Interview faite par Pascal Beaumont à Paris.

Regarde Les Hommes Tomber, un nom étrange venu d'ailleurs pour un groupe de post-black metal blindé d'originalité, une véritable énigme qui trouve son inspiration dans la filmographie de Jacques Audiard dont c'est le titre de son premier film. Il faut bien avouer que l'univers cinématographique a fortement influencé cette formation de Nantes qui a débuté en 2011 et qui a déjà trois albums à son actif. Les bougres ont choisi de développer à travers un triptyque basé sur une thématique biblique et mythologique où se côtoient les dieux et les archanges, un concept alambiqué et passionnant. Ne vous y trompez pas, ici pas question de verser dans un mode théologique, tout n'est que métaphores, le sujet principal étant l'être humain et tout ses travers, le tout baignant dans un univers musical lourd, violent et mélancolique agrémenté d'un doom / sludge des plus efficaces destiné à vous entraîner dans un périple au cœur du désespoir. Un vrai défi qui trouve son apothéose dans ce troisième et dernier chapitre, "Ascention", qui vous plonge directement dans les noirceurs et les tourments de l'âme humaine. La conclusion d'un voyage dont on ne ressort pas indemne et qui vous entraîne "Au Bord Du Gouffre". Pour essayer de mieux appréhender ce monde d'apocalypse, French Metal s'est mis en quête de mettre sur le grill le chanteur T.C. (Thomas) et son acolyte A.M. (Antoine) guitariste de son état. Un entretien instructif qui permet de soulever quelques peu le voile sur cet univers sombre et sans espoir tout droit issus de la quatrième dimension. Magnéto, les gars, c'est à vous !

Le 25 Septembre 2019, vous avez donné un concert au Trianon au coté de Fortifem pour l'illustration et de Hangman's Chair, Alcest, Perturbator, Nostromo et Dehn Sora dans le cadre du festival Major Arcana, quel souvenir gardez-vous de cette soirée ?

A.M. : Un souvenir vraiment excellent. C'est un évènement qui s'est fait d'une manière extrêmement rapide. Nous, on était en studio tout le mois de Juillet et le concert avait lieu fin Septembre. On a eu la proposition en Mars, tu imgines bien que l'on a dû bosser le set de manière très rapide durant tout l'été, on est super contents du résultat. On s'attendait vraiment à rien, on a fait notre truc un peu de notre côté avec eux et le public était hyper ravi. C'était une belle soirée. Il y avait une vrai voie créative sur ces répétitions-là.
T.C. : C'était super intéressant parce que c'est un processus vraiment créatif, on a pris nos compos et les leurs pour les déconstruire et les reconstruire pour ce set-là.

Comment décrirais-tu le groupe sur scène ?
A.M. : Bonne question ! On essaye de créer quelques chose d'atmosphérique. On s'évertue à chaque fois à instaurer une ambiance. C'est quelque chose de pesant et de fort avec une interaction particulière. Nous, c'est la musique avant tout, on met en avant les ambiances, les atmosphères. Je sais que c'est un peu cliché mais on voulait vraiment à l'origine construire nos lives un peu comme un voyage. On joue une musique avec de long morceaux sombres et atmosphériques, très graves. Il y a un début, un milieu et une fin. Après, le concert c'est aussi une expérience individuelle et c'est à chacun d'expérimenter le truc.

C'est pour cela que vous avez souvent mis des bougies et jouer dans une sorte de pénombre pour au final créer une ambiance intimiste ?
A.M. : Oui et je pense que c'est hyper important. A partir du moment où tu crées une musique qui est sombre, tu as besoin de te mettre dans cet état d'esprit parce que la musique c'est quelque chose d'instinctif. Il faut forcément se mettre dans cette ambiance, cette atmosphère, c'est du travail mais la création n'a pas de limites. Il faut laisser l'émotion venir à soi et ensuite transformer ça en matière artistique. Je dis toujours ça. En concert, au tout début, on jouait avec très peu de lumière parce que l'on voulait retrouver cette ambiance que l'on avait dans notre premier studio de répétition qui était quasiment dans le noir. C'est là où on a composé nos premiers titres et je pense qu'il y a une sorte de quête pour retrouver nos premier instants primaires de cette époque-là et aussi de coller une ambiance qui correspond à une musique que l'on joue. On ne se verrait pas arriver sur scène en spandex ! (rires) Le black Mmetal a des origines rock'n'roll mais nous on le pratique d'une manière pas trop rock'n'roll , il y a un coté théâtral. On a besoin de créer une atmosphère qui corresponde à ce que l'on souhaite.

Est que vous avez envie de développer ce côté théâtral dans le futur ?
T.C. : Complètement, après c'est juste une question de moyens. Dans l'absolu on devrait faire ça, jouer dans un décor qui soit vraiment fidèle à ce que l'on imagine et au statut de la formation. Après, c'est une question de moyens et c'est là que les difficultés commencent.

Pourquoi ne pas faire une campagne de financement participatif ? 
T.C. : Nous on n'est pas comme ça. Il y a plein de groupes qui nous influencent au niveau scénique mais c'est simplement une question financière qui nous retient.
A.M. : Oui et en plus on veut quand même rester dans quelque chose de minimaliste. C'est la musique avant tout, elle est déjà assez chargée. Je pense qu'avec un jeu de lumière approprié, un peu particulière, tu peux réussir à créer une ambiance.

Qu'est-ce qu'un bon concert pour vous ?
T.C. : C'est une question de ressenti personnel. Moi, ce que j'aime, c'est sortir de scène crevé en ayant tout donné et que je n'ai plus d'énergie même pour marcher. C'est un peu mal de dire ça mais j'en tire une satisfaction vraiment personnelle Ce qui est fait est fait.
A.M. : Il y a ça et puis moi j'ai tendance un peu à psychoter, à être control freak. Pour moi, un bon concert c'est lorsque je ne suis pas trop posé de questions en fait, je sors de scène et je me suis éclaté, c'est quand j'étais vraiment dedans. Au début du groupe, j'ai eu du mal à sortir de nos concerts parce qu'on jouait dans le noir, c'était les premiers, c'était intense. Maintenant, on est plus rodés et malheureusement on perd un peu de magie. Pour moi, un bon show c'est quand je ne psychote pas et que je suis dans le plaisir, en communion avec le public que j'ai en face de moi.

Tu veux dire qu'il y avait plus de magie à vos débuts ?
A.M. : Oui, on perd un peu de magie. Au début, lorsque tu commence à avoir un groupe et là c'est la première fois que je peux faire autant de concerts, tu vis chaque concert comme un évènement exceptionnel et après ça se transforme un peu plus en routine et tu te concentres sur d'autres choses et c'est ça qui est intéressant. Au départ, j'avais tendance à me baser uniquement sur les émotions, sur l'expérience que j'étais en train de vivre. En fait au fur et à mesure tu te concentres plus sur ton niveau de musicien entre guillemets, sur ta manière de jouer, c'est aussi très intéressant. C'est quelque chose de moins primaire. Pendant un moment, on n'avait pas vraiment d'enchaînements entre nos morceaux, tout se créait de manière naturelle entre nous. Mais à partir du moment où on a joué en festival, on a eu un cadre bien défini et je trouve qu'on a perdu un peu en spontanéité mais on est aussi rentrés dans autre chose.

Vous avez acquis un côté plus professionnel ?
A.M. : Oui, c'est ça. Mais après je pense qu'indubitablement tous les formations qui tournent beaucoup sont dans cet esprit. Parfois, tu as besoin de picoler pour te remettre dedans.



Comment s'est déroulé le processus de composition d'"Ascension" ?
T.C. : Ca nous a pris du temps, la composition a été fastidieuse. On a arrêté de tourner fin 2017 et l'album a été enregistré en Juillet 2019, ça a été long, ça n'a pas été simple.
A.M. : On a tout changé au niveau du mode opératoire du combo. Avant, c'était surtout JF, l'autre guitariste, qui composait les maquettes. Ensuite, nous on retravaillait en répétition. Pour cet opus, c'était un peu particulier, j'étais à Paris et les autres étaient à Nantes. Puis, je suis retourné à Nantes. J'avais accumulé pas mal de riffs et on est donc partis de morceaux que j'avais écrits et on les a travaillés en répétition. On bosse beaucoup en répétition. La première phase est toujours un travail individuel, ensuite on met tout ça en commun. On n'hésite pas à faire tourner le même riff pendant des heures histoire de trouver quelque chose qui nous satisfasse. Ca été un peu compliqué.
T.C. : Oui, ça a été long, on sortait d'une période où on avait beaucoup tourné et se remettre dans le bain des répétitions après deux ans de route ce n'est pas forcément évident. Il y a eu une période de remise en question mais finalement on est très fiers de ça. Le processus s'est fait dans la douleur mais on est arrivés au final à faire un album qui est très bon. On est très fiers de ce que l'on a fait.

Est-ce que le fait de tourner pendant deux ans a eu un impact sur l'écriture de ces nouveaux morceaux ?
A.M. : En fait, ça s'est fait en deux temps. Après le premier opus, on a commencé à beaucoup jouer et à accélérer le tempo en concert de manière naturelle. Le premier album comporte des titres très longs. De concert en concert, on est rentrés dans une musique qui était de plus en plus extrême. C'est ce que l'on aime en concert et forcément après ça a joué sur notre manière de composer. On compose aussi de manière un peu live. Pour cet album, tous les riffs que j'ai trouvés, je les ai composés sur ma guitare qui était branchée sur aucun ampli, sans aucun effet et donc de manière très très brute, ensuite on a travaillé tout ça en répétition. Comme on aime beaucoup faire des concerts, on apprécie de travailler ensemble en répétition donc ça va forcément influencer nos compositions.

Les titres d'"Ascension" sont tous assez longs !
T.C. : Oui mais ce n'est pas une volonté. Comme disait A.M. tout à l'heure, il y a une narration qui se met en place, on a des structures narratives, on n'est pas basés sur des compositions couplet / refrain / solo, c'est quelque chose de très évolutif sans parler de progressif. C'est naturellement que l'on compose des titres longs.
A.M. : Après, ça peut être un piège de composer des morceaux longs parce que tu ne sais jamais comment il va finir et tu te retrouves toujours un peu à faire la même chose. Mais d'un autre côté, là où je suis assez fier, c'est que nos titres gardent un coté catchy. Il y a toujours quelque chose en plus sur les longues plages répétitives. On essaye de faire quelque chose de net. Mais en tout cas, ce n'est pas une volonté de notre part, après je t'avouerai que l'on aimerait faire des morceaux plus courts parce qu'après on les joue en concert.

A quel moment savez-vous qu'un morceau est terminé ?
A.M. : (rires) Ce n'est pas simple. Pour cet opus, je pense qu'on savait qu'il était prêt à partir du moment où lorsque l'on jouait les morceaux on était tous satisfaits. Ce qui est bien, c'est que l'on a eu le temps pour le préparer. On a travaillé dessus pendant un an. On a eu le temps de souffrir avec les morceaux. On les a joués pendant des heures. En fait, à partir du moment où plus personne n'a quelque chose à dire on sait que le morceau est fini. Généralement, sur cet album, tous nos morceaux sont composés de 3/4 mouvements donc on savait à chaque fois qu'on arrivait sur la fin. On arrivait à structurer le truc. Le final de l'album est un peu fou parce que l'on s'est un peu laissés emporter dans un truc pyramidal, des riffs sur des riffs sur des riffs pour créer un truc mortel.
T.C. : Je pense qu'un morceau est jamais réellement fini dans le sens où même les morceaux que l'on avait composés il y a quatre ou cinq ans aujourd'hui on les joue différemment en live comparé à la façon dont on les jouait en studio lorsqu'on les a enregistrés. Ils sont constamment en évolution quelque part.
A.M. : Ce sont les concerts qui gravent les morceaux dans l'éternité, pas le studio.

Vous avez choisi de travailler une nouvelle fois avec Francis Caste au studio Ste Marthe, qu'est-ce qui a motivé ce choix ?
A.M. : A la base, c'était un deal perso de notre batteur. On a tous connu Francis Caste avec le boulot qu'il a fait sur Kickback ("No Surrender") et d'autres productions. On adorait la production de batterie qu'il avait, ce truc très organique. On l'a contacté, on nous avait recommandé de bosser avec lui. C'est comme cela que ça s'est fait. C'est devenu un pote maintenant, c'est un mec qui sait nouer des relations avec les musiciens. C'est vraiment intéressant de bosser avec lui. Ce pas juste quelqu'un qui appuie sur le bouton "Record" pour t'enregistrer.
T.C. : Il n'a pas qu'un rôle de producteur, c'est une espèce de troisième œil qu'il porte sur nos compositions de telle manière qu'il a vraiment fait les choses pour que l'on se sente à l'aise en studio et ça se passe bien. Comme le dit Antoine, ce n'est pas juste une personne qui était là pour enregistrer, il avait un rôle créatif dans le processus.

Vous a-t-il apporté des idées qui ont fait que certains titres ont été modifiés en studio ?
A.M. : En fait, nous, on avait vraiment pas prévu ça. Pour cet opus, ce qui change par rapport aux deux opus précédents, c'est que cette fois-ci on a eu le temps de faire des pré-productions. On s'est rendus dans son studio pendant un mois avant l'enregistrement. On a enregistré l'album en trois jours. On a du mal à se rendre compte de l'importance que peut avoir ce genre d'exercice. En gros, c'est apprendre à enregistrer donc avant de tout faire tu as une version maquettée de ton album. Ca permet de vraiment savoir dans quelle direction tu vas partir. On est arrivés en studio en Juillet sûrs de nous et en fait il y a eu en studio plein de petits incidents qui ont fait que l'on a modifié plein de choses, ce qui n'était pas prévu. C'est ça qui en général a rendu l'exercice super intéressant.

Est-ce qu'il y a des morceaux qui ont été un challenge à écrire ou à enregistrer ?
T.C. : Totalement. Moi, j'ai beaucoup travaillé le terrain en amont. Il y a eu une préparation qui m'a pris plusieurs mois avant d'entrer en studio tout en laissant finalement une part d'improvisation sur place. Cela m'a permis aussi de faire des choses qui n'était pas prévues mais qui au final se sont avérées bien meilleures. Je pense notamment à la fin de l'opus où il y a une espèce de lâcher prise total au niveau de la voix, ça a été affreux, hyper intense. J'en suis sorti le soir avec une voix à moitié pétée.
A.M. : Ce morceau (Ndr "Au Bord Du Gouffre"), c'était le pire en fait. Après, je n'ai pas trop envie de rentrer dans les détails de la production non plus. Mais ça a été le plus challengeant à écrire parce qu'il est long et qu'il y a différentes parties. Ce n'est pas un titre qui était prévu pour être à la fin de l'album mais en fait vu le final et ce que l'on a réussi à faire, c'est parfait de finir là-dessus. C'était le morceau le plus difficile à composer.

Quel est le thème central de cette trilogie que vous développez à travers "Ascension" ?
T.C. : Il faut savoir que tous nos textes sont écrits par Henoch qui bosse avec nous. Les deux premiers albums étaient en relation avec des écrits bibliques qui relataient des histoires qui existaient déjà. Là, c'est différent, c'est sorti d'une création personnelle, on écrit une histoire basée sur des thèmes récurrents des deux précédents opus, la chute, la vanité.
A.M. : Ce qui est important dans REGARDE LES HOMMES TOMBER, c'est qu'il y a plusieurs concepts qui tournent autour de la formation. Il y a déjà le nom du groupe, les paroles écrites par un proche. Après, il y a aussi un visuel qui raconte une histoire un peu différente. Je pense que c'est important à retenir par rapport à nous. On ne souhaite pas enfermer l'auditeur dans un monde et un concept fini. Il y a beaucoup de choses derrière, il y a un côté très spirituel. Il y a de la thématique un peu dure et une autre plus positive, d'émancipation, d'ascension. On peut voir sur la pochette le feu comme un feu intérieur, sur le panneau précédent il y a une espèce de vision divine, avec un dieu et une ville qui est détruite. En fait, cette pochette a un côté un peu plus positif, il se passe quelque chose. On n'est pas un groupe de black metal où le monde est détruit. L'Ascension, c'est quelque chose de positif. C'est d'abord une idée paternelle divine pour aller vers une propre quête de paix intérieur, c'est aussi ça qui est important.

Qu'est-ce qui vous a motivés à chanter aussi en français ?
T.C. : C'est un peu le fruit du hasard. On a eu le choix de faire un texte en français pour le dernier titre. Après, on s'est rendu compte que l'on aurait peut-être dû faire tout l'album en français. Moi j'ai beaucoup de plaisir à chanter en français. Après, voilà c'est sympa. C'est aussi intéressant de chanter en anglais mais à l'avenir il est possible que l'on écrive plus de textes en français.
A.M. : On a débuté avec des paroles en anglais, ce qui nous semblait le plus légitime. Mais dans le black metal c'est hyper intéressant de chanter dans ta langue maternelle. parce qu'il y a ce côté revendication de ton patrimoine et c'est cool de chanter en français. Sachant que pour un chant hurlé il y a peu de monde qui comprend les paroles. On aurait dû le faire plus tôt. En tout cas, on s'est dit que le dernier texte en français s'y prêtait bien.

T.C., qu'est-ce que cela a changé pour toi de chanter en français ?
T.C. : Ca change beaucoup de choses. Emotionnellement, c'est déjà sympa parce que du coup il y a un ressenti par rapport aux paroles qui sont décalées. Je suis anglophone mais pas non plus parfaitement, je ressens le texte que je chante en anglais mais moins qu'en français. C'est hyper libérateur sachant que lorsque tu as un texte aussi puissant qui a été écrit pour la voix, c'est assez génial.

Pourquoi avoir choisi "New Order" comme premier single ?
T.C. : Au départ, notre label nous a suggéré trois morceaux pour le choix des singles. Ils étaient assez axés sur "New Order" parce qu'il représente bien le concept global de cet album. On a approuvé leur choix finalement car c'est le premier titre et c'est une entrée en matière au niveau de l'album. On trouvait ça assez cohérent et même le morceau en lui-même annonce la couleur.
A.M. : Et puis c'est le premier titre que l'on a composé pour cet album-là. On est tous des têtes de cons dans la formation ! (rires) On avait tous des avis différents pour le single. Mais cette chanson-là est vraiment celle dont le texte est en rapport avec la pochette, on trouvait ça cohérent de le sortir en premier tout simplement.



Vous compter sortir un deuxième single ?
A.M. : Oui, il y en aura un second, on travaille actuellement sur la vidéo. C'est compliqué parce que les gens ont envie d'écouter l'album complet plutôt que d'écouter un titre par ci par là. Surtout avec le type de nos morceaux, ce n'est pas un opus que tu peux t'envoyer facilement même si tu peux écouter chaque morceaux indépendamment, c'est par définition global. J'ai hâte qu'il sorte.

Vous allez développer quel concept pour ce nouveau clip ?
T.C. : On ne veut pas trop en dévoiler le détail pour l'instant. Tout ce que l'on peut dire, c'est que l'on veut quelque chose qui soit sobre et épuré. On estime que plus l'image est simple et évocatrice plus la musique parle.
A.M. : On veut une étiquette narrative et obtenir une image contemplative, je trouve que cela s'y prête bien. Sinon, il faudrait faire un truc épique qui part dans tous les sens et ça n'aurait pas de raison d'être.
T.C. : Il ne faut pas se leurrer, pour un clip c'est avant tout une question de budget. Si tu l'a pas, c'est compliqué. On voit beaucoup de clips pourris qui n'ont pas de budget et dont le rendu est minable.
A.M. : On est hyper à l'aise avec la réalisation de clips. On va essayer de faire un truc bien qui corresponde au morceau tout simplement.

Quels souvenirs gardez-vous de vos deux participations au Hellfest en 2013 et en 2017 ?
A.M. : Pour celui de 2013 j'étais là mais pas sur scène. C'était génial. C'était paradoxalement assez étrange dans le sens où il y avait tellement de monde que finalement on n'était même plus intimidé. C'est beaucoup plus intimidant de jouer dans un club où il y a deux cents personnes dont tu vois tous les visages que devant 10 000 personnes au Hellfest. Pour moi, c'était comme une répétition devant 10000 personnes. C'était génial mais beaucoup trop court, c'est passé hyper vite.

Vous avez énormément tourné en Europe ces derniers temps, qu'avez-vous appris à travers toutes ces dates ?
T.C. : On apprend beaucoup humainement parce que finalement une tournée c'est une grosse location, on part en voyage. On a beaucoup échangé entre musiciens, c'est très formateur. Le fait de jouer tous les soirs c'est comme si on répétait tous les jours. Finalement, c'est aussi un peu comme une grosse résidence un mois entier . Ca, c'est génial. Les quatre premières dates ont été, je ne vais pas dire test parce que c'était des vrais shows, mais on se trouve un peu scéniquement, on apprécie un peu la scène et au final on devient une machine de guerre. Au bout d'une semaine de tournée, quelque chose se met en place et le set va se dérouler comme prévu tous les soirs. S'il y a un problème, ça sera résolu rapidement et hyper facilement. Moi, j'avais très peur de ça, notamment au niveau de ma voix, chanter tous les soirs et me faire mal, je me suis dit que ça n'allait pas être simple parce que c'est un exercice assez dur. Je me rappelle qu'au bout d'un moment, à partir de la date de Berlin, j'étais hyper chaud, j'aurais pu rester en tournée 20 jours supplémentaires sans problème.
A.M. : Nous, on a découvert un peu ce que c'était de partir en tournée dans un tour bus, de jouer tous les soirs et d'avoir de très bonnes conditions. C'est un rêve que tu réalises surtout qu'on le faisait dans de très bonnes conditions. Avant, on avait eu plein de plans qui n'étaient pas satisfaisants où tu doit payer une fortune et que ça sent l'arnaque. Là, on est parti carrés et c'était génial. On avait une très bonne entente avec le groupe allemand Der Weg Einer Freiheit, ça nous a permis de donner d'excellents concerts en Europe et de voir l'impact du combo à l'étranger. Ca nous donne envie de nous développer et de partir le plus possible.
T.C. : C'est un super souvenir car comme le disait Antoine, nous sommes devenus amis avec les musiciens de Der Weg Einer Freiheit. Ce n'est pas toujours gagné parce que parfois il y a des combos qui sont un peu dur à approcher. Eux, ce n'était pas le cas du tout, ils étaient vraiment super adorables donc c'était un luxe supplémentaire pour nous. Et puis le fait de tourner en tour bus, pouvoir être plus détendus, de ne pas avoir à galérer dans un van à essayer de dormir assis comme une merde, ça c'est un luxe pour les musiciens de se réveiller et d'avoir passé une bonne nuit, c'est génial.
A.M. : Quand tu as connu tous les trucs galère, c'est vraiment du quatre étoiles.

Est-ce qu'il y a des moments qui vous ont marqués sur cette tournée ?
T.C. : Oui, on a fait de bonnes fiestas avec les gars. Au-delà de ça, les concerts étaient géniaux. Je me souviens d'un concert à Leipzig mémorable dans une espèce d'amphithéâtre qui datait du siècle dernier. On était dans un cadre magnifique. Après, on a eu des plans un peu roots aussi. Mais c'était hyper fondateur. Tourner ainsi, c'est un peu le graal, c'est comme ça qu'on la vu. On espère renouveler cela, c'était vraiment top.

Regarde Tomber Les Hommes a-t-il un rapport direct avec le film de Jacques Audiard sorti en 1994 ?
A.M. : Oui, c'est totalement inspiré de ce film. J'avais vu un de ces films au début des années 2010, j'avais adoré, je m'étais renseigné sur lui et sa carrière et j'étais tombé sur le nom de ce film "Laisse tomber les hommes" que je n'avais jamais vu. Lorsque que le groupe a débuté, on n'avait pas de nom et j'ai proposé ça aux autres musiciens parce que je trouvais que c'était une phrase magnifique qui n'avait pas vraiment de sens mais qui a quelque chose de spirituel qui colle bien au combo. C'était très lié à la musique que l'on commençait à développer. Ca vient totalement de là. Je n'ai pas vu le film mais c'est avant tout quelque chose de personnel, de bizarre. J'aime beaucoup le cinéma et je crois d'ailleurs que cette phrase ne vient pas de lui. Notre batteur est lui aussi très cinéphile d'ailleurs, il nous passe souvent des films sur la route. On aime beaucoup le cinéma français mais là pour le coup c'est plus un accident. C'est ce que je disais au début, il y a des choses, ensuite chacun y trouve sa propre conception. C'est la phrase elle-même qui m'a plu, je me la suis un peu approprié pour le combo. Je trouve ça assez beau, pour moi c'est aussi ça l'art. Ce n'est pas forcément de suivre une ligne droite.

Qu'est-ce qui fait avancer Regarde Tomber Les Hommes ?
T.C. : On a tous des personnalités différentes, on a nos qualités et nos défauts, je pense que c'est cela qui définit le groupe finalement. On n'hésite pas à dire les choses, à aller au conflit quand il faut, c'est parfois assez destructeur mais souvent hyper créatif. Il y a pas mal de formations qui fonctionnent comme cela et jusque là ça a toujours été bénéfique. Après, je ne sais pas combien de temps ça durera.
A.M. : Lorsque tu fais un peu de musique, c'est toujours un pari dans le sens où on a créé ce groupe sans même croire qu'on allait arriver jusque là. C'est le public qui te porte. A partir du moment où il y a des gens qui vont aimer ce que tu fais, c'est extrêmement gratifiant sachant qu'à la base on le fait pour nous. Je pense que l'on est sur une bonne phase, ça nous donne de la détermination pour continuer, on a encore plein de choses à dire.
T.C. : On a tous fait partie de petits combos, on est surtout conscients de la chance que l'on a.

Pour conclure, qu'as tu envie de rajouter qui te paraît important ?
A.M. : C'est compliqué pour nous parce que déjà on a la gueule dedans. C'est un album un peu différent du précédent. On a réussi à trouver une certaine forme de cohérence, on se cherchait au début. On n'a rien à prouver, on n'a pas fait de compromis, ce sont des morceaux long,s épiques, violents, c'est ça notre message. T.C. : C'est un album où tous les cinq on s'est énormément investis émotionnellement. On espère qu'il parlera aux gens, en tous les cas nous ça nous parle.

Merci à tous les deux !
A.M. et T.C. : Merci à toi.


Le site officiel : www.rlht.bandcamp.com