"The Wolf & The King"
Note : 18/20
1349 reprend son trône avec "The Wolf & The King". Mené depuis sa création par
Seidemann (basse, Mortem, Svart Lotus) et Ravn (chant), rapidement rejoints par
Archaon (guitare, ex-Funeral) puis Frost (batterie, Satyricon, Ulvehunger,
ex-Gorgoroth…), le groupe norvégien sort en 2024 son huitième album chez Season Of
Mist.
"The God Devourer" nous replonge immédiatement dans l’Aural Hellfire, nom que le groupe
utilise pour décrire son art, utilisant des racines old school assumées et sombres pour
accompagner les grognements macabres de Ravn. La rythmique solide et glaciale
s’enflamme pour le solo, mais elle s’alourdira à nouveau avant que "Ash Of Ages" ne vienne
imposer sa dissonance, qui se transformera en une approche plus martiale lors des refrains,
mêlant les deux univers pour créer un voile de noirceur captivant. "Shadow Point" propose un
semblant de calme, mais qui sera très rapidement annihilé par la batterie de Frost, suivie
par ses camarades dont le son est tout aussi agressif, pour semer le chaos avec des vagues
de fureur. La guitare chaotique nous mène à la toute aussi infernale "Inferior Pathways" où le
groupe reste ancré dans sa fureur qui s’exprime de la manière la plus brute en
quasi-permanence, puis c’est avec une basse inquiétante que débute "Inner Portal", la
composition suivante.
Le son nous happe à nouveau grâce à son atmosphère froide et
impitoyable où sévissent les arcanes du black metal, que ce soit à pleine puissance ou avec
ce passage ritualistique avant un nouvel embrasement qui donnera finalement naissance à
la dévastatrice "The Vessel And The Storm". Le son saccadé oppressant se transformera en
véritable déferlante lors des parties lead, et le groupe ne manquera pas de faire appel à sa
violence sans borne pour nous mener à l’intense "Obscura" où les ténèbres guident les
musiciens à toute allure. Le peu de passages plus modérés est régi par des sons brumeux
et occultes, mais le titre est relativement court, et il laissera "Fatalist" et son introduction
mystique nous accompagner sur les derniers moments de l’album, qui ne sauraient nous
priver de ces sursauts de violence, mais qui nous réserve également des harmoniques
surprenantes.
L’Aural Hellfire de 1349 arrive à son apogée avec "The Wolf & The King". L’album est
capable de faire preuve de la plus grande violence comme de nous proposer des moments
occultes glaciaux, et ce contraste est plus qu’efficace.
"The Infernal Pathway"
Note : 14/20
Il aura donc fallu attendre cinq ans avant qu’un successeur à l’album "Massive Cauldron Of Chaos" des Norvégiens de 1349 ne voit enfin le jour. C’est désormais chose faite avec "The Infernal Pathway" qui vient de sortir le 29 Septembre dernier sur le label français Season Of Mist. Soyez prévenus : la peste norvégienne a encore frappé et elle ne fera pas de prisonniers !
Malgré l’attente particulièrement longue qui fut la nôtre, on peut d’ores et déjà avancer que le résultat est à la hauteur de nos attentes. L’album commence sur les chapeaux de roues avec le morceau "Abyssos Antithesis" dans lequel on perçoit des influences heavy metal évidentes. Le massacre se poursuit avec un deuxième titre beaucoup plu speed qui rappelle les grandes heures d’Immortal époque "Blizzard Beast" (1997). Après une intro dont le seul but est de renforcer l’ambiance lugubre du disque ("Tunnel Of Set VIII"), le groupe poursuit son travail de bûcheron avec le morceau "Enter Cold Void Dreaming" aux sonorités thrash / black, qui rappelle autant Dark Funeral et Marduk qu’un groupe old school comme Aura Noir. S’ensuit le titre "Towers Upon Towers", mêlant du black metal dans la plus pure tradition nordique avec quelques influences thrash et heavy, puis une nouvelle intro ("Tunnel Of Set XI") qui ouvre un morceau non moins speed, "Deeper Still". Dans la foulée, le titre "Striding The Chasm" défonce tout sur son passage, achevant de profaner nos pauvres tympans de mortels. J’ai même perçu sur ce titre des riffs thrash rappelant les meilleurs groupes teutons, notamment les dieux germaniques de Destruction. La tuerie se poursuit en beauté avec un des meilleurs morceaux de l’album, "Dodskamp", lequel porte la tension à son maximum. Enfin, l’album se clôt sur un morceau plus lent qui fait figure d’hymne à la gloire du grand cornu, "Stand Tall In Fire".
Au final, le seul point faible de l’album est de ne jamais nous surprendre, le groupe restant fidèle à la tradition du true black norvégien. Certes, 1349 n’est pas le genre de groupe à se renouveler mais plutôt à reproduire à l’infini les recettes qui ont fait son succès. Certains y verront un défaut, d’autres une qualité. Tout dépend des attentes de chacun. En tout cas, "The Infernal Pathway" est objectivement un album entier, jusqu’au-boutiste et sans concession !
"Massive Cauldron Of Chaos"
Note : 16/20
Le press kit est superbe, admirablement fourni de photos splendides du groupe.1349 soigne son image, c’est très bien.
Est-il utile de les presenter ? Mis à part qu’une fois de plus, le sommet du black metal est atteint, il n’y a pas grand-chose à dire de plus sur le groupe en lui-même.
Je vais donc passer à ce que l’album propose qualitativement tout au long des 8 compositions qui traversent "Massive Cauldron Of Chaos". Y aurait-il une subtilité dans le titre du skeud ? MCC en chiffres romains équivaut à 1200, peut-être bien...
1349 assène un black metal plutôt bien produit, et le talent de Frost derrière les fûts ajoute une touche supplémentaire à la qualité des compositions.
Par contre, ce n’est vraiment pas la peine de chercher de l’originalité dans ce type de black metal plutôt basique, qui alterne les tempos lents et ceux un peu plus rapides.
Le charme vient de là puisqu’on attend que le groupe nous sorte un album de pur black, on en a donc pour notre argent : musique basique et violente, efficacement composée et produite de façon trés discutable par contre... On y reviendra.
"Exorcism", la troisième offrande de 1349, est bien plus travaillée que les précédentes, le niveau s’éleve comme un possédé en lévitation. Plus haut et c’est le plafond.
Peut-être manquerait-il un peu de clarté dans la prod' car je trouve que la musique est un peu étouffée.
Mis à part la pochette hideuse et qui ne manquera pas de remporter des prix de mauvais goût, je ne trouve pas grand-chose à dire sur cet album.
1349 sort ce qu’on attend de lui, n’évolue pas vraiment, se contente de proposer sans innover,
même si à partir du morceau "Exorcism", les compositions sont de très bonne qualité, surtout les riffs qui, eux, apportent un côté plus thrash à la musique de 1349.
Le souci viendrait à ce moment-là du mixage final, trop étouffant, au point de rendre les compos mornes et sans grande saveur.
A mon avis, avec une meilleure prod', l’ensemble de l’album prendrait sa dimension logique.
"Hellfire" sonnait trop clair, "Demonoir" sonnait trop cru, il aurait donc fallu un mélange de "Hellfire" et de "Massive Cauldron Of Chaos" pour que cette satanée prod' soit a la hauteur.
Dommage car il me semble avoir entendu d’excellents morceaux de bravoure, comme on dit, dans cet album.
1349 trouvera-t-il un jour la production qui lui convient ? L'ensemble est trés bon, surtout le chant et le jeu de batterie de Frost, mais les guitares sont trop étouffées, bordel de Dieu !
"Demonoir"
Note : 18/20
Ce groupe illustre de la scène black metal n'a pas chômé pour la composition de ce nouvel album : une bête féroce et déchaînée qui vient nous démembrer sur place. On a en effet un set hargneux et démoniaque (cette nouvelle sortie porte bien son nom !) entrecoupé d'intermèdes chaotiques, annonçant à chaque fois des morceaux tous plus macabres les uns que les autres, reflets d'une production recherchée, avec cet éternel cachet black metal traditionnel, toujours aussi sombre et malsain. "Atomic Chapel", deuxième sur la tracklist, nous démonte sur-le-champ, avec ses sections brutales et bien placées, et son atmosphère inquiétante mise en valeur par un refrain presque susurré. Un black metal violent et sans concession, cousu de blast beats sauvages ("Psalm 7:77", "Demonoir"), de refrains ultra-efficaces ("Pandemonium War Bells") et d'une section rythmique variée qui apporte à l'ensemble une complexité tétanisante. Des passages plombés en mid-tempo, des roulements et parfois des séquences résolument carrées, en-dehors des séquences de blast, nous catapultent dans cette dimension infernale et mystique propre à 1349, sans oublier un riffing acéré ("Atomic Chapel", "When I Was Flesh"). "The Devil Of The Deserts", l'extrême de l'extrême, aussi lourd qu'un tombeau de pierre, aussi dévastateur qu'une épidémie de peste, nous dévore littéralement de toute sa noirceur. Notons une remarquable reprise de "Rapture", où le refrain, moins complexe que dans sa version originale, ne manque pas (et je parle en tant que fan de Morbid Angel !) de nous mettre K.O. Une excellente reprise de "Strike Of The Beast" également (on salue cette cover d'Exodus audacieuse et particulièrement couillue !), mêlant la vitalité thrashy à la voix radicalement black de Ravn, qui promet quatre minutes de headbang frénétique... à éviter cependant si vous êtes dans un lieu public. La reprise de "Nerves" (Bauhaus) ne m'a pas scotchée, personnellement, mais ce petit bémol est bien moindre comparé au reste de l'album. Un incontournable pour tout fan de metal extrême.
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