Le groupe
Biographie :

Ahura s’est formé en Janvier 2005 sous l’initiative d’Aurélien (guitare) et Cédric (guitare) avec pour objectif de réaliser un death metal plus sombre et plus violent que dans leurs précédentes formations. Après de nombreux changements de line-up, le groupe se stabilise sous forme d’un quintette alors composé de Christophe (basse), Maximilien (chant) et Florian M. (batterie), et produit sa première démo en janvier 2008. Après quelques concerts le groupe connaît une nouvelle période de transition avec le départ de son batteur, puis quelques mois plus tard, de son chanteur. Rejoint durant cet intervalle de temps par Florian P. derrières les fûts, le groupe décide de continuer à quatre, le chant étant dorénavant assuré par Aurélien. Le quatuor décide alors d’enregistrer une seconde démo et sort en Mai 2010 "Putrefaction Of Spirit And Flesh". Plus abouti au niveau de la production (mix et master au Nomad Audio) et jouissant d’une véritable identité visuel (crée par Nicolas Désiré-Frisque) ce nouvel aperçu d’Ahura permet au groupe de proposer une image plus en phase avec leurs objectifs artistiques, même si le groupe à depuis cette réalisation de cesse d’explorer son univers...

Discographie :

2008 : Démo
2010 : "Putrefaction Of Spirit And Flesh"


La chronique


Tirant certainement son nom de la mythologie du Moyen-Orient où celui-ci était un dieu de l'ancien Iran, celui qui rendait la lumière visible, Ahura se veut fort intéressant dans la mouvance death metal Française qui revient se baigner dans les racines du metal extrême brutal et technique des 90's. Mais n'y voyant pas d'autres explications à son origine, on ne peut que trouver ce pseudonyme percutant car celui-ci n'a, à ma connaissance, qu'un alter ego Argentin trempant son biscuit dans le heavy metal à tonton. Donc l'option pseudonyme qui attire l'oreille a été efficacement trouvée, même si c'est un nom comme un autre dira le plus grand nombre. Mais à côté de cela, pour bien montrer son attachement aux années 90's, en tous les cas, c'est l'interprétation que je m'en suis faite, les p'tits gars des Pays de La Loire (il me semble qu'il y a un festival fin Juin dans cette région administrative...) sont allés voir un certain Christophe Szpajdel pour réaliser leur logo (et si tu ne connais pas le sieur Szpajdel, faudra remettre tes tablettes à jour, on ne va pas te refaire l'histoire...). Ce qui donne encore plus de profondeur aux idées que Ahura semble vouloir donner à son monde, d'une part musicalement mais également visuellement, avec le design sur les côtés du logo sur la back cover. En effet, avec un artwork signé Nicolas Désiré-Frisque, illustrateur Nantais, les deathsters ont donné l'opportunité à cet artiste, de s'exprimer différemment de ce qu'il a l'habitude de faire. Offrant une atmosphère sombre, laissant libre cours à notre imagination pour interpréter l'imagerie de ce "Putrefaction Of Spirit And Flesh". Et on sent que dans tout ça, on veut nous amener dans cette mythologie Iranienne, mésopotamienne, un peu comme savent le faire Melechesh, et en poussant bien évidemment plus vers l'Ouest : Nile. Le décor étant posé, il faut passer encore un peu de temps pour se rendre compte que le son de cette démo n'est pas dégueu. Enregistrée en 2009, mixée et masterisée au Nomad Studio, j'ai l'impression que celle-ci fait plus dans le système D qu'autre chose à moins que je ne me fourvoie considérablement. Bref les arrangements étant réalisés par Ahura eux mêmes, il faudrait être vraiment tatillon, et s'être fait greffer une table de mixage dans le cul pour se la raconter et faire le difficile.

Mais le plus important dans tout ça, c'est la musique de Ahura, malgré ces petites 22 minutes qui ne m'ont pas semblé durer plus longtemps qu'un pet vicieux avec les conséquences qui vont avec, cette demo nous fait l'effet d'une bombe atomique entre les oreilles. En effet, même si les albums de Deicide, pourtant appelés albums, ne sont pas beaucoup plus longs que cette démo ; on sent malgré tout que les quatre titres, qui sont individuellement, d'une longueur plus que convenable pour ce style de death metal, nous laissent un goût trop rapide dans la bouche. Un album complet aurait été plus percutant, c'est pour cela que la hâte d'écouter d'autres titres, en devient une réaction subséquente et que l'écoute répétée en boucle de cette démo est inéluctable. A force de digression, on en oublie le principal, je parlais d'effet pet vicieux, avec l'écoute de cette démo, et c'est le cas. Le pet vicieux, sort brièvement, mais l'odeur est forte et désagréable. Même lorsqu'elle n'est plus là, elle reste en mémoire et ce, même si les sens olfactifs ne sont plus en action. Les quatre titres de Ahura, font le même effet, c'est trop court, on l'a dit, mais qu'est-ce que leur musique est puissante et ravageuse !!! La première réaction que l'on puisse avoir c'est la sensation de l'influence majeure d'Ahura. On ressent rapidement les attirances vers un death metal proche de Cannibal Corpse comprenant la grandeur et la force d'un Morbid Angel, en y ajoutant des touches personnelles matérialisant un décor ancré dans le moyen orient. Notamment sur "He Who's Hiding Behind The Time" et "Putrefaction Of Spirit And Flesh", comme Nile sait le faire. D'ailleurs quand on lit le titre "He Who's...", cela ne vous rappelle-t-il pas le genre de titres comme celui du dernier album de Nile ?

Proposant des atmosphères lourdes, qui conservent malgré tout une batterie constamment maîtrisée, mais toujours rapide (et vu l'âge du batteur Florian, c'est époustouflant de maturité), Ahura s'impose immédiatement avec seulement quatre titres. Les morceaux sont aérés, ils ne se perdent pas dans une brutalité condensée qui parfois peut indisposer l'auditeur qui lâche son attention à force de trop de blasts, de solos, de technique. Non ici Ahura, contrôle tout et dose tout intelligemment. Ils ne se cachent pas et affichent fièrement leurs sources d'inspiration. Comme on l'a dit on reconnaît la patte de Cannibal Corpse, Morbid Angel et Nile, point barre. Mais on s'en branle littéralement parce que s'est parfaitement exécuté et rudement bien amené. La première piste "Eat Of The Vultures", intense et brutale, ouvre le bal des morts-vivants, avec cet esprit Cannibalien, peut-être une des plus énergiques de la démo, tandis que "He Who's Hiding Behind The Time" nous rappelle indubitablement dès le début, la tribu à Trey Azagtoth. En effet ce morceau commence presque à la manière d'un "Dominate" qui a fusionné avec les morceaux de "Covenant". Et ce qui est succulent c'est que Aurélien Migné, non content d'être guitariste, se donne les moyens d'avoir un organe vocal qui fait honneur à ses influences. Le chant , dans sa plus grande majorité reste très guttural grave, avec plusieurs passages de doublage à la voix toujours acide, mais un peu plus contrastée. Résultat: très haute qualité et aucune linéarité. L'ambiance orientale se ressent beaucoup plus sur "He Who's...", mais n'allez pas croire qu'on se retrouve à Dubaï parmi les gens les plus "aisés" de la planète à siroter du cocktail pour gosier délicat. Non Ahura prend tout ce qu'il y a de plus primaire dans ces contrées pour faire ressortir la force de son death metal. Une force qui se retrouve également dans ses solos, car ces derniers sont toujours dans la veine de Morbid Angel, avec ce quelque chose de très massif et imposant, notamment sur le titre "Putrefaction...".

Avec des chansons comme les quatre qui sont présentes sur "Putrefaction Of Spirit And Flesh", Ahura a le potentiel des groupes dont l'inspiration n'a d'égal que leur technique et la propreté de leur interprétation. Il s'agit ici de prendre au sérieux un groupe qui démarre mais dont la musique est déjà faite pour s'imposer magistralement, avec une maturité impressionnante. En attendant la suite, on peut agréablement penser que si Ahura a la chance de taper aux bonnes portes, ce groupe devrait aller très très loin... Il serait tellement dommage de n'en rester que là...


Arch Gros Barbare
Janvier 2011


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.myspace.com/ahurametal