Interview faite par Lenore à Paris.

Bonjour Onesta, Pouvez vous pour commencer nous raconter un peu la création et l'histoire de votre groupe et de ses membres ?
Bogdan (chant) : Bonjour, ONESTA a été formé en 2005 par Tony, un ami guitariste avec qui j'avais déjà joué dans le passé et moi meme. Il y a trois ans on a eu envie de récréer un groupe, quelque chose qui n'existait pas sur la scène Française, c'est à dire du hardcore urbain, influencé directement par la scène New Yorkaise et des influences hip hop. Depuis on a eu quelques changements de line-up, Tony est toujours là, Olivier est à la batterie actuellement puisqu'il a enregistré cet album avec nous, et Mario le nouveau bassiste qui est là depuis 4 mois et qui a joué entre autres avec Black Bomb Ä. Bref un bon combo soudé qui trouve plaisir à jouer ensemble.

Ok, vous venez de sortir votre nouvel et premier album "Back To Reality", comment en analysez-vous les retombées, êtes vous satsfaits de ce premier essai ?
Pour tout ce qui est promo, c'est plutôt Momo le responsable du label qui s'en charge, on a une couverture tres satisfaisante, on a réussi à atteindre tous les médias qui peuvent aujourd'hui se sentir concernés par le mouvement en France. Au niveau des retombées, on peut dire qu'on est très contents, on a eu des bonnes suprises de medias étrangers, Allemands, Belges, mêmes Américains qui ont vraiment encensé cet album. Et je t'avouerai que je fais vraiment attention à ce que disent ces gens là, plus qu'aux webzines plutôt spécialisés metal Français qui sont parfois décalés par rapport à ce qu'on fait et qui ne savent parfois vraiment pas parler de hardcore. Au niveau des concerts, ca se passe très bien, les gens apprécient généralement le spectacle et nous soutiennent après, mais maintenant pour ce qui est des ventes en magasins je ne sais pas encore. Ca a l'air de se passer plutot bien.

Justement, en parlant de webzines et des médias qui vous aident à vous faire connaître, voulez-vous exploiter à fond le média Internet, ou voulez vous garder cette image de groupe urbain, de groupe de scène et essayer de vendre vos albums plus par le biais de la scène ?
Effectivement en ce moment on parle beaucoup de ce phénomène de téléchargement, mais je pense que ca atteint un peu moins le mouvement hardcore qui est tourné vers la scène et la communication directe, il n'y a pas de star system et de paillettes ! On reste dans le concret et l'authentique.

Donc on ne trouvera pas "Back To Reality" en téléchargement pour un ou deux euros dans quelques mois sur la toile ?
Non, moi je t'avouerai que j'aime beaucoup le support CD, j'ai pas envie qu'il disparaisse, on a tous grandit en achetant des skeuds et c'est comme ça que les groupes peuvent laisser une trace. Je prends toujours plaisir maintenant à redecouvrir les cds que j'écoutais au début, à relire les textes ; le téléchargement peut être bien pour des choses superficielles mais certainement pas pour le hardcore. Les labels de hardcore ont des moyens limités et le fait d'acheter un cd de hardcore est un moyen de montrer que l'on supporte la scène, que l'on supporte les groupes qui se battent pour la faire vivre. C'est des valeurs importantes à nos yeux et il faut que cela puisse continuer, je suis convaincu qu'aujourd'hui plus que jamais le hardcore a besoin de ce support.

Ok, et depuis ces deux dernières années, entre la sortie de l'EP de 2006 et aujourd'hui, comment avez-vous progressé, avez-vous de nouvelles influences, par exemple au niveau de la scène francaise ou autre ?
Entre l'EP et "Back To Reality" on a eu une sorte d'étape qui a été un 2 titres et qui nous a permis d'avancer dans notre son mais aussi de marquer un changement de line-up. Ensuite ce qui s'est passé pour l'album, c'est qu'on a eu plus de temps et de moyens en studio pour lui donner forme... En gros on a eu de meilleures conditions, et puis le mastering est différent, on a eu la chance de le faire à New York. Au niveau des influences, notre son est plutôt resté dans la lignée urbaine du hardcore, comme Madball, Biohazard, E-town Concrete etc... on préfère la musique du début-milieu des années 90, c'est avec ça qu'on a grandit, qu'on a decouvert les premiers shows.. on kiffe aussi des groupes comme No Innocent Victim ou Until The End, au niveau Européen on est fan de Barcode du Danemark.

Alors votre but est-il de faire vivre en France ce concept de scène hardcore New Yorkaise ?
Au début c'était un plaisir personnel de monter un projet qui nous tenait à coeur. Avec le temps et l'évolution du groupe, les témoignages qu'on peut avoir régulièrement en concerts, beaucoup de gens viennent nous remercier d'apporter ce style NYHC à la France. Au fur et à mesure des dates on s'est aperçu de cet engouement et aujourd'hui c'est très souvent qu'à la fin des shows les gens viennent nous soutenir. Même si on ne révolutionne pas le style, on amène déjà cette touche en France et on est en quelque sorte originaux dans l'hexagone de par notre existence. Pour nous c'est une manière de faire découvrir et redécouvrir cette musique à des gens qui ont peut-être laché l'affaire, surtout que c'est un style de son qui a perdu de son souffle au début des années 2000 avec pleins de groupes qui ont arrêté ou qui ont été en stand by comme Madball dont on parlait tout à l'heure. C'est vrai qu'aujourd'hui on essaye de faire renaitre ce son qui sent le bitume et l'authentique.



A ce propos, on le voit très bien par la pochette de votre album, vous voulez vraiment mettre en avant que le hardcore est une musique de la rue, et c'est vrai que par sa simplicité, la pochette de "Back To Reality" est très communiquante...
Je pense que chaque groupe a son style et son univers, le New York Hardcore aussi. Des gens pensent que les groupes du style c'est "ouais on est des voyous de la rue" mais pas du tout, c'est une musique qui est urbaine dans le sens qu'elle parle du quotidien, elle parle de choses qui nous entourent dans la vie de tous les jours, tu sens aussi les influs hip hop dans certaines rythmiques et dans le flow, et c'est vrai que la plupart d'entre nous ont grandi en banlieue Parisienne, c'était aussi un clin d'oeil à notre univers.

Ok, alors pour changer de sujet, on me dit souvent que le hardcore manque d'originalité et n'est pas un style interessant, et c'est d'ailleurs la principale critique que j'ai faite de votre album, c'est ce manque d'originalité, mais en même temps que pensez-vous de cette critique, vous sentez-vous concerné par cette recherche inesperé du morceau ultime et révolutionnaire ?
Je vais te dire que de mon point de vue le hardcore se doit de rester dans une veine authentique, et que lorsque tu montes un projet du style c'est pas avec l'envie de révolutionner mais d'apporter ta pierre à l'edifice. Ici on parle de choses concrètes, des choses du quotidien comme la famille, l'amitié, la religion, la politique... j'ai envie de dire que les gens qui aiment écouter du gros son tout en gardant le côté porteur de message de la musique peuvent se tourner vers le hardcore au moins par curiosité parce que le message y est beaucoup plus profond que dans les autres styles rock extrêmes. D'autre part, musicalement je trouve que dans le hardcore y'a un groove que tu ne trouves pas dans les autres styles, un phrasé qui est propre et qui accompagne un message. le New York Hardcore est un style a part, tu peux avoir ce côté hip hop dans le phrasé ainsi que le côté urbain avec des paroles aux messages réalistes. Alors tous ces délires d'originalité j'y fais pas attention, parce que tu remarqueras que des groupes de hardcore et même de metal qui ont voulu apporter une originalité à leur son, se sont merveilleusement plantés, je prends pour exemple le dernier Raised Fist qui est tout sauf fameux.. Maintenant t'as beaucoup d'exemples comme ça, je pense juste qu'il faut être honnête envers soi-même et envers le public, donc oui notre CD ne va pas révolutionner le monde de la musique et qui peut prétendre le faire aujourd'hui ? On est là pour autre chose et on est là aussi pour prendre les gens aux tripes.

Oui et puis vous j'imagine que le plaisir c'est surtout la scène ?
Bien sûr on fait notre son pour le faire partager, rien ne vaut une ambiance de concert, et le fait de rencontrer des gens aussi, tu remarqueras que le mouvement HC est un des rares à amener des associations Vegan à ses concerts (projection de video sur la defense des animaux, débats etc...) , ou que le mouvement straight edge est très proche de cette musique. Voilà c'que j'voudrais dire aux personnes qui critiquent ce mouvement, c'est qu'ici on s'en fout de comment tu t'habilles, de comment tu vas danser, par contre les gens se battent pour quelque chose, j'ai pas encore vu ça dans le metal.

Ok, donc pour conclure, peux-tu me donner les dernières news du groupe, comment se passe la tournée ?
Plutôt bien ! On a fait une vingtaine de dates depuis la sortie de l'album, on a été partout en France, un peu en Belgique, on va aller en Angleterre et Europe de l'Est, on est satisfait de la réaction du public. On fait un petit break pendant un mois pour composer le prochain album qui est déjà en préparation, on a l'intention de travailler d'avantage avec l'étranger pour celui la, car vu ce qu' Alan Douches à apporter à "Back To Reality" on a vraiment envie de réiterer l'experience et d'aller plus loin avec le prochain, et enfin partir sur les autres continents pour jouer notre son.

Pour finir, des petites questions bateau mais bon qui font bien, quels sont vos meilleurs souvenirs de scène ?
Alors ce serait Madball, No Turning Back et au niveau des villes Marseille et Nantes nous ont laissé un très bon souvenir.

Le mot de la fin ?
Juste un mot pour remercier les personnes qui travaillent avec nous, Momo en particulier, et ceux qui nous soutiennent. Et merci à toi et à French Metal pour l'intérêt porté au projet.


Le site officiel : www.myspace.com/onesta