Le groupe
Biographie :

Anathema est un groupe originaire d'Angleterre, formé à la fin des années 1980 à Liverpool par Darren White, les frères Cavanagh, Danny et Vincent, et le bassiste Duncan Patterson. La formation est un des pionniers du death / doom avec My Dying Bride et Paradise Lost. À partir du milieu des années 1990 et l'album "Eternity" (1996), le groupe abandonne les voix gutturales et évolue vers une musique plus atmosphérique, jusqu'à l'apparition de l'électronique dans ses dernières compositions. Aujourd'hui, la musique du groupe n'a ainsi plus aucun lien avec le courant doom ou metal de ses origines, mais évoque davantage le rock atmosphérique / progressif. Lors d'une interview accordée à la Green Christmas Press Conference, le groupe a confié qu'ils ne referaient jamais de metal, ce qui serait selon eux un retour sur leurs pas. Depuis 2004, Anathema traverse une période d'incertitude, notamment suite à la disparition de leur maison de disques, le label britannique indépendant Music For Nations. Même si le groupe a multiplié les concerts et s'est produit à l'étranger et en Grande-Bretagne, il s'est, semble-t-il, interrogé sur l'opportunité de créer son propre label, à l'image de ce qu'a choisi un ancien membre, Duncan Patterson. Ce dernier a quitté Anathema après l'enregistrement d'"Alternative 4" pour fonder Antimatter, un groupe de trip hop, au style épuré et mélancolique, dont le dernier album, "Leaving Eden", est paru en 2007. En 2005, Danny Cavanagh apparaît en tant qu'invité sur l'album "Fern" de The Spherical Minds, jeune groupe français. Il y assure le chant sur cinq des neufs morceaux que comporte cet album. Au début de l'année 2008, le groupe annonce l'enregistrement et la sortie dans le courant de l'année de deux albums. Le premier, "Hindsight", sort le 25 Août 2008 en Europe. Semi-acoustique, il reprend un florilège de leurs meilleurs titres, à savoir : "Angelica", "Leave No Trace", "Inner Silence", "One Last Goodbye", "Are You There", "Fragile Dreams", "A Natural Disaster", "Temporary Peace" et "Flying". Le second nouvel album, "We're Here Because We're Here" (longtemps appelé "Horizons" et maintes fois repoussé), finalement sorti le 31 Mai 2010 sur le label Kscope, est composé de 10 titres. En 2012, Anathema sort l'album "Weather Systems", un nouveau pas en avant dans le progressif, avant la publication le 23 Septembre 2013 du DVD "Universal", qui matérialise les deux tournées de "We're Here Because We're Here" et de "Weather Systems". Le concert, filmé par Lasse Hoile, a lieu dans l'ancien Théâtre romain de Plovdiv en Bulgarie avec le Plovdiv Philharmonic Orchestra. Leur dixième album studio, "Distant Satellites", est sorti le 9 Juin 2014.

Discographie :

1993 : "Serenades"
1995 : "The Silent Enigma"
1996 : "Eternity"
1998 : "Alternative 4"
1999 : "Judgement"
2001 : "A Fine Day To Exit"
2003 : "A Natural Disaster"
2010 : "We're Here Because We're Here"
2012 : "Weather Systems"
2013 : "Universal" (DVD)
2014 : "Distant Satellites"


Les chroniques


"Distant Satellites"
Note : 18/20

Anathema est, depuis de nombreuses années, une valeur sûre connue et reconnue. Certes, le groupe semble avoir (définitivement) abandonné ses racines doom au profit d’une musique progressive et aérienne, mais sa qualité demeure inébranlable. Et ce n’est pas "Distant Satellites" qui fera figure d’exception.

Un jour, quelqu’un m’a confié mépriser les critiques, professionnelles ou pas, qui mettent l’accent sur les sentiments de leur auteur. Pourquoi ? Parce que les émotions sont abstraites ; selon cette personne, seul les explications concrètes feraient office de figure d’autorité, le reste ne serait qu’un manque d’inspiration déguisé. Si vous êtes de cet avis, je vous prie de m’excuser d’avance. Je ne suis pas certaine qu’une simple exposition de faits soit suffisamment éloquente pour décrire la beauté de ce nouvel album, mais je promets de faire de mon mieux afin de vous convaincre. Allons-y.

"Distant Satellites" s’inscrit dans la ligne directe de "Weather Systems". Les souvenirs de ce merveilleux album remontent à la surface dès les premiers morceaux, "The Lost Song Part 1" et "The Lost Song Part 2", à la construction similaire à celle de "Untouchable, Part 1" et "Untouchable, Part 2". La douceur nous accueille, avant que l’énergie ne se dévoile, peu à peu. Vincent Cavanagh et Lee Douglas, merveilleuse, s’emparent du micro tour à tour pour nous entraîner dans leur cocon. Et ce n’est que le début de l’envoûtement ! Comme je le disais il y a un instant, "Distant Satellites" est la suite logique de son prédécesseur. Vous y retrouverez la même douceur mélancolique, cette fois cependant visitée de façon plus grave, moins scintillante ("You’re Not Alone"). Légèrement plus moderne, également, comme le prouve le splendide morceau-titre, "Distant Satellites". De nouvelles idées ont également germé, comme l’utilisation récurrente (mais pas omniprésente pour autant) de la batterie électrique, ou ce travail rythmique un peu étonnant de la part du groupe, mais non moins appréciable, sur "The Lost Song Part 3".

Pour ceux parmi vous qui désirent du concret, de l’éloquent, du vrai de vrai, jetez-vous sur "Anathema", pièce maîtresse, selon moi, de ce nouvel album. Presque sept minutes de plaisir pur, porté par un piano délectable et le chant impeccable de Vincent Cavanagh. Un morceau où le solo de guitare brillant de Daniel Cavanagh fait office de cerise de gâteau. Imparable ! Ah, et puis ce fameux "Distant Satellites", aussi. En termes de réussite, ce titre se place aisément haut sur le podium. Les mots sont soit insuffisants, soit superflus ; le mieux est d’écouter et de laisser ses sentiments parler à votre place, ce qu’aucun chroniqueur ne sera capable de faire.

Cet album à fleur de peau s’inscrit dans la liste déjà bien fournie des succès d’Anathema. Vous savez quoi ? C’est exactement grâce aux groupes comme celui-ci que je n’effacerai jamais le mot "émotion" de ma liste de vocabulaire, parce qu’ils sont la preuve que le ressenti n’est pas moins valide que l’aspect technique. Et parler uniquement de l’aspect technique d’Anathema serait une insulte, vu la palette de sentiments que les musiciens parviennent à transmettre sans cesse via leur art. Magnifique, une fois encore !


Gloomy
Juillet 2014




"Universal"
Note : 18/20

Anathema nous revient une nouvelle sortie intitulée "Universal" sous le bras, un an après un excellent "Weather Systems". Cette fois, ce n’est pas d’un album dont il s’agit, mais bel et bien d’un DVD live. Pour ce faire, les Britanniques ont mis les petits plats dans les grands, en choisissant d’enregistrer un concert dans le fameux théâtre antique romain de Philippopolis. Et comme si ce lieu majestueux ne suffisait pas, le groupe s’est octroyé le plaisir d’être accompagné du prestigieux orchestre philarmonique de Plovdid.

A l’image de cette photo de couverture au goût d’irréel (réalisée par la non moins talentueuse Caroline Traitler), Anathema a, ce soir-là en Bulgarie, emmené son public directement vers les étoiles. Parce que ce groupe est grand. Parce que ce groupe est tout simplement beau. Parce que le lieu choisi pour l’enregistrement d’ « Universal » confère à l’atmosphère un aspect intimiste au possible, accentué par un jeu de lumières bleutés. Alors lorsque le public se met à chanter d’une seule voix le superbe "Flying", même derrière son écran il est difficile de ne pas sentir les frissons qui parcourent notre colonne vertébrale. Chacun des musiciens paraît ici en grande forme ; la communication entre le groupe et son public, ou encore entre les intéressés entre eux, est d’une sincérité tout simplement touchante. Et je tiens à saluer la prestation de Lee Douglas, capable de sublimer ses apparitions grâce à sa voix tour à tour douce et puissante, mais toujours chaude et sensuelle. Parlons un instant de l’orchestre, à présent. Contrairement, à ce que certains –moi y compris– auraient pu imaginer, ces musiciens ne sont pas particulièrement mis en avant. Un tort ? Un sous-emploi des ressources ? Je ne pense pas. Si, effectivement, la plupart du temps, ces invités exceptionnels ‘se contentent’ de soutenir le groupe dans ses efforts (avec chaleur et brio, cela va sans dire), les quelques moments où ils apparaissent dans toute leur splendeur rendent l’instant plus magique encore, comme sur le magnifique "A Simple Mistake".

Impossible de parler d’"Universal" sans mentionner le formidable travail du réalisateur Lasse Hoile, grâce à qui ces instants magistraux sont aujourd’hui figés à jamais. Pour conclure, je dirais, du fond du cœur, que chroniquer cet excellent DVD fut un honneur. De telles sorties, on en réclame sans cesse ; le bonheur de profiter de tant de délicatesse est toujours accueilli avec joie !


Gloomy
Novembre 2013




"Weather Systems"
Note : 18/20

"We’re Here Because We’re Here" avait signé le grand retour d’Anathema après pas moins de sept longues années d’absence. Par bonheur, inutile d’attendre sept années supplémentaires pour poser l’oreille sur le digne successeur. Un album d’une qualité pareille n’arrivera jamais assez tôt, de toute façon. Si son prédécesseur était remarquable, "Weather Systems" est, quant à lui, tout simplement sensationnel ! Comme il semblerait que le groupe soit définitivement en paix avec lui-même, c’est dans une atmosphère éthérée et douce que nous allons errer pendant presque une heure d’une puissance émotionnelle rare. Il est d’ailleurs extraordinaire de réaliser l’état de sérénité dans lequel on se retrouve à la fin de l’écoute après avoir été submergé par mille-et-unes sensations quelques minutes auparavant. A l’image de "Lightning Song" - dont le titre sied d’ailleurs à la perfection -, ces nouvelles compositions transportent dans un univers onirique, un nuage argenté chaud et confortable, une bulle fraîche et fragile que l’on chérit. Vous l’aurez compris : Anathema excelle dans leur rock atmosphérique de toute beauté. Nous savions que ces musiciens étaient l’exemple même de la réussite (ce fameux terme qui ne manque pas de faire frémir, d’envie ou de ravissement), cela ne nous empêche pas de soupirer de plaisir lorsque nous nous retrouvons plongés dans leur univers. La force principale de "Weather Systems", ce qui le distingue sans peine, à mes yeux, de "We’re Here Because We’re Here", est la sincérité bouleversante qui s’en dégage. C’est bien pour cette raison que l’album touche aussi profondément, car un tel naturel ne pourrait laisser de marbre. Au final, qu’en est-il du contenu, de manière plus précise ? Là est le problème : je pourrais vous donner toutes les descriptions possibles et imaginables, vous parler de la chanteuse désormais officielle Lee Douglas et de son implication notable, je pourrais vous décrire le passage électronique de  "The Storm Before The Calm" autant que le solo fantastique de Daniel Cavanagh sur "The Beginning And The End", je pourrais vous louer les performances à tomber de Vincent Cavanagh, ça resterait toujours aussi insuffisant pour vous exprimer à quel point "Weather Systems" est grand. Mais, tout bien réfléchi, est-ce vraiment un souci ? Tout comme le soleil printanier, Anathema nous offre la perspective des jours nouveaux, resplendissants. Et nous les en remercions du fond du cœur.


Gloomy
Avril 2012




"We're Here Because We're Here"
Note : 16/20

Cela faisait des années (7 pour être exact) que j'attendais le nouvel album d'Anathema, et bien le voici enfin. Après une période longue et difficile de remise en question, recherche de labels ainsi que le travail acharné du groupe pour se détacher de l'étiquette "metal", "We're Here Because We're Here" débarque. Il en aura fallu du temps pour qu'Anathema nous offre cette nouvelle galette, même si 3 des titres étaient déjà écoutables et téléchargeables sur leur site depuis fort longtemps. J'avais peur qu'Anathema s'éssouffle avec le temps car il faut l'avouer, depuis "Eternity", "Alternative 4" et "Judgment" le groupe avait un peu perdu en qualité de composition. En regardant la jaquette, on se doute que cet album sera plus positif que le précédent. "We're Here Because We're Here" est un peu la suite logique de "A Natural Disaster" au niveau de la composition mais l'atmosphère est différente.

Dès les premières notes de l'album, on ne peut s'empêcher de penser à "A Natural Disaster". En effet, le premier titre "Thin Air" ressemble fortement à "Closer" et aurait sans problème eu sa place sur l'album précédent. Mais "We're Here Because We're Here" se différencie par son ambiance plus "positive" et moins mélancolique que par le passé. Anathema continue dans la voix amorcée depuis "Jugdment" mais de nouvelles influences font leur entrée. Cet album qui sonne comme un renouveau, une résurrection et même une ouverture vers l'avenir pour le groupe. On sent que le groupe n'a plus les idées aussi noires que par le passé. L'influence d'"OK Computer" a cédé la place à quelque chose de plus positif. "We're Here Because We're Here" se rappoche des ambiances développées par des groupes tels que Sigur Ros et Porcupine Tree, deux groupes qui influencent fortement Anathema. De plus, Le groupe se tourne désormais vers un son plus progressif. Anathema qui souhaitait il y a quelques années toucher un plus large public avec des titres proche d'un Radiohead revient ici dans un registre beaucoup plus atmosphérique dans la lignée de "A Natural Disaster" et progressif (3 morceaux de plus de 7 minutes s'il vous plait). Anathema n'avait plus développé de si longs morceaux depuis "A Silent Enigma". Au niveau de la composition, les nouveaux morceaux reprennent les éléments présents sur "A Natural Disaster". Lee Douglas est devenu membre officiel dAnathema et sa voix se retrouve davantage sur les morceaux, ce qui renforce le côté atmosphérique de certains morceaux. Quant au chant de Vincent, il est tout simplement excellent d'un bout à l'autre de l'album.

Maintenant, regardons les titres en détail : "Thin Air", très bon morceau, proche de "Closer", bien que relativement classique. "Summer Night Horizon", est le morceau "rock" de l'album, comme a pu être "Judgement" sur l'album éponyme ou bien "Pulled Under 2000 Metres A Second" sur "A Natural Disaster". Un excellent morceau. "Dreaming Light" est l'exemple parfait, la synthèse de ce qu'est "Anathema 2010". Il ressemble à s'y méprendre à du Sigur Ros... mais revu par Anathema. On sent l'influence de ce groupe magnifique. Un autre excellent morceau. Vient ensuite "Everything", un des morceaux qui étaient téléchargeables gratuitement. J'avoue que j'appréciais moyennement ce morceau avant mais depuis que j'écoute l'album en boucle, il m'est devenu indispensable. Vient ensuite "Angels Among Us", le troisième titre qu'Anathema avait lis en ligne gratuitement. Encore un morceau magnifique, sublimé par la voix de Lee. "Presence" est la reprise du thème du morceau précédent. Vient ensuite un des plus anciens morceaux composés pour cet album, "A Simple Mistake". Très progressif dans l'esprit avec une durée qui avoisine les 8 minutes. Un morceau original et sympathique. "Get Off, Get Out" est un morceau rythmé, original mais assez dispensable. Nous arrivons au neuvième titre, lui aussi assez long : 7.19 minutes, nommé "Universal". Ce titre est très mélancolique, notamment accentué par les cordes qui se marient à merveille à la voix de Vincent, pour finir en orgie sonore des plus prenantes. Nous arrivons au dizième et dernier titre "Hindsight", lui aussi de 8 minutes, qui finit en beauté cet album....

Sans posséder de "hits" énormes comme chaque album d'Anathema pouvait en posséder, cet album est à prendre comme un tout, un peu à l'image de "A Natural Disater". Même s'il n'égale pas dans mon coeur les fabuleux albums qu'étaient "Eternity", "Alternative 4" et "Judgment", ce nouvel album possède tout de même des grand moments uniques. Le groupe sait malgré tout nous proposer une nouvelle facette de son art et semble être une nouvelle étape dans leur évolution.


Humphrey
Juin 2010


Conclusion
Le site officiel : www.anathema.ws