Interview faite par Pascal Beaumont à Paris.

Que de chemin parcouru depuis 2008, date à laquelle sortait le premier opus d’Orden Ogan et nous faisait découvrir son univers basé sur des concepts alambiqués. L’Ordre Sacré est en passe de s’imposer comme une des valeurs sûres de la nouvelle scène metal accompagné de sa fidèle mascotte Alister Vale. Il faut bien dire que les bougres n'ont, depuis la sortie de "Ravenhead", cessé de tourner à travers toute l’Europe que ce soit au côté d’HammerFall ou Powerwolf. Des opportunités qui leur ont permis de vampiriser de nombreux fans et d’assoir leur réputation scénique. Fort du succès de "Ravenhead", le gang de Sebastien "Seeb" Leverman a décidé de mettre les bouchées doubles pour revenir le plus rapidement possible. Deux ans après les voilà donc qui déboule avec une nouvelle galette sous le bras, "Gunmen". Une fois de plus nos amis ont développé un concept basé cette fois-ci sur l’épopée de l’Ouest américain. La version allemande qui développe un mix d’"Il Etait Une Fois Dans L’Ouest" et de "Mon Nom Est Personne". Quelle surprise de les voir vêtus en hommes de l’Ouest, la winchester à la main. Comme d’habitude, Seeb et ses comparses ont développé sur dix morceaux une série de petits scénarios qui nous font voyager à travers les hautes plaines de l’Ouest. Un voyage aux airs cinématographiques fortement influencé par les films de leur enfance. "Gunmen" s’avère être un voyage épique avec un début et une conclusion menés de main de maître par Seeb, chanteur, guitariste et producteur de l’opus. Une fois encore, Orden Ogan n’a pas résisté à travailler avec une special guest des plus charmantes en la personne de Liv Kristine (ex-Leaves' Eyes) qui officie sur la magnifique power ballad "Come With Me To The Other side".
L’Inspecteur Gadget s’est mis en quête de découvrir tous les mystères de ce voyage dans l’Ouest sauvage. Une fois n’est pas coutume, c’est avec le sympathique batteur Dirk Meyer-Berhorn que French Metal a pu s’entretenir histoire de savoir qui a été le vainqueur du duel final. Entretien avec un musicien enthousiaste mais qui n’est pas des plus loquaces après une journée d’interviews. Magnéto, Dirk, c’est à toi !

C’est la première fois que tu viens assurer une journée de promotion à Paris ?

Dirk Meyer-Berhorn (batterie) : Oui, pour moi c’est une première. Mais ce n’est pas la première fois que je viens à Paris. On a joué de nombreuses fois ici avec ORDEN OGAN. C’est une très belle ville que j’apprécie énormément.

Comment as-tu vécu cette journée ?
C’était très excitant pour moi. Mais je suis un peu fatigué maintenant. J’ai dû parler toute la journée et c’est réellement épuisant car tu réponds toujours aux mêmes questions. (rires)

Vous avez participé à la 70 000 Cruise Of Metal, quel souvenir en gardes-tu ?
Tu es le premier à me poser cette question ! (rires) C’était vraiment très bien et quelque chose d’incroyable pour moi. C’est une expérience totalement irréelle car tu te retrouves sur un énorme bateau et tu donnes plusieurs concerts en très peu de temps. C’est la première fois que je participais à un tel évènement et c’était complètement dingue. C’était un peu les vacances ! (rires)

Comment était l’ambiance à bord ?
J’ai passé des moments vraiment sympathiques. Il n’y avait aucune barrière entre les groupes et les fans, pas de différence. Tu peux discuter avec qui tu veux, j’ai rencontré de nombreuses personnes très sympathiques avec qui je suis toujours en contact d’ailleurs.

Depuis la sortie de "Ravenhead", vous avez eu l’opportunité de partir en tournée avec HammerFall et puis Powerwolf et Xandra, comment était-ce ?
C’était une belle tournée que ce soit avec HammerFall ou Powerwold. Cela nous a permis de faire un grand pas en avant. On a pu rencontrer de nombreux fans et en conquérir de nouveaux. On a vécu des expériences nouvelles. Tous s'est très bien passé et on est resté en contact avec toutes les formations que l’on a accompagnées. On a vécu quelque chose d’incroyable.

Avez-vous pu passer du temps avec les autres combos ?
Lorsque tu es en tournée tu n’as pas beaucoup de temps pour faire la fête. Il y a eu quelques soirées qu’on a pu organiser la veille de nos day offs. Mais l’objectif c’est d’être toujours en forme pour donner le meilleur sur scène. Ce n’est pas le cas si tu fais la fête toute la nuit. Tous les combos sont maintenant dans cet état d’esprit car les fans payent très cher leur place de concert et on ne doit pas les décevoir. On doit être à la hauteur sur scène.

Vous avez eu l’opportunité de jouer deux fois en l’espace d’un an au Trabendo ?
Oui, c’est une salle très spéciale. C’est le seul endroit que je connaisse où le public est plus haut que le groupe. C’est très étrange. La scène est très basse. Dans tous les autres lieux, la formation est en hauteur par rapport à la foule ce qui te permet de bien voir ce qui se passe dans la fosse. Au Trabendo, c’est l’inverse, ce sont les fans qui dominent le groupe. Mais les deux shows ont été excellents, on a pu faire une belle fête avec nos fans.

Pour "Gunmen", tu as été enregistrer tes parties de batterie dans un saloon !
Oui, c’est vrai, on a la chance d’avoir un parc de loisirs qui est proche de chez nous. C’est une ville qui recrée l’univers du Far West avec un saloon. Tout s’est passé de manière assez classique, ça a été relativement rapide. Quand j’ai enregistré mes parties, on a testé différentes choses notamment au niveau des tempos. C’est qui prend le plus de temps. Mais ça sonne bien car c’est un endroit en bois et très grand.



Comment avez-vous travaillé avec Seeb qui est guitariste / chanteur mais aussi producteur de "Gunmen" ?
On s’entend très bien ensemble. C’est quelqu’un qui est capable de faire ressortir ce que tu as de meilleur en toi. Nous travaillons très bien ensemble.

As-tu participé à l’écriture de certains morceaux ?
Oui, j’ai composé notamment “Down Here (Wanted: Dead Or Alive)”. Mais en fait j’ai travaillé sur tous les morceaux sauf sur "Finis Corona Opus".

Comment travailles-tu avec Seeb en termes de composition ?
C’est très marrant. Je suis batteur et je peux écrire des chansons mais je suis incapable de les jouer à la guitare ou avec un autre instrument. Je ne peux pas retranscrire l’harmonie moi-même. Je donne le tempo et puis je chante la mélodie à Seeb pour qu’il compose ce que j’ai dans la tête. Il retranscrit mes idées à la guitare. Ça fonctionne mais parfois c’est très drôle.

Seeb a utilisé pour "Gunmen" des morceaux qui avaient été enregistrés sur de vieilles cassettes ?
Oui, c’est vrai. Il y a une ou deux idées qui ont été utilisées et qui sont devenues des parties de morceaux. Mais je serais bien incapable de te dire lesquelles. Mais elles ont bien été intégrées dans certains titres de "Gunmen".

Comment est née cette idée d’écrire un opus sur le thème de l’Ouest américain ?
On a eu cette idée il y a déjà quelques années. Mais ce n’était pas évident de développer ce concept ! Lorsque nous nous sommes mis à composer les nouveaux morceaux, on s’est aperçu qu’il y avait un feeling très western. On s’est dit que c’était le moment de développer cette idée et d’en faire un opus.

Est-ce que tu aurais aimé vivre dans l’Ouest à cette époque ?
Non. On a été influencé par le cinéma américain, surtout les Westerns que l’on a pu voir lorsque nous étions plus jeune. Mais c’était une époque très difficile. Je n’aurais pas aimé vivre lors du siècle de la conquête de l’Ouest. C’est plus une fantaisie de notre part d’avoir développé ce thème. Et puis on y a ajouté beaucoup d’humour.

"Gunman" est le premier single extrait de l’opus pour lequel vous avez tourné un clip, comment s’est déroulé le tournage ?
C’était très marrant. Pour moi cela a été une très bonne expérience. Cela nous a demandé beaucoup de travail. Mais on a pris beaucoup de plaisir à réaliser ce clip.

Il a été tourné aux USA dans de véritables décors naturels !
Oui, on a été le tourner à Monument Valley et dans le désert. Ce sont de véritables images sans aucun trucage. On n’a pas utilisé de fond vert. On n’a pas de fond d’écran ou ce genre de procédé. On est parti tourner aux Etats-Unis et on a tout filmé dans ces lieux fabuleux que tu peux voir sur le clip.

Il y a des scènes impressionnantes où vous jouer tout en haut d’un canyon en plein vent !
Oui, tourner ces scènes a été incroyable. On se sent tout petit dans ce genre de paysages. Là tu comprends mieux la puissance de la nature et sa force impressionnantes. Dans ce genre de plan, il faut faire attention de ne pas faire de mauvais pas. (rires)

Pourquoi avez-vous choisi ce titre en particulier comme premier single ?
En fait on s’aperçoit de ce genre de chose lorsque l’on compose les titres. Lorsque que l’on a terminé "Gunmen". Naturellement on s’est aperçu tout de suite que c’était le titre parfait pour présenter l’opus. C’est un single qui a un refrain très fédérateur. Une fois que tu l’as écouté il reste dans ta mémoire sans plus te quitter. Tu ne peux plus l’oublier.

Pour l’artwork vous avez choisi de retravailler une fois de plus avec Andreas Marshall, comment avez-vous travaillé cette fois-ci ?
On lui a donné certaines idées que l’on souhaitait développer dans la pochette. Ensuite avec ça, il se met à peindre. La plupart du temps on a une vision qu’on essaye de lui transmettre, ensuite il se met au travail. La plupart du temps, ce qu’il nous remet est totalement différent de ce que l’on avait imaginé mais au final c’est nettement mieux.

Allez-vous utiliser des tenues de personnages de l’Ouest sur scène ?
Oui, on s’est procuré de nouveaux costumes pour la tournée qui arrive. Nous voulons être en phase avec le nouveau concept de "Gunmen". Même si ce n’est pas vraiment un concept au sens strict du terme. Mais l’idée principale est basée sur des histoires de l’Ouest. Mais chacun des dix titres est indépendant, il n’y pas de connexion directe entre les morceaux.

Vous avez beaucoup travaillé au niveau des recherches pour développer ce thème ?
Oui, on lit beaucoup mais c’est le cinéma qui a eu une influence majeure sur ce disque.

Comment es-tu devenu le batteur d’Orden Ogan ?
J’ai joué dans de nombreuses formations avant de rejoindre ORDEN OGAN. J’étais très occupé. Un soir je donnais un concert avec un combo et Seeb était dans la salle. Il a écouté comment je jouais. A la fin du concert, il est venu me voir et m’a demandé si je pouvais les dépanner pour quelques dates. J’ai bien sûr accepté et ça c’est très bien passé. Ensuite, ils m’ont demandé de rester et je suis devenu le batteur officiel d’ORDEN OGAN.

Est-ce que l’intégration au sein du combo a été facile ?
Au début j’ai dû faire en sorte de trouver ma place. Heureusement il est très facile de communiquer avec Seeb et les autres membres du groupe. Au final tout a été très vite et je me suis très bien intégré.

Quels sont les groupes qui t’ont donné envie de devenir musicien ?
Lorsque j’avais 11 ou 12 ans j’ai découvert Obituary et l’album "Curse Of Death", c’est du death metal. J’ai adoré, cela a été le début. C’est eux qui m’ont donné envie de jouer de la batterie, de la double et de faire du metal.

Quel est le batteur qui a eu une influence majeure sur toi ?
Pour moi le meilleur batteur au monde c’est Thomas Haake de Meshuggah. C’est totalement incroyable ce qu’il arrive à faire avec une batterie.

Sur l'édition limitée de l'album, on trouve un DVD de votre concert au Wacken Festival qui a eu lieu en 2016, cela reste un bon souvenir ?
Oui, c’était un concert incroyable avec un public extraordinaire. Ce qui nous a fait rire, c’est que dès que notre intro a débuté, il a commencé à pleuvoir très fort. On était totalement trempés sur scène. Le plus drôle c’est que dès que l’on avait terminé le dernier morceau, la pluie s’est arrêtée. (rires) Heureusement pour nous le public est resté pendant tout le long du show. Ça nous a vraiment impressionnés.



Pourquoi avoir invité Liv Kristine sur le titre "Come With Me To The Other Side" ?
Lorsque nous avons composé l’intro du morceau il nous est apparu comme une évidence qu’il nous fallait une voix féminine pour cette chanson. Notre bassiste Niels Löffler a donné quelques concerts au côté de Leaves' Eyes. Du coup, on a tout de suite pensé à elle ! Elle a la voix idéale pour ce titre.

Comment s’est déroulé l’enregistrement avec Liv ?
C’est très simple, elle est venue enregistrer ses parties vocales dans notre studio. Ca a été un vrai plaisir de travailler avec elle.

Dernièrement, vous avez sorti une compilation très complète "The Book Of Ogan", est-ce pour clore un chapitre de l’histoire d’Orden Ogan ?
C’était moins pour clôturer une époque que pour offrir un documentaire retraçant l’épopée d’ORDEN OGAN. On a choisi de faire ce DVD historique pour monter aux fans comment on travaillait et leur proposer un résumé de l’histoire d'ORDEN OGAN en images. Notre idée était de montrer l’envers de la vie d’un combo professionnel dans le monde du metal.

Comment as-tu vécu le fait d’être filmé en permanence ?
Cela n’a pas été un souci pour moi. Au bout d’un moment j’ai complètement oublié leur présence. Les caméras étaient tout autour de nous mais personnellement cela ne me gênait pas.

Comment avez-vous fait pour élaborer la liste des morceaux qui allaient figurer sur cette compilation ?
Cela a été très difficile car chacun a ses titres préférés et ce n’est pas simple de satisfaire tout le monde. On espère avoir fait le bon choix et réussi à rendre heureux tous nos fans.

Quels ont été les évènements importants qui t’ont marqué depuis ton arrivée au sein d’Orden Ogan en 2011 ?
Pour moi…Je suis incapable de choisir un moment en particulier. Dès le début tout a été incroyable. Lorsque j’ai fait ma toute première tournée avec ORDEN OGAN, tout était dingue. Un épisode très fort pour moi, c’est lorsque nous nous avons joué dans festival en Allemagne. C’était dans une très grande salle, on s’est préparer en backstage et juste avant de monter sur scène, on a entendu la foule hurler le nom d'ORDEN OGAN. Pour moi c’était incroyable, le public nous attendait et avait envie que l’on monte sur scène. Il y avait 4000 ou 5000 personnes qui scandaient notre nom. C’était un moment magique que d'entendre 5000 personnes hurler "orden Ogan", ça m’a donné des frissons.

A la suite du succès de "Ravenhead", avez-vous ressenti une forme de pression lors de l’écriture et l’enregistrement de "Gunmen" ?
Non pas du tout. On a fait exactement ce que l’on avait envie de faire. On a apprécié de travailler et enregistrer cet opus.

Pour conclure, qu’as-tu envie de rajouter qui te paraît important ?
Rien de spécial. On est tous très excités en attendant la sortie de "Gunmen". On va partir en tournée au mois d’Octobre.

Merci beaucoup Dirk, vous allez faire la fête ce soir ?
Oui peut-être. On est un peu fatigués mais on va quand même aller boire quelques verres.


Le site officiel : www.ordenogan.de