Interview faite par mail par Antoine

Salut les Last Barons ! Votre deuxième album est sorti depuis maintenant 2 mois, les chroniques sont bonnes voire même très bonnes de toutes parts, vous vous y attendiez ?
Julien (chant) : Disons qu’on est très contents du disque et qu’on espérait que les gens comprennent où on voulait en venir et l’aiment dans la foulée. C’est globalement des retours très positifs qu’on a, c’est vrai. Maintenant, d’autres sont aussi plus nuancés et ça me va aussi, c’est le jeu.

Et vous, êtes-vous allés au bout de ce que vous recherchiez avec cet album ?
Julien : Oui, j’pense que c’est le cas. On a pris notre temps pour bien faire les choses, avec des pré-prods assez abouties et ne pas regretter certains points, comme ça avait pu être le cas avec la première version d’"Elephantyasis". Ça nous a servi de leçon, on est plus tranché dans nos choix ; et je trouve que globalement en termes de choix et d’arrangements, il y a eu beaucoup moins de débats entre nous qu’auparavant même si en terme de mix, Francis aurait peut être une autre version des faits…

Le titre de cet album "Cheval De Troie" est assez surprenant, tout comme la musique qu'il contient donc c'est plutôt bien trouvé, ça peut être une façon de dire "attention vous allez être surpris en écoutant cet abum". Mais pourquoi ce titre ?
Julien : Pourquoi pas, oui. On aimait bien l’idée du titre en français et puis une des idées directrices, était de rentrer dans la tête des gens, trouver des mélodies pour chaque chanson assez identifiables pour que l’auditeur puisse les retenir assez facilement, puis essayez d’en découvrir une seconde couche avec le temps.
Damien (guitare / chant) : L’envie de mettre un titre en français remonte aux débuts du groupe ; on était donc très contents d’en trouver enfin un qui sonne et qui résume bien le contenu et la volonté du disque.

Vous avez à nouveau travaillé avec Francis Caste, on peut considérer que vous avez trouvé la bonne personne pour le mixage ?
Julien : Oui, on était contents de ce que Francis nous avait apporté sur "Elephantyasis" mais vu qu’on était encore un peu novice en terme d’enregistrement et de mixage et que l’idée de départ n’était pas de le refaire remixer, on était curieux d’aborder un projet frais avec l’optique de le faire mixer par Francis.

En enregistrant chez vous et avec un son aussi propre vous cassez l'idée classique d'enregistrer dans un studio pour avoir un rendu pro et le mythe du passage en studio. Comment vous vous y êtes pris pour l'enregistrement "à la maison" ?
Damien : J’ai "chapotté" le projet si l’on peut dire en organisant les prises, le choix du matériel, les pré-prods, etc… Dans les faits je m’occupe de toute la partie enregistrement depuis le début donc c’était une continuité naturelle. Cette fois par contre, on a eu en plus l’appui de Martin, notre ingé son et on nous a aussi prêté du meilleur matériel que celui dont nous disposions (micros, préamps…) pour optimiser les prises au maximum. Tout ça s’est déroulé dans la maison du groupe The Castle comme pour "Elephantyasis" qui comporte des pièces à l’acoustique intéressante, par exemple la "grande chambre" et sa réverb naturelle où nous avons fait nos batteries à chaque album ou le son mate des caves où nous avions confinés les amplis.

C'est une façon pour vous de privilégier au maximum le DIY et de contrôler un maximum de choses ou de limiter les frais ? Ou les deux ?
Julien : Les deux. Aujourd’hui, pour un groupe, y’a pas de petites économies. On pourrait se poser la question, si cela avait un réel impact en termes de qualités de son. En plus, vu qu’on enregistre entre nous, personne d’extérieur au groupe ne donne son avis sur les prises, du coup, on laisse parfois passer quelques conneries du style un break un peu bizarre ou un chœur un peu faux et j’aime bien le côté pas forcément carré que ça donne au résultat final. Un coté humain.

Dans la plupart des chroniques que j'ai pu lire, les noms qui reviennent le plus souvent sont Faith No More, Alive In Chains et Freak Kitchen… Le point sur lequel quasiment tous sont unanimes (je partage ce point), c'est que vous n'avez pas la "folie" que peuvent avoir ces groupes. C'est vrai qu'à certains moments on se dit "ça y est ça va partir" mais non… La qualité de la musique est bien là sans avoir besoin de cette "folie" mais est-ce une volonté de ne pas péter les plombs musicalement parlant ?
Damien : Ben écoute, déjà on ne revendique aucune folie particulière (sourire) et ensuite je sais pas, je suppose que notre musique nous ressemble à nous en tant qu’individus et qu’elle est telle qu’on la conçoit. On ne va pas se forcer à jouer les gros oufs si ce n’est pas ce qu’on est dans le fond… tu me suis ? (Ndlr : c'est juste un ressenti, évidemment ce n'était pas dans le sens pourquoi vous ne vous forcez pas à aller plus loin) Donc consciemment ou non c’est notre volonté, on a emmené les chansons exactement là on l’on voulait sans se demander si "ce serait de péter les plombs tiens ?!". A posteriori on nous compare suffisamment comme ça à FNM - ce qui pour moi relève plus d’une manière générale de voir un album que d’une véritable influence - alors imagine si en plus on rajoutait des délires à la Patton… je ne dis pas que ça n’arrivera pas un jour, ça se produira si on en ressent l’envie sur le coup, mais ce ne certainement pas par nécessité ou pour rentrer dans la case où les gens voudraient qu’on soit. Ce serait trop facile et d’autres s’en chargent déjà très bien…



On entend bien un mélange de sonorités, notamment grâce à la multitude d'effets balancés avec la guitare, ce mélange est important pour vous ? De ne pas faire une musique restreinte à un seul style musical sans y apporter des touches plus personnelles ?
Damien : Oui très. J’y fais particulièrement attention aujourd’hui car je trouvais notre son trop plat sur le précédent disque. Du coup les sons et textures choisies soulignent l’aspect qu’on veut mettre en avant dans tel ou tel morceau ; exemple sur "End Of The Beauty" et le son très crade des guitares saturées qui mettent en avant le côté apocalyptique du morceau. Et comme tu dis ça permet d’élargir sa palette. D’un autre côté j’aime les groupes qui ont UN son identifiable à l’image des Queens Of The Stone Age mais dans notre cas ça ne collerait pas. Et au passage je rajouterai que je trouve que trop de groupes copient la recette pour en rajouter encore une couche.

Le chant me fait penser à plusieurs autres artistes, est-ce une volonté que de varier les lignes de chant comme dans "Shaman's Warning Song" pour ne citer qu'un titre ?
Julien : Oui, les titres étant globalement assez différents les uns des autres, j’suis obligé de varier ma façon de chanter. Et puis, c’est comme ça que j’m’amuse. J’me dis que ça n’enlève pas forcément de cohérence au disque vu que c’est le même mec qui chante.

Est-ce qu'il y a un fil conducteur dans les thèmes des chansons ?
Julien : Disons qu’il y a une toile de fond commune sur l’ensemble du disque, la fin du monde et ce que l’on fait en l’attendant.

Vu le style que vous avez, vous pouvez jouer devant un public metal, rock, jazz et d'autres encore, ce qui représente un avantage mais aussi un inconvénient pour les plus puristes. Est-ce que vous avez tenté de jouer devant ces différents publics en plus du festival Jazz Sous les Pommiers ?
Damien : Oui d’ailleurs à ce propos on a quelque fois reçu un accueil plutôt mitigé de la part de certains "puristes" ! J’avoue ne pas comprendre leur réticence ; en tant que public je préfère voir un groupe qui va me surprendre plutôt qu’un autre qui va exactement faire ce à quoi je m’attends. J’ai du mal avec les trucs trop figés en fait, si on ne revendique aucune folie par contre on revendique une certaine liberté artistique, qui fait qu’on pourra passer d’un morceau comme "Rubber Boots" à "Hidden Sun" sans que ça ne nous pose aucun problème. Quant à Jazz sous les Pommiers, quand on y joue c’est en "off" de la programmation officielle, on a donc un public varié et pas uniquement jazz.

Avez-vous des préférences à jouer devant tel ou tel public ou est-ce que certains réagissent davantage à votre musique ?
Damien : Je n’ai pas de préférences particulières. Si le public est bon, peu importe qu’il écoute du rap ou de la pop. Après évidemment dans les faits les amateurs de rock seront presque toujours plus réactifs. Sauf les réac’ puristes !!! (sourire

Faire partie de la Klonosphere, qu'est ce que ça représente pour vous ?
Damien : Une fierté, quand tu vois la qualité des groupes qui y évoluent, qu’on écoutait en tant que public il y a quelques années et avec qu’on a la chance d’avoir rencontré aujourd’hui. Pour nous c’est synonyme d’une étape de franchie et une reconnaissance de notre travail.

D'après ce que j'ai pu lire, votre but est apparemment de devenir dans un premier temps intermittents et d'ensuite de vivre de votre musique, c'est toujours le cas ? Vous arrivez à surmonter les difficultés ?
Damien : Oui dans l’idéal c’est toujours ça. Maintenant notre vie à chacun a évolué, je suis par exemple devenu papa pendant l’enregistrement (Ndlr : félicitations !) de l’album donc forcément on s’adapte. On bosse tous à côté, on s’autofinance totalement, donc nos difficultés sont relatives.

Avez-vous avancé sur votre projet de tournée au printemps 2013 ? Étant membre de la Klonosphere on peut espérer un beau plateau !
Damien : Pour le moment on est toujours en phase de préparation, donc je n’en dirai pas plus.

Quels sont vos projets pour cette année à part les dates au printemps ?
Damien : Le tournage d’un clip et la tournée car on n’a pas encore vraiment défendu l’album sur scène.

Je t'épargne la question du mot de la fin, si tu as un mot à ajouter tu peux le faire sinon je vais conclure en te remerciant d'avoir répondu à mes questions. Bonne chance pour la suite, gros coup de cœur pour cet album, il rejoindra bientôt ma CDthèque ! J'espère vous voir rapidement sur scène (étant moi-même Normand ça devrait se faire) !


Le site officiel : www.lastbarons.fr