Interview faite par mail par Braindead

Avis aux amateurs de death old shool particulièrement brutal, Scars On Murmansk nous offre en à peine deux années d’existence, un premier EP d’une redoutable efficacité, suivi d’un premier album qui tient du miracle, "Into Dead Ligths". Rencontre avec des "p'tits nouveaux" qui excellent déjà dans leur genre depuis une vingtaine d’année.

Scars On Murmank est né sur les cendres d’Hypnosis et en parallèle de Silent Opera ; j’ai entendu dire que Pierre et Cindy connaissaient Jon et Romain bien avant votre collaboration ; pouvez-vous nous en dire plus sur le point 0 du projet SOM ?

Romain (guitare) : Le point 0 du projet, c'est un mail que j'ai reçu un jour de Pierre. Il demandait si nous serions intéressés, Jon et moi, pour discuter un peu et jammer en vue d'un éventuel nouveau projet. Le deal était que si la mayonnaise prenait, on se lancerait dans un projet sérieux.
Pierre (basse / chant) : On se connaissait déjà depuis un petit moment, et on avait partagé la scène à plusieurs reprises... aussi, lorsque Cindy et moi avons commencé à évoquer l’idée d’un nouveau projet, nous avons tout de suite pensé à Romain et Jon. Dès le départ, tout le monde s’est montré très enthousiaste, et du coup tout s’est mis en place très rapidement !!!

Le fait que Pierre et Cindy aient exercé dans un death ùetal auquel s’est couplé l’expérience sympho de Jon et Romain, a-t-il contribué selon vous à créer cette massivité, cet aspect mélodique malgré la brutalité de vos compos ?
Pierre : Bien sûr, chacun est arrivé avec ses influences, sa façon de jouer et d’appréhender la musique, sa façon de composer aussi. Mais dès le départ, nous avions décidé de jouer du death-metal, car c‘est la musique qui nous rassemble tous, de créer une musique à la fois brutale et groovy, sombre mais non dénuée de mélodies... Il faut savoir qu’avant Silent Opera, Romain et Jon ont participé à des projets plus extrêmes, dans le death et le black notamment, il n’y a donc eu aucun problème d’adaptation, et l’alchimie a pris très vite !!!

Comment composez vous ? Brainstorming ou plutôt réflexions indépendantes ? Musique ou paroles en priorité ?
Romain : En général, la musique vient en premier. Les morceaux ont été travaillés de diverses façons. Pour certains, comme "A Frozen Life", c'est parti d'un riff, qu'on a fait évoluer en répé pour créer un morceau complet. D'autres ont été composés individuellement et peaufinés dans notre local. Qu'il s'agisse d'une ébauche ou d'un titre complet, le travail à 4 en répétition est primordial car chacun apporte ses idées d'arrangements et de son.

Comment choisissez-vous vos thèmes ? Dépendent-ils de vos humeurs, du contexte social, politique ou religieux ?
Pierre: C’est assez difficile à dire, certains thèmes s’imposent d’eux-même je pense, de par la nature du morceau lui-même et ce que cela m’inspire... En général je commence par quelques mots qui me viennent comme ça sans y penser, juste parce que ça sonne bien... Et souvent l’orientation est donnée, la thématique commence à se dessiner. En général, mes textes sont plutôt sombres, et assez personnels... Des thèmes comme la mort, la tristesse, la vengeance, le malaise face à notre monde moderne, la faculté de décision que nous avons par rapport aux évènements, reviennent souvent dans mes textes et me tiennent à coeur... Ecrire est un bon exutoire je pense !!!

Comment voyez vous l’évolution de SOM ? L’expérience acquise au sein d’Hypnosis et Silent Opera va-t-elle vous permettre de faire des choix différents, éviter les pièges et erreurs peut-être commises ?
Romain: Le point crucial dans l'évolution du groupe, c'est notre volonté de rester honnêtes dans ce que nous faisons. Le principal piège à éviter, selon moi, est d'essayer de coller à une mode quelconque. SOM évoluera donc aux gré de nos inspirations et de nos envies.



Une tournée promo est-elle prévue pour la sortie de "Into Dead Ligths" ? Peut-être avec d’autres groupes, dans des fests ?
Romain: Pour le moment, rien est encore vraiment planifié mais nous n'avons pas prévu de faire une tournée. Juste essayer de trouver de bons plans dans des clubs, éviter les plans plus ou moins foireux inhérents aux tournées montées sans l'aide d'un vrai tourneur.
Pierre : Tourner demande beaucoup d’énergie, et engendre pas mal de frais... Avec Hypnosis nous avons passé beaucoup de temps sur les routes ces dernières années, et joué le plus souvent dans des conditions vraiment pas terribles. Alors, non seulement ça ne t’apporte pas grand chose, mais ça finit par user fortement la motivation de tout le groupe... J’espère qu’avec SCARS, nous trouverons des organisateurs intéressés par notre musique, et qui nous proposeront des plans qui tiennent la route !!!

Vos Artworks sont magnifiques ; après l’ambiance lugubre très sanatorium pour la pochette de votre EP, nous retrouvons un climax très mélancolique, dépression à la "Silent Hill" pour votre album, pouvez-vous nous parler de vos influences ?
Pierre : Merci !!! Nous souhaitions nous éloigner un peu des standards du death-metal, proposer un visuel qui nous soit propre et qui reflète notre univers musical, qui crée une atmosphère particulière, propice à l’écoute... Pour l’album, nous voulions quelque chose de froid, un peu dénué de vie, et nous trouvions que cette pochette illustrait parfaitement des titres comme "A Frozen Life" ou encore "The End Of A Trip"... Après c’est vrai que nous avons un peu hésité, nous avions aussi peur de désorienter légèrement les auditeurs... Mais bon, la cover nous plaisait vraiment, alors on a décidé de suivre notre instinct !!!

Comment réagissez-vous aux critiques positivement hallucinantes de la presse vis-à-vis de votre premier full length ? Est ce un formidable booster pour viser le marché international ?
Romain : C'est clair que dans l'ensemble, les chroniques sont hyper positives. C'est super de voir que les spécialistes, mais aussi les amateurs de metal en général, apprécient notre travail. On s'est vraiment donné les moyens de faire le meilleur disque possible et c'est vraiment agréable de voir que nos efforts ont payé !!! Bon, maintenant, on n'a pas intérêt à se gaufrer sur le prochain !
Pierre : Ca nous fait super plaisir, c’est sûr !!! Après, concernant le marché international, c’est une autre histoire je pense... Ca demande beaucoup d’efforts et de moyens que nous n’avons pas forcément à l’heure actuelle... Maintenant, je sais que Great Dane vient de signer des contrats de distribution à l’étranger, au Benelux et Royaume-Uni notamment, on va donc voir comment les choses évoluent et faire en sorte de diffuser notre musique autant que possible !!!

Justement comment appréhendez vous un marché qui subit une crise sans précédent ? Depuis vingt ans quels changements majeurs dans les façons de faire, de promouvoir, avez-vous observé ?
Pierre : C’est vrai qu’internet et le téléchargement on changé la donne, et que le nombre de sorties ne cesse d’augmenter... Pas facile pour un jeune groupe de se faire remarquer dans ces conditions !!! Après à notre niveau, on essaie de faire notre truc sans se préoccuper du reste. De toute façon, on n‘attend pas après ça pour bouffer et on n’a pas choisi le metal pour devenir des rock-stars, on veut juste proposer les meilleurs titres possible, dans une démarche d’honnêteté et de qualité. Après, bien sûr qu’on espère pouvoir vendre suffisamment d’albums et toucher un maximum de gens, pouvoir participer à quelques bons concerts, non seulement pour nous, mais aussi pour Great Dane, qui nous fait confiance et qui dépense beaucoup d’argent et d’énergie pour nous assurer une bonne exposition un peu partout !!!... Tu sais, moi j’ai connu l’époque du tape-trading, de l’échange de courrier, de flyers, on recouvrait les timbres de colle pour pouvoir les réutiliser, on les décollait et on les nettoyait consciencieusement... Tout ça semble si loin, mais finalement, ce qui n’a pas changé, c’est la somme de travail à fournir et la motivation nécessaire pour faire une bonne promo !!!



Ne pensez vous pas que le secteur du metal commence à saturer avec toutes ses formations le plus souvent copiées-collées tel le metalcore, deathcore etc… ? Que pensez-vous à ce titre des étiquettes que l’on souhaite absolument coller aux groupes selon leur appartenance à un genre, au risque de passer à côté d’une formation den qualité mais qui ne correspondrait pas à sa "famille" de prédilection; je sais que Meshuggah concernant le djent et plus récemment Eths se sont montrés agacés face à cette tendance proche du communautarisme…
Romain : C'est vrai que de nos jours, le metal englobe un nombre pharaoniques de genres et sous-genres parmis lesquels il est très facile de se perdre. Parfois on donne des appellations différentes à des choses sensiblement identiques. Mais j'ai l'impression que ça se tasse un peu avec un net retour à un son plus old school chez beaucoup de formations. Mais c'était étrange de voir, y a à peu près 10 ans, à quel point étiquetter son groupe était une sorte de défi. On trouvait tout un tas d'appellations très alambiquées (allant jusqu'au Nintendo core, c'est dire) pour des musiques qui ne l'étaient au final pas tant. A croire que les mecs passaient plus de temps à batailler pour se créer une étiquette qu'à composer de vrais morceaux. Je comprends bien les gars de Meshuggah car c'est vrai que cette manie qu'à le fan de tout ranger dans de petites cases peut vite devenir très réductrice. Ainsi, à chaque prise de risque d'un artiste, celui-ci s'attire les foudres de sa fanbase car il sort de son petit compartiment. C'est plutôt triste quand on y pense...

Selon vous, quel est (ou sont) le(s) groupes français les plus prometteur(s) de la scène française ? Quels conseils donneriez-vous à un groupe qui chercherait à se lancer ?
Pierre : La scène française est très riche et n’a plus rien à envier à celle des autres pays, et ce depuis un bon moment !!! Selon moi, le plus important dans la musique reste la passion... Et je crois que cette passion est très forte dans le metal, qui pour beaucoup d’entre nous est plus qu’une simple musique, mais presque une philosophie de vie !!! Personnellement, j’ai toujours considéré la musique comme un enrichissement personnel et le fait de monter un groupe, de composer, d’exprimer certains sentiments ou certaines frustrations à travers la musique, dans une démarche honnête et sincère, apportera énormément à celui qui se lance dans une telle entreprise, et ce indépendament du succès et des chiffres de vente !!!

Pas trop compliqué d’habiter la même ville que le fer de lance du metal français ? Les avez-vous déjà rencontrés ? Une première partie est-elle envisageable ?
Romain : Je savais pas que les gars de Sortilège venaient de Bayonne !!!
Pierre : Hahahaha !!! Bien sûr on les connait bien, Cindy et Joe ont monté leur premier groupe ensemble au Lycée, et on a suivi de près leurs débuts, bien avant Godzilla, devenu Gojira... On les croise encore de temps en temps, et ces mecs là sont restés les mêmes, toujours aussi sympa et accessibles... Et puis, que l’on soit fan ou pas, une telle carrière force le respect, non ? Pour une première partie, ça semble un peu difficile aujourd’hui, mais peut-être se croiser un jour sur un festival pourquoi pas ? J’aimerais beaucoup en tout cas !!!

Quels sont vos projets dans l’immédiat ? Dans un avenir proche, aimeriez-vous collaborer, partager l’affiche avec un groupe ou un artiste en particulier ?
Pierre : Dans l’immédiat, nous restons concentrés sur la promo de l’album, et on commence à étudier quelques propositions de dates, on espère pouvoir monter sur scène prochainement, d’ici la fin de l’année si tout va bien... Mais bon, on ne se précipite pas non plus, les premières retombées de l’album sont vraiment posisitves, et on espère que ça va continuer, que les orgas vont commencer à s’intéresser à nous, car comme je le disais plus haut, on aimerait vraiment jouer dans les meilleures conditions possibles !!! Parrallèlement à ça, Romain, qui ne s’arrête jamais, à déjà commencé à composer quelques riffs, sur lesquels nous ne devrions plus tarder à travailler tous ensemble...

Pour conclure, un petit mot à vos fans…
Romain : Merci à tous pour le soutien ! On espère venir vous voir très vite par chez vous, partager notre musique et vos bières...


Le site officiel : www.myspace.com/scarsonmurmansk