Interview faite par mail par ePo

Tout d'abord, présentez-moi votre groupe : style, influences, nombre d'années d'existence du groupe, blablabla ?
Florian (guitare) : Salut, on est donc le groupe VERZ CRUZ composé de Flav au chant, Greg à la basse, Yoann à la batterie et moi à la gratte. J’arrive jamais vraiment à définir notre style, les gens disent qu’on fait du punk hardcore, du hardcore punk… tout ça est un peu metal et parfois metal-core dans les ponts… y’a beaucoup trop de "core" dans cette affaire alors ce que je conseille de faire c’est d’écouter et si vous avez envie de dire que c’est du post-hardcore neo-thrash, cool, ça nous va ! On a commencé le groupe il y a presque deux ans maintenant et nous voici déjà en interview avec French Metal.

Vous venez de sortir un EP "Surviving Farrah Fawcett", et d'après la lecture de votre communiqué de presse, je me demande tout de suite si celui-ci va aussi être distribué aux USA. Qu'en est-il ? Et chez quel label avez-vous signé ?
C’est très simple, nous offrons gracieusement ce EP ! Tout le monde peut le télécharger légalement et totalement gratuitement depuis notre page MySpace ou notre site. Nous n’avons absolument aucun label, pas de distributeur et on s’en porte pas plus mal. Deux personnes s’occupent de nous à la manière d’un management à 360°, ils font tout, même la lessive et les rendez-vous avec nos huissiers liquidateurs. On va d’ailleurs sortir une version physique de cet EP et il sera dispo à nos concerts contre un t-shirt ou un bisou.

Vous venez de faire une tournée aux USA. Pour un groupe Français tout récent, c'est assez impressionnant, comment cette tournée s'est-elle agencée ? Pourquoi être allés aux USA ? Avez-vous aussi tourné beaucoup en France ? On a un peu l'impression que vous faites vos tournées "à l'envers".
Le groupe est certes jeune mais nous avons tous de gros bagages derrière nous. Cela fait plus de dix ans que nous évoluons au sein de groupes et faire de la musique est notre vrai boulot depuis tout ce temps ! Quand nous avons formé VERA CRUZ, nous sommes aller voir tous nos anciens contacts, nous avons fait quelques dates éparses en France mais on a tout de suite senti que notre place n’était pas vraiment ici. Avec nos anciens groupes, on a écumé tous les patelins de France et de Navarre, on a joué vraiment partout pendant une bonne décennie et avec ce nouveau projet, on voulait réaliser notre rêve de gosse et s’ouvrir à de nouveaux horizons. Ce n’est pas dans la culture Française que de se déplacer pour du metal ou du hardcore alors qu’à 500 bornes d’ici, en Allemagne par exemple, c’est carrément Broadway pour les aficionados du genre ! Aux US, tu mets la radio et t’as "Kickstart My Heart" de Mötley Crue et Hatebreed direct derrière, le jour où tu pourras écouter Hatebreed dans ta voiture en allant au boulot en écoutant Virgin Radio, je veux bien tout arrêter et aller faire du fromage de chèvre en Ardèche. Donc, vu que tout a changé désormais dans la musique et, comme tu dis, tout est à "l’envers", on s’est dit qu’on allait prendre le taureau par les cornes et trouver comment se faire une belle tournée aux Etats-Unis histoire de se faire un peu la main. C’est une des deux personnes de notre management dont je parlais plus haut qui s’est occupée de ça et après des mois de préparation, on s’est retrouvé avec 3 semaines de tournée sur toute la côte Est.

Qu'avez-vous ressenti avec cette tournée? Y a-t-il une différence avec les tournées en France ou en Europe ? Qu'avez-vous appris avec cette expérience ?
On était quand même habitué au bon confort de nos salles Françaises avec des loges, des serviettes, des bouteilles d’eau et des balances. Là c’est tout le contraire ! C’est pour ça que tous ces groupes Américains nous en mettent plein la gueule quand ils débarquent en Europe ! Les mecs ont à peine mué qu’ils jouent comme des dieux avec l’expérience qui va derrière. C’est parce que pour faire ses armes là bas, c’est beaucoup de miles à parcourir, t’arrives, tu te branches, tu joues direct et donc t’as intérêt à être prêt, et tu t’arraches direct après ton temps de set parce que y’a du monde derrière toi ! Le premier concert nous a vraiment surpris, on croyait qu’on allait pouvoir régler le son vite fait, faire un petit morceau en balance pour voir comment on se sent sur scène… tu parles, le public est dans la salle, il te regarde monter sur scène et si dans les 5 minutes t’as pas envoyé un morceau, il va au bar. Donc c’était une énorme expérience pour nous, ça a permis de resserrer les liens entre nous, de nous faire progresser comme jamais et surtout d’accentuer cette mentalité qu’on avait déjà de tout envoyer, de tout donner ce qu’on a direct, sans réserve, pour les gens qui sont venus te voir.

D'ailleurs, indubitablement, on se demande si vous n'avez pas été "pistonnés". Enfin, on se dit que vous aviez déjà des personnes dans la place, pour organiser tout ça ?
C’est vrai que c’est difficile de faire une tournée avec un boulanger ou un tailleur de pierre… c’est pas vraiment leur créneau ! Quand tu veux une tournée, tu vas voir un tourneur et quand tu veux sortir un disque tu vas voir un label et c’est sûr que j’irai pas me faire couper les cheveux par un directeur artistique ! Nous sommes aller voir avec nos gros sabots les personnes dont c’est le métier et cette tournée a été financée par le groupe de A à Z, ces personnes ont donc détecté chez nous une âme d’ aventuriers prêts à tout (mais pas à n’importe quoi) et, toute affinité artistique mise à part, ils se sont dit que si on avait les couilles de se lancer comme ça tête la première on valait peut être le coup et ils nous ont donc pris sous leur aile dans leur structure de management.

Puis faut dire aussi que vous avez réalisé votre clip avec Ian MacFarland (réalisateur de Sick Of It All, pour ne citer qu'eux), et ce à Boston. Comment l'avez-vous contacté ? Comment avez-vous réussi à le convaincre de réaliser votre clip. Et pourquoi avez-vous choisi la chanson intitulée "The Game" pour ce clip ? Pensez-vous que c'est la chanson qui vous représente le mieux ?
On a contacté Ian McFarland comme tout le monde peut le faire, en allant sur le site de Killswitch Prod et en lui adressant un joli e-mail écrit avec notre plus belle plume numérique. On lui a parlé du groupe, du projet, il était super emballé et comme il voulait aussi jaugé notre motivation, on a fait plusieurs rendez vous en visio conférence et quand il a vu qu’on partait se faire la côte Est des States tout seul comme des grands, il a dit banco ! Ce mec est le bassiste de Blood For Blood donc c’ est plutôt un mec qui marche à l’instinct et à l’affect, on s’est tout de suite super bien entendu et on lui a laissé, à lui et à son associé Mike Pecci, carte blanche. On leur a même dit d’écouter tous nos titres et de voir sur lequel ils se sentaient inspiré et on est tous tombés d’accord sur "The Game" ce qui est le titre qui nous représente le plus tant dans les paroles que dans le style musical. On a donc commencé cette tournée en débarquant à Boston avec nos gueules de frenchies pour tourner un clip avec Ian McFarland… y’a pire quand même !



Puis tout bonnement, on se demande aussi pourquoi avoir délocalisé ? Un groupe comme Gojira a attaqué les Etats-Unis après bon nombre d'années d'existence et d'expérience. Pourquoi avoir décidé d'aller de suite conquérir l'outre-Atlantique ?
En fait on veut pas conquérir l’outre-Atlantique forcément mais LE MONDE !!! Gojira est un groupe qui sévit depuis des années et des années, nous, pauvres VERA CRUZ, nous n’avons pas eu cette chance avec nos anciens groupes, on aurait bien voulu que ça continue mais la vie en a voulu autrement du coup, on s’est tous retrouvé dans VERA CRUZ, groupe qui nous colle à 100% et donc on a simplement pas eu l’occasion de trainer nos guêtres pendant dix ans en France avant de partir. Les temps ont changé radicalement. Maintenant, n’importe quel groupe est potentiellement un groupe international. Est-ce que n’importe quel groupe va être un groupe international et reconnu comme tel, là n’est pas la question. Tous les groupes de tous les pays du monde s’exportent, c’est fini le rideau de fer sur la musique Française, maintenant Gojira est devenu énorme de l’autre côté de l’étang, plein de groupes Français signent sur des gros labels internationaux et font des tournées Européennes, Japonaises et Américaines et ça, ça fait bien plaisir et c’était pas possible il y a encore quelques années. En ce qui nous concerne, nous ne retournerons pas aux US avant l’été prochain, par contre, l’Europe on va en bouffer grave ! On serait vraiment super content de pouvoir faire aussi plein de dates chez nous en France mais y’aura trois personnes sur l’ensemble de la tournée. Les tourneurs étrangers fuient la France comme la peste ! En Allemagne par exemple, le metal cartonne depuis des années, c’est pareil pour les pays Nordiques et de l’ Europe de l’Est, les plus gros festivals du monde sont dans ces régions, ce serait impensable ici alors que la France est dans le top trois des plus gros pays d’Europe. C’est une question de culture et c’est comme ça, alors nous on va où la culture nous le rend bien, on va quand même pas se tirer une balle dans le genoux et ne pas profiter des occasions qui s’offrent à nous hors des sentiers battus.

Quand j'ai reçu le mail promo vous concernant, une chose a particulièrement attiré mon attention. Vous venez de sortir un EP, et vous êtes déjà sur l'affiche du Hell on Earth Tour.
Ca nous a étonnés aussi ! Je crois qu’on a intéressé le tourneur Allemand qui se charge de booker le Hell On Earth donc il nous ouvre une petit porte et nous met à l’épreuve pour voir ce qu’on a dans les tripes ! On a effectivement notre billet sur le HOE mais ce ne sera pas de tout repos, on sera le premier groupe à ouvrir, on a une petite demi heure pour convaincre, bref, c’est un test qu’on se doit de réussir !

Qu'attendez vous de la sortie de votre EP "Surviving Farrah Fawcett" ? On se dit qu'avec le Hell on Earth, votre promo est plutôt bien partie ?
On souhaite qu’un maximum de gens partout dans le monde télécharge, écoute et si possible aime cet EP afin qu’on puisse aller jouer partout et chercher le public dans tous les recoins du globe. Notre promo est effectivement bien partie mais on a rien à vendre à part nous-même en fait. L’EP est gratos et le merch nous sert à mettre de l’essence dans le camion donc ce qu’on essaie de vendre c’est encore plus de concerts et de tournées pour VERA CRUZ hé hé ! On pense que la cause est noble et elle justifie bien tous les sacrifices qu’on fait depuis toutes ces interminables années ! On a pas voulu faire comme beaucoup de groupes qui enregistrent un morceau avec un son de malade, qui font quinze mille photos de presses mortelles toutes plus belles les unes que les autres, un MySpace énorme en 3D avec 4 millions de friends et qui attendent qu’on vienne les cueillir en leur disant "vous êtes les meilleurs, on vous signe sur notre énorme label, voici 100.000€ d’ avance et le matos de vos rêves arrive par container dans une demi heure devant votre porte !". Tout le monde veut signer, trouver des deals, blablabla, nous on sort de plus de dix de ce genre de business et maintenant on s’en fout ! Nous ce qu’on veut c’est jouer, jouer, jouer ! On fait ce métier pour les concerts et personne ne pourra me dire le contraire. On a toujours vécu les albums studios comme des cartes de visite pour faire des tournées pas comme un produit à vendre et à promouvoir. Donc on s’est pris en main comme des grands, on a tout sacrifié encore une fois pour ce groupe, on y a posé toutes nos maigres économies et on a produit et réalisé cet EP de A à Z et on a ensuite tout fait pour partir sur la route le plus vite possible. Qui nous aime, nous suive !

Comptez-vous faire une tournée un peu plus intimiste, une tournée rien que pour vous, où vous seriez la tête d'affiche, bien entendu ?
Alors ça faudra qu’on fasse bien nos armes pendant un moment. Avec toutes les tournées folles qu’on va faire, peut être qu’à la fin ou pourra effectivement se permettre de faire une petite tournée sympa en catimini mais pour l’instant, on est au stade de montrer à un maximum de gens de quoi est fait VERA CRUZ.

Comme dans toutes mes interviews, j'ai une partie "question détente", où je teste l'humour du musicien avec deux questions.

QD 1) Vous n'avez pas l'impression d'être un peu vieux pour faire du hardcore ? Non mais parce que quand on regarde les groupes émergents, ils ont plutôt l'air de prépubères que d'hommes matures ?

C’est vrai mais on a deux petits jeunes dans le groupe, ça équilibre le truc. Et puis quand je vois Sick Of It All par exemple, je me dis que ça va (rires) et entre nous, c’est vraiment Mamie qui fait les meilleures tartes et pas notre petite cousine de 16 ans ! (j’ai dit "tartes" qu’on soit d’accord…)

QD 2) Que pensez-vous de la sur-représentation des mèches dans les concerts ?
J’attends la mode des plumes dans le cul, ce sera beaucoup plus burlesque.

Mot de la fin ?
'Jsvir dev kb bagnok rond comme jamaik'
Merci encore et à bientôt !


Le site officiel : www.myspace.com/veracruztheband