"Ordo Diabolicum"
Note : 18/20
Retour au combat pour Aran Angmar. A peine deux années après leur dernière sortie, Lord Abagor (chant, Saille, ex-DunkelNacht), Maahes (guitare / basse) et Alessandro Cupici (batterie) dévoilent déjà "Ordo Diabolicum", leur troisième album.
Le groupe est complété par Androniki Skoula (chant, Chaostar), Spyros Apostolou (chant, Exilium Noctis, ex-Aenaon) et Jaroslaw Niemiec (instruments folkloriques, Saratan).
Le groupe attaque avec l’épique "Dungeons Of The Damned", une première composition aux riffs imposants mais relativement mélodieux complétés par les parties vocales furieuses, puis par des choeurs qui ajoutent cette touche folk assez marquée au refrain. Quelques passages plus planants sont également au programme, comme l’introduction d’"Aeon Ablaze" où on retrouve ce chant guttural polyphonique ainsi que quelques murmures et percussions, puis les riffs reviennent nous frapper avant de s’imposer en compagnie des hurlements. La composition reste partagée entre ses deux univers avant de faire place à "Ordo Diabolicum" où elle devient à nouveau plus imposante et reste assez constante malgré un ralentissement qui lui permet d’arborer des touches mystérieuses et mélancoliques, puis un dernier embrasement nous conduit jusqu’à "Hêlēl Ben-Šaḥar" où les racines lancinantes sont de nouveau à l’oeuvre.
On sent également que la patte grecque du guitariste est complétée par Stefano Viola (qui a depuis rejoint le groupe), puis "Crown Of The Gods" renoue avec la violence massive, du moins pour la première partie avant de retrouver le chant polyphonique. Rage et sons majestueux marchent main dans la main en suivant la rythmique massive aux influences parfois martiales, puis c’est avec un son clair apaisant que "Chariots Of Death" nous offre un instant de répit avant de renouer avec la saturation et sa vitesse fluctuante qui permet aux harmoniques de prendre d’autres teintes plus entêtantes, notamment lors du break malsain et étouffant avant la charge finale qui rejoint la virulente "Primordial Fire". Si le groupe se déchaîne dans un premier temps, il se montrera plus modéré et ancré dans ses racines folk entraînantes avant de mêler les deux univers puis de s’embraser grâce à des riffs saccadés qui se transforment finalement en interlude dansant avant "Vae Victis" où la rythmique restera assez modérée tout en déployant ses tonalités les plus accrocheuses, ainsi qu’une batterie énergique pour nous tenir en haleine pendant que les musiciens nous accompagnent sur les derniers instants de l’album.
L’orientation musicale d’Aran Angmar reste la même, mêlant habilement ses touches de folk balkaniques avec un black / death massif. "Ordo Diabolicum" n’aura aucun mal à vous captiver, et promet des concerts impressionnants !
"Atavism & Dying Stars"
Note : 18/20
Aran Angmar est de retour. Après un premier album en 2021, le groupe international mené
par Lord Abagor (chant, Evil Oath, Saille, ex-DunkelNacht) et Maahes (guitare,
ex-Legion Massacre), puis complété par Simone Esperti (basse, ex-Murder Therapy,
ex-The Burning Dogma) et Alessandro Cupici (batterie, Eonia Rise, Gatecloser)
annonce la sortie d’"Atavism & Dying Stars", son deuxième album, chez Hellstain
Productions.
"The Womb Of Dreams", la première composition, instaure immédiatement une ambiance
ritualistique pesante avant d’accueillir la première vague de riffs massifs, suivie par les
parties vocales imposantes pendant que la double pédale fait rage. Si certaines parties sont
plus majestueuses, le groupe n’oublie jamais ses racines agressives comme sur "Cycles Of
Destruction" et ses sonorités old school abrasives et effrénées, qui intègre tout de même
quelques voix claires pour accompagner les hurlements. Les tonalités épiques collent à la
perfection aux accélérations sauvages tout comme à la dissonance d’"Abyssal God", un titre
plus pesant et solennel qui profite de sa lenteur pour placer des touches malsaines avant
d’accélérer grâce à une batterie énergique. Le groupe revient dans un registre plus hostile
avec "The Antagonist" et son blast ravageur, tout en créant la surprise avec son break
incroyablement doux avant que la rage ne s’exprime à nouveau pour nous mener à "An
Astral Portrait" et ses mélodies cosmiques qui ornent à la perfection une base solide.
Les
nombreuses parties vocales et autres choeurs donnent également une touche imposante à
ce long morceau, suivi par "Atavism & Dying Stars", le titre éponyme, qui laisse les leads
inquiétants assombrir une rythmique épaisse mais parfois plus simpliste et lancinante. Le
groupe exploite énormément ce contraste au sein du morceau avant de revenir dans une
approche plus saccadée pour "Spectral Enigma" et ses rouleaux de double pédale
dévastateurs qui appuient des choeurs pesants et sombres ainsi que certains passages
étouffants. Des mélodies entêtantes nous guident sur le final jusqu’à "The Poison Chalice",
une dernière composition qui laisse quelques influences pagan venir rythmer une charge
accrocheuse et efficace avant de laisser le groupe développer des sonorités martiales
jusqu’à la dernière note.
Le retour d’Aran Angmar se fait dans la puissance. Qu’ils soient bruts ou plus mélodieux,
les riffs d’"Atavism & Dying Stars" sont toujours sombres et intenses, aidés par des choeurs
pesants ou des éléments majestueux, créant une véritable atmosphère imposante.
"Black Cosmic Elements"
Note : 18/20
Prenons un membre de DunkelNacht, à tout hasard Lord Abagor. Mettons le dans la même pièce qu’un guitariste typé black / death (Maahes (ex-Legion Massacre) pour ne pas le nommer). Laissons-y un troisième luron comme Michiel Van Der Plicht (God Dethroned, Carach Angren, Pestilence, Prostitute Disfigurment, etc) pour s’occuper de la batterie. Alors, ressortira du tout Aran Angmar.
Nous n’avons donc pas réellement affaire à des manches ici (autres que ceux des instruments j’entends). Ajoutons à cela un fond d’anciennes cultures, d’arcanes, de dieux et de black / death occulte et très vite un premier album, "Black Cosmic Elements", tient de belles promesses sur le papier. Promesses qu’il tient amplement dans les compositions d’ailleurs. Évidemment, la chose ira aisément taper dans des registres similaires à Dissection, Rotting Christ ou encore Dark Funeral. L’album est lourd, sombre et prenant. Soulignons un côté relativement “epic” dans les sonorités, comme sur "Sovereign". Le tout est incisif, blaste et a cet aspect mystique qui transcende le tympan. L’oreille ne décroche pas de l’écoute et se voit happée par l’univers d’Aran Angmar ("A Tongue As A Lash Of Fire", "Into The Lawless Abyss"). Le projet, pourtant injustement passé à la trappe lors de la sortie du single "The Scion", réussit avec "Black Cosmic Elements" un tour de force impressionnant. Bien qu’assez court (30 minutes pour sept titres), ce premier effort régalera bon nombre de fans de musiques extrêmes. Une aisance amplifiée par la facilité d’approche que les compositions d’Aran Angmar revêtent.
Travaillé, réfléchi et efficace, "Black Cosmic Elements" fait déjà parler de lui et continuera sans le moindre mal (avec "Serpents Of The Black Sun" notamment). En d’autres mots : le résultat est loin d’être dégueulasse, les promesses sont respectées et cet album est franchement chouette. Vivement le prochain acte !
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