Interview faite par mail par AnotherDay

Bonjour Sybreed, comment le groupe a-t-il évolué depuis l’interview faite par Petebull en 2005 ?
Ben (chant) : On peut dire qu’il s’est passé bien des choses pour SYBREED, mais pas forcement ayant un rapport avec la musique. Disons que nous avons passé la fin de l’année 2005 et une bonne partie de l’année 2006 à surtout régler des questions de line-up et de label, car comme certains le savent déjà nous avons changé de batteur ET de label entre nos deux albums. Alors, forcément on a été pas mal freiné concernant les concerts à cause d’une certaine difficulté à trouver un marteleur digne de ce nom, et aussi à cause de tensions avec notre ancien label qui ont failli pousser le groupe à la ruine. Par chance on a réussi à régler tous ces petits désagréments, et à trouver une nouveau deal et ainsi sortir notre petit dernier appelé sobrement "Antares".

Comment pourriez-vous décrire l’évolution entre "Slave Design", votre premier album et "Antares" le second ?
Je dirais qu’"Antares" est très plus orienté "metal Européen", alors que "Slave Design" était un album plus "Américain" dans sa forme. Cela se traduit par l’apport de riffs typiquement Suédois et d’ambiances puisées dans la scène black metal Scandinave et de ses dérivés. Je dois dire que l’on a véritablement senti un besoin d’inclure ces sonorités dans notre musique, puisqu’elles ont toujours fait partie de notre background. Une autre différence est la présence plus marqué de voix claires, qui sont beaucoup plus travaillées que sur "Slave Design", et qui s’éloignent assez souvent du schéma vocal typique que l’on s’attendrait d’un groupe de "cyber metal". Après ça reste du SYBREED pur jus, et si la forme évolue, le fond reste le même notamment au travers d’une recherche poussée sur les atmosphères.

Vous vous êtes retrouvés sans batteur avant l’enregistrement d’"Antares", qu’est-ce que la participation de Dirk Verbeuren a-t-elle apporté ?
Hum… l’apport de Dirk pourrait se résumer à ces quelques mots : "explosion thermonucléaire en directe dans votre salon". Sans trop m’avancer je crois que le jeu de Dirk a apporté une sacrée assise rythmique à cet album, que l’on aurait peut être pas eu avec notre ancien batteur : il faut dire que Dirk, c’est un peu la Rolls Royce des batteurs de session. Et puis ce fût également une véritable expérience esthétique : regarder Mr Verbeuren faire des sections de blast beat de 10 secondes à 280 bpm et en ternaire, ce n’est plus de la batterie, mais un ballet enchanteur de formes et de couleurs où il est difficile de savoir ou commence le set de batterie et ou fini l’homme.

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour l’écriture d’"Antares" ?
Beaucoup de choses à vrai dire… musicalement, outre nos influences habituelles, je dirais une écoute assez assidue de groupe de metal extrême, notamment de black metal, ou alors de groupes de rock ou de new wave pas vraiment du genre énervés. Pas mal d’inspirations ont été également aussi puisées dans des groupes de musique électronique, mais plus en ce qui concerne la manière de produire notre musique. Du point de vue conceptuel, là c’est encore plus vaste, et j’aurais beaucoup de peine à réduire à une liste purement exhaustive le type d’influence thématique qui ont amené à l’écriture d’"Antares". Disons que cela va du "Paradis Perdu" de Milton au Nouveau Testament, en passant par Nietzsche, Maurice G. Dantec et Carl Jung.

Comment avez-vous atterri sur le label Français Listenable Records ?
On a vu de la lumière, alors on est entré ahah ! Disons que c’est un peu grâce à Dirk là aussi. C’est lui qui nous a mis en relation avec le boss de Listenable, qui a bien accroché sur les morceaux d’Antares. Après il n’était pas sûr de savoir comment "vendre" ça, mais après quelques temps de réflexion il nous a proposé un deal que nous n’avons pu refuser. De plus Listenable était exactement le type de label sur lequel on voulait signer.

Aujourd’hui beaucoup de groupe communiquent par la vidéo, pourquoi pas vous ? Un clip est-il en prévision (pour le nouveau single par exemple) ?
Et bien, ça nous plairait assez, mais il faut l’avouer il s’agit là d’un luxe, à priori superflu et bien trop couteux pour nous à l’heure actuelle. Le truc c’est qu’une vidéo est avant tout un outil promotionnel, et je ne crois pas que beaucoup de chaînes musicales passeraient du SYBREED. Et comme on est assez peu coulant sur l’esthétique lié au groupe, le coût de production d’un clip pour une de nos chansons serait honteusement disproportionné vis-à-vis des retombées. C’est un argument qui peut paraître bassement pécuniaire, mais il faut savoir qu’on préfère s’endetter pour faire des lives ou des tournées plutôt que pour un clip qui à 90 % de chance d’être mal foutu et totalement "cheap" vu le peu de moyens que nous aurions à y consacrer, et aperçu par quatre personnes dans le monde. Par contre le jour où nous aurons les moyens suffisants, et que véritablement on nous en demandera un corps et âmes, on fera une vidéo digne de ce nom.

Vous avez déjà effectué une reprise de "Shout" des Tears For Fears en live mais qui n’apparaît pas sur CD, seriez-vous tentés pour réitérer cette expérience ?
Je pense oui… mais bon en général, vu qu’on a fait ça pour le "fun", on ne se met pas trop d’impératif quand à refaire une reprise en live : comme qu’on a assez de morceaux pour faire un show de durée honorable maintenant, on préfère se concentrer sur nos propres chansons, qu’on a déjà assez de mal à reproduire sur scène comme ça. On verra donc dans le futur s’il nous prend l’envie de nous adonner encore à ce genre de charcutage.

Est-ce que vous aimeriez faire une reprise d’un autre morceau, dans ce cas lequel ?
Bonne question… et je crois que je pourrais citer trois milliards de chansons là … disons que l’idée serait avant tout de transformer le morceau et de le pourrir selon notre bon vouloir. Bon, j’avoue qu’on a bien essayé de faire une reprise de metal "normal" en répétition, juste pour voir, mais le résultat ne fût pas très glorieux : au moins on aura eu la satisfaction d’avoir fait sonner "Detox" de Strapping Young Lad comme du Motorhead ahah ! Bref, je pense que si on sort une reprise un de ces jours ça risque d’être soit du genre Meshuggah passé à la moulinette indus / drum’n’bass, soit un titre de pop-new wave jouer à la sauce Dark Funeral.




Avec quels artistes ou groupes aimeriez-vous collaborer ?
Sans conteste, Trent Reznor. Je crois qu’il serait intéressant comment sonnerait la musique de SYBREED produit par un gars comme lui. Ensuite je pourrais citer Devin Townsend, mais vu qu’il collabore beaucoup avec Soilwork et qu’on nous compare souvent à ce groupe, je crois qu’on s’abstiendrait quand même, par peur de tendre le bâton pour se faire battre. Pour finir, j’imagine que Drop, grand fan de Meshuggah devant l’éternel, ne dirait pas non pour une collaboration avec Fredrik Thordendal.

Vous avez pas mal de side-projects, notamment Drop avec MXD et Ben avec This Misery Garden , comment trouvez-vous le temps pour gérer tout ça ?
Il est vrai que ce n’est pas toujours facile à gérer, mais disons que nous avons établi une règle assez simple, c'est-à-dire que SYBREED passe avant tout le reste, quoiqu’il arrive. Donc les side-projects sont acceptés du moment que c’est sur notre temps libre et que cela n’empiète pas sur le planning de SYBREED. C’est une question d’organisation, et on arrive à s’en sortir pas trop mal.

Qu’est ce que ces diverses expériences vous apportent-elles par rapport à Sybreed ?
Je dirais une expertise plus poussée dans des domaines que nous n’aurions pas forcement eut l’occasion de visiter à fond dans le cadre de SYBREED. Par exemple, je dois avouer que This Misery Garden m’a apporté beaucoup au niveau des voix claires … surtout en me montrant combien il était nécessaire que je prenne quelques cours de techniques vocales ahah ! Concernant MXD, je pense sans m’avancer que cela a du permettre à Drop de creuser un peu dans le domaine de la musique électronique, et aussi en ce qui concerne son boulot de producteur. Donc ces expériences auront forcement une incidence bénéfique sur SYBREED pour la suite des hostilités.

Vous avez un style musical très marqué, néanmoins n’y a-t-il pas d’autres sonorités que vous auriez envie d’explorer ?
Bien sûr, et je dirais d’ailleurs que c’est aussi une des raisons pour laquelle nous avons des projets en cours à coté de SYBREED. Je dois dire qu’on essaye tout de même de garder une certaine unité "artistique" pour SYBREED, et s’il on use aussi bien de parties calmes que de moment plus extrêmes, on ne va pas non plus créer une dichotomie trop important entre les deux, ce qui pourrait nous amener à devoir choisir entre deux genres à long terme. Donc l’idée c’est de voyager autant que faire ce peut dans entre deux extrémités tout en restant dans le cadre relativement restreint de SYBREED. Cependant je ne me fais pas de soucis de ce coté là car ce cadre est finalement assez vaste pour être exploré une vie entière, et je pense que notre musique risque d’évoluer vers des terrains de plus en plus étranges sans perdre sa couleur actuelle : par exemple il est fort possible que le coté électronique de notre musique se renforce de plus en plus tout gardant cependant le concept de base de SYBREED qui est : "De dieu, faut quand même que ça envoie un peu la sauce , ou bien !"

La difficulté pour des groupes utilisant beaucoup de machines et de samples c’est le live, comment appréhendez-vous cela ?
En fait on est devenu coutumier de la chose on va dire, et on a réussi à trouver le bon équilibre ainsi que les bonnes interfaces, car le coté machine / samples nécessite aussi un gros travail d’organisation du coté du hardware / software utilisé… bon je sais ça sonne une peu "geek" sur les bords mais cela a un grand impact, crois-moi. Donc maintenant on a un joli petit bordel avec nous en live, bordel propre à donner des sueurs froides à tout régisseur de salle qui se respecte, mais qui nous permet d’aborder les shows sans trop se prendre la tête sur la partie électronique de notre musique. Ensuite, le problème est forcement que l’électronique, ça plante… donc il faut être aussi préparé à connaître quelques grands moments de solitude et avoir des nerfs d’acier, surtout quand les samples se mettent en bernes au milieu d’un break plein de loops jungle et de nappes de synthé, sans rien ni personne d’autre qui joue … ou alors faut qu’on s’entraîne à faire les "human beat box".

Est-ce que ça vous a déjà effleuré l’esprit l’idée d’une mise en scène (projections, décors…) qui pourrait coller à votre univers ou préférez-vous la neutralité pour le live ?
Disons qu’à long terme on aimerait que les gens aient plus l’impression de vivre une expérience "mystique" plutôt que de regarder un bête concert de metal, donc forcement on a envie de s’orienter vers un coté plus "mise en scène". Mais la encore ça demande des moyens financiers que nous n’avons pas encore, surtout que nous avons des idées de l’ordre du pharaonique ahah ! Donc pour l’instant au lieu de verser dans le "cheap" on préfère faire les choses sobrement, sans artifice de mauvaise qualité.

Comptez-vous vous exporter aux Etats-Unis en priorité par rapport aux pays d’Europe ?
Hey, c’est une question bassement commerciale ça ahah ! Et bien avouons-le en terme de vente et de possibilité de faire tenir les caisses d’un groupe à flot, les perspectives sont plus réjouissante aux US qu’en Europe à l’heure actuelle, et ce pour n’importe quel groupe. Il suffit de regarder l’exemple de Gojira : ils sont plus souvent en tournée sur le territoire Américain qu’en Europe ces temps. Je pense d’ailleurs qu’ils ont très bien fait de profiter de leur notoriété montante là-bas. Quand à nous, comme on a déjà un petit following Américain, ce qui facilite considérablement la tâche, il est vrai qu’on va essayer de continuer à nous faire une place aux USA. Mais cela ne veux pas dire que l’on oublie l’Europe, au contraire. En fait, je crois que l’on va tenter de s’exporter partout ou l’on veut bien de nous… enfin, partout où il a des salles de concerts décentes et que l’on est à peu près distribué bien sûr.

Après la sortie d’Antares vous avez fait quelques premières parties notamment avec Pain, comment ça s’est passé ? Est-ce un entraînement avant une tournée plus conséquente ?
Plutôt pas mal, même si on n’avait pas encore assez de dates dans les jambes pour être parfaitement opérationnel. Ayant assez peu joué en 2006 et début 2007, je dirais qu’on manquait du petit plus qui sépare le "pas trop mal" du "très bien", car le live ça demande surtout de la pratique. Et puis bon je t’avouerais que la pression de jouer à Paris a pas été simple à gérer, ainsi que quelques divers problèmes ça et là… mais bon ce fût quand même une bonne expérience. Pour ce qui est d’une tournée plus conséquente, on planche actuellement dessus, mais là encore c’est loin d’être simple pour un groupe à notre niveau.

Merci d’avoir répondu à mes questions, un petit mot pour la fin ?
Petit mot de la fin… hum, je suis nul pour ce genre d’exercice… véritablement ahah ! Bon, allez pour faire court, juste un petit merci à toi pour cette interview.


Le site officiel : www.sybreed.com