisse élever tout cela. D’autres groupes que nous ont bien sûr cette approche, mais ils ne sont pas la majorité, et c’est quelque chose que je déplore. On peut être très sérieux, créatif, tout en restant intègre, non ?

La production est clairement la meilleure et la plus puissante que vous ayez eue jusqu'à maintenant et je trouve que c'est le son qui se rapproche le plus de ce que vous êtes en live. Je suppose que c'était volontaire ?
Fred : On est vraiment un groupe de scène. On fait du rock pour la scène et pas pour des shooting photos ou se mettre en scène sur YouTube. A contrario on n’est pas un groupe de studio. Donc toutes ces années on a toujours été, pour des raisons qui sont ce qu’elles sont, bonnes ou mauvaises peu importe, dans le même studio. C’est de loin pas un studio spécialisé dans le metal et ça a donné les albums tels qu’ils sont. Pour ce dernier, Damien a voulu que l’on fasse faire le mix au studio de la Forge en Lorraine. Ce que nous fîmes. Et voilà le résultat. Comme toi, je pense que c’est le plus abouti que nous ayons fait.
Mad : Yes, on a voulu tenter un mixage aux Studios de la Forge pour celui-ci tout en restant fidèle au Downtown Studio des origines, et ça a parfaitement marché comme on l'espérait. Des prises de son impeccables puis un mix plus agressif se rapprochant autant que possible du live. On a enregistré tous les 4 dans la même pièce pour les prises batterie, et ça donne une patate proche de nos concerts. On est franchement contents du résultat.
Chris : Oui, on a mis longtemps à comprendre comment transcrire notre folie en live sur album. Nous ne sommes pas de grands techniciens, mais en revanche, je pense que nous savons tenir une scène. Mais laisser éclater cette folie en studio a été long et difficile pour nous. Nous tentions à chaque album de faire au mieux, et nous avons trouvé une meilleure formule encore pour notre petit dernier. Je pense que nous étions toujours satisfaits des excellentes prises de son du Downtown Studio, mais parfois moins par le mix. Ce dernier fait par le studio La Forge nous correspond vraiment mieux et c’est ce qu’il nous fallait pour achever notre cycle.

Vous avez toujours été part à tous les niveaux, que ce soit les pochettes, les thèmes abordés, le concept général, tout est à des années-lumière du grind. Au-delà de la volonté de faire son truc, n'était-ce pas aussi un moyen d'élever un peu le débat ?
Fred : Oui, on a toujours eu une démarche singulière, c’est vrai. Mais ce n’était pas quelque chose de calculé et d’anticipé. Comme on a toujours refusé de céder aux modes et au pastichage de ce que faisaient "les grands", inévitablement on a créé notre propre univers en fonction des personnalités qui sont les nôtres. In fine ça donne ce que tu connais, mais jamais on n’a voulu se donner un genre, ou élever le débat comme tu dis. Si ce qu’on fait transpire un peu intello, c’est pas le résultat d’une volonté affirmée, c’est juste l’image de ce qu’on est. Notre moyenne du niveau d’études donne bac + 5. C’est pas une fierté en soi, c’est juste factuel (rires).
Mad : Étant arrivé le dernier et très jeune, j'ai rejoint le groupe sans avoir conscience de tout ce que tu dis, on pouvait pas faire plus novice que moi dans l'UG - et 15 ans après je me rends compte que le groupe condensait déjà tout ce que je suis devenu maintenant. Aucune volonté consciente donc de ma part, il se trouve que j'ai trouvé le groupe avec une mentalité qui me correspond, et inversement. Coup de bol ou destin, j'en sais rien, mais le résultat est là, on regardait dans la même direction et le reste c'est fait instinctivement, sans pose pré-établie.
Chris : J’ai répondu en partie à cette question précédemment, je m’en excuse héhé ! Après, il y en a d’autres qui ont des idées qui sont proches. On peut citer en exemple Voïvod avec leur concept et leur imagerie très personnelle que j’adore perso, ou encore Brutal Truth (je trouve le travail du livret et du CD de "Sounds Of The Animal Kingdom" particulièrement intéressant), ou encore les italiens de Necrophagist. Tu dis que nous sommes à des années-lumière du grind, c’est peut être vrai, ou alors, le grind peut être tout ce qu’on veut, et c’est à chacun de créer son monde dans ce genre précis. Comme l’a précisé Fred, rien n’était prémédité, c’est juste ce qui nous éclate. Et je pense que cela doit être pareil pour plein de groupes : on montre et on compose ce qui nous intéresse et / ou ce que l’on ressent. C’est la grande force du genre au final : on est entièrement libres de faire ce que l’on veut, et si on est chanceux, le public suit, et là c’est magique !

Inhumate, qui est un groupe de scène, ne peut pas défendre son dernier album en live, je me doute que ça doit être frustrant. Du coup quand la situation le permettra (soyons optimistes), est-ce qu'on peut tout de même s'attendre à vous voir en live ? Le livret du nouvel album laisse penser que oui, mais je sais très bien que vous ne ferez aucune concession et ne ferez du live que dans les conditions d'avant pandémie. Il est inconcevable de penser à un concert d'Inhumate avec de la distanciation ou encore pire, des places assises.
Fred : Retour à la première question. L’heptalogie est achevée, mais INHUMATE reste en vie. Donc, oui, dès que possible nous remonterons sur scène pour reproposer du INHUMATE, c’est dire une expression musicale dans laquelle l’énergie prime sur la technicité, l’exhibition de nos tripes sur scène prime largement sur le déroulé parfait de triolets dodécaphoniques pour musiciens permanentés (rires. Mad : Dès qu'on peut reprendre, on reprendra, on a tous perdu une putain d'année, alors va falloir que ça chie encore davantage. Dans quelles conditions se feront les concerts, je ne sais pas. Mais retrouver le public est d'une urgence à l'image d'un blast beat : vite, vite, vite.
Chris : En effet, il est hors de question de faire un concert avec distanciation ou places assises. Mais tout ceci n’est pas dépendant de nous. On va donc être patients. Mais ce qui est certain, c’est que quand ça va repartir, ça va chier comme avant héhé !

Est-ce un hasard si le morceau "I Want To Kill Some" qui court sur un peu tous vos albums est en sept parties au final, autant de parties que d'albums ? D'ailleurs la première partie est sur "Internal Life", la troisième sur "Growth", la quatrième sur "Life", la cinquième sur "The Fifth Season" et les deux dernières sur "Eternal Life", mais question à la con : où est la deuxième partie ?
Fred : Alors évidemment, tu te doutes bien qu’il n s’agit pas d’un hasard. Et d’ailleurs que veut-on / il tuer ? La question est ouverte, à chacun sa réponse, à chercher peut-être dans les pulsions les plus refoulées de chacun d’entre nous. Et pour te répondre, il se cache, très discrètement, à la fin du ghost track d’"Internal Life" ! Je pense que peu de personnes ont capté ce truc (rires).
Mad : Ah ah oui, il est bien en sept parties, et les 7 sont trouvables donc l'heptalogie !
Chris : Concernant ce délire des "I Want To Kill Some...", les 2 premiers se trouvent sur "Internal Life" (le deuxième était en titre ghost tout à la fin de la dernière plage). Il n’y en a donc pas sur le deuxième album, puisqu’il y en a 2 sur le premier et le troisième débute le troisième album "Growth". Il y a également le 4 sur "Life" et le 5 sur "The 5th season", bien sûr, il n’y en a pas sur "Expulsed" puisque c’est le pendant d’"Ex-Pulsion", et nous avons nos 2 derniers sur "Eternal Life" comme pour "Internal Life". Ah ah c’est complètement con, mais ça nous fait rire ! Donc au départ c’est un peu comme le concept. On a fait les 2 premiers sans songer en faire 7, mais quand le concept est apparu, il paraissait évident de faire de même avec ce morceau, qui était un simple délire de répèt' au départ.

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, si vous voulez ajouter quelque chose le mot de la fin (dans tous les sens du terme) est pour vous !
Fred : Merci M. Murderworks. Tiens, tiens, ce pseudo m’évoque curieusement la Finlande (rires). Donc merci pour cette chouette interview. C’est toujours agréable de sentir qu’on est face à quelqu’un qui maîtrise son sujet et qu’il l’a creusé. J’ai répondu à des dizaines et des dizaines d’interviews et je dois avouer que très rares furent celles où le journaliste avait vraiment bossé en amont et saisissait le sens de notre démarche. Donc, une fois encore merci !
Mad : Merci à toi ! Ça fait vraiment chaud au cœur de pouvoir approfondir grâce à ton boulot en amont, clairement parmi les questions les plus pointues et pertinentes qu'on ait eu l'occasion d'avoir, c'est une belle preuve de soutien et d'amitié. Merci encore, et bordel vite vite vite qu'on se retrouve sur scène !
Chris : Merci énormément pour cette interview passionnante et fouillée ! Ça fait vraiment plaisir de sentir qu’il y a des personnes qui prennent leur passion au sérieux comme ça ! Et merci à toutes les personnes qui nous soutiennent, certaines depuis le tout début. C’est tellement important pour nous, et comme le précise Damien, oui à très très vite sur scène, car ça manque quand même furieusement tout ça !!


Le site officiel : www.inhumate.com