Interview faite par mail par Cassie

Salut les Punish, vous êtes actuellement en train de défendre votre nouvel album. Comment se passe la tournée ? A-t-elle été bien accueillie par le public ?
Vx (chant) : Ca se passe bien, merci, pour l'instant aucun accident de camion, assez peu d'accidents de vodka, on est dans la bonne moyenne... Juste quelques trous de mémoire à déplorer pour les plus aventureux, les risques du métier.
Miss Z  : Le public a l'air plutôt content, pour l'instant il n'y a eu aucun jet de canettes ni de cactus, même sur les nouveaux morceaux. C 'est bon signe, non  ?

Ce nouvel album est fondé sur le thème du Mexique. Pourquoi ce choix ? Est-ce un rapport avec le cactus hallucinogène ?
Vx : Pas de rapport direct avec le peyotl, même si ça fait partie du "fantasme mexicain", depuis Castaneda et ses trucs de Nagual pour hippies, on n'est pas très branchés hallucinogènes, au fond...
Miss Z  : Ca s'est décidé à partir du titre, il était là en premier.
Vx : Un soir probablement un peu trop arrosé, on ne sait absolument plus pourquoi ni comment mais c'est sorti comme ça. Magie  ! Peut-être un vague jeu de mots sur "Holiday In Cambodia".
Miss Z  : "Holiday in Guadalajara", ça n'avait aucun sens mais on s'est bien marré, ça a fini comme titre d'album... Typique de notre fonctionnement, ha ha.
Vx  : De fil en aiguille, comme je m'y intéresse pas mal, j'ai proposé le Mexique comme "décor" de l'album, c'était pas très sérieux au départ... Mais au final tout le monde s'est pris au jeu et on s'est mis à délirer sur un univers tox-mex cyberpunk latino, entre Sergio Léone et "Une Nuit En Enfer" en passant par les apocalypses aztèques.

Comment s'est d'ailleurs déroulée la composition de ce nouvel opus ? Par quoi avez-vous commencé ? Par la partie electro ou bien par la structure instrumentale ?
Vx : On n'a pas de méthode fixe, quand on attaque un album, surtout qu'on a énormément de brouillons et autres démos (plus ou moins avancés) sur le feu, dont certains traînent depuis des années. Voire des décennies pour les plus vieux. C'est un bon réservoir, on peut toujours aller piocher un riff, un son, un kick, essayer une vieille idée sur une nouvelle... Mais du coup on part vite dans toutes les directions, on n'est pas très disciplinés.
Miss Z  : Ca part assez souvent d'une rythmique électronique, mais à peu près aussi souvent d'un plan de guitare, en fait. Mais ça peut être aussi une bassline, un sample qu'on veut absolument utiliser... Une fois qu'on a l'amorce soit on compose collectivement et laborieusement, soit il y en a un qui revient avec un morceau plus abouti bricolé dans son coin, ça dépend des compos... Mais c'est surtout la finition qui prend du temps. Pour cet album on a beaucoup répété une fois les morceaux "écrits", à tester tout et n'importe quoi, des structures différentes, d'autres sons, des percus...
Vx : A trop vouloir tout essayer, ça a pris une éternité, et au final on a dû abandonner pas mal de bonnes idées en cours de route... pour certains morceaux on ne se rappelle même plus de quoi on était partis au départ. Ou alors c'est juste moi qui deviens sénile.
Miss Z  : Ca c'est possible.



Le choix de l'ordre des titres est-il important pour vous tant sur CD qu'en live ?
Miss Z  : Je ne connais pas de groupe qui te répondra "non, on fait au hasard, on s'en fout", donc oui c'est important pour nous, comme tout le monde.
Vx : Peut-être plus en live – sur un album on se permet des interludes, des intros, des passages ambient qui cassent le rythme, et hop on passe du coq à l'âne ni vu ni connu. En live, par contre, faut absolument tenir le public du début à la fin, le faire monter sans le lâcher, le bouger mais pas le fatiguer trop vite non plus... C'est du taf, mine de rien.
Miss Z  : On travaille énormément sur l'ordre du set et les enchaînements, le concert doit sonner comme un long morceau sans interruptions. Il n'y a quasiment jamais de silence entre les morceaux, de toute façon.

L'album sonne très "electro-dancefloor" par rapport au précédent qui lui était plus industriel. Pour quelle(s) raison(s) avez-vous évolué vers ce registre ?
Miss Z  : Evolué  ? On est plutôt revenu aux fondamentaux.. Il y avait des trucs carrément dance, sur les premiers albums, on a toujours assumé ça - quand on a démarré nos modèles c'était les Lords Of Acid, pas Fear Factory...
Vx : Mais c'est vrai que sur le petit nouveau il y a moins de morceaux rapides ou bourrins que sur "Pink Panther Party", ça doit sûrement faire ressortir le côté tech / dance / club / EBM / moustache, par contraste. Et puis c'est vrai qu'on a écouté beaucoup d'electro assez frontale pendant l'enregistrement, des trucs bien bêtes et efficaces, ça a dû avoir une influence.
Miss Z  : Positive, l'influence.

Est-ce que ce changement vous ouvre-t-il plus de portes et vous permet-il de conquérir un plus large public ?
Vx : Non. On a à la base un public déjà très large, ça va du black-métalleux au hippie-tranceux en passant par les vieux punks, alors "conquérir un plus large public", ça voudrait dire qu'on serait prêts à faire vraiment n'importe quoi pour être écoutés par n'importe qui. Or, il se trouve qu'on s'en branle, d'être écoutés par n'importe qui.
Miss Z  : On est très bien avec notre public comme il est. Ne changez rien, les déglingos, on vous aime comme ça  !

Outre ce changement, on reconnaît toujours votre patte dans vos compos, notamment sur les intros des titres qui sont souvent très progressives. Est-ce un choix pour faire monter la sauce ?
Miss Z  : C'est marrant, au tout début du boulot sur l'album, on s'était dit "Bon, cette fois-ci, pas de conneries, pas d'intros interminables ni de passages cosmiques bizarres, on fonce dans le tas et puis voilà". Au final, Vx n'a pas pu s'empêcher...
Vx : Voilà, ça va encore être ma faute... Bon peut-être un peu. C'est une constante dans PUNISH, les ambiances, à une époque on se débrouillait même pour en coller en plein milieu des morceaux même bourrus, sans complexe.
Miss Z  : Ca doit être que t'aimes ça, vieux babzoul.
Vx : Probablement l'influence néfaste du space-rock, j'avoue. Je suis fan de Hawkwind depuis mes onze ans. Ca ravage un cerveau, ce genre de choses...



Vous avez en moyenne 2-3 interludes sur vos albums. Qu'est-ce que cela signifie pour vous ? Est-ce un moyen pour vous de plonger l'auditeur dans votre univers ou au contraire de lui faire relâcher la pression ?
Miss Z  : Relâcher la pression, certainement pas. Jamais.
Vx : Le but c'est plutôt de déstabiliser l'écoute, de casser le côté évident / basique des "vrais" morceaux, en balançant des atmosphères inattendues, histoire d'enrichir la trame.... Ca peut annoncer le morceau à venir, ou faire traîner la fin d'un autre, ou casser une progression logique, l'important c'est que ça ne soit pas ce qui devrait être là "logiquement". C'est comme ça qu'on s'est retrouvés avec de la trompette sur cet album, ça c'était vraiment inattendu. Pour nous, ha ha.
Miss Z  : On l'a pas vu venir, ce sagouin de batteur, avec sa trompinette, il nous a bien eus.
Vx : Enfin bref, c'est comme dans un film, si t'enlèves les personnages secondaires, y'a un truc qui manque. T'imagines pas "Une Nuit En Enfer" sans Danny Trejo ou Salma Hayek. Les interludes, c'est pareil. Des putains de vampires.

Les riffs sont beaucoup plus rock'n'roll. Cela montre-t-il que vous n'avez plus rien à prouver et qu'ainsi vous pouvez vous faire plaisir en live en rajoutant un côté plus fun ?
Vx : Rien à prouver (ou rien à branler, diraient certains), ça fait longtemps.
Miss Z  : Quand on a sorti "Cult Movie", tout le monde nous disait que sortir un album instrumental, c'était n'importe quoi, mais on l'a fait quand même, parce qu'on avait envie. Et au final ça s'est très bien passé. On a toujours cherché à se faire plaisir. On suit juste nos envies du moment... Là dans le camp des guitaristes c'était peut-être plus rock'n'roll que d'habitude, mais c'était pas un calcul.
Vx : Moi je m'étais même pas rendu compte qu'il y avait des riffs rock'n'roll, sur ce disque. Faudra que je l'écoute.

Prévoyez-vous de sortir un clip officiel ou quoi que ce soit d'autre en rapport avec l'album et/ou la tournée ?
Vx : On n'a jamais été très clip, niveau priorités urgentes.
Miss Z  : Notre vieux complice mx en a réalisé plusieurs, mais c'est des montages d'images façon stroboscope, sans acteur, scénario ni budget. Total DIY. Pour "Holiday", il nous avait bricolé quelques teasers bien marrants, juste avec des extraits de films et de dessins animés... C'est plus ça notre approche de la vidéo.
Vx : A choisir, on préfère mettre en avant le visuel live que d'enrober un morceau dans de jolies images. Il y a déjà du visuel sur scène, pas besoin d'en rajouter une couche. Là, l'équipe de Verdamnis a réalisé un petit reportage de 17 minutes en nous suivant sur quelques dates début 2014, sans gros moyens, sans grosse équipe, et ça rend parfaitement l'ambiance à ce moment-là de la tournée. C'est tout ce qu'on demande.
Miss Z  : Super boulot, yes, par contre zappez les parties interview, y'a un type à lunettes qui dit n'importe quoi, on sait pas qui c'est...

Quelles sont les prochaines étapes pour le groupe ?
Vx : Aucune idée, la seule étape certaine c'est qu'on crèvera tous, c'est ma pensée philosophique du jour.
Miss Z  : Dia de los muertos, tout ça. Vieux goth  !
Vx : Là on continue la tournée jusqu'à nouvel ordre, toujours dans notre Mexique de foire aux monstres, on y prend goût, et puis c'est l'occasion de mettre de jolis chapeaux, alors...
Miss Z  : D'ailleurs on va sûrement sortir d'autres trucs en rapport, on a une tonne de chutes de studio à exploiter...
Vx : C'est vrai qu'on a pas mal de brouillons quasi bouclés dont on voudrait faire quelque chose, des instrumentaux surtout... Et pas mal de versions alternatives des morceaux de l'album, certaines carrément différentes... On réfléchit à prolonger le voyage  !
Miss Z  : Conclusion, pas de nouvel univers à explorer en prévision, on n'en a pas terminé avec celui-ci. Caramba.

Un grand merci pour l'interview accordée et à très bientôt sur scène !


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