Interview faite par mail par Sam

Salut les mecs, après une excellente première galette, vous avez sorti fin 2012 une réjouissance supplémentaire pour les oreilles, celle-ci est le fruit d'un travail acharné et de nombreuses dates, mais on va reprendre les bases... une petite présentation du groupe, car je crois qu'il y a eu quelques changements.
Florian (guitare) : Nous avons commencé le groupe en 2009 après que tous nos autres groupes respectifs se soient plus ou moins arrêtés. On était vraiment tous dans le même état d’esprit et on avait une volonté commune de remonter un projet qu’on pousserait encore plus loin que les précédents en mélangeant nos diverses influences. Comme tu viens de le dire, un changement majeur vient de survenir et nous accueillons Thierry au chant. On est très excités par ce changement parce que ça redonne un vrai coup de boost au groupe et cette fois-ci on est vraiment tous sur la même longueur d’onde et on est tous ultra motivés !

Vous bénéficiez de soutiens, vous êtes entre autres dans l'écurie "Monster Energy", est ce que l'appartenance à cette écurie vous ouvre des portes ?
Monster étaient vraiment les premiers à nous aider et à nous soutenir. C’est simple, s’ils n’avaient pas été là, nous ne serions sûrement pas là à répondre à cette interview ! Nous collaborons avec eux depuis le début et même si nous sommes désormais chez Season Of Mist, ils restent notre principal soutien et nous aident même bien plus que notre propre label.

Vous venez de signer chez Season Of Mist, qui accueille entre autres de nombreux grands groupes, voyez-vous déjà les ouvertures suite à cette signature ?
Pour être honnête, on est toujours dans l’expectative. L’industrie de la musique s’est radicalement transformée depuis ces 10 dernières années et force est de constater qu’on en apprend encore tous les jours même après 15 ans dans le métier ! On a misé beaucoup d’espoirs sur cette signature et on est vraiment très content d’avoir eu la chance de pouvoir travailler avec des professionnels de la profession qui sont là depuis des décennies et qui compte parmi leur roster de grands groupes que l’on respecte donc on attend encore les retombées. L’album est tout frais, il n’est sorti qu’il y a deux mois dans le monde entier et nous avons pas mal de belles choses à annoncer pour le printemps ! Il faut rester patient.

Après 2012 et de nombreuses dates, 2013 s'annonce elle aussi riche en dates et partages de scènes avec de gros groupes, fixez-nous un petit agenda de cette année qui arrive.
Comme on vient de le dire, nous venons de changer de chanteur donc nous nous sommes enfermés dans notre local de répète pour être prêts et nous repartons donc de plus belle à partir de Mars. Un premier week*end de chauffe en Belgique et à Orléans le 15 et 16 Mars puis tout reprend vraiment en Avril. On est en train de concocter un petite tournée France / Espagne / Portugal / Allemagne du 17 au 26 Avril avec déjà confirmés des festivals comme le Jurassic Fest à Lisbonne et le Pirate Satellite à Stuttgart en compagnie de belles têtes d’affiches comme Comeback Kid, H2O, Strife, Your Demise, etc. Bien évidemment il y a le fameux Hellfest le 21 Juin et on est vraiment super honorés de faire partie de la Warzone mais avant cela, une belle tournée européenne devrait avoir lieu tout le mois de Mai. On ne peut pas en dire plus pour l’instant mais les annonces sont imminentes.

Le Hellfest en ligne de mire, est ce pour vous une consécration ou une récompense ?
C’est un peu tôt pour être consacré ! (rires) Parce que ça veut souvent dire qu’après ça, c’est la lente descente vers la retraite. Je dirai plutôt que c’est effectivement une récompense. Celle de tant d’années d’efforts et de sacrifices. On est vraiment impatient de montrer au public de quoi est vraiment fait VERA CRUZ !

Quel est le groupe qui vous a le plus fait progresser, qui vous a le plus apporté sur du live en 2012 ?
Tous les groupes avec qui on a tourné plusieurs semaines nous ont forcément fait progresser mais c’est vrai qu’on est vraiment très proches de Cancer Bats. Ils nous ont vu grandir et nous ont vu évoluer sur les scènes de toute l’Europe, on a vraiment baroudé ensemble, plus d’une trentaine de dates dans plus d’une dizaine de pays d’Europe et dans tout le Royaume-Uni. Dans la même veine, une trentaine de dates avec Every Time I Die à nos débuts en 2010 nous ont donné une vraie ligne de conduite et un but à atteindre très très haut. Ces deux groupes sont pour VERA CRUZ de vrais mentors et de parfaits exemples de réussite, de sincérité et de dévotion.

Votre meilleur souvenir de scène en 2012 ?
Dernièrement on a eu une petite aventure assez mortelle et c’est vraiment mon meilleur souvenir autour d’un concert, ou plutôt de deux concerts. Les gars de Every Time I Die nous ont expressément appelé pour nous demander si on pouvait remplacer à la dernière minute le groupe Last Witness sur toute la fin de la tournée. Juste pour vous mettre dans l’ambiance, c’était un Dimanche, les quatre membres du groupes aux quatre coins de Paris et il fallait que nous soyons sur scène à 20h30... à Lyon ! Il était déjà 15h et sachant qu’un Paris-Lyon en voiture c’est déjà 5h, c’était sur le papier mission impossible. Je ne sais pas par quel miracle on a tous réussi à être prêt sans trop tarder, toujours est-il qu’à 17h on était dans le van et qu’on est arrivé à 20h25 !!! Je mets au défi quiconque de faire Paris-Lyon en 3h30 avec un van rempli à ras bord de matos. On a pas eu le temps de faire quoique ce soit, en cinq minutes on a tout déchargé et monté et à 20h30 on ouvrait pour ETID à Lyon. Le lendemain c’était Toulouse et ça a été une date mémorable. Tout le monde a quand même été impressionné qu’on ait sauté dans le van sans se poser une seule question et c’est vraiment pour moi un des meilleurs souvenirs de 2012 parce que cette anecdote caractérise vraiment VERA CRUZ.

Pour parler du CD proprement dit, vous fournissez un véritable album, avec des titres plutôt couillus, fidèles à vous-mêmes : sans concessions. Comment s'est déroulé le processus de composition ?
C’est très simple, j’arrive avec plein de riffs, des bouts de morceaux, des démos et tous ensemble on construit le puzzle final. Pour cet album, on a vraiment composé entre nos différentes tournées et on a même eu la chance de pouvoir tester la quasi totalité des morceaux en concert donc l’album est très orienté live. On essaye d’aller droit au but et d’être le plus efficace possible pour une proximité étroite avec le public.

Je me souviens vous avoir vus sur scène et avoir fait vos lights en 2011 à Colmar, et le live était débridé, les morceaux plus "fouillis" et les morceaux plus brefs, une évolution se fait sentir, ils sont plus complets, plus construits et variés, est ce une volonté ou est ce que cela s'est fait naturellement ?
On va dire que Colmar c’était encore les débuts du groupe et qu’on a très vite évolué au fil de nos tournées. Ceci dit je pense que tu as pu entendre pas mal de chansons de l’album même cette époque. J’imagine que le côté "fouilli" est encore là car on fait des shows très visuels et on lâche effectivement tout ce qu’on a sans vraiment canaliser tout ça peut être mais je pense surtout que ça vient du fait que quand on ne connaît pas les morceaux, on a peut-être du mal à se faire une idée et pour peu qu’on tombe sur un jour où le mec en façade nous fait un son pas terrible alors là on comprend plus rien. (rires)



Les morceaux sont également plus "longs" et nous prenons plus de temps à les apprécier, avec des parties mélodiques également, ce qui élargit votre palette, comment l'expliquez vous ?
Pour le côté "plus long" franchement j’en ai aucune idée en revanche, en ce qui concerne l’élargissement de palette c’est surtout qu’avec 11 morceaux sur ce premier album, on peut sentir toute la complexité de VERA CRUZ car comme je l’ai dit plus tôt, on essaye vraiment de faire un melting pot de tout ce qu’on aime, de toutes nos influences et surtout, on ne s’interdit absolument rien artistiquement. Le maître-mot est que l’on se fasse plaisir à jouer, tant qu’on se fait plaisir, on fonce donc ça peut vraiment partir dans toutes sortes de directions.

Vous intégrez du chant clair et "chanté" alors qu'avant un chant direct, écorché, prédominait tout le long, comment s'est déroulé cette évolution ?
En vérité il n’y a qu’un seul morceau où il y a vraiment ça. On adore tous les refrains catchy et pour ce morceau ("The Family"), la suite d’accord du refrain s’apprêtait vraiment à une mélodie donc on aurait trouvé dommage de laisser encore une fois un chant crié, chose qu’il y a déjà mille fois, du coup c’est moi qui chante sur les parties claires.

De quoi parlent vos textes dans les différents chansons ?
Cela varie beaucoup. Quelques morceaux parlent de notre propre condition au milieu de cette industrie musicale ("Last Of A Dying Breed", "Last Parade", "Walk Alone"), d’autres sont tout simplement des adaptations de lectures qui nous inspirent ("Dunwich", "American Psycho") ou même de fais divers comme "The Family" qui est le thème principal de l’album.

D'ou vous vient l'idée d'un tel atwork ?
Cet album est en rapport avec toute l’histoire autour de Charles Manson et l’artwork ne sont que des photos qui illustrent ça. Le cover est une photo qui a été prise lors de la découverte du massacre de Sharon Tate, devant sa propriété de Los Angeles.

Vous rattachez-vous à une scène en particulier ? (punk, hardcore... ) ou ne vous sentez-vous pas plus d'affinités avec l'une ou l'autre des mouvances ?
On se sent une affinité avec toutes les mouvances au final, sans pour autant avoir une étiquette bien déterminée. La scène dite "hardcore" est très codifiée et on voit très bien qu’on ne rentre pas dans ce cadre par contre, on adore tous ça et on écoute du hardcore tous les jours. On se sent plus proches de toute cette scène britannique qui mélange vraiment les genres sans trop labéliser ce qu’elle fait. C'est une espèce de maelström de punk hardcore blackisé qui donne toutes ses armes à la scène et c’est surtout ça qui est intéressant.

Votre musique s'exporte assez bien, et trouve des retentissements dans l'Europe entière, comment expliquez-vous ce succès alors que paradoxalement, et généralement, les groupes français ont des problèmes pour s'exporter ?
Avec le genre de musique que l’on fait, il aurait été complètement fou d’essayer de percer en France. En fait on a surtout pas eu le choix du tout et on a dû s’exporter à tout prix si l’on voulait subsister. Maintenant on essaye de se retourner vers la France pour y faire le maximum de concerts mais c’est très difficile.

Votre CD a reçu un avis unanime de la presse et des chroniqueurs, le groupe poursuit son avancée doucement mais sûrement, dans un milieu musical un peu confidentiel, quelquefois un peu underground, récoltant des retentissements positifs, comment vivez-vous cela ?
On est vraiment très contents de tous ces résultats. Ca nous conforte dans notre choix de vie et ça nous récompense aussi au niveau de tous les sacrifices qu’on a fait pour ce groupe et tout le travail qu’on a abattu. C’est toujours plaisant d’avoir un peu de reconnaissance du côté de la presse, on espère maintenant que cela va se traduire par encore plus de beaux concerts à l’avenir.

La multiplication des dates et la signature pour des endorsements vous oblige à revoir vos emplois du temps, êtes-vous intermittents ou avez-vous un travail à côté ?
Les deux mon capitaine ! L’intermittence est ce qu’on a de mieux en France quand on est artiste et c’est donc ce vers quoi on s’est tous tournés mais après beaucoup d’années dans ce régime, on s’aperçoit que le milieu dans lequel on évolue n’est pas adapté à l’intermittence donc on essaye de trouver des solutions au fil des mois et des années. En gros, notre priorité c’est VERA CRUZ et on fait tout ce qui nous est possible à côté pour maintenir le groupe en vie.

Pour finir deux trois questions sur le milieu musical français.
Le décès de daniel Darc, un commentaire ?

Je l’ai très vite fait côtoyé car on était fut un temps signés dans la même maison de disque mais hormis ça, je peux juste dire que la mort d’un être vivant est toujours triste pour ceux qui l’aimaient, que ce soit un formidable artiste ou un hamster, donc j’ai une pensée pour ceux là, ceux qui restent.

Le groupe le plus prometteur que vous ayez vu ?
Ils sont pas vraiment français mais francophones : Coilguns !!!

Un groupe avec qui partager une date ?
On s’est vraiment éclatés sur la route avec Doyle et là on essaye de jouer avec The Great Divide.

Vos projets à venir ?
Avec le nouveau chanteur on va très vite enquiller sur un nouvel EP qu’on voudrait sortir en exlu vinyle et ensuite un nouvel album bien entendu.

L'évolution et la progression du metal en France ?
Dans le sens inverse de celle du reste du monde, comme d’hab.

Vos différentes influences ?
Très rapidement et en vrac : Terror, Every Time I Die, Cancer Bats, Trash Talk et dernièrement, Brotherhood Of The Lake et Dead Harts.

Que pensez vous du marché du disque en général et des nouvelles méthodes de "consommer" la musique ?
Je pense que je pourrais faire un exposé de 5 heures là dessus parce que j’ai toute une théorie là-dessus mais pour faire très simple et très vite, je dirais qu’étant donné que l’industrie de la musique nous a tous forcé à croire que la musique était un art jetable ou consommable, on est tous contraints à voir la musique comme un art gratuit. Plus personne ne veut payer pour de la musique et refuse de comprendre comment elle est réellement fabriquée et ne veut pas essayer de comprendre tout le travail et la vie des personnes qu’il y a derrière donc il faudra bien trouver d’autres modèles économiques pour la livrer aux gens, même gratuitement. D’un autre côté, il va falloir mettre tous les efforts sur les performances live et les politiques et les industries vont devoir créer de nouvelles infrastructures et de nouveaux systèmes pour faciliter tout ça, c’est le seul moyen qu’on s’en sorte.

Je vous laisse le mot de la fin et vous remercie. A bientôt sur la route.
Merci pour cette interview et au plaisir de t’avoir une nouvelle fois derrière une console lumière !


Le site officiel : www.www.verafuckingcruz.com