Interview faite par mail par Byclown

Bonjour, incroyable mais vrai. En 10 ans d’existence du webzine French Metal, c’est la première fois que nous faisons une interview de Satan Jokers qui est tout de même l’un des piliers du hard rock made in France ! Puisqu’il s’agit d’une interview par mail et que nous ne sommes pas limités au nombre de caractères, je vais vous poser pas mal de questions, mais avant cela, merci de vous présenter, de présenter les actuels membres de Satan Jokers et de présenter votre groupe.
Renaud Hantson (chant) :  Pascal Mulot est un bassiste époustouflant qui a poussé encore plus loin la notion de "Bass Hero". Il est à l’origine de la reformation de SATAN JOKERS car il voulait rendre un hommage à Laurent Bernat, avec qui il était proche. Mike Zurita est un musicien exceptionnel avec lequel je travaille très facilement et qui comprend tout à fait ce que je souhaite exprimer à travers la musique. Son jeu pour SATAN JOKERS est très technique et son attitude en scène est digne des plus grands guitar heroes. Avec lui, j’ai à mes côtés le guitariste qui résume le mieux ce que je recherche dans cet instrument. Aurel Ouzoulias, le batteur de SATAN JOKERS, est quant à lui un véritable phénomène. Je le qualifie souvent de cyborg ou d’alien car il a poussé encore plus loin ce que j’ai pu amener dans le style hard rock et metal français dans les années 80. Je suis parfaitement incapable aujourd’hui de jouer ce qu’il joue avec les pieds, il fait avec les jambes ce que je sais faire avec les bras ! Il synthétise parfaitement la fusion que je souhaite pour ce groupe car il maitrise autant le jazz rock que le hard rock. Concernant le groupe tout a commencé en 1979 avec le groupe Jarretelles, formé à l'époque de Laurent Bernat à la basse, d’un guitariste et de moi-même. Très vite, Pierre Guiraud et Stéphane Bonneau ont rejoint les rangs et Satan Jokers est né. Trois albums et plusieurs concerts plus tard, le groupe a décidé de se séparer. En 2009, un organisateur de festival m’a proposé de remonter SATAN JOKERS pour être sa tête d’affiche. Souhaitant rendre hommage à Laurent Bernat décédé il y a quelques années maintenant, c’est Pascal Mulot qui m’a convaincu et c’est ainsi que la reformation a eu lieu. Le line-up s’est stabilisé en 2010, nous avons sorti quatre albums dont deux albums-concept, soit plus que la formation d’origine.

Combien de temps avez-vous mis pour composer et enregistrer cet album ?
Cela a été le même processus que pour l’album "AddictionS" où nous avions écrit 13 titres en 13 jours, les deux albums ont été enregistrés et produits de la même manière. Laurent m’a envoyé 12 textes sur lesquels nous avons fait 12 musiques en 12 jours dans l’urgence comme d’habitude. Michael Zurita et Pascal Mulot ont donné ensemble 4 chansons, deux chacun de leur côté, j’avais 4 titres dans mes tiroirs. Je fais toutes les mélodies et choisis les textes qui correspondent à tel climat musical.

Vous avez enregistré l’album dans le studio d’enregistrement de votre salle de répétition. Pourquoi ne pas avoir choisi un seul home studio (car vous avez tous travaillé séparément chez vous, chacun dans son home studio il me semble) ou alors un grand studio pro ? Est-ce plus une question de feeling que de finances ?
C’est autant pour une raison financière que par feeling. Michael Zurita et Pascal Mulot sont très bien équipés en home studio, il est donc facile pour eux d’enregistrer leurs parties de guitare et de basse ainsi. Je prends pour ma part deux grosses après-midis pour faire les chœurs et les voix lead des chansons puis je réserve une journée d’enregistrement des batteries avec Aurel dans mon local de répétition où se rend avec un studio mobile Anthony Arconte mon ingénieur du son, très important dans le processus de mixage et de texture sonore de mes albums. Ensuite, il synthétise tout au studio Any Music.

N’était-ce pas risqué de retomber dans le thème "psy" après "AddictionS" ? Ce concept album est un parti pris osé.
Nous ne voyons pas de risque à cela puisqu’à l’arrivée cela formera certainement un triptyque avec ce que le Docteur Karila appelle déjà un "sex opéra" sur les addictions et les perversions sexuelles, en plus clair un opéra rock est envisagé dans les deux années qui viennent où j’inviterai quelques chanteurs et chanteuses de metal francophone pour y interpréter quelques personnages et venir nous prêter main forte.

Il est probable qu’avec cet album vous ayez ouvert une nouvelle voie pour que les étudiants en psychiatrie retiennent mieux leurs cours… 12 titres en 12 jours… Peut-on considérer que c’est une thérapie ou plutôt un challenge ?
Cet album n’a plus rien d’une thérapie. On pouvait effectivement considérer cela avec "AddictionS" qui résumait bien 17 années de ma vie dont j’ai reparlé peu après dans mon autobiographie "Poudre aux yeux : Sexe et drogues et show-business". Il n’y a aucun parallèle à faire avec "Psychiatric" entre la personne qui chante les mots et les thèmes choisis. C’est davantage un manuel de psychiatrie qui évoque certaines maladies mentales.



Vous avez déclaré mettre Satan Jokers entre parenthèses pendant un petit bout de temps. Pourquoi cette démarche s’impose-t-elle à vous ? Est-ce pour privilégier vos autres projets ou bien juste pour "laisser souffler" Satan Jokers, afin de revenir plus fort que jamais dans quelques temps ?
Je viens quelque peu de répondre à la question en avouant qu’il y aura très certainement dans les deux années à venir un album qui devrait être un opéra rock. Cela me permettrait de boucler entièrement la boucle entre ma carrière solo et le groupe. Je démontrerai ainsi qu’il était totalement logique que le public me découvre dans "Starmania", "La Légende De Jimmy" ou "Notre-Dame de Paris" qui font partie des trois plus grosses comédies musicales francophones, tout comme SATAN JOKERS restera dans la légende du metal francophone également. Je ne travaille plus que pour laisser une trace. Il n’y a aucun calcul derrière tout ça. Je comptais arrêter le groupe déjà après la sortie de l’album "Fetish X" mais Laurent Karila est entré dans ma vie et m’a proposé le concept-album "AddictionS". Cet album étant considéré comme une pièce maîtresse du groupe, je comptais effectivement arrêter après celui-ci mais il avait déjà en tête l’idée de "Psychiatric" et nous avons enchainé tout naturellement.

Le line up actuel de Satan Jokers est-il celui que vous voulez garder pour les prochains albums du groupe ? Vous êtes quelqu’un de très occupé, ce qui est aussi le cas d’Aurelien Ouzoulias si je ne m’abuse. Dans ce genre de conditions il est dur d’avoir toujours les mêmes personnes au même moment…
Je pense qu’il est une évidence pour ceux qui connaissent vraiment le groupe que, tout comme le line-up des années 80 était constitué de Laurent Bernat, Pierre Guiraud, Stéphane Bonneau et moi-même, le line-up qui fera date concernant sa reformation en 2009 est bel et bien celui comportant Pascal Mulot, Michael Zurita, Aurel Ouzoulias et moi-même. Satan Jokers a toujours eu pour vocation d’être un quatuor, il y a eu des balbutiements dans le line-up en 2009, cela a très vite été réglé. Le groupe n’ayant pas de management ni de producteur de spectacles, il peut y avoir une ou deux dates où Pascal et Aurel donnent une priorité à des projets antérieurs à l’existence de SATAN JOKERS, ils sont dans ce cas remplacés par deux musiciens qui travaillent également avec moi dans ma carrière solo, l’un par le bassiste de Furious Zoo, Julien Loison, l’autre par Piwee Desfray, batteur d’Heavenly entre autre.

Pour qui aimeriez-vous faire la première partie ?
Je n’en ai pas la moindre idée. Symboliquement c’est vrai que des groupes comme Judas Priest ou Black Sabbath font partie des influences de SATAN JOKERS, mais au même titre que Mahavishnu Orchestra avec John McLaughlin ou Magma de l’immense batteur français Christian Vander qui sont deux formations pour qui je ne nous vois pas ouvrir. Nous avons toujours aimé fusionner divers genres donc je ne sais pas trop…

Votre meilleur souvenir avec le groupe ?
Très certainement notre passage au Hellfest en 2009 car je pensais qu’on avait toutes les chances d’y être attendus avec des fusils ! En fait, le groupe a été une des bonnes surprises du festival cette année-là avec Europe et Suicidal Tendances. Cela reste un magnifique moment avec le public.

Quels sont vos projets pour cette année en cours ?
Je me suis engagé sur de nombreux projets, Furious Zoo, SATAN JOKERS et Hantson en solo dont j’ai véritablement repris les rênes via les concerts que nous donnons en trio ou en quintet et mon deuxième livre "Homme à failles (Sexe & drogues & show business Tome II)" sort fin Mars. Même si SATAN JOKERS est en effet censé faire un break pendant quelques temps, je vais me concentrer sur l’élaboration d’un nouvel album solo pour lequel j’ai déjà 16 titres écrits. Je vais également m’atteler à un album de blues pour Furious Zoo et je vais donner de nombreux concerts dont ceux, très importants, des 29 et 30 Mars 2013 au Pacific Rock à Cergy où je fêterai mon demi-siècle !

Le traditionnel mot de la fin, avez-vous quelque chose à rajouter à l’intention des lecteurs ?
Le heavy metal est un genre, et non pas une vague, ni une musique vouée à disparaitre. C’est un style qui perdure depuis des années et un genre aussi important que la musique classique, le jazz ou le rap aujourd’hui. Même dans notre pays si nous sommes un ghetto et une niche, c’est une musique qui ne mourra jamais. Je suis fier d’être revenu à mes premières amours et à ma véritable culture à travers SATAN JOKERS et Furious Zoo. Je souhaite simplement que les Français, dans le public comme dans les medias, soutiennent un peu plus les groupes d’ici car dans les années 80 c’est le fait que nous ne nous soyons pas tous entraidés qui a entraîné la débandade et la disparition des pionniers du genre en France.


Le site officiel : www.myspace.com/satanjokers