Ars Notoria est le projet solo d'Antoine Grasser que vous avez pu entendre en tant que guitariste chez Beyond The Void récemment, un projet qui sort son premier album "Chronicles". Et s'il s'occupe des guitares et de la basse (la batterie étant programmée), il s'est entouré de beau monde pour tenir le micro. Un chanteur différent sur chaque morceau de l'album dont par exemple des membres de Beyond The Void, Warkunt, Vorhees, Post-Mortem et même un certain Crass (Crusher pour les plus jeunes), excusez du peu !
Avec un line-up pareil et une sortie chez Great Dane Records, vous vous doutez bien que le projet ne va pas balancer de la pop ou du gothic / doom, c'est bien évidemment du death brutal et technique que vous allez vous prendre pendant trente-six minutes. "Headspit" ouvre d'ailleurs l'album sans la moindre introduction et sans pitié non plus avec de suite un bon gros death metal qui tache avec de gros tapis de double grosse caisse, des riffs dissonants et écrasants et et de bons gros blasts pour en rajouter une couche. Ars Notoria n'est clairement pas là pour faire dans la dentelle et "Chronicles" fait mal par là où il passe. Les morceaux sont compacts et tournent autour des quatre minutes donc ça tape fort et ça ne perd pas de temps en palabres. "Save The Book" enchaîne et ne fait pas plus de détours, là encore c'est direct et brutal avec des riffs de bûcheron et des blasts de sauvages. Il y a pourtant toujours ce qu'il faut de mélodies pour que tout ça ne sombre ni dans la démonstration ni dans le bourrinage stérile, comme par exemple sur "Ashes" qui se fait un peu plus mélodique justement. Ars Notoria y déploie aussi un groove plus marqué sur quelques passages plus mid-tempo même si la brutalité trouve évidemment de quoi s'exprimer. Un côté groovy, mélodique et surpuissant qu'exprime aussi "Compel" qui déboîte bien la mâchoire avec là encore de gros riffs bien lourds et quelques volées de blasts au milieu de leads plus mélodiques. Le fait d'avoir des chanteurs différents sur chaque morceau permet de leur donner une patte différente à chaque fois, l'idée était donc bonne.
Si la mélodie trouve sa place dans la musique d'Ars Notoria et que la technique et la brutalité ne sombrent jamais dans les excès, il faut tout de même préciser que "Chronicles" est intense et ne relâche que rarement la pression. Tout ça tabasse quand même fort et les riffs et leads sont souvent complexes, parfois un peu fous et techniquement touffus. La violence est très présente, les passages mid-tempo sont destructeurs et le nombre de notes balancées par minute est impressionnant donc il va falloir s'accrocher. Même si le groupe ne devient jamais stérile, il y a quand même beaucoup d'informations à digérer et "Chronicles" ne prend pas de gants. Pendant trente six-minutes, vous en prenez plein la tronche de tous les côtés, que ce soit par la lourdeur des riffs, la brutalité des blasts ou la technicité de certains passages. Ars Notoria ne se ferme aucune porte et utilise aussi bien des sonorités modernes que des riffs old school et tous les moyens sont bons pour faire monter la pression d'un cran supplémentaire. L'instrumental "King's Crown" en profite pour proposer quelque chose de plus groovy avec quelques parties très groovy là encore et pas mal de soli de guitare. Quant à "Melt", il propose lui aussi de l'instrumental mais dans une veine plus moderne avec cassures rythmiques et riffs syncopés à l'appui. Alors c'est vrai que le fait que la batterie soit programmée s'entend bien puisque le son est synthétique, mais cela ajoute finalement un côté froid et déshumanisé à ce death metal frénétique et dingue.
Ars Notoria nous envoie donc un premier album bien allumé et aussi technique que brutal. On a droit à ce qu'il faut de mélodies mais le tout est quand même très intense et va en laisser quelques uns sur les rotules. Par contre, si vous voulez en prendre plein la gueule de toutes les façons possibles, "Chronicles" a de quoi vous satisfaire !
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