"Unbreathable"
Note : 17/20
Le vent souffle à nouveau pour Ad Patres. Suite à leur dernier enregistrement paru début
2019, Axel Doussaud (chant), Olivier Bousquet (guitare) et Mathieu Larroudé (basse),
désormais accompagnés par SylverA (guitare, Iron Flesh, ex-Empyreal Vault) et Thibault
Faijan (batterie, Stormhaven, ex-Nemedian Chronicles) nous présentent "Unbreathable",
leur troisième album, via Non Serviam Records.
Le groupe nous accueille avec une intro relativement inquiétante et moderne, puis repart
rapidement dans son death metal travaillé et brutal sur "The Dream Chaser" qui mêle
habilement la rage et les parties vocales épaisses. Quelques leads bien sentis s’intègrent
également à la déferlante, comme ce solo final avant que "Versus" ne prenne la suite pour
frapper à son tour en déversant sa rythmique puissante et saccadée qui ne manquera pas
de faire plaisir aux amateurs de sonorités old school. Les musiciens enchaînent avec
"Deserter" et ses harmoniques cinglantes aux influences thrash pendant que les riffs nous
entraînent à toute allure, puis "Exodus" continue sur ce chemin avec des patterns explosifs
que le quintette nous envoie en pleine face entre deux moments légèrement plus calmes.
La
quiétude reviendra momentanément avec "Interlude" et ses touches cybernétiques étranges,
puis "Chapter X" reprend sur les chapeaux de roues, mais le rythme de la composition est
relativement changeant, passant d’une double pédale écrasante à des moments presque
aériens avant de nous faire sombrer dans la noirceur sur "The Medium". Bien que le groupe
ne conserve ses riffs violents, il réussit à leur donner une teinte plus pesante, parfois
même malsaine, avant que "Rebellion Grief" ne renoue avec cette approche plus directe tout
en restant dans des patterns réfléchis. L’album prend fin sur "Deus Deceptor", un parfait
compromis entre la violence des Bordelais et leurs capacité à placer des leads perçants pour
compléter les vociférations, et ainsi garder l’énergie à flots pour le final.
La présence d’Ad Patres dans le paysage français est toujours appréciable, que ce soit
dans le death metal ou la scène extrême en général. "Unbreathable" ne peut que servir leur
réputation et leur ouvrir plus de portes.
"A Brief Introduction To Human Experiments"
Note : 17/20
Il fait gris, il fait froid, c’est un temps à écouter du death metal. Ca tombe bien, les Bordelais
d’Ad Patres viennent juste de sortir "A Brief Introduction To Human Experiments", leur
deuxième album ! Formé en 2008 par Arnaud Pecoste (basse, Seth, In A Shroud), Alsvid
(batterie, Fornication, Goatlord Corp, Seth, ex-Enthroned), Olivier Bousquet (guitare),
Canard (guitare, Fall Of Seraphs, Simulacre) et Julien Lemasson (chant), le groupe
recrute Axel Doussaud (chant) l’année suivante, et compose sa première démo, sur
laquelle les deux chanteurs ajoutent leur voix. Julien quitte définitivement le groupe, laissant
à Axel les pleins pouvoir vocaux, et le groupe enchaîne split et album avant de se séparer
de Canard en 2015, pour laisser le poste à PY Marani (Heavenless). Et c’est fin 2018 que
l’on entend à nouveau parler des Français avec un single, qui aboutit finalement à ce
deuxième album ! Prêts ? Je ne crois pas.
Un sample introductif nommé "Shock Therapy" nous amène rapidement sur "Mechanical
Enlightement". On découvre alors avec joie que l’univers brutal et technique du groupe n’a
pas changé au fil des années. Rythmiques lourdes et renforcées à la basse rencontrent
harmoniques sanglantes pour un death metal très efficace. Visiblement très inspirés, les
Français ne perdent pas une seule seconde pour distribuer des mandales, même lors des
breaks. Les solos épiques donnent une puissance supplémentaire au morceau, suivi de "The
Disappearance Of I". A nouveau, les harmoniques sont légion, et elles ponctuent à la
perfection des riffs massifs et dissonants à souhait, pendant que les hurlements d’Axel
ajoutent leur dose de violence à la mixture. Le repos n’est visiblement pas pour tout de suite,
car même si le morceau s’arrête, il repart immédiatement avant de laisser place à l’explosive
"Led By Flesh". Rapide, violente, tout ce qu’on demande au death metal avec cette patte old
school qui me ravit.
On arrive sur "Symbiosick", un morceau qui allie à nouveau technicité avec des riffs
complexes et dont la structure change souvent à une batterie survoltée et surpuissante. Les
amateurs de death old school y trouveront leur compte comme les affictionados de
modernité, mais cet élan de puissance sera stoppé net par "Sermon". Un sample qui démarre
lentement, mais dont l’intensité va croître en permanence, jusqu’au final. Et ce final nous
lâche directement sur "Verses Void", un morceau qui prend à la gorge et qui montre toute la
hargne des Bordelais, que ce soit sur la rythmique ou lors des solos !
On enchaîne sur "Spellbound", qui rappelle rapidement le thrash death old school incisif et
surpuissant qui sévissait il y a deux décennies aux Etats-Unis. Alternant lead perçant et
passages massifs, les Français sont décidés à en découdre, et ce n’est absolument pas
"Enclosing Terror" qui me fera mentir. On repart dans la technicité mais le groupe n’oublie pas
de laisser transparaître leur passion, et l’énergie est communicative. Dernier morceau déjà,
"The Floating Point" est dissonant et malsain à souhaits. La composition est de loin la plus
longue de l’album, ce qui permet à Ad Patres de lui donner vie de manière assez
progressive, et on se retrouve rapidement dans le noir complet à headbanguer
frénétiquement pendant que les notes virevoltent autour de nous.
"A Brief Introduction To Human Experiments" est un album violent, mais qui n’est pas brutal
pour rien. Les riffs sont complexes sans jamais oublier cette énergie qui anime les
compositions de bout en bout, cette âme qui fait que la musique d’Ad Patres n’est pas
qu’une branlette de manche sans intérêt. Leur volonté et leur expérience les emmènera loin,
c’est une certitude.
"Scorn Aesthetics"
Note : 17/20
Après avoir eu l’honneur de faire la chronique de leur split avec Writhing, je n’ai point d’autre choix que de me répandre à nouveau en commentaires dithyrambiques sur cette bombe atomique qu’est "Scorn Aesthetics", réalisée par les Bordelais de Ad Patres. Consciente des performances scéniques foudroyantes de cette formation encore toute fraîche qui sévit depuis seulement quatre ans et dont le premier opus date de 2010, je vais présenter ici le tout premier full-length d’une discographie qui a, à l’évidence, de beaux jours devant elle.
On décèle premièrement dans "Scorn Aesthetics" un souci particulier de la structure des compos : plutôt que de bourriner dans le pâté de vioque à tout va, les Aquitains font preuve de réflexion quant à la teneur des morceaux et l’imbrication des modules instrumentaux. L’album est préludé par une brève intro de 26 secondes avant d’appareiller sur "The Lock", qui nous honore d’un système de riffs sauvages et bien exécutés, d’une structure rythmique accrocheuse et véhémente, le tout exalté par le débit frénétique du vocaliste. "Scars Of Compromise" et "In Vivo" s’ornent de quelques passages ralentis et d’une pointe de soli de guitare placés avec autant d’astuce que "Circles Of Red" fait mouche en nous proposant un contenu brutal et massif émaillé de mid-tempos bien étudiés ;
Le groupe continue d’évoluer dans le registre brutal et élaboré avec "To The Fathers", "Emphasize Nihility" et "Scorn Aesthetics", où le module rythmique prend ses lettres de noblesse en nous honorant de tempos frénétiques accolés à des riffs carrés et massifs. Les séquences ralenties s’incorporent efficacement aux compos ("Anti", "All That Remains") ,ce qui constitue un vrai défi pour un groupe de brutal death désireux de conserver une essence hargneuse tout le long de l’album qu’il régit.
Le pari est gagné haut la main par Ad Patres, qui rassemble tous les éléments nécessaires d’un bon album : un chant âpre et hargneux, des compos efficaces et judicieuses, un aspect technique remarquable et une certaine cohérence quant à la succession des morceaux. Dommage pour la production, un peu trop briquée à mon goût, davantage de croustillance et de saturation auraient été les bienvenues… mais ce détail passe rapidement aux oubliettes une fois en live.
Promo CD
Note : 16/20
Bordel de bordel, je commencerais cette chronique par ça.
En écoutant ce promo dont nous reviendrons sur la longueur ultérieurement, j'ai eu l'agréable impression, après avoir constaté la puissance du chant d'Axel et les énormes parties de plaisir de death compulsif fournies par les guitares, que les blasts étaient rudement intensifs. Maintenant tout le monde peut penser que des batteurs qui blastent comme des tarés il y en a plein, mais en allant voir sur le MySpace , je me suis aperçu que le batteur était ce vieux briscard de Yann Herrera. Batteur de talent qui a officié chez Enthroned, E Force (groupe de Eric Forrest, ex-Voivod), Seth, Psalm, Fornication, mais qui a surtout fait ses débuts chez Asgard... Une grande époque, que de souvenirs...
Enfin après la séquence nostalgie, il est de bon ton de passer aux choses sérieuses.
Comme on ne l'aura pas deviné au travers de ma grande tirade développée supra, Ad Patres vient de Bordeaux.
Composé donc de Yann à l'origine de la création du groupe, mais aussi d'Olivier Bousquet (ex-Withdrawn) ainsi que de Canard à la guitare, Arnaud à la basse et donc Axel aux grunts et même aux growls, voire aux gruiks éventuellement, ainsi qu'aux aarrrrgh, mais en émettant une réserve.
Alors voilà, formé aux alentours de 2008, c'est le premier cd de Ad Patres. Comme son nom l'indique Ad Patres vient du latin, qui signifie "retourner vers ses pères", donc forcément qui veut dire mourir ; Quoi de plus naturel pour un groupe qui fait du death metal que de se nommer ainsi, car finalement il y aura une certaine redondance dans l'idée de la mort.
Mais nous ne sommes pas ici pour digresser sur des choses futiles.
Avant de ne cesser de balancer des éloges sur ce CD, on va immédiatement parler des choses qui fâchent et du côté négatif du truc. Un promo CD, ça fait vraiment chier le monde, trois titres ce n'est pas assez, certes ça sert à promouvoir le groupe en quête de signature vers un label, mais c'est trop peu pour qui veut écouter le son entièrement. Merde quoi, juste environ neuf minutes, on a l'air de quoi nous après !!
Le zizi cérébral gonfle, gonfle à l'écoute des morceaux, et paf !!! Plus rien !! Terminé !! Mais on n'est pas des éjaculateurs précoce du death metal quand même....
Enfin... En parlant de son, même s'il est trop court, ce CD est évidemment bien produit puisque le groupe a bossé avec Mathieu (Gorod) au Bud Records pour l'enregistrement de ces trois titres.
Et pour continuer à dire que Ad Patres c'est quand même du death technique à peine brutal qui t'agrandit l'orifice doté de sphincters, on pourra mettre en avant cet aspect très sincère de composer une musique death à l'ancienne, c'est à dire direct, dynamique sans chercher la branlette de manches, mais plus dans l'impact efficace et immédiat des rythmiques puissantes.
Donc d'une part gros travail sur les voix, Axel oscille aisément dans son registre death pour proposer des variations proches de celles de Dying Fetus parfois, avec des passages plus sourds et feutrés sur "The Lock", tandis que "To The Fathers" et "Scorn Aesthetics" offrent une voix death plus claire, comme on peut le savourer avec les groupes tels que Vader ou les vieux Entombed si vous voyez ce que je veux dire... Mais les vocaux sont toujours en osmose avec les morceaux, ils restent un point fort du groupe parce que ça ne fait qu'un avec la musique en totale harmonie brutalistique.
Ensuite énorme travail de composition sur les morceaux qui peuvent passer d'un death très violent et technique tant niveau batterie que guitares, dans une approche à la Cryptopsy, voire Dying Fetus, mais en même temps, qui sur d'autres moments peuvent surfer sur une vague inspirée par les mentors du death Américain d'une époque mémorable qu'étaient les groupes tels que Monstrosity et surtout Brutality. Car à l'écoute de certains thèmes de "The Lock", dans les passages rapides et agressifs, où la double tape comme un marteau-pilon, on retrouve un peu cette atmosphère qu'il y avait sur le morceau "When The Sky Turns Black" tiré de l'album du même nom.(écoutez vous comparerez)
Ad Patres met largement en avant ses intentions de jouer du death metal, celui des "dix glorieuses" du millénaire précédent et qui nous a fait aimer ce courant musical extrême. C'est effectivement l'intensité des chansons qui est mise en avant pour mettre la tête de l'auditeur à l'envers en l'espace de quelques minutes.
L'objectif est atteint juste avec trois morceaux, juste trois morceaux qui réussissent à synthétiser toute une décennie de death metal, en proposant de la technique, de la brutalité et de la puissance. Ad Patres domine excessivement bien ses compositions en apportant des segments mid-tempos au moment opportun, comme sur "To The Fathers" où le solo est de mise pour laisser la place à l'ambiance pesante et malsaine typique du death metal.
Petit aparté: Chose étrange on constate que c'est Arnaud Pecoste qui est à l'origine des paroles de ces chansons et non Axel, on peut donc se demander le rôle de chacun au sein du groupe quant au processus de composition....
Pour terminer, on concluera sur le fait que Ad Patres est parfait au niveau production, que Ad Patres est parfait au niveau inspiration, que Ad Patres est parfait au niveau technique et efficacité, que Ad Patres est parfait et carré au niveau interprétation, mais malgré tout la perfection n'existe pas, alors on se contentera d'apprécier de groupe girondin, qui à l'instar de Offending pour rester régional et chauvin, prouve que le terme old school est obsolète puisque le death metal a toujours été, est et sera éternellement.
Je crois que j'ai pris un bonne baffe... ça fait mal... encore une fois...
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